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Jules redemanda toutes ces places aux Venitiens; mais AN.1508. d'abord il le fit avec moderation: Il leur fit expofer la Mariana lib juftice de fa demande, & l'honneur qu'ils fe feroient d'y adherer fans resistance'; mais voyant qu'ils ne fe rendoient point, il refolut de leur déclarer la

29. cap. 15.

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It s'adreffe au

de fe liguer

nitiens.

sap. 16.

guerre.

On croit que la retraite que les Venitiens avoient donnée chez eux aux Bentivoglio, & le refus qu'ils avoient fait du'neveu du pape pour l'évêché de Vicenze, comme on l'a vû ailleurs, étoient les vraies raisons qui engageoient le pape à fe déclarer contre les Venitiens, & que le recouvrement des villes qu'ils poffedoient, n'en étoit que le prétexte : quoique cependant il ne fût pas fâché de les avoir : car il étoit affez jaloux de ce qu'il croyoit lui appartenir. Incapable de foutenir feul une guerre qui furpaffoit de beaucoup fes forces & fes moïens, il oublia le reffentiment qu'il avoit contre l'empereur Maximilien, Louis XII. roi de France, & Ferdinand roi d'Arragon, & ne penfa plus qu'à menager une alliance avec ces trois princes.

Louis XII. fut le premier à qui il s'adresfa : & il lui roi de France, envoya le comte de Carpi pour negocier cette affaire: & lui propofe le cardinal d'Aufch en fit la propofition dans le confeil contre les Ve- du roi, & elle fut appuyée par le cardinal d'Amboife. Belle for. lib. 6. premier miniftre, qui étoit grand ennemi des Venitiens. Le projet d'alliance portoit que ceux qui fe ligueroient s'affifteroient mutuellement de toutes leurs forces jufqu'à ce qu'on eût recouvré tout le pays qu'on,prétendoit ufurpé par les Venitiens. Ce projet fut lû dans le Le confeil de confeil, & on y accepta la propofition, fans prefque aupour l'alliance, cune altercation. Il n'y eut qu'Etienne Poncher évêque de Paris qui tâcha de détourner le coup. Il foutint que la France ne pouvoit avoir de meilleurs confederez que les

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France opine

Venitiens en Italie, & que la fociete de tous les autres étoit ruineufe. Il regardoit le confentement que le con- AN. 1508. feil venoit de donner comme l'effet d'une baffe complaifance pour le premier miniftre, ou comme une obéiffance fervile aux volontez du roi, qui n'avoit un confeil établi que pour lui remontrer ce que la justice demandoit, & l'empêcher de faire de mauvaises entreprises. Il eft aifé de voir que l'évêque avoit raison, mais l'autorité l'emporta. Louis XII. auffi prévenu contre la république, que fon ministre, n'étoit pas fâché de trouver un prétexte pour lui faire de la peine.

L'empereur &

Raynald. ann.

Raynald. ann.

Comme on vouloit auffi gagner l'empereur, on dé- IV. puta vers lui, & l'on fe fervit adroitement pour l'enga- le roi d'Arrager dans ce parti, de tous les démêlez qu'il avoit eus gon entrent avec la république, & qui n'étoient pas encore bien é- gne. teints. L'empereur fe fit lire le projet d'alliance: il le trou- 1509. n. 1. va convenable, & l'agréa. On cut plus de peine à faire confentir Ferdinand roi d'Arragon: il trouvoit de gran- 1509. n. 1. des difficultez dans cette ligue, il les propofa: on tâcha de les réfoudre : mais quoiqu'il ne fût pas fort convaincu de la justice de cette ligue par les raisons qu'on lui donna, voyant que le pape, l'empereur & le roi de France favorifoient cette union, & qu'elle lui pourroit procurer le recouvrement de tout ce qui avoit été engagé aux Venitiens dans la Poüille à l'occafion de l'expedition de Charles VIII. au royaume de Naples, il y entra avec les autres, bien refolu de les abandonner, dès que fes interêts demanderoient de lui qu'il changeât de parti.

V. Pretexte qu'on

couvrir cette

Ainfi fut formée cette ligue fameufe connue fous le nom de Ligue de Cambray, parce qu'on choifit la ville employa pour de ce nom pour le lieu du Congrès. Mais afin de préve→ ligue. nir, s'il étoit poffible tous les foupçons que les Venitiens b

Guicciard. hift.

Louis XII.

ann. 1509. n. 30040

auroient pu former fur ce congrès; & pour tenir la néAN.1508. gociation fecrette, on fit entendré que le but de l'affemSeyßel. hist. de Blée étoit de conclure un traité par lequel on termineRaynald. ad roit les differends furvenus entre Charles de Luxembourg, prince d'Efpagne, & le duc de Gueldres allié de la France. Afin de rendre ce prétexte plus plausible, on figna le dixiéme de décembre 1508. le traité du duc de Gueldres, & on affecta d'en donner connoiffance, pendant que le même jour on figna fans bruit & fans éclat le traité de la ligue offensive contre les Venitiens, qui étoit le veritable motif du congrès. Comme les princes confederez ne pouvoient fe trouver en perfonne à cette affemblée, chacun y envoya des deputez. Marguerite d'Autriche ducheffe doüairiere de Savoye, gouvernante des Païs-Bas, fille de Maximilien, s'y trouva pour l'empereur. Cette princeffe avoit tous les talens d'un homme habile pour les affaires, propre à fléchir les efprits, & à concilier les humeurs les plus oppofées. Louis XII. envoya le cardinal d'Amboise fon premier ministre, le roi d'Arragon y avoit auffi fon ambaffadeur. Mais tout fe traitoit principalement entre le cardinal & la ducheffe de Savoye, & l'on ne faifoit que fuivre ce qui avoit été difcuté & arrêté entr'eux deux.

