l'autre fe jetta en foule, l'épée à la main, dans la falle du feftin. Guftave Trolle archevêque d'Upfal parut pour demander justice au roi contre le défunt adininiAtrateur Stenon,& contreles fénateurs qui l'avoient forcé de renoncer à fa dignité; Christiern renvoya l'affaire à l'archevêque de Londen & à l'évêque d'Odenfée l'un de fes fuffragans, exécuteurs de la bulle fulminée contre l'adminiftrateur & le fénat. Ces évêques commencerent à inftruire le procès des accufez ; mais parce que la procedure auroit été trop longue, le roi, fans autre formalité, les fit mener fur un échaffaut, & après leur avoir fait lire la bulle du pape, il les fit tous exécuter à mort. Les évêques de Squargue & de Stremguem, tout le fénat, & quatre-vingt quatorze feigneurs eurent la tête tranchée huit jours après le couronnement du roi. Mais le grand prieur de l'ordre de faint Jean de Jerusalem fut condamné à un fupplice plus cruel, parce qu'il avoit eu plus de zele pour fa patrie: on l'attacha fur une croix de faint André, on lui fendit le ventre, & on lui arracha le cœur. Après qu'on cur rangé les corps fur la place, & mis les têtes fur des piques plantées aux environs, un officier donna le signal aux foldats de faire main-baffe fur la populace, qui étoit accourue pour voir l'execution; & parce qu'il y en eut qui fe fauverent, le roi fit publier le lendemain une amniftie pour ce qui reftoit de bourgeois; mais par une cruauté inouie on les maffacra dès qu'ils parurent; les gardes difpofez aux environs de Stockolm empêcherent que l'on n'apprît auffi- tôt dans les provinces ce qui fe paffoit dans la ville capitale. Le roi attira au port de Stockolm fix évêques qui n'avoient point assisté à la céremonie, fous prétexte de leur communiquer une af Mmm m-iij AN. 15 20. faire très-importante; & lorfqu'ils furent entrez dans le AN.15 20. lieu destiné pour la conference,il y fit mettre le feu qui les confuma. Ĉette inhumanité fit foûlever les quatre états du royaume, le clergé, la nobleffe, la bourgeoisie & les payfans, & tous d'un commun accord prirent les armes fous la conduite d'un chef qu'ils élurent. Chrifftiern fortit de Stockolm, & prit la fuite dans le même mois qu'il y étoit entré ; il traversa une feconde fois la Gothie Occidentale pour retourner en Dannemark ; mais ce ne fut pas fans laiffer par-tout fur fa route d'horribles marques de fa cruauté & de fon hérefie qu'il ne fe mettoit plus en peine de cacher. Les Suedois élurent en fa place Gustave Erichfon qui s'étoit fauvé dans les montagnes de la Dalecartie. Ce fut fous fon regne que le Lutheranifme s'introduifit dans la Suede. Olaus Magnus, lib.7.cap. 5. LXXXVII. Ulric de Hut. une fatire con Ulric de Hutten gentilhomme de Franconie, un des ten compofe principaux partisans de Luther, attaqua auffi la bulle du pape par une piece fatirique en profe & en vers, qu'il intitula, La Triade Romaine, & qu'il publia dans la diete d'Aufbourg. tre la bulle du pape. Spond. ad an. 1520. n. I. Melch. Adam in vita jurif confult. Cochlaus de actis theri ad an. 1519. Il publia encore un autre traité hiftorique en Allemand fur la défobeiffance continuelle des papes aux &feriptis Lu- empereurs. On y trouve fur la fin que Maximilien I. ayant été trompé par Leon X. dit qu'il pouvoit affurer qu'aucun pape, depuis qu'il étoit au monde, ne lui avoit été homme de parole; mais qu'avec la grace de Dieu il efperoit que celui-ci feroit le dernier. La liberté avec laquelle cet auteur écrivit contre la cour de Rome, irrita Leon X. extrêmement, & le porta à donner ordre à l'électeur de Mayence de le lui envoyer. Hutten en ayant été averti fe retira aux Pays-Bas, à la cour de Charles V. mais il n'y fut pas long-tems, fur l'avis qu'on lui donna que fa vie n'y étoit pas en fûreté. Il y a quelque apparence qu'il fe retira alors dans la forte- AN. 15 20. resse d'Ebernbourg ; car ce fut là qu'il écrivit en 1 5 20. fa plainte à l'empereur, à l'électeur de Mayence, à celui de Saxe, & à tous les états d'Allemagne contre les entreprises que faifoient fur lui les émiffaires du pape. Ce fut du même lieu qu'il écrivit à Luther, dont il avoit embraffé le parti avec chaleur. de Cure de la faculté de Paris confeffion & LXXXIX. Cenfure touchant la communion