exception.

la Dacie.

Les fucceffeurs d'Augufte étoient Seconde restés constamment attachés à ses maxi- Conquête de mes politiques: tel étoit, depuis fa mort, l'état des frontières de l'empire, lorsque Trajan monta fur le trône. Ce prince vertueux & rempli d'activité, avoit reçu l'éducation d'un foldat, & poffédoit les `talens d'un général (1). Le fyftême paifible de fes prédéceffeurs fut tout-à-coup interrompu par des guerres & par des conquêtes. Après un long intervalle, les légions virent enfin paroître à leur tête un empereur capable de les commander. Trajan fe fignala d'abord contre les Daces, nation belliqueuse qui demeuroit au-delà du Danube, & qui, fous le règne de Domitien, avoit infulté avec impunité la majesté de Rome (2). A la force & à l'intrépidité des Barbares, les

uniformes des poëfies erfes qui, dans toutes les hypothèses, ont été compofées par un Calédonien.

(1) Voyez le panégyrique de Pline, qui paroît être appuyé fur des faits.

(2) Dion Caffius, 1. LXVII.

Daces ajoutoient un mépris pour la

vie, que leur infpiroit une perfuafion intime de la tranfmigration & de l'immortalité de l'ame (1). Décébale, leur roi, n'étoit pas un rival indigne de Trajan: il ne défefpéra de fa fortune & de celle de fa nation, qu'après avoir, de l'aveu même de fes ennemis, épuifé toutes les reffources de la valeur & de la politique (2). Cette guerre mémorable dura cinq années fans prefque aucune interruption; Trajan, qui pouvoit difpofer à fon gré de toutes les forces de l'empire, demeura vainqueur, & foumit entiérement les Barbares (3), La Dacie, qui faifoit une autre exception aux préceptes d'Augufte, avoit environ quatre cens lieues de circonférence: les limites

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(1) Hérodote, l. IV, c. 94; Julien, dans les Céfars, avec les observations de Spanheim,

(2) Pline, épit. VIII, 9.

n

(3) Dion Caffius, 1. LXVIII, p. 1123, 1131; Julien, in Cafaribus Eutrope, VIII, 2, 63 Aurelius Victor, & Victor, in Epitom.

naturelles de cette province étoient le Niester, le Teissou Tibisque, le Danube & le Pont-Euxin. On voit encore aujourd'hui les veftiges d'un chemin. militaire depuis le Danube jusqu'auprès de Bender, place fameufe dans l'histoire moderne, & qui fert maintenant de frontière à l'empire Ottoman & àla Ruffie (1).

Conquêtes de Trajan en

Trajan brûloit du defir de fe faire un nom. Tant que le genre humain conti-Afie. nuera de mettre ses deftructeurs au premier rang, & d'accorder à fes bienfaiteurs un moindre tribut d'éloges, la foif de la gloire militaire fera toujours le défaut des caracteres les plus élevés. Les louanges d'Alexandre, chantées par les poëtes & les hiftoriens les plus célèbres, avoient allumé dans l'ame de Trajan une émulation dangereufe. L'empereur Romain entreprit, à l'exemple du roi de Macédoine, d'enchaîner les

(1) Voyez un mémoire de M. d'Anville, fur la province de Dacie, dans le recueil de l'académie des Infcriptions, tom. XXVIII, P. 444-46803, anoisqizd

.

nations de l'orient; mais il foupiroit en faifant réflexion que fon âge avancé ne lui laiffoit pas l'efpoir d'égaler la réputation du fils de Philippe (1). Cependant les exploits de Trajan, quoique de peu de durée, furent brillans & rapides: il mit en déroute les Parthes, dégénérés & affoiblis par des guerres intestines. Il parcourut en triomphe les bords du Tigre, depuis les montagnes d'Arménie jufqu'au golfe Perfique. Ce prince navigea le premier fur cette mer éloignée; &, de tous les généraux Romains, il est le feul qui ait jamais joui de cet honneur: fes flottes ravagerent les côtes de l'Arabie. Enfin Trajan fe flatta qu'il touchoit déjà aux rivages de l'Inde (2). Chaque

(1) Les fentimens de Trajan font représentés au naturel, & d'une manière fort agréable, dans les Céfars de l'empereur Julien, otislond

(2) Eutrope & Sextus Rufus ont voulu perpétuer -cette illufion. Voyez une differtation très-ingénieufe de M. Freret, dans les mémoires de l'académie des Infcriptions, tom, xxi, p. 55«

jour

que jour le fénat étonné entendoit parler de noms obfcurs & de nouveaux peuples qui reconnoiffoient la puissance de Rome: il ne put apprendre fans la plus grande surprise que les rois du Bosphore, de Colchos, d'Ibérie, d'Albanie d'Oshroene que le fouverain des Parthes lui-même, tenoient leurs diadêmes des mains de l'empereur; que les Mèdes & les habitans des montagnes de Carduchie avoient imploré fa protection, & que les riches contrées de l'Arménie, de la Méfopotamie & de l'Affyrie, étoient réduites en próvinces (1). Ces images magnifiques difparurent à la mort de Trajan, & l'on eut tout lieu de craindre que des nations fi éloignées ne fecouaffent le joug, puifqu'elles n'avoient plus à redouter la main puiffante qui le leur avoit impofé.

Adrien fon

On rapportoit que lorfque le Capi- Rendues par tole avoit été fondé par un des anciens fucceffeur, rois de Rome, le dieu Terme, feul parmi

(1) Dion Caffius, 1. LXVIII, & les abréviateurs.