celui de la mort du Saint. La céremonie de la canonifation qui fut très-magnifique, fe fit le premier jour de Mai de cette année. AN. 1519. XXXIV. Election d'un Francfort. 13 Cependant les électeurs fatiguez d'être fi long-tems à Francfort fans pouvoir rien conclure au fujet de l'éle- empereur à ction d'un empereur, réfolurent de ne plus écoutér davantage les raisons des deux concurrens, Charles roi d'Espagne, & François I, roi de France, de les exclure tous deux comme étrangers, & d'élire un homme de leur nation, & du nombre même des électeurs. à Dans ce deffein ils offrirent la couronne imperiale Frederic électeur de Saxe, furnommé le Sage, à caufe de fon mérite, de faprudence & de fes autres verrus. Ce prince ne voulant pas refufer à la legere une offre de cette importance, demanda deux jours pour fe déterminer, & au troifiéme il remercia ces électeurs avec beaucoup de modeftie, & parla pour le roi d'Espagne. Je ne puis m'imaginer [leur dit-il d'où vient que nous ne concourons pas tous à fon élection, puifque „, c'est un prince qui a des qualitez qui l'en rendent plus ,,digne que tout autre. Il est né en Flandre qui eft une „province de l'Allemagne ; il a été elevé par les foins „d'un ayeul, tel qu'étoit Maximilien, qui n'aura pas „, manqué de lui donner de bonnes inftructions pour „, bien gouverner, lui qui en étoit naturellement fioca,,pable, comme perfonne ne l'ignore; de forte que nous avons fujet d'efperer toute forte de bonheur fous „, le régne de fon petit-fils: de plus il'est jeune, naturellement porté aux actions grandes & genereuses; „, bienfait de fa perfonne, robuste pour résister aux fatigues. Il'entend parfaitement les langues étrangeres & fur-tout l'Allemande.Il n'ignore rien du métier de " Ffff ij Bellefor. l. s 29. oper.bift.com.2. Apud Schard. 3. Rer. German. Freher. Sleidan. in comment. de fatu relig. & reip.l.1.p.29. XXXV. Les électeurs offrent l'empire l'electeur de Saxe qui le re fufe. 1 AN.1519*,, la guerre. Ileft dans un âge propre non feulement „ défendre, mais à augmenter l'empire, & à s'acquerie ,, de la gloire. Il a en main les moyens d'y réuffir, fans. " charger nos peuples, étant maître de tant de royau-,, mes & de pays floriffans. En un mot jamais électeurs n'eurent une plus belle occafion de faire paroître leur zele à choisir un empereur, que celle qui fe prefenté aujourd'hui, où il s'agit d'élire Charles petit-fils de Maximilien. " " ,, Cependant, (continue-t-il, ) on cherche les ,, moyens d'empêcher que ce prince ne foit élu, & pourquoi ? afin de mettre François I. en fa place! Mais fur quoi eft-on fondé! Je l'ignore ; je ne conte fte pas que le roi de France n'ait du mérite & de la valeur; mais il faut confiderer que ce prince n'a pas été élevé en Allemagne, & qu'il n'y a jamais mis le pied; à peine entend-t'il feulement quelques mots de ,, notre langue. Or étant né en France, il ne fe peut,, qu'il n'ait contracté quelque chofe de l'humeur Françoife fi oppofee à la nôtre. Mais que dis-je ? la pru,,dence & la bonne conduite nous oblige par maxime 'd'état de confiderer avec crainte & défiance, que ce ,, prince eft né dans un royaume où regne une monar,, chie abfolue, ce qui est trop confiderable pour ne ,, nous pas obliger à ouvrir les yeux, & à prendre nos „, précautions & nos furetez. Car enfin', qui nous affu,, rera,qu'il ne formera point un jour le deffein de chan„ger la liberté de l'empire, & de réduire les électeurs & ,, les princes dans l'état où font aujourd'hui les ducs & ,, les pairs en France. Cela n'eft pas impoffible; ne rap,, pellons point le fouvenir des hiftoires paffées. Et qui ne fçait combien de fang nos prédeceffeurs n'ont pas été obligez de répandre, avant que de pouvoir arracher le fceptre de l'empire de la main des François, AN.15 1.9. & de le pouvoir mettre en celles de notre nation? Et aujourd'hui que nous en fommes les maîtres, nous ,, voudrions y renoncer pour le leur donner une feconde fois. " XXXVI L'electeur de: Ce difcours de Frederic n'empêcha pas les électeurs de continuer leurs inftances auprès de lui pour l'obli ger à accepter l'empire; mais il perfifta toujours à refufer. Les électeurs charmez de fa modeftie & de fa fincerité,le prierent de nommer la perfonne qu'il jugeoit en confcience la plus capable de l'empire, l'affurant qu'ils s'en rapporteroient à fon avis. Frederic le refufa encore, ne voulant pas s'attirer le reffentiment de ceux qu'il excluroit; mais enfin preffé de nouveau, il dit que pour luiil proteftoit fur fon honneur & fur fa confcience qu'il neconnoiffoit perfonne qui fût plus digne de l'empire que le roi catholique, & tous les autres auffi-tôt approuverent fa nomination, à l'exception de l'électeur Saxe nomme de Tréves, Richard de Greiffenclau ouGreiffenkloë qui favorifoit François I. & qui foutint que ce prince n'étoit pas plus étranger que le jeune roi d'Espagne à l'égard de T'empire, puifqu'il poffedoit des états qui en faifoient partie, fçavoir le Milanez & le royaume d'Arles. Si Charles, [difoit-il] doit être élu, parce qu'il poffede. ,, des provinces de la domination de l'empire, François „, n'a-t-il pas le même avantage? D'ailleurs je ne vois ,, pas les raisons qui nous font croire que la Flandre ,, nous appartient: il eft vrai que les Flamands font nos voifins; mais il n'y a aucune alliance entre eux & nous, ils ne fuivent point les loix de l'empire, elles » n'entrent point dans leurs contumes & dans leurs ufa وو Efffiij Charles roi d'Espagne Porteurs empeteur? Fallavie, hift concil. Trid. lib 1.cap.22. 99 AN. 1519. »ges. Si nous préferons Charles à François, grands dieux! combien de troubles allons-nous exciter enItalie? celui-là voudra recouvrer le Milanez, la guerre ,, durera long-tems; & pendant que la plus belle des provinces fera ainfi affligée, les Turcs affembleront toutes leurs forces pour venir fondre en Hongrie.,, L'électeur ne fe contenta pas de ce qu'il venoit de dire, il prefenta au college électoral une protestation par écrit contre la nomination que Frederic venoit de faire, cette nomina- mais on n'y eut aucun égard. XXXVII. Proteftation de l'électeur de Treves contre tion. le Charles roi d'Espagne fut donc élu pour empereur vingt-huitiéme de Juin 1519. n'ayant encore que vingt ans. Quelques jours après l'électeur de Tréves même lui donna auffi fa voix, tant parce qu'il vit que François L. ne pouvoit plus prétendre à l'empire, que parce qu'il ne voulut pas s'attirer la haine du nouvel empereur. Le cardinal Caietan qui étoit préfent à l'élection, difpenfa l'élu de la défenfe chimeriqué que les papes avoient faite d'élire aucun roi deNaples pour empereur. Après l'élection les ambaffadeurs de Charles à Charles à l'em- Francfort, perfuadez que leur maître n'étoit redevable de la couronne imperiale qu'à l'électeur de Saxe, lui offrirent trente mille florins qu'il refufa absolument; & tis pont. in Cle- comme ils le preffoient de permettre au moins qu'ils en donnaffent dix mille à fes domeftiques, il leur répondit, qu'il leur étoit libre de faire des liberalitez ; mais que fi quelqu'un de fes gens prenoit feulement un écu, il ne demeureroit pas à fon fervice jufqu'au lendemain, XXXVIII. Election de pire. Spond. ad an. 1519.n.2. Platina de vi ment. IV. Nard. hift. Florent. lib.6. D. Juan. Anton. Vera, hift. de Charles V. p. 22. Spond Rainald. ad ann. 1519.n.29. XXXIX. L'élection de Charles ne fut pas plûtôt faite, que Les électeurs Guillaume duc de Baviere fait duc depuis quelques mois. députent en par la mort de fon pere Albert,s'offrit de partir le lende vers le nouvel em Tom. 3.Rer. Schard. & Gol Freher. Sleidan. hift main pour aller en Arragon porter cette nouvelle au prince, & recevoir fon confentement. Les electeurs re- AN. 1518, çurent l'offre du duc avec beaucoup de plaifir,&le char- Epagner gerent expreffement de folliciter le roi à revenir au plu- pereur. tôt en Allemagne pour y être couronné. Le duc s'em- German. apud barqua en Zelande, mais il eut les vents fi contraires, dat. in conftit. qu'il ne put arriver qu'en trente jours a Sarragoffe, où il Imper. edit. fut reçu avec beaucoup d'honneur & de grands témoignages d'affection: & afin que le voyage du prince fût plus honorable, l'électeur Palatin partit auffi peu de lib.i.p.30. tems aprés l'autre, & on le chargea des actes aurentiques de l'élection, foufcrits par plus de trois cens princes, comtes & grands feigneurs de l'empire,qui fupplioient tous avec beaucoup d'empreffement le nouvel empereur de fe mettre en chemin le plutôt qu'il pourroit, parce que les affaires de l'empire demandoient fa presence. Charles reçut prefque en même tems une autre nouvelle qui lui fit aufli beaucoup de plaifir, c'étoit la conquête du Mexique par Ferdinand Cortez. Ce pays eft dans l'Amerique feptentrionale depuis la riviere de Chagre dans l'Ifthme de Panama jufqu'à celle delNorte de la iner vermeille, ce qui fait environ fix cens lieuës de longueur. Cortez ayant mis à la voile à San-Iago le dix-huitiéme deNovembre 15 18.ferendit à la Havane, où il difpofa fa petite armée en onze compagnies dont il en plaça une fur chacun de fes batimens, & partit Petrus Martyr. de-là le dixiéme de Fevrier 1519. il arriva à Tabafio pro- in vita Cortez. vince du Mexique, & le vingt-cinquiéme de Mars il rem- Raynald, an porta une fignalée victoire fur lesIndiens; de-là il pouf- 1520.n.940 fa à Quiabistan où il fonda la ville de VeraCrux,puis ayant formé aprés quelques expeditions l'étonnante réfolution d'aller àMexico capitale de cet empire,il y arriva la XL. Charles reçoit nouvelle de conquête du la découverte & Mexique. Vera, bist. de Charles V. p.24% nouvelle Espa- la Ciud. de Mex. decad. 5. cap. x. ́ 1519.8.69.ANT |