Et cette indigne affection, A dans tous lieux fur fon paffage Autant ou plus que fon vifage. Quand on lui vient chanter fa game, Le bel-honneur où la voilà, De paffer pour une coureuse, La verrez-vous après cela ? Vous n'aurez point cette manie, Et c'eft fur quoi l'on peut compter; Voilà pourtant la compagnie, Dont il faudra vous contenter. Il ne faut point que l'on vous berce De cet efpoir trompeur & vain Si ce n'eft quelque pauvre here, Qui dans les rochers égaré Vînt à vous d'un air éploré, S'il vous trouve prompte à le croire, Sombre, fournois, fourbe & malin, Qui fçait jouer fon perfonnage, Et qui pour fonder le terrain, Mais fans que le Diable s'en mêle, Il s'en fait affez aujourd'hui ; Ce n'eft pas toûjours lui qui grêle. Nous avons au dedans de nous Un ennemi bien plus à craindre, Il porte les plus rudes coups, Et perfonne n'ofe s'en plaindre : Chacun l'excufe & le cherit; Et s'il arrive quelque histoire, On s'en prend au malin esprit A qui l'on en fait bien acroire. Il a tout fait, il a tout dit, On compte fort fur fon crédit ; C'est lui qui fait qu'on fuit la peine, Et que l'on cherche le plaisir ; C'est lui qui par la main nous mènc Où nous porte nôtre défir; C'est lui qui fait la médisance; C'est lui qui dicte la vengeance; C'eft lui dont l'ascendant certain, Rend le foldat dur & barbare, Rend le noble fier & hautain, Rend le jeune homme libertin, Et le fexagenaire avare : Le fourbe dans fes trahisons, Et le faint dans fes Oraifons, De tous les maux que nous faifons, Parce qu'elle flatte & qu'on l'aime ; Il faut dire la verité, Chacun eft fon Diable à foi-même Mais laiffons le Diable en repos, reprenons nôtre propos. Que ferez-vous feule, isolée, Ce Roc pour vous fi plein de charmes, Et que par tout vous vantez tant, Difant fouvent d'un cœur contrit, Helas, on me l'avoit bien dit, Je n'en dirai pas davantage, Mes avis feroient fuperflus; Courez, volez à l'hermitage, Partez, je ne vous retiens plus; Allez où vôtre cœur afpire, Vous n'y ferez pas long séjour S'il reftoit quelque chofe à dire, Je le garde pour le retour. VI. Portrait du Roi de Suede *. pour Our peindre un Alexandre, il faudroit un Apelle: Du vainqueur de l'Afie il a l'air & le port, * Cette piece fut faite en 1707. Et |