Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

Et cette indigne affection,

A dans tous lieux fur fon paffage
Taché fa reputation,

Autant ou plus que fon vifage.
Peut-être eft-ce une fiction;
Mais ce bruit enfin la diffame,
Et pourquoi fortant de fon trou
Va-t'elle auffi, la bonne Dame,
Courir la nuit le guille-dou?
Le beau métier pour une femme!
Après cela la plaindra-t'on,

Quand on lui vient chanter fa game,
Ou lui donner quelque dicton,

[blocks in formation]

Le bel-honneur où la voilà,

De paffer pour une coureuse,

La verrez-vous après cela ?

Vous n'aurez point cette manie, Et c'eft fur quoi l'on peut compter; Voilà pourtant la compagnie,

Dont il faudra vous contenter.

Il ne faut point que

l'on vous berce

De cet efpoir trompeur & vain
Que vous puiffiez avoir commerce
Avec aucun visage humain,

Si ce n'eft quelque pauvre here,

Qui dans les rochers égaré

Vînt à vous d'un air éploré,
Cherchant remede à fa mifere.
Il fera d'un ton douloureux,

S'il vous trouve prompte à le croire,
Du defastre le plus affreux
La trifte & lamentable hiftoire';
Mais tout cela fent le grimoire,
Prenez bien garde à l'hameçon,
Et crainte de tout malefice
Fermez la porte fans façon,
Et lui dites, Dieu vous béniffe.
Mais la charité...! mais enfin,
On dit que le Diable eft bien fin,
Le drôle eft fait au badinage;
C'est un franc archipatelin,

Sombre, fournois, fourbe & malin,

Qui fçait jouer fon perfonnage,

Et qui pour fonder le terrain,
Va souvent en pelerinage;
Defiez-vous du pelerin.

Mais fans que le Diable s'en mêle,

Il s'en fait affez aujourd'hui ;
Et quoi qu'on jette tout fur lui,

Ce n'eft pas toûjours lui qui grêle. Nous avons au dedans de nous Un ennemi bien plus à craindre, Il porte les plus rudes coups, Et perfonne n'ofe s'en plaindre : Chacun l'excufe & le cherit; Et s'il arrive quelque histoire, On s'en prend au malin esprit A qui l'on en fait bien acroire. Il a tout fait, il a tout dit, On compte fort fur fon crédit ; C'est lui qui fait qu'on fuit la peine, Et que l'on cherche le plaisir ; C'est lui qui par la main nous mènc Où nous porte nôtre défir; C'est lui qui fait la médisance; C'est lui qui dicte la vengeance; C'eft lui dont l'ascendant certain, Rend le foldat dur & barbare, Rend le noble fier & hautain, Rend le jeune homme libertin, Et le fexagenaire avare :

Le fourbe dans fes trahisons,

Et le faint dans fes Oraifons,
Imputent tout à fa malice,

De tous les maux que nous faifons,
Il est l'Auteur, ou le complice.
Hé, laiffons-le pour ce qu'il eft,
Pourquoi faut-il qu'on s'imagine
Qu'il fait jouer comme il lui plaît
Les refforts de nôtre machine?
On l'accufe de maint forfait,
Mais, à bien juger de l'affaire,
Souvent ce n'est pas lui qui fait,
Il ne fait que nous laiffer faire:
On fe livre à la volupté,

Parce qu'elle flatte & qu'on l'aime ;
Et fi du Diable on eft tenté,

Il faut dire la verité,

Chacun eft fon Diable à foi-même

Mais laiffons le Diable en repos,

[ocr errors]

reprenons nôtre propos.

Que ferez-vous feule, isolée,
Sur vôtre Rhune defolée,
Que faire-là? Je n'en fçai rien ;
Mais vous pour elle fi zélée,
Peut-être le fçavez-vous bien.
Helas, fi j'en crois mes allarmes,
Un cruel ennui vous attend;

Ce Roc pour vous fi plein de charmes,

Et que par tout vous vantez tant,
Vous fera bien verfer des larmes.
Il me femble déja vous voir
La tête fur la main panchée
Regretter l'ancien man oir
D'où vous vous ferez arrachée,
Et du matin jusques au foir,
Trouver bien lugubre & bien noir
Le nid où vous ferez juchée ;

Difant fouvent d'un cœur contrit,

Helas, on me l'avoit bien dit,

Je n'en dirai pas davantage, Mes avis feroient fuperflus; Courez, volez à l'hermitage, Partez, je ne vous retiens plus; Allez où vôtre cœur afpire, Vous n'y ferez pas long séjour S'il reftoit quelque chofe à dire,

Je le garde pour le retour.

VI. Portrait du Roi de Suede *.

pour

Our peindre un Alexandre, il faudroit un Apelle:
Charle eft l'Alexandre du Nord,

Du vainqueur de l'Afie il a l'air & le port,

* Cette piece fut faite en 1707.

Et

« AnteriorContinuar »