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une représentation exacte des exploits de fon fondateur dans la Dacie. Le vétéran contemploit l'histoire de ses campagnes ; &, féduit par l'illufion de la vanité nationale, le paisible citoyen partageoit les honneurs du triomphe. Les autres parties de la Capitale, & toutes les provinces de l'Empire fe reffentoient de la magnificence publique; des amphithéâtres, des temples, des portiques, des arcs-de-triomphe, des bains & des aqueducs, contribuoient à la fanté de tous les habitans, fervoient à l'exercice de leur culte, & leur procuroient en même temps une foule de plaifirs.

Arrêtons-nous fur ces vaftes édifices qui renfermoient les fleuves dans leur fein: leur utilité, la hardieffe de l'entreprifé & la folidité de l'exécution les mettent au rang des plus beaux monumens du génie & de la puiffance de Rome. Les aqueducs de la Capitale méritent à tous égards la préférence; mais

le voyageur curieux qui examineroit ceux de Spolète, de Metz & de Ségovie, fans être éclairé par le flambeau de l'Hiftoire, croiroit que ces villes ont été autrefois la réfidence d'un grand Monarque. Les déferts de l'Afie & de l'Afrique étoient remplis de cités floriffantes, qui ne devoient leur population, leur existence même, qu'à ces courans artificiels d'une eau falubre & toujours prête à fournir à leurs beNombre & foins (1).

grandeur des

pire.

villes de l'Em- Nous avons fait l'énumération des habitans de l'Empire, & nous venons de contempler le fpectacle pompeux de ses ouvrages plublics: nos obfervations paroîtront plus exactes, fi nous mettons fous les yeux du lecteur le nombre & la - grandeur des villes. Mais en raffemblant quelques faits, il ne faut pas oublier que la vanité des nations & la difette

(1) Montfaucon, antiq, expliquée, tome IV, p. 2, 1. 1, c. 9. Fabretti a compofé un Traité fort favant fur les aqueducs de Rome.

des langues, ont fait donner indifféremment le nom vague de ville à Rome & à Laurence.

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I. On prétend que l'Italie renfermoit En Italie autrefois onze cent quatre-vingt-dix-fept villes quelle qu'ait été fa population dans les temps les plus reculés (1), il n'exifte aucune raison pour croire que, dans le fiècle des Antonins, le nombre de fes habitans ait été moins confidérable que fous le règne obfcur de Romulus. Attirés par une influence supérieure, les petits Etats du Latium furent insensiblement compris dans la Métropole de l'Empire. Ces mêmes contrées, qui ont langui fi long-temps fous le gouvernement foible & tyrannique des Prêtres & des Vice-Rois, n'avoient rien perdu de leur force lorfqu'elles furent foumifes aux Empereurs. Elles n'avoient éprouvé alors que les malheurs plus

(1) Elien, Hift. var. l. 1x, c. 16: cet auteur vivoit fous Alexandre- Sévère. Voyez Fabricius, Biblioth. graca, l. IV, c. 21.

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Dans la

Gaule & en
Espagne.

fupportables de la guerre ; & dès les premiers fymptômes de décadence, elles trouvèrent des reffources prodigieufes dans l'accroiffement rapide de la Gaule Cifalpine. La fplendeur de Vérone paroît encore par ses ruines ; & cependant Vérone étoit moins illuftre que les villes d'Aquilée, de Padoue, de Milan ou de Ravenne.

II. Au-delà des Alpes, dans les forêts même de la Bretagne, on s'occupoit des moyens de rendre l'Empire floriffant. York étoit le fiége d'un Gouvernement; déjà Londre s'enrichiffoit par le commerce douze cens villes faifoient la gloire de la Gaule (1). Dans les parties feptentrionales, elles n'étoient, pour la plupart, fans en excepter Paris même que la retraite fauvage d'un peuple à peine civilifé. Mais les provinces du midi imitoient l'élégance & la pompe

(1), Jofephe, de bello Judaico, 11, 16: ce nombre s'y trouve rapporté; peut-être ne doit-il pas être pris à la rigueur.

de l'Italie (1): Marseille, Arles, Nîmes, Narbonne, Toulouse, Bourdeaux, Autun, Vienne, Lyon, Langres & Trèves, étoient déjà célèbres; & leur ancienne condition pourroit être comparée à leur état préfent, fi même ces villes n'étoient pas alors plus floriffantes. L'Espagne fi brillante dans les temps qu'elle n'étoit qu'une fimple province, est bien déchue depuis qu'elle a été érigée en monarchie. L'abus de fes forces, la fupersti tion & la découverte de l'Amérique l'ont entièrement épuifée. Son orgueil ne feroit-il pas confondu, fi nous lui demandions ce que font devenues ces trois cent foixante villes, dont Pline a parlé fous le règne de Vefpafien (2)? III. Trois cens villes en Afrique En Afrique. avoient été foumifes à Carthage (3): il

(1) Pline, Hift. nat. III, 5.

(2) Pline, Hift. nat. 111, 3, 4, IV, 35. La lifte paroît authentique & exacte. La divifion des provinces, & la condition différente des villes font marquées avec les plus grands détails.

(3) Strabon, georg. l. xvII, p. 1189.

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