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qu'emploi civil, en un mot, de rendre service à l'Etat, ou de développer quelque talent personnel, pour recevoir un préfent dont le prix diminuoit tous les la libéralité exceffive des Empereurs. Cependant, dans le fiècle des Antonins, ce titre étoit accompagné d'avantages réels, quoiqu'il eût été accordé à un très-grand nombre de fujets. Il procuroit au peuple le bénéfice des Loix Romaines, principalement dans les mariages, les fucceffions & les testamens; & il ouvroit une carrière brillante à ceux dont les prétentions étoient fecondées par la faveur & par le mérite. Les petit-fils de ces Gaulois que Jules Céfar avoit affiégés dans Aléfie, commandoient des légions, gouvernoient des provinces, & étoient admis dans le Sénat de Rome (1); leur ambition au-lieu de troubler la tranquillité publique, fe trouvoit étroitement liée à

(1) Tacite, Annal, x1, 23, 24. Hist. IV. 74.

Divifions des provinces

la grandeur & à la sûreté de l'Etat, Les Romains n'ignoroient pas l'in

grecques & fluence du langage fur les mœurs: auffi

latines.

s'occupèrent-ilsférieufement des moyens d'étendre avec leurs armes l'ufage de la langue latine (1). Il ne refta aucune trace des différens dialectes d'Italie; l'Etrufque, le Sabin & le Venete disparurent, Les provinces de l'Orient ne furent pas auffi dociles à la voix d'un maître victorieux. L'Empire fe trouva ainfi partagé en deux parties entièrement différentes. Cette distinction se perdit dans l'éclat de la profpérité; mais elle devint plus fenfible, à mesure que les ombres de l'adverfité s'abaissèrent fur l'Univers Romain. Les contrées de l'Occident avoient été civilifées par les mêmes mains qui les avoient foumifes.

A peine les Barbares furent-ils ré

(1) Pline, Hift. nat. III, 5; S. Auguftin, de Civitate Dei,-XIX, 7. Jufte-Lipfe, de pronunciatione lingue lating, C. 3.

duits à l'obéiffance, que leurs efprits, fufceptibles de toutes les impreffions, reçurent avec avidité les premières lueurs de la peliteffe & des sciences. La langue de Virgile & de Cicéron fut univerfellement adoptée en Afrique, en Efpagne, dans la Gaule, en Bretagne & dans la Pannonie (1). Il est vrai qu'elle y perdit de fa pureté. Les paysans feuls confervèrent dans leurs montagnes de foibles veftiges des idiomes Celtes & Puniques (2). L'étude & l'éducation infpirèrent par degré, des fentimens ro

(1) Apulée & S. Augustin répondront pour l'Afrique; Strabon, pour l'Espagne & la Gaule; Tacite, dans la vie d'Agricola, pour la Bretagne, & Velleius Paterculus, pour la Pannonie. A tous ces témoignages nous pouvons ajouter les infcriptions écrites en latin.

(2) Le Celtique fut confervé dans les montagnes du pays de Galles, de Cornouailles & de l'Armorique. Apulée reproche l'ufage de la langue punique à ún jeune Africain qui vivoit parmi les derniers de la populace, tandis qu'il avoit prefqu'oublié le grec, & qu'il ne pouvoit ou ne vouloit pas parler latin (apolog, p. 596). S. Auguftin ne s'exprima que très-rarement en punique dans fes congrégations.

mains aux habitans de ces contrées, qui avoient combattu pendant fi long-temps pour leur liberté. Ainfi les Provinces Latines adoptèrent les Loix & les Coutumes de leurs vainqueurs; elles follicitèrent avec plus d'ardeur & obtinrent avec plus de facilité le titre & les honneurs de Citoyen Romain; elles foutinrent la dignité de la République dans les armes auffi bien que dans les lettres (1). Enfin, elles produifirent dans la perfonne de Trajan un Empereur que les Scipions n'auroient défavoué pour pas patriote. La fituation des Grecs. étoit bien différente de celle des Barbares. Il s'étoit écoulé plufieurs fiècles depuis que ce peuple célèbre avoit été civilisé & corrompu. Il avoit trop de goût pour abandonner une langue harmonieufe, & en même temps trop de vanité pour adopter des inftitutions étrangères. Conf

leur com

(1) L'Espagne feule produifit Columelle, les deux Sénèque, Lucain, Martial & Quintilien.

tamment attaché à ses préjugés, même après avoir perdu les vertus de ses ancêtres, il affectoit de méprifer les mœurs groffières des Romains, dont il étoit for. cé d'admirer la haute fageffe, & de respecter la puiffance fupérieure (1). Les mœurs & la langue des Crecs n'étoient pas renfermées dans les limites étroites de cette contrée, jadis si fameufe; les armes & les colonies en avoient répandu l'influence depuis la mer Adriatique jusqu'au Nil & à l'Euphrate. L'Asie étoit remplie de villes grecques; & des princes de Macédoine avoient été long-temps paifibles pofsesseurs des trônes de Syrie & d'Egypte. Ces Monarques réuniffoient dans leur extérieur pompeux l'élégance d'Athènes & le luxe de l'Orient ; & les sujets les plus riches, s'empreffoient, fans fortir

(1) Depuis Denys jufqu'à Libanius, aucun critique grec, je crois, ne fait mention de Virgile ni d'Horace. Ils paroiffoient tous ignorer que les Romains euffent de bons écrivains.

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