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AVIS

LIBRAIRE.

E ne fais fi l'Auteur dont je donne les Poëfies au Public me fera fort obligé du soin que j'ay pris d'imprimer fes Oeuvres; mais la maniere dont on m'a affuré qu'ont été reçûës la plupart des pieces qui compofent ce Recueil, lorfqu'elles ont couru manufcrites, me fait efperer que le Public ne m'en fçaura pas mauvais gré. Je les ay euës plus d'un an entre les mains, de me déterminer à les mettre fous la preffe, parce qu'on me mandoit de Paris, tantôt qu'on les y alloit imprimer, tantôt que la plupart l'avoient déja été féparément, & enfin que les copies qui en couroient étoient pleines de fautes; de forte que j'avois lieu de craindre que mon Edition ne vînt trop tard, ou qu'elle ne fût fort défectueufe, quand d'ailleurs elle auroit pû

avant que

ร avoir

avoir la

que je prise

grace de la nouveauté. Le parti dans l'irréfolution où j'étois, fut de confulter un de mes amis de Paris, homme distingué dans la belle litterature, & fur-tout bon connoisseur en fait de Poëfie. La réponse qu'il me fit, me détermina entierement à l'impreffion; & comme je ne connois point l'Auteur, & que je ne fuis pas d'ailleurs affez au fait fur fes Poëfies pour pouvoir en rendre compte, j'ay crû qu'au défaut d'une Préface que je ne devois pas attendre de lui, je ne pouvois mieux faire que de mettre icy la réponse que mon Âmi fit à ma Lettre, & qui inftruira auffi-bien le Lecteur que le pourroit fai re une Préface dans les formes. La voici.

A Paris ce Novembre 1714.

E m'étonne, Monfieur, que vous balan

Feien cam a imprimer le Recueil dont vens

me parlez je puis vous affurer que fi M. Eftienne avoit la même liberté que vous, il y a long-temps qu'il auroit donné aux Curieux la fatisfaction qu'ils lui demandent fur ce point. Il n'eft point vrai qu'il imprime ces Poëfies, ni même qu'il penfe efficace.

ment

i

ment à les imprimer; tant par égard pour l'Auteur, qui ne le fouhaite pas, & pour qui il a des ménagemens ; que par les diffi cultez qu'il y rencontreroit infailliblement, par rapport aux formalitez qu'il y a à obferver fur cela en ce païs-cy, & que vous n'avez pas à effuyer chez vous. Ainfi l'apprehenfion où vous êtes d'être prévenu dans vo tre Edition ne doit point vous retenir. A l'égard de la grace de la nouveauté, elle l'aura encore toute entiere 3 car quoiquè la plûpart des pieces qui entrent dans votre Recueil, & dont vous m'envoyez la lifte, ayent été imprimées féparément, ou répandues dans des Mercures & autres Livres de cette forte, ce font tous morceaux détachez qu'on n'a point v encore raffemblez en un volume. Il y en a d'ailleurs une partie qui eft restée manufcrite; il me paroît même par votre lifte que vous n'avez pas tout, & que de ce côté-là je fuis mieux fourni que vous. Je n'y trouve point, par exemple, la piece du Tapiffier, ni l'arrivée du Meffager du Mans, piece differente de la premiere, qui de ma connoiffance couroit déja il y a plus de dix ans. Vous avez le Chefne & l'Epine, mais vous n'avez pas la réponse que fit l'Auteur à des ã ij

vers

vers qu'on lui avoit envoyez fous le nom de fon Chefne; il vous manque encore une autre piece, & je n'en fuis pas furpris, car peu de gens l'ont; c'eft une Epitre de l'Auteur à un de fes amis qui lui avoit écrit en vers. Je crois même qu'il m'en échape encore quel qu'une car quelque foin que j'aye pris de ramaffer toutes les pieces de cet Auteur, je ne voudrois pas répondre que je les euffe toutes; mais dans le deffein que vous femblez avoir de les imprimer, ce que vous ferez au plutôt fi vous voulez m'en croire, je n'épargneray rien de mon côté pour vous aider à rendre cette Edition la plus complette qu'il fe pourra. Ainfi non-feulement je vous envoirai les pieces qui vous manquent; mais je m'informeray foigneufement de celles qui peuvent me manquer à moy-même, & j'y ajouteray de plus celles du même Auteur qu'il pourra faire de nouveau avant que votre Edition foit achevée.

A l'égard de ce que vous me dites des fautes qui peuvent fe trouver dans les copies manufcrites que vous avez entre les mains, &qui s'y trouvent en effet, comme on vous l'a fait remarquer en plus d'un endroit, je n'en fuis nullement furpris. C'est le malheur

de

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