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à Mantoüe. Cependant de Vic fçut exposer avec tant AN. 1511. de dexterité & d'affection apparente à l'évêque de Pa

XII.

Gurck va trou-
ver le pape à
Boulogne.
Raynald. hoc

ann. n. 52.

ris, qu'il feroit de l'avantage de Louis & de Maximilien d'être reprefentez par un feul miniftre, & qu'il falloit faire cette démarche pour le bien de la chrétienté, qui demandoit qu'on adoucît la mauvaise humeur du pape, que Poncher ceffât de s'oppofer à la démarche de L'évêque de l'évêque de Gurck. Il fut donc arrêté que le pape s'avanceroit jufqu'à Boulogne, que le prélat iroit l'y trouver, & que l'évêque de Paris attendroit fon collegue à Mantoüc. Jamais la cour de Rome ne fit une reception plus flateuse à perfonne que celle qui fut faite à l'évêque de Gurck. Tous les courtifans vinrent le recevoir à la porte; & le prélat Allemand ayant apperçu parmi eux l'ambassadeur de la République de Venise auprès du pape, il lui parla d'une maniere fort vive, & le reprit de la hardieffe avec laquelle il ofoit se presenter devant le miniftre d'un empereur, qui avoit mis la République au ban de l'empire. L'évêque fut conduit au confiftoire où le pape l'attendoit avec tous ses cardinaux; il en fut reçû avec des honneurs extraordinaires, & le prélat expofa en peu de mots, mais avec fierté, que l'empereur fon maître l'avoit envoyé en Italie dans l'intention d'y procurer la paix; que cependant on ne pouvoit la faire fi les Venitiens ne rendoient auparavant tout ce qui appartenoit à sa majesté imperiale. Le pape au fortir du confiftoire, voulut avoir une conference particuliere avec le prélat, mais il n'y gagna rien. Il ne fe rebuta pas néanmoins; pour engager l'évêque à se relâcher de fes premieres propofitions, il lui dit que peu de jours avant fon arrivée, il avoit fait une promotion de cardinaux dans laquelle il en avoit refervé un en fecret,

Spond. ad ann.
ISII. n. 8.

Hauteur & fier. té de ce prélat

en traitant avec le pape.

qu'il n'avoit pas voulu nommer alors; mais qu'il déclareroit en fon tems.. Il vouloit lui faire entendre parlà que c'étoit à lui qu'il avoit penfé,& que cette dignité feroit le prix de fa complaifance. Mais le prélat parut peu touché de cette bonne volonté, que d'ailleurs il ne croyoit peut-être pas auffi fincere, il ne diminua rien de fa hauteur, & ne fe relâcha point de fa fermeté.

AN. 1511.

XIV.

trois cardinaux

gneurs Alle

lat.

Le pape penfant que quelques-uns de fes cardinaux feroient peut-être plus habiles que lui, pour fléchir un efprit fi retif, en nomma trois pour conferer en particulier avec lui. Ces trois cardinaux étoient ceux de faint Georges, de Rhegge & de Medicis; trois des plus refpectables fujets du facré college. Mais l'évêque de Gurck Les conferences tint au-deffous de lui de négocier avec d'autres qu'a- fe paient entre vec le pape même, & ne voulant point démentir fon & trois feicaractere, il nomma auffi de fon côté trois de fes gen- mands nomtilshommes pour traiter avec les cardinaux commiffai- mez par ce préres. En toute autre occafion le pape auroit rompu la conference & fait éclater fon reffentiment; mais une paffion plus vive dominoit en lui, il haïffoit la France, il vouloit humilier fon roi, & pourvû qu'il en vînt à bout, il étoit résolu de paffer par-deffus toutes les formalitez. Ainfi fans faire connoître la peine que la fierté du prélat lui causoit, il confentit que les conferences fe tinffent entre les trois feigneurs Allemands, & les trois cardinaux qu'il avoit nommez.Le pape ne defiroit qu'une paix particuliere entre l'empereur & les Venitiens, & ce fut le fujet des premieres conferences. On fut affez long-tems fans convenir de rien. Après chaque entrevûë chaque délegué rendoit compte à ses maîtres de ce qui avoit été agité, & en recevoit les ordres qu'il jugeoit à propos de donner. Pour l'évêque il n'en donTome XXV.

P

XV.

noit jamais que de verbaux, pour humilier les Italiens, AN. 15II. & illes donnoit fi abfolus, qu'il ne permettoit pas qu'ils y changeaffent la moindre circonftance fans lui en demander avis. Comme il ne fe relâchoit fur rien, les trois cardinaux representerent vivement, aux feigneurs Allemands, que le faint fiége ne méritoit point tant de hauteur, & qu'il étoit au moins de la bienféance pour un évêque de fe relâcher de quelque chofe en fa confideration. Les feigneurs rapporterent ces inftances à l'évêque de Gurck, qui répondit, que Maximilien s'accorderoit avec la République de Venife, pourvû qu'elle reftituât tout ce qu'elle tenoit de l'empire & de la maifon d'Autriche, excepté Padoüe & Trevise qu'on lui laifferoit à ces deux conditions : la premiere qu'elle tiendroit ces deux places en fief de l'empereur; la feconde qu'elle payeroit pour l'inveftiture deux cens mille écus, & cinquante mille tous les ans.

