Les Aftres me l'ont attesté :
Ce mal eft grand, & quoi qu'on faffe, Il ne peut guere être évité.
J'ai feuilleté tous mes mémoires, J'ai reffaffé tous mes papiers, Et mis dans mes doctes grimoires Tout le Ciel en douze quartiers; Mais après bien du barboüillage Eft demeuré pour arrêté, Et voilà le fâcheux présage, Que vous feriez Enfant gâté. Oui, l'Enfant gâté de la Mere, Voire du Pere, & du Grand-Pere, Des Oncles, Grands-Oncles, Coufins De tous Parens, Amis, Voifins, A la Maison comme au College, De ceux qui font, ou qui viendront, De moi-même, enfin que dirai-je d De tous ceux qui vous connoîtront.
QUELS Cris, & quelle tragédie Au beau premier petit bobo! Une legere maladie
Fera trembler pour le tombeau ; Que de bouillons, de medecines,
Et de juleps, & de racines!
Medecins de tous les cantons,
Et Medecins de toute efpece, Les meilleurs feront-ils trop Il faudra du fond de la Grece Faire venir les Machaons, Ou de Versailles les Fagons. Une petite égratignure Ne fera pas un petit mal, Et pour une fi grande cure Il faudra presque Maréchal. Que le Sommeil dans fa carriere Demeure un quart d'heure én arriere, Tout eft perdu, Dieu sçait le bruit ! Ah! mon Dieu, de toute la nuit
Il n'a pas Voyez fon teint, fes yeux battus,
Pauvre Petit, il n'en peut plus.. Vous entendrez tout ce langage, Et dans la fuite il faut fçavoir Si déja fait au badinage, Vous fçaurez vous en prévaloir. Les Enfans ont leur politique Qui va plus loin que l'on ne croit; Leur morale toute pratique
A leurs fins les conduit tout droit:
Que quelque leçon leur déplaife, Trop d'étude, ou trop peu de jeu, Et remarquez par paranthese
Qu'il en eft fort fouvent trop-peu, En un mot qu'un rien les chagrine, Vous allez voir jouer la mine. Un mal de tête des plus gros, Car ils en ont toûjours en poche, Vient.au fecours tout à propos : La Mere en alarmes s'approche, Lui tâte au front ; & qu'eft cela? Il brûle! Ah comme le voilà ! On me tuëra mon Fils, je gage; Les Précepteurs, & les Régens, Sont fans mentir de fottes gens; Voyez un peu le bel ouvrage, Aller réduire en cet état
Un Enfant foible & délicat !
Hé! n'ont-ils point de conscience, Qu'il vive, & point tant de science, Affez en fçaura-t'il toûjours: Petit Fils, je vous fais défense D'ouvrir un Livre de huit jours.
Je réponds pour lui
Qu'il fera bien obéifsant :
On rit de cela dans l'enfance;
Mais dans la fuite on s'en reffent. Que pour un Fils doux, careffant, Une Mere ait de la tendreffe, La chofe eft jufte, on y consent, Il en faut au pauvre Innocent; Mais gardons-nous de la foibleffe, On nuit à force de caresse,
Et l'on étouffe en embraffant. PEUT-ESTRE fuis-je trop fincere Allant ainfi philofophant,
Et fais mal ma cour à l'Enfant,
En faisant leçon à la Mere;
Mais la leçon eft neceffaire: Excufez, charmant Nourriffon, Quant je me tairois pour vous plaire, La raison la lui fçauroit faire, Et je n'y mets que la façon.
APRE'S cela Dieu vous préserve, De plus grand mal que celui-ci ; Que dans les biens qu'il vous réserve Il vous délivre de fouci,
Et que long-tems il vous conferve, Et moi vôtre Aftrologue auffi. Je le fuis, s'il en fût au monde,
Je dis Aftrologue parfait, Il s'agit de prouver le fait, Et voici fur quoi je me fonde. Ou j'ai dit vrai fur le futur, Ou j'ai dit faux, l'un d'eux eft für: Si j'ai dit vrai, prenons courage, Je fuis Aftrologue en ce cas :
Si j'ai dit faux, c'eft grand dommage; Mais après tout je n'y pers pas, Je le fuis encore davantage.
XI. VIRELAY MANQUE,
Sur l'incertitude des chofes de ce monde.
L ne faut répondre de rien.
Qui ne fuit pas cette maxime, Rifque fa parole, ou fon bien; Ma rime, helas ! eft tout le mien, Et j'en fuis ici pour ma rime. Depuis que je fuis à Groflay, Je ne fçai par quelle manie Je fonge à faire un Virelay Moi qui n'y penfai de ma vie. Un Virelay ! dites pourquoi ?
Plûtôt qu'un Madrigal, une Ode,
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