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Ni de plus für: on m'en a fait leçon

Sept ans entiers, fi ma mémoire eft bonne
C'eft droit acquis, je m'en fers quelquefois 3
Or bien fçavez qu'en ufant de fes droits,
On ne fait tort en ce monde à personne ;
D'où je conclus, & crois conclure bien,
Après avoir vifé toutes les pieces,
Que nonobftant tous fermens & promeffes,
Foi de Normand je ne vous dois plus rien,
Fors le refpect, car ma Mufe eft difcrete,
Et celui-là ne fe vend, ni s'achete.
Vous me direz, achetez-vous les Vers!
Je les achete ; oui, n'en faites de doute,
Et qui pis eft, vû le prix qu'il m'en coûte,
Depuis un tems je les trouve fort chers.
Trouvez marchand à qui ma Muse agrée,
Je la lui vends, & lui vends de l'ennui,
Pour fes lecteurs auffi bien que pour lui:
Mais je crois bien que pareille denrée
Trouvera peu de marchand aujourd'hui.

Telle qu'elle eft, fi je veux vous en croire
Au Bourniquet pourtant en fait-on cas,
Pour un Rimeur ce n'eft pas peu de gloire:

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* Maifon dans le fauxbourg d'Orleans ou demeuroit le Cardinal de Bouillon, avant fa fortie de France.

Mais fur ce point ne me flattez-vous pas ?
Quoi qu'il en foit, flattez toûjours, n'importe
Bien vous le paffe, & je vous dis ici
D'après quelqu'un qu'on flattoit de la forte,
Tu m'aduli, mà pûr tu mi piaci.
Oui, je m'en tiens à vôtre témoignage
Touchant ce fait, & ne veux rien de plus ;
D'en appeller je n'ai pas le courage,
Honte auroit beau me prêcher là deffus.
Onc à Rimeur honte ne fit dommage,
Sur le Parnaffe on tient que c'est abus.
Mais entre nous, voyez comme tout change,
Il fut un tems, & le cotterois bien,
Que quand on m'eût accablé de loüange
Au Bourniquet, l'aurois compté pour rien:
Pour le prefent il en eft autre chose;
D'encens qui vient de ce petit canton,
Je prife plus cent fois la moindre doze,
Que tout celui que fournit l'Helicon.
D'où peut venir cette métamorphose ?
Bien le voyez, tant vaut l'homme dit-on,
Tant vaut fa terre, & tant vaut fa maison.
Le texte ici n'a pas befoin de glofe,
Et qui voudra remonter à la cause,

Dira d'abord, le Proverbe à raifon.

De

De tout ceci ne peut-on pas conclure, Que fi bientôt par la faveur des Dieux Certain Seigneur s'approchoit de ces lieux Le Bourniquet pourroit par avanture En valoir moins, & nous en valoir mieux. Or vous le dis bien clair, & le repete, Quand je devrois m'attirer le courroux Du Bourniquet, & peutêtre les coups, Déja voudrois que la chofe fût faite. D'autres que moi le voudroient bien auffi, Et qui plus eft ne vois ici perfonne, Qui de bon cœur ne le fouhaite ainsi, J'attens toûjours, & non pas fans fouci, Qu'enfin le Ciel à nos vœux le redonne, Et n'y plaindrai les frais d'un grandmerci.

Que plût à Dieu qu'au défaut de Pegase, Je pûffe au moins, perché fur un criquet, A travers monts voler au Bourniquet, Et voir de près le Patron de la cafe, Là volontiers planterois le piquet, Si l'on vouloit m'en ouvrir le loquet. A tant de grace oferois-je prétendre ? C'est bien affez qu'on y fouffre mes Vers ; Vous qui fçavez la route qu'il faut prendre, Si le voulez sçaurez bien me l'apprendre;

D

Au Bourniquet tous huis vous font ouverts,

Et de plein pied vous pouvez vous y rendre,
Près du Patron oubliant l'univers,

Là vous foulez & le voir & l'entendre,
Et l'admirer, l'un & l'autre s'enfuit;
Bien en ferois autant à vôtre place,
Mais on n'a pas toûjours ce qui nous duit.
Jugez de là, quelque mine qu'on fasse,
Que dans le fond le Bourniquet & vous,
Par cet endroit faites bien des jaloux.
pourtant que fi bonne fortune
Aille vous faire oublier vos amis ;

Ne faut

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Joüiffez-en, elle n'est pas commune,
Mais bien fçavez ce que m'avez promis.
De moi chetif ayez donc fouvenance,
Dans vôtre gloire ; & quand y verrez jour,
Près de l'Alteffe, & près de l'Eminence,
Ce m'eft tout un, faites un peu ma Cour.
Or pour cela ne faut tant de détour;
Suffit de prendre en un portrait fidele
L'attachement, & l'ardeur & le zele,
Et le refpect, dont mon cœur lui fait vœu ;
Ajoûtez-y reconnoiffance entiere

Pour les bontez; bref, fur cette matiere

N'apprehendez que

d'en dire trop peu:

A fa faveur recommandez ma Mufe,
Elle a besoin d'un femblable support,
Si quelquefois au moins elle l'amufe,
Je fuis content, & me voilà trop fort.
Qu'après cela déformais on la fronde,
Fier d'un honneur qui releve fes droits,
J'oferois dire, elle a plû toutefois
A la prémiere Eminence du monde.

Sur le Parquet donné à Mme l' Abbeffe de Preaux le jour de fa fête.

J'

Allois cüeillir des fleurs, pour vous faire un bou

quet;

Elles s'offroient en abondance,

Et demandoient toutes la préference,
Jufqu'au moindre petit muguet ;
Quand un gros chêne à fiere contenance,
Prit la parole en arbre d'importance,
Et par ces mots rabatit leur caquet:

Canailles, taifez-vous, leur dit-il en colere,
C'est bien à vous de vous offrir ici;

Vôtre beauté fragile eft courte & paffagere,

Un gratecu

fur pied vaut mieux, fans vous déplaire Que tout autant que vous voici,

Dès que vous n'êtes plus au fein de vôtre mère :

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