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AN.IS11.

de Pavie en pleine ruë.

In opere cui ti Imperialia apud Goldaft. p.103.

tulus: Politica

Hift. de la ligue

tures, le duc escorté de ses amis & de fes foldats, attaqua le cardinal au milieu de la rue, fe jetta fur lui, & le tua de fa propre main à coups de poignard. La douleur dont fut frappé le pape, quand il apprit cet affaffinat paffa jufqu'aux cris & aux larmes. Mais comme les jugemens des hommes font bizarres,& qu'ils ont un malheude Cambray, to reux penchant à croire le mal, quelque légeres qu'en Raynald hoe foient les apparences,il fe trouva des gens qui accuserent Ciacon. in Ful. fauffement sa fainteté d'avoir eu part à ce crime, & qui H. t. 3. p. 258. crurent qu'il ne s'étoit commis que par fon ordre; que même la fuite du duc d'Urbin avoit été concertée entre l'oncle & le neveu. Quelques auteurs fe font appliquez avec raison à justifier Jules fur cette accufation.

1.1.3.P.440.

ann. 1511.n.60.

XXVII.

Le pape envoie le cardinal

de Guibé à Tri. vulce pour lai

parler d'accommodement.

Le féjour de Ravenne devenant infupportable au pape depuis le meurtre du cardinal de Pavie, il prit le chemin de Rome. Pour comble d'affliction il vit en passant à Rimini les placards affichez pour intimer l'indiction du concile genéral qui devoit fe tenir à Pife pour le mois de Septembre. Pendant fa route, Jules tenta d'amufer TriVulce en lui envoyant le cardinal de Nantes pour lui parler d'accommodement.Ce cardinal étoit Robert de Guibé évêque de Rennes en Bretagne, neveu par fa mere du fameux Landais favori du duc de Bretagne ; quoique des cardinaux François il étoit fort avant dans la faveur de fa fainteté D'Argentré, qui l'avoit fait cardinal en 1505. & qui avoit fi bien tourné fon efprit, qu'elle le gagna contre le roi même; auffi fut-il privé du revenu des bénéfices qu'il avoit en France. Trivulce écouta ce cardinal, & lui répondit que le roi fon maître avoit fait à Jules des propofitions qui avoient été rejettées, & qu'il n'étoit pas de fa dignité d'en faire d'autres, qu'il dépendoit de la cour de Rome de les accepter, ou d'en propofer de nouvelles en leur

& 10. Auberi, hift.

bift. de Bretagne

1.10.

place; qu'on lui donneroit du tems pour cela; mais qu'il ne falloit pas oublier que les chofes avoient chan- AN. 1511. gé de face, & la négociation n'alla pas plus loin. Une autre affaire occupoit beaucoup plus le pape, c'étoit la convocation du concile à Pife, où on l'avoit fommé d'affifter & de comparoître.

La ville de Pife n'avoit été choifie qu'après beaucoup de conteftations, parce que Maximilien vouloit que le concile fût tenu dans quelqu'une de fes villes, comme Conftance, ou d'autres: mais les Italiens ne vouloient pas fortir de leur pays, & n'ofoient se fier à la parole de l'empereur, qu'il avoit tant de fois violée en d'autres occafions. Louis XII. de fon côté propofoit la ville de Lyon; & comme cette ville n'étoit pas du goût des cardinaux, on s'en tint à Pife, qui n'étoit fufpecte ni à sa majesté imperiale qui en étoit feigneur fuzerain,ni au roi de France qui étoit en bonne intelligence avec les Florentins, ni à Jules qui ne pouvoit difconvenir qu'elle ne fût la plus commode de toutes les villes d'Italie, après celles de l'état ecclefiaftique. La garnison ordinaire fuffifoit pour la fureté du concile; le territoire étoit très-fertile, on y vivoit à peu de frais; & la proximité de la mer pouvoit favorifer une prompte & fûre retraite, fuppofé qu'on y fut infulté. Les Florentins avoient accordé cette ville avec affez de peine, & n'y avoient confenti que fur la promeffe de ne faire aucune violence à ceux qui s'y rendroient pour affifter au concile.

le

de

Quand ce choix fut fait on ne penfa plus qu'à convoquer le concile, & afin de le faire agréer par pape, on réfolut de l'aller trouver. L'empereur & le roi France voulurent bien faire ces avances. Ils firent repréfenter au pape, que lorsqu'on avoit procedé à fon

on convoque

XXVIII.

un concile à Pife contre Jules

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Mariana, ze.

n. 12.

