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voya vers ce tems-ci un ambassadeur, nommé MatAN.1514 thieu, religieux Armenien, homme de bien, & capaPortugal. ble d'une telle ambaffade. Matthieu alla d'abord dans Mariana,lib.30. les Indes; il fut magnifiquement reçu par Alphonfe

fadeur au roi de

n. 113.

Raynald. an.

1513. n. 28. ad

Ofor. l. 1.

d'Albuquerque qui y commandoit pour le roi de Poran.1514. n.103. tugal, & qui le fit partir pour l'Europe fur les premiers vaiffeaux qu'on y renvoyoit. Les paffagers qui prennoient cet ambaffadeur pour un fourbe & un impof teur, lui firent mille infultes pendant toute la navigation. Matthieu s'en plaignit dès qu'il fut arrivé en Portugal, & ceux qui l'avoient infulté furent chargez de chaînes s'il n'eut point imploré pour eux, on les eût puni plus feverement. Le roi ayant donné à Matthieu une audience publique, ce religieux lui prefenta les lettres de fon maître en Ethiopien & en Perfan, avec un morceau confiderable de la vraïe croix enchaffé dans une magnifique croix d'or. Le roi de Portugal fit rendre de grands honneurs à cet ambassadeur, & pendant tout le tems qu'il demeura en Portugal, on l'entretint fouvent fur les mœurs & les coûtumes de l'Ethiopie & de l'Abiffinie, fur la religion qu'on y profeffoit, & tout ce qu'on jugea de plus digne de fatisfaire la curiofité. Pendant tout fon fejour, Matthieu fut toûjours défraïé aux dépens du roi.

XXX.

Mort du doc

teur J. Raulin.

t14. in-4. p.92. XVI. fiécle.

Jean Raulin celebre docteur, mourut cette année le Dupin. Biblioth. feptieme de Février. Il étoit né à Toul de parens illufdes auteurs eccl. tres & riches: il étudia au college de Navarre de Paris, & y prit tous fes degrez, jusqu'au doctorat; il en prit le bonnet en 1479. Deux ans après Guillaume de Chateaufort principal du college de Navarre étant mort, on en donna la charge à Raulin; il s'en acquitta avec beaucoup d'honneur, & il prit foin d'y dreffer une bi

bliothéque

AN. 1514.

bliotheque utile, qui a été augmentée dans la suite. Jean Major dit de lui, que quelques religieux l'ayant voulu affocier avec eux pour prêcher les indulgences, & gagner par-là de quoi fournir aux frais qu'il étoit obligé de faire en prenant le bonnet de docteur, il répondit qu'il étoit indigne d'un ministre de Jesus-Christ de se conduire ainfi, & n'en voulut rien faire. Penetré de dégoût pour le monde, dont il connoiffoit la vanité & les défordaes, il fe retira fecretement dans l'abbaye de Clugny en Bourgogne, où il fe fit religieux en 1497. ou environ, & y mena une vie fort exemplaire; quelques années après il revint à Paris & demeura dans le college de Clugny, où il fut chargé par le cardinal d'Amboife de travailler à la réformation de l'ordre de faint Benoist. Raulin aimoit à prêcher; il le fit toûjours & avec fuccès jufqu'au tems de fa mort qui arriva à Paris. Raulin a beaucoup écrit, mais la plupart de fes ouvrages font des fermons, des lettres, & quelques traitez de pieté. Ils ont été imprimez en differens tems. Ses lettres contiennent quelques faits de fon tems, & beaucoup d'avis falutaires fur la conduite; mais le grand nombre d'allegories & de figures forcées qui y font répanduës les gâtent. Il y en a d'adreffées à Étienne Poncher évêque de Paris, à Louis d'Amboife évêque d'Alby, dans lefquelles il montre la pefanteur de la charge épifcopale, & les dangers qui s'y trouvent. Il y en a auffi quelques unes à Jean Standouck docteur en théologie & principal du college de Montaigu, qui plaidoit pour l'évêché de Rheims, & qui avoit un concurrent de beaucoup de crédit dans la perfonne de Guillaume Briconnet qui l'emporta, & qui fut depuis cardinal. Raulin fut fâché dans la fuite que Standouck eût rendu ces Tome XXV.

Y y

lettres publiques, & s'en plaignit en écrivant à l'abbé AN.1514. de Clugny. La trente-feptiéme adreffée au confeffeur du roi, contient des avis importans pour la direction des princes, & parle affez au long des dangers qu'on courre dans un employ fi délicat. A l'égard de fes fermons,on eft bien éloigné de les propofer comme des modeles ; mais il y a de la pieté.

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Le mariage que Louis XII. venoit de contracter avec la princeffe Marie d'Angleterre, lui fut funeste. Comme il n'avoit que des filles, il fouhaitoit ardemment que fa nouvelle épouse lui donnât un fucceffeur, n'étant pas fort porté pour le duc de Valois, dont il ne connoiffoit le luxe & la prodigalité ; mais sa sainteté s'affoiblit en peu de tems, & ne put plus fe rétablir. Il languit pendant quelque tems; mais enfin la nature manqua plûtôt qu'on ne l'efperoit, & il mourut à Paris le premier de Janvier 1515. dans le palais des Tournelles en la cinquante-quatrième année de fon âge, & la dix-feptiéme de fon regne. Jamais prince ne fut plus univerfellement pleuré, ni avec des larmes plus finceres ; auffi jamais roi n'aima fi tendrement fes peuples: il tâcha toujours de les foulager par toutes fortes de moyens, & de gagner leur amour par les bienfaits; jamais fouverain ne craignit d'avantage de les fouler par des fubsides ; il leur remit le préfent de cent mille écus qu'ils vouloient lui faire à fon couronnement, ôta la troifiéme partie des impôts qu'il avoit trouvés établis, & la dixième partie des tailles qu'il diminua d'année en année, jusqu'à ce qu'elles fuffent réduites à la moitié, quoique les guerres. qu'il eut à foutenir, l'obligeaffent à faire de grandes dépenses; auffi mérita-t-il par fa bonté & fa clemence lenom de pere du peuple. Son corps fut enterré à faint

Denys en France, & fon cœur porté dans la chapelle AN.1515. -d'Orleans chez les religieux Celeftins de Paris.

Comme Louis XII. ne laiffoir que deux filles, dont l'aînée étoit déja mariée au duc de Valois, qu'on nommoit auffi le duc d'Angoûleme, & qu'il n'avoit point d'enfans mâles, le duc de Valois lui fucceda, & prit le nom de François I. Il étoit arriere-petit fils de Louis fils de France, premier duc d'Orleans, l'ayeul du roi mort: ce Louis avoit eu deux fils, Charles qui fut duc d'Orleans après lui, & Jean qui fut comte d'Angoulême. Le roi Louis XII. fut fils de Charles, & de Jean vint un autre Charles qui fut pere de François I. Ce prince étoit né à Cognac en Angoumois le douziéme de Septembre de l'an 1494. & porta le titre de comte d'Angoulême après la mort de Charles fon pere, ensuite celui du duc de Valois, parce que Louis XII. ajouta ce duché à son appanage; & c'est pour cette raison qu'on a furnommé de Valois les princes qui font descendus de lui, quoi qu'en effet il fût de la branche d'Orleans. Il fut facré à Rheims par l'archevêque Robert de Lenoncourt le vingt-cinquiéme de Janvier de cette année & prit avec le titre de roi de France, celui de duc de Milan du chef de fon épouse Claude de France, fille de Louis XII. Cette princeffe par l'inveftiture de Trente, étoit appellée à reprendre ce fief, fi fon pere mouroit fans enfans mâles; & apparemment dès la mort de fon pere, elle en fit donation à fon mari. Cette qualité qu'il prit fit juger d'abord qu'il avoit réfolu de poursuivre les deffeins de fon prédeceffeur, & qu'il n'étoit pas d'humeur à porter long-tems en vain le titre de duc de Milan; mais il ne crut pas devoir découvrir fes intentions, avant qu'il eût mis ordre à fes affaires domeftiques.

XXXII.

François I. fuc

cede à Louis
XII.
Daniel, hift.
de France t. 3.

in-fol

I. 1.

De Thou, hift.
Guicciard.l. 12.

Belcarius, l. 15.

AN.ISIS.

Commence.

de François I.

de Fr.

Belcarius, L.15.

De Rheims le jeune roi alla à faint Denys pour renXXXIII. dre graces à Dieu de fon avenement à la couronne, & ment du regne lui demander fon fecours pour bien gouverner fes fuFerron, Annal. jets. Après avoir fatisfait à ce pieux devoir, il fit son entrée à Paris, où rien ne fut oublié pour rendre la cérémonie augufte. François y féjourna jusquà la fête de Pâques, & durant fon féjour ce ne fut qu'une fête continuelle employée en tournois, balets, jeux, exercices, dans lesquels fa majefté donna des preuves de fon adreffe. Il n'étoit pas toutefois tellement attaché à ses plaisirs, qu'il ne penfât aux affaires du royaume. Il pourvut au réglement de l'état, il confirma tous fes officiers dans leurs charges & dignitez; il ôta la charge de garde des fceaux à Etienne Poncher évêque de Paris & depuis archevêque de Sens, & la donna à Antoine du Prat premier président au Parlement de Paris, avec les provifions & le titre de chancelier de France. Charles de Bourbon fut nommé connétable : perfonne n'avoit rempli cette dignité depuis le comte de Saint-Pol qui eut la tête tranchée fous Louis XI. Jacques de Chabannes feigneur de la Palice fut fait maréchal de France, & réfigna fa charge de grand-maître en faveur d'Artus Gouffier feigneur de Boify, qui avoit été gouverneur de sa majesté. Le comte de Vendôme eut le gouvernement de l'Ile de France, & le fieur de Lautrec celui de Guyenne.

XXXIV. François I. re

nouve le Palliance avec

roi d'Angle

terre...

Après avoir ainfi reglé le dedans de fon royaume, François fongea à renouveller l'alliance qui avoit été le faite entre Henri VIII. roi d'Angleterre & fon prédeceffeur, en quoi il n'eut pas de peine, parce que le roi d'Angleterre le prévint, pour faire de la peine à Ferdinand. Ainsi dès le cinquiéme Avril on figna de part &

Hift. de la ligue

de Cambray, t. 2.p. 396.

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