Articles entre l'empereur & les Venitiens qui ne font pas reçûs. Bembo, hift. Venet.

L'ambassadeur de Venise à Rome Jerôme Donato, n’osa signer un traité si defavantageux, fans en recevoir un ordre nouveau; mais le fenat fe trouva fort partagé, la plûpart même opinerent à refuser abfolument les articles dans les termes qu'ils étoient énoncez. Il permit néanmoins qu'on répondit aux demandes du prélat. L'ambaffadeur de Venife fut chargé lui-même de la réponse, & il la fit folidement. Sans entrer en difcuffion de la nature des droits que la République avoit acquis fur les pais qui s'étoient perdus depuis la ligue de Cambray, il offrit la ceffion de ces droits quels qu'ils puffent être; mais il justifia par de très-bonnes raifons les droits de fa patrie fur Trevife, Vicence, Padoüe & leurs territoires. C'est ce qu'elle avoit confervé de ses états de terre ferme. Les raisons étoient fans replique, & le pa

pe dans toute autre occafion auroit trouvé la caufe des Venitiens d'une juftice claire & inconteftable; mais comme il vouloit les porter à une paix particuliere avec Maximilien, il dit qu'il ne pouvoit fe difpenfer de donner à ce prince une partie des fatisfactions qu'il leur demandoit.L'évêque de Gurck de fon côté rabattit quelque chofe de la hauteur de fes propofitions, & les deux parties parurent s'accorder aux conditions fuivantes :

Que les Venitiens garderoient ce qu'ils tenoient dans le Frioul & dans l'Iftrie; qu'ils garderoient de même Padoüe & Trevife avec leurs territoires pour les poffeder fous la mouvance de l'empire; qu'ils prendroient des inveftitures de cès états, & que pour les obtenir, ils payeroient en differens termes quatre cens mille écus d'or à l'empereur.

Mais cet accord ne fut pas fuivi d'un traité. L'évêque de Gurck, fuivant les ordres pofitifs de Maximilien, ne confentoit à figner la paix avec les Venitiens, qu'au même tems que le pape figneroit la fienne avec le roi de France & le duc de Ferrare; ce qui ne s'accordoit pas avec l'intention du pape, dont le deffein au contraire étoit de faire faire la paix entre l'empereur & la République, pour continuer lui-même la guerre contre la France avec de nouveaux avantages. Ainfi plus les François s'approcherent, plus il s'éloigna. Enfin les chofes allerent filoin, que l'évêque fortit de Boulogne après y avoir demeuré quinze jours inutilement, ne voulant plus fouffrir qu'on lui parlât ni de la cour de Rome, ni du faint pere, & prit le chemin de Modene. Sa fainteté après quelques réflexions, fâchée d'avoir un peu trop fait connoître fa haine contre la France, envoya après l'évêque l'ambaffadeur de Portugal fon in

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time ami, & d'ailleurs attaché aux interêts de Maximi

AN.15 II. lien, pour l'affurer qu'on s'adouciroit fur ce qui concernoit Louis XII., mais le prélat ne voulut pas retourner. Peut-être fe feroit-il encore adouci, fans un incident qui acheva de l'aigrir. En fortant de Boulogne il apprit que Jules s'étoit fervi de la fufpenfion d'armes accordée par le roi de France durant l'affemblée de Mantoüe pour furprendre Génes; & cette action l'indigna vivement contre lui. Au refte Jules en fut lui-même très-mal récompenfé. Pour mieux cacher fon deffein, il avoit envoyé à Génes, l'évêque de Vintimiglia déguisé en marchand. L'évêque fut furpris & arrêté conduisant un troupeau de bœufs, & on le mena prifonnier à Milan, où il avoüa tout. On n'ofa prononcer contre un ministre du faint fiége qui fe reconnoiffoit coupable; mais on n'eut pas les mêmes égards à Génes pour fes complices qui furent tous punis de divers fupplices.

XVII.
Le pape Jules

crée huit cardi

naux.

l. 3. cap.

ultim.

Cabrer. in Jul.

11.

Raynald. hos

an. n. 47.

La promotion des cardinaux que le pape Jules fit à Ravenne quelque tems avant que l'évêque de Gurck Garim.de Car- arrivât à Boulogne, fut de huit; fçavoir Chriftophle Bambridge, Anglois, archevêque d'York, prêtre du titre de fainte Praxede, ambaffadeur de Henri VIII. auprès de fa fainteté, & qui fut élevé à cette dignité pour avoir détaché fon maître des interêts de la France; d'ailleurs homme ignorant, plein de vanité & fort intemperant. 2.Antoine Ciocchi dit auffi Monti,ou du Mont, Italien, archevêque de Siponto, prêtre du titre de faint Vital, puis de fainte Praxede & évêque de Porto. 3. Matthieu Schiner,furnommé le Lang,Suiffe,évêque de Sion, prêtre du titre de fainte Pudentiane & évêque de Novarre. C'eft celui qui à la follicitation du pape, avoit fait rompre aux Suisses ses compatriotes l'alliance qu'ils

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