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élection, tout le college des cardinaux avoit juré foAN.1511. lemnellement, que celui d'entre eux qui feroit élevé au fouverain pontificat, convoqueroit dans l'efpace de deux ans après fon exaltation un concile general, comme l'unique moyen de remedier aux maux de l'église. Qu'il avoit fait ce ferment comme les autres, & que s'il ne l'avoit pas executé jufqu'à prefent, on le prioit de faire attention que les maux en étoient augmentez & qu'il devoit enfin les faire finir; qu'étant le pere commun des Chrétiens, il devoit eftre plus sensible qu'un autre à leurs afflictions, & qu'ils recouroient tous à lui afin qu'il les fecourût. Mais Jules n'écouta ce difcours qu'avec peine, & il fit tout ce qu'il put pour détourner un coup qu'il regardoit pour lui comme le plus grand des malheurs. Les deux princes le voyant inflexible prirent le parti d'envoyer leurs ambassadeurs à Milan vers les cardinaux de fainte Croix, de Narbonne, & de Cofence, pour les engager à convoquer euxmêmes le concile. Ce fut le feiziéme de May qu'on leur en fit la propofition, & ils l'écouterent avee plaifir, mais ils exigerent trois conditions. 1°. Que l'empereur & le roi de France accorderoient leur protection au concile & à tous ceux qui y affifteroient. 2°. Que les princes ne confentiroient point à fa diffolution, ou à fa tranflation fans le confentement de la plus grande partie de l'affemblée. 3°. Qu'on y joüiroit d'une liberté & fureté entiere, en y obfervant la forme prefcrite par le Concile de Conftance. Ces conditions ayant été acceptées par les ambassadeurs au nom de leurs maîtres, les trois cardinaux qu'on vient de nommer avec fix autres indiquerent le concile general à Pife pour le premier jour de Septembre. La convocation fut affichée.

XXIX.

Le concile de

AN. ISLI.

qué au nom des

cardinaux.

Raynald, ad ann. 1511.n.7.

Paris de GrafCiacon. in Jul. . . 3. p. 223.

fis t. 3. p. 680.

II. t.

Elle étoit contenue en deux actes : l'un publié au nom de l'empereur & du roi très-chrétien, & l'autre au nom des cardinaux retirez à Milan. Ils contiennent à peu Pife eft convoprès la même chofe. On y expofe que le deffein de ceux qui convoquoient le concile étoit de réformer l'église dans fon chef & dans fes membres, & de punir des crimes notoires,obstinez & incorrigibles,qui depuis longtems donnoient un grand scandale à l'église univerfelle; que le rang que tenoient dans l'églife ceux qui convoquoient le concile, comme fes principaux membres, & fes protecteurs, leur étoit un titre fuffifant pour le faire; que d'ailleurs la neceffité de tenir ces fortes d'affemblées preffoit, & qu'il n'y avoit plus d'efperance que le pape en convoquât. « Le concile de Constance, (ajoûtoit-on,) en avoit reconnu la neceffité,& avoit ,, fait un décret exprès pour ordonner que dix ans après „, un concile, il s'en tiendroit un autre. Ce terme eft expiré depuis long-tems, & non feulement le pape Jules neglige d'en convoquer un, mais même il en a éludé la propofition toutes les fois qu'on l'a lui a faite. Enfin on citoit dans ces actes le pape lui-même à comparoître au concile de Pife, en termes affez forts quoique refpectueux.

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XXX.

nant cette con

Jules fut fi allarmé, qu'il réfolut d'abandonner fes Embarras da projets de guerre, & de retourner promptement à Ro- pape en appreme, pour tenter s'il pourroit par fon adreffe & fon ha- vocation. bileté conjurer la tempête prête à éclater. Il fe trouvoit dans un cruel embarras, il s'agiffoit de traverser les projets des cardinaux qu'il regardoit comme fchifmatiques, & de reprimer leurs entreprises audacieuses. Enfin après beaucoup de tentatives inutiles, informé de la froideur Il en convoque où étoit Maximilien pour la tenue du concile, & de

XXXI.

un autre à Re.

me.

1.

Ful. 11. conft.

17.

Concil. Labb.

collect. t. 13.

fes irrefolutions fur le choix du lieu, fa fainteté, fur l'aAN.ISII. vis que lui donna le cardinal Del Monte d'oppofer conBullar. t. cile à concile, fit publier une bulle le dix-huitiéme de Juillet qu'il adreffa à tous les princes Chrétiens, par laquelle il convoqua un concile general à Rome dans l'églife de faint Jean de Latran, & ordonna à tous les évêCiacon. in Ful ques du monde chrétien de s'y rendre au plûtôt, à faute dequoi ils feroient degradez de leurs dignitez & privez de leurs benefices. Il en indiqua l'ouverture au lundi dix-neuvième d'Avril de l'année fuivante 1512.

fub. fin. t.

14.

11. tom. 3. P. 228.

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Il expofe dans cette bulle tout le progrès de l'affaire dont il étoit queftion, en se justifiant & blâmant beaucoup fes ennemis. Il dit qu'allant à Boulogne pour recouvrer quelques terres de l'églife Romaine, certains cardinaux lui avoient demandé permiffion de fe rendre à Florence pour delà venir à Boulogne le joindre; que bien loin d'obéir, ils s'étoient retirez à Pavie fans aucune cause légitime, escortez par des foldats & armez euxmêmes; qu'enfuite touchez du repentir de leurs fautes, ils lui avoient fait demander pardon, à quoi il s'étoit rendu volontiers, leur offrant avec bonté fa faveur & son amitié; que cependant ils étoient assez temeraires que de s'attribuer l'autorité pontificale, de convoquer un concile general, de désigner le lieu & le tems, de l'afficher aux portes des églifes, & autres endroits publics, & de declarer avec fauffeté & impudence, que quelques autres cardinaux leur étoient unis pour un deffein fi pernicieux, quoique ces cardinaux ayent fait fçavoir, & par écrit & de vive voix, qu'ils n'y avoient point confenti. Quant aux reproches qu'on lui fait de n'avoir pas affemblé de concile deux ans après son élection selon fa promeffe avec ferment dans le conclave, & fui

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