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Telle étoit la conftruction folide des grands chemins de l'Empire, qui n'ont pu être détruits après un effort de quinze fiècles. Ils procuroient aux habitans des provinces les plus éloignées, les moyens d'entretenir une correfpondance aisée; mais leur premier objet avoit été de faciliter la marche des légions. Les Romains ne fe croyoient entièrement maîtres d'une contrée, que lorfqu'elle étoit devenue, dans toutes fes parties, acceffible aux armes & à l'autorité du vainqueur.