M. Du-Pin. 13. in-4. pag. 211. XVI.fiécle. Cette même année 1520. la faculté de theologie de Paris foutint fortement fon ancienne doctrine touchant la confeffion Pascale, par la cenfure qu'elle fit de quatre propofitions par lesquelles on afluroit que les pafcale. Religieux de faint François étoient de propres prêtres biblioth. Pies aufquels on pouvoit fe confeffer à Pasques fans per- auteurs, tom. miffion du curé, & que les pafteurs étoient obligez donner l'Euchariftie à ceux qui fe préfentoient, quoiqu'ils n'euffentpoint été à confesse à leur paroisse. La faculté condamna ces propofitions comme fauffes & fcandaleuses, de même qu'une autre où l'on foutenoit que l'on n'eft tenu d'aller à l'offrande que trois ou quatre fois l'an, & qu'il n'y a que les hommes qui y foient obligez. Toutes ces propofitions avoient été prêchées dans une paroiffe du fauxbourg d'Etampes. : le curé en avoit porté ses plaintes à la faculté, qui répondit à fa requête, & renouvella les fentimens qu'elle avoit déja fait paroître en tant d'occasions. Selim empereur des Turcs retournant à Constantinople, après s'être rendu maître du Caire fur Tonumbei fultan d'Egypte, fut attaqué d'un charbon peftilentiel à l'épine du dos: il voulut fe faire porter à Andrinople, croyant que l'air de cette ville lui feroit meilleur, mais il mourut en chemin, à Cluri en Thrace, dans le même XC, Mort de Selim Turcs. empereur des Leunclave lib. 3215 Paul. Jov. in contin. de Chab condyle. 17. Pandett. Selim. l. 24. AN. 1519. XCI. Soliman. II. devient empe Soliman. lib. 19. 17. Hofpital. tom. 2 l.b 18. ment. tus continuat. Chalcond. lieu où il avoit combattu, & fait empoisonner fon pere. Il étoit âgé de quarante fix ans, & en avoit regné huit; il étoit extrêmement cruel, comme on le voit par les traitemens qu'il fit à son pere, à fes freres, à fes neveux, & à une infinité d'autres, parmi lefquels il y en avoit quelques-uns qui méritoient d'être récompensez : on a même écrit qu'il avoit pris des mesures pour empoisonner Soliman fon fils unique, dans l'apprehenfion fans doute que ce fils ne le traitât comme lui - même avoit traité fon pere. On peut dire néanmoins qu'à fa cruauté près, il étoit courageux, conftant à exécuter les deffeins qu'il avoit pris une fois, prudent à gouverner fes fujets & fort fobre dans fa maniere de vivre. Les Chrétiens fe réjoüirent fort de fa mort, tant parlui fuccede, & ce qu'ils se voyoient délivrez de la terreur de ses armes, reur des Turcs. que parce qu'il laiffoit dans la personne de son fils SoliPaul Fov. in man un fucceffeur qui paroiffoit n'avoir pas beaucoup Leunclav. lib. d'expérience des affaires, & qui étoit, difoit-on, trèsBofius hift. pacifique. L'événement toutefois prouva bien - tôt le contraire; puisqu'il fut un des plus illustres sultans de Suvius in com la monarchie des Turcs, & caufa beaucoup de dommaThomas Ar- ges à la religion chrétienne. Il étoit alors âgé d'environ trente ans, & Selim l'avoit eu de Sircaffe fille du roi de Bofphore. Le bacha Ferhat qui étoit resté feul auprès de fon pere, vint lui donner avis de fa mort à Magnefie dans l'Ionie; mais Soliman, dans la crainte que ce ne fût quelque ftratageme de fon pere, qui vouloit peut-être lui faire fentir l'effet de fa cruauté, ne voulut point quitter fon pofte, que les autres bachas ne fuffent venus l'affurer qu'ils avoient vû le corps mort de Selim. Auffi-tôt il vint à Conftantinople, où la premiere chofe qu'il fit fut de faire enterrer fon pere. Gazelles Rainald. an 1520. n.86. gouverneur t AN. 15 20. XCII. Evrard de la Marck fait car dinal par Leon X. gouverneur de Syrie, qui avoit autrefois été capitaine Ciacon. in Leon. X tom. 3. epifcop. Leod. Chappeuville Mem du Bellas liv.. XCIII, Mort de plu fieurs cardinaux. Mort du car dinal Hyppolite d'Eft. Ciacon. Alexand, VI. t. Si le college des cardinaux acquit cette année un nouveau membre en fa perfonne, il en perdit quatre autres: Le premier fut Hyppolite d'Eft archevêque de Strigonie, de Capouë, de Milan de Narbonne. Il étoit fils 3 p. 176. d'Hercule d'Eft duc de Ferrare. Après avoir reçu de 46.3.4.8. Jean d'Arragon fon oncle l'archevêché de Strigonie, n'ayant encore que huit ou neuf ans, il alla quelques Tome XXV. Nnnn in Guicciard, hift. |