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Raynald. ad an. 1508. n. 5.

juftifier leur conduite aux yeux du public, publierent que c'étoit l'unique moyen de conferver la paix de l'Ita- AN. 1508. lie. Il eft vrai que dans le deffein qu'ils avoient pris de détruire la république de Venife, il étoit de leur interêt &. de laiffer le refte de l'Italie tranquille, pour n'être point obligez d'occuper leurs armes ailleurs, & pour réunir toutes leurs forces contre les Venitiens. On accufa les deux rois de n'avoir favorifé les Florentins, que pour les engager à entrer dans la ligue de Cambray, & à fournir cent mil écus qu'ils avoient promis pour les frais de la guerre, pourvû qu'on voulût leur remettre la ville de Pife. Trafic honteux (dit Mariana) & indigne de la generofité de ces deux grands princes: car pourroientils l'un & l'autre, fans fe deshonorer, & fans flétrir leur ,, memoire, vendre à fi vil prix la liberté, & trahir les interêts d'un peuple dont la confiance devoit faire la fureté? Il faut avouer que Ferdinand étoit plus inexcufable que Louis XII. & ce fut une tache à sa gloire d'avoir abandonné les Pifans, qu'il avoit re» çus fous fa protection.

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IX. Signature de la ligue deCambray.

Enfin, après avoir fait encore entrer le roi de Hongrie dans cette ligue, en le flattant qu'il pourroit recouvrer la Dalmatie fur les Veniens, elle fut fignée à Cambray le dixième de Decembre de cette année 1508. par Marguerite d'Autriche & le cardinal d'Amboife, selon les pouvoirs que l'un & l'autre avoient reçus de ceux qui les faifoient agir. Le nonce du pape qui étoit fur les lieux, refufa de figner pour fa fainteté, prétendant n'avoir pas un plein pouvoir à cet effet.Mais le car-diariis. dinal d'Amboife le fit en fa place, fous le feul titre de légat du fouverain pontife en France, quoique cette qualité ne lui donnât pas ce pouvoir. L'ambaffadeur d'Ar

Mariana, ibid. n. 67. Buonacurf. in

Surita, lib.8. 66276

ragon ayant vû que cette ligue étoit avantageuse à son AN.1508. maître à qui elle affuroit la jouiffance paifible de la Caftille jufqu'à la fin de la guerre, la figna fans balancer, sûr que Ferdinand fçauroit bien éluder cet engagement, s'il ne le trouvoit pas conforme à fes interêts. L'empereur ratifia le traité à Malines treize jours après, & Louis XII. environ dans le même tems, avant qu'on fçût à Venife le fuccès, & la fignature de cette ligue.

X.

Le pape differe à figner cette ligue.

8.

Guicciard. lib.

ep. 409.

anno. n. 3•

Le pape, fans defavoüer expreffément la fignature que le cardinal d'Amboise avoit faite en fon nom, montra par fa conduite qu'il n'eût pas voulu aller fi vîte. Il craignoit les fuites de l'établissement de l'empereur en ItaPetr.de Angler. lie: Il n'aimoit pas affez Louis XII. pour augmenter fon Raynald. hoc pouvoir ; & il eût bien voulu recouvrer les domaines de l'état ecclefiaftique, fans favoriser aucun de ces deux princes. Comme les Venitiens eurent bientôt connoiffance de la ligue,& en parurent allarmez, le pape preffentit d'abord leur ambaffadeur, pour fçavoir fi fes maîtres feroient dans la disposition de donner quelque fatisfaction au faint siege en rendant du moins Faënza & Rimini. Mais n'en ayant eu aucune bonne réponse, il s'adreffa à Badoëre fon collegue, il lui reprefenta le péril éminent qui menaçoit fa république,fi la ligue étoit executée, & lui dit que l'unique moyen pour l'empêcher de la ratifier, étoit de reftituer au faint fiége Faenza & Rimini,parce qu'il trouveroit dans cette restitution une excufe fuffifante pour ne point ratifier le traité qui tomberoit auffi-tôt que lui pape n'en feroit pas l'appui. Badoëre en écrivit à la république : le féna s'affembla, & après avoir férieufement délibéré fur la réponfequ'il convenoit de faire à l'ambassadeur, on fe rendit à l'avis du procurateur Trevisani, qui reprefenta qu'on ne devoit

point se fier au pape; qu'après avoir recouvré Faenza & Rimini, il figneroit la ligue pour avoir encore Ra- AN. 1508. venne & Cervia ; que l'inobfervation des traitez étoit le caractere de la cour de Rome. Sur les remontrances de Trevifani, on refufa de s'accommoder avec le pape, qui fur ce refus accepta & ratifia la ligue de Cambray. Son acte de ratification en forme de bulle eft du vingtdeuxième de Mars 1509.

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XI.
Les Portugais

d'Afrique.

Mariana, lib. for. lib. 6. an. n. 9. rrof. dec. 20

29. - 62.

Raynald. hoc

lib. 3.cap.2.3.

Naffe. lib. 3. &

Il n'y eut prefque que le feul Emmanuel roi de Portugal, qui ne voulut point entrer dans cette alliance, & font la guerre qui pendant que les autres ne travailloient qu'à fe faire aux Maures une guerre affez fanglante, augmentoit la foi, fon empire & fa réputation dans l'Afie & dans l'Afrique. Un certain Maure nommé Zefam, mécontent du roi de Fez, dont il étoit cousin germain, étoit venu de lui-même s'offrir aux Portugais, avec promeffe de les rendre maîtres d'Azamor une des plus confiderables villes de la côte, s'ils vouloient fe fier à lui. Emmanuel ne crut pas devoir négliger l'offre du Maure, il fit équiper une flotte confiderable fur laquelle il fit monter quatre cens chevaux & deux mille hommes d'infanterie fous le com- 4 mandement de D, Juan de Menezés. La flotte étant partie de Lisbonne le vingt-fixiéme de Juillet,ne fut pas plûtôt arrivée fur les côtes d'Afrique, qu'on reconnut que le Maure étoit un perfide, & qu'on avoit trop legerement ajoûté foi à fes promeffes; il fe fauva & rentra dans Azamor; les Portugais, craignant d'être furpris par le; infideles, fe rembarquerent promptement & perdiren: quelques unsde leursyaiffeaux, quidemeurerent échouez fur la vafe avec une galere. La flote n'ayant pû gagne · le port de Lisbone, fut obligée d'entrer dans le detroi: de Gibraltar pour fe mettre à l'abri dans quelques ports, Torne XXV.

B

AN.1508.

XII.

Ils chaffent

ville d'Ariclla.

Mariana, ibid.

n. 63.

an. n. 12.

Surit. lib. 5. sap. 23.0

jufqu'à ce que les vents permiffent de retourner en Portugal. Mais cette difgrace produifit un grand bien.

la

Le neuviéme d'Octobre le roi de Fez, irrité des conquêtes des Portugais ou animé du défir d'en faire luimême,vint mettre le fiége devant Arcilla avec une nombreuse armée. Il emporta la place d'affaut, & celui qui commandoit fe retira dans le château, qui fut aussiles Maures de la tôt battu fans interruption avec une prodigieuse artillerie. D. Juan de Menezés, qui s'étoit retiré dans le port de Tanger, ayant appris cette fâcheufe nouvelle, Raynald. hoc vint avec fa flotte au fecours des affiegez, chassa les ennemis d'un baftion dont ils s'étoient rendus maîtres, & fit entrer dans la place des foldats, des vivres, des munitions, & toutes les chofes dont les affiegez avoient befoin pour fe défendre. Ferdinand, qui étoit alors à Seville, craignant que les Maures ne formaffent de nouvelles entreprises, envoya ordre au comte Pierre de Navarre, qui étoit avec fa flotte dans la baie de Gibraltar, d'aller promptement au fecours des Chrétiens. Il arriva à la vûë d'Arcilla le trentiéme d'Octobre, & canonna le camp des Maures d'une maniere fi continuelle, qu'ils furent obligez de l'abandonner: & le roi de Fez n'eut plus d'autre parti à prendre que de mettre le feu à la ville, & de fe retirer avec le refte de fon armée délabrée à Alcarquivir. Cet avantage mit à couvert les places Portugaifes, & le roi Emmanuel écrivit à Ferdinand pour le remercier du fecours qu'il avoit envoyé fi à propos...

XIII

Les grands de

tisfaits de Fer

Ferdinand n'étoit pas fans inquiétude dans fes états. Caftille peu fa- Quelques foins qu'il eût pris pour affermir fon autorité dinand. dans la Caftille, il y avoit toûjours des mécontens parMariana, ibid. mi les grands dont il craignoit la brigue & la puiffance. Raynald. hoc Les principaux étoient D. Alphonfe Mauriquez évêque

1. 64.

ann. n. 13.

de Badajoz, & celui de Catane en Sicile. Depuis la démarche qu'ils avoient faité d'abandonner le parti de Fer- AN.1508. dinand pour s'attacher au roi Philippe, ils avoient toûjours été opposez à sa majesté Catholique : & le peu d'ef perance qu'ils eurent d'en obtenir le pardon, ne fervit qu'à fortifier leur haine, & à les affermir dans leur opiniâtreté; au lieu d'effacer le souvenir de leur faute paffee par un prompt retour, ils s'ôterent eux-mêmes toute reffource par des fautes nouvelles & plus grandes que les premieres. Ferdinand en ayant porté fes plaintes au pape, pour faire le procès à ces deux évêques, fa fainteté commit l'archevêque de Tolede & l'Evêque de Burgos, pour faire les informations néceffaires, & les lui envoyer pour les juger. L'évêque de Badajoz voulut s'enfuir & fe retirer en Flandres auprès de l'Archiduc, mais il fut reconnu & arrêté proche de fan-Ander. Le prélat fut quelque tems en prison dans la citadelle d'Arienza, & enfuite remis entre les mains de l'archevêque de Tolede conformément aux ordres de fa fainteté.

Ces deux évêques n'étoient pas les feuls qui faifoient de la peine à Ferdinand. Ce prince malgré fa vigilance & fes bienfaits fe trouvoit fouvent dans l'embarras. Comme il étoit à Cordouë, il fut averti que le cardinal D. Bernardin de Carvajal, légat en Allemagne, favorifoit davantage les interêts de l'empereur que ceux de la Caftille dont il étoit chargé, le prince en écrivit au pape, & lui demanda de retirer ce miniftre peu fidele. Le pape y fatisfit auffi-tôt, & rappella le cardinal à Rome. Le roi Catholique partit de Cordoue fur la fin de l'automne pour aller à Seville où il fut reçu avec de grandes démonstrations de joye. Il menoit avec lui la reine Germaine fon époufe & fon petit fils D. Ferdinand.

XIV.
Le pape nomme

des commiffai

res pour infor

mer contre

d'Espagne. Mariana, ibid. "Paris, M s. Arch. Vat. p. 285.

deux évêques

n 54.

Raynald. ut fu

pra

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