V I.

Articles fecrets

mitiens.

Il feroit inutile de parler ici du traité concernant le contre les Ve- duc de Gueldres. Celui contre les Venitiens porte I. Que le pape, l'empereur, le roi de France, & le roi d'Arragons'entre-aideroient en toutes manieres pour recouvrer les états & les places que les Venitiens avoient ufurpé fur eux ; que les villes qu'ils retenoient au pape dans la Romagne, Ravenne, Cervia, Faënza, Rimini, Imola, & Voyez l'histoire Cefene, lui feroient renduës; qu'on reftitueroit à l'emde la ligue de pereur Roveredo, Verone, Padoüe, Vicenze, Treyise,

AN. 1508.

Cambray,2.vol.

liv. 1. pag. 5o.

n. 65.

& le Frioul; au roi de France, Breffe, Créme, Bergame, Cremone, la Giradadda, & toutes les anciennes dépendances du duché de Milan; au roi d'Arragon, Trani, in 11. Paris Brindes, Otrantes, Gallipoli,& tous les ports que les Ve- 1709. tom. 1. nitiens occupoient dans le royaume de Naples. II. Qu'au Mariana hift. premier d'Avril de l'année suivante les princes auroient Hifpan. lib. 19. leurs armées prêtes pour entrer en campagne ; & parce que l'empereur étoit lié par la trêve de trois ans qu'il venoit de conclure avec la république, le pape pour fournir à Maximilien une raifon de ne pas accomplir ce traité, le fommeroit de le venir fecourir comme avoué de l'églife Romaine, pour recouvrer les domaines du faint fiége. III. Qu'en même tems que les trois princes attaqueroient les Venitiens avec leurs armes temporelles, fa fainteté les prefferoit,fous peine d'excommunication, de reftituer ce qu'ils avoient ufurpé, & fulmineroit un interdit contre la république. IV. Qu'on exhorteroit les rois de Hongrie & d'Angleterre, les ducs de Savoye & de Ferrare, & le marquis de Mantouë d'entrer dans cette ligue. V. Que jufqu'à la fin de la guerre l'empereur, ni fon petit-fils le prince d'Efpagne, n'inquieteroient en aucune maniere le roi d'Arragon touchant leurs prétentions fur la Caftille, qui appartenoit à Jeanne mere du prince d'Espagne. VI. Que Maximilien donneroit à Louis XII. une nouvelle inveftiture du duché deMilan, dans laquelle on comprendroit Breffe, Bergame, & toutes les autres dépendances du duché de Milan qu'on recouvreroit fur les Venitiens. VII. Que fi cette république avoit recours au Turc, pour en obtenir du fecours, les confederez redoubleroient leurs efforts, & la ligue feroit regardée dès-lors comme une ligue faite contre les Infideles. VIII. Qu'aucun des princes liguez ne pourroit

faire, ni paix, ni tréve avec les Venitiens que du conAN.1508. fentement des autres. IX. Enfin, que pour empêcher que les differends, qui fubfiftoient toujours entre l'empereur & le roi Catholique, ne traverfaffent le projet & les entreprises de la ligue, on nommeroit d'un commun confentement de part & d'autre des commiffaires qui termineroient à l'amiable les contestations, dès que la guerre contre les Venitiens feroit finie.

VIL

On follicite le

re, & le mar

toue pour la

de Cambray, to.

On réfolut encore de folliciter le duc de Savoye d'enduc de Savoye, trer dans la ligue; & afin de l'y engager plus facilement le due de Ferra- on lui fit efperer qu'il pourroit reconquerir le royaume quis de Man- de Chypre qu'il prétendoit lui appartenir, & dont les ligue. Venitiens s'étoient emparé, ce qui avoit fort chagriné Hift. de la ligue le duc: Ainfi en lui faisant efperer qu'il pourroit y ren1.1.p.87. trer, on le prenoit par le côté qui le flatoit davantager Mariana lib. On trouva un accès auffi facile auprès des ducs de FerGuicciard, 1.8. rare & de Mantoue, qui avoient auffi perdu plusieurs villes & châteaux ufurpez par les Venitiens. Ils regarderent la propofition qu'on leur fit d'entrer dans la ligue, comme un honneur & un avantage dont ils devoient profiter, & ils promirent de figner.

fuiv.

29.

VIII.

Pour y faire en

tins on aban

fans.

12.66.

Afin d'augmenter les forces de la ligue, on y engagea trer les Floren- les Florentins; mais cet engagement ne fic point d'hondonne les Pi- neur à fes auteurs. On ne pouvoit le faire fans nuire beaucoup à ceux de Pife. Ces deux peuples, en contestaMariana, 1. 29° tion l'un contre l'autre, avoient choisi pour arbitres de leurs differends les rois de France & d'Arragon. Le public étoit pour ceux de Pise. Chacun jugeoit en leur faveur. On s'attendoit au moins que les deux princes termineroient la difpute à l'amiable. Mais le defir d'avoir les Florentins de leur côté, leur ferma les yeux, & ils abandonnerent les Pifans à leurs adversaires. Les princes pour

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