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Et va du même pas à la gloire immortelle.
Mais où trouver encor un Apelle nouveau ?``i
Le Peintre manque au parallele.

Pour moi, bien aut deffous de ce fameux modele,

Je compte en prenant le pinceau,

Moins fur mon art que fur

Et fur le fujet du tableau.

mon zéle,

Si dans les moindres traits je puis être fidele,
Le portrait fera toûjours beau :

Et d'abord, car je dois aux dons de la nature
Le premier rang
dans ma peinture;
Le vifage en ovale avec grace allongé,

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Frape par de grands traits qu'un air doux accom

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garent des exploits de plus d'une campagne.

Sous un front ouvert & ferein,

Des yeux vifs, & brillans d'une noble lumiere,
Témoignent cette ardeur guerriere

Qui dès les premiers coups que fçait lancer fa main
A l'Europe étonnée annonça fa carriere.
Pour temperer le feu qui brille dans les yeux
La nature avec art a formé sur fa bouche

Un fouris fin & gracieux,

Qui charme à fon abord le cœur le plus farouche.

Comme un fimple foldat vêtu groffierement,

Pour la forme &

pour

la matiere,

Un habit lui fuffit une campagne entiere;

Grand chapeau, gands de buffle;& pour l'assortiment,

Ceinturon de même parure,

D'où pend un large coutelas,

Peu brillant au dehors, peu chargé de dorure,
Mais terrible dans les combats.

Enfin, cravatte à la dragonne,

C'eft tout l'ajustement qu'il fouffre en sa perfonne.
Mais me fuis-je mépris? eft-ce un grand Potentat?
Eft-ce un Roi que je viens de peindre ?
C'eft un Roi, mais un Roi foldat,
Qui dépouillé d'un vain éclat,

N'en fçait pas moins fe faire craindre.
Cet air de négligence, & de fimplicité,
N'altere point en lui sa Majefté;

८.

Sans rien devoir à la magnificence,
Il est fervi, craint, respecté,

Et paroit Roi dès qu'il s'avance.

Une fage frugalité,

Dont il donne l'exemple avec autorité,

De fon Camp bannit la mollesse,

Et le défend lui-même au feu de la jeuneffe
D'un écueil plus à redouter,

Que tous les ennemis que fon bras fçut dompter.
Tout le jour agissant sans ceffe

Il n'accorde qu'à peine à la neceffité
Un court fommeil fur la nuit emprunté,
Et qui, fouvent interrompu, ne laiffe
Nulle prife à la volupté.

Dans lui la probité furpaffe le courage,
Et les loix de l'honneur font les premieres loix;
Il ne manque jamais à la foi qu'il engage,
Il parle peu, mais avec poids.

Ami de la vertu, zelé pour la justice;
Ennemi déclaré du menfonge & du vice ;
Au feul & vrai mérite il se laiffe toucher;

Sans attendre qu'il se préfente,

Lui même il le prévient d'une main bienfaisante, Et s'empreffe pour le chercher.

Dans ce Conquérant si terrible,

La fiere majesté n'est point inacceffible,

A toute heure, en tout tems, il fe laiffe approcher: Aimé de ses sujets, en vrai pere il les aime,

Et l'on trouve toûjours en lui,

Autant de douceur pour autrui,
Que d'austérité pour lui-même.
Hardi, mais fans témerité

Il fçait, quand il le faut, fufpendre

Une

trop vive activité,

Et médite longtems ce qu'il veut entreprendre;

Mais lors que la fageffe & la gloire ont dicté,
Le parti qu'un Héros doit prendre,

Il part,

il éxécute avec rapidité, dans un fecret que rien ne peut furprendre A loifir il a médité,

Ce que

Et que l'effet feul peut apprendre.

Alors il ne connoit ni peine, ni danger;

Rien ne l'étonne; & ne l'arrête;

Rien ne peut le faire changer

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Et vît-il la mort toute prête,

Il faut, s'il l'a reglés périr, ou fe vanger.
De là le fuccès de fes armes, no

Et tous les exploits glorieux's

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Qui tiennent aujourd'hui l'Univers en alarmes
Et du côté du Nord font tourner tous les yeux :
Mais à quelque haut point de gloire
Que l'ait élevé la victoire,
Toûjours conftante à fuivre les projets

On doute par toute la terre,

S'il a paru plus grand lors qu'il a fait la guerre,
Que lors qu'il a donné la paix.

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VII. La nouvelle Eve, Hiftoire.

Ain dérobé reveille l'appétit,

A tout peché la loi qui l'interdit,
Eft un attrait, eft un rocambole.
D'aller vers là, de revenir ici,
Eft-il permis? quand on le veut ainsi,
On s'en foucie autant que d'une obole.
Mais que la loi dife, je le deffens ins
Nous y courons, & nôtre cœur y vole.
D'Eve en cela nous fommes tous enfans ; i
Ne la traitons point trop en criminelle,
Elle eut grand tort ; je ne l'excufe point,
De là nous vint la tache originelle..
Mais tel lui fait fon procès fur ce point,
Qui dans fa place auroit fait tout comme elle.
Ainfi parloit certain époux, un jour,
A fa moitié, qui contre nôtre mere
Murmuroit fort, étoit fort en colere,

De nous avoir joué le vilain tour,
Dont vint, hélas ! toute nôtre mifere.
Ah! difoit-elle, avoir précipité

Et fon époux & fa pofterité,

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Dans tant de maux; pour quoi ? Le tout en fomme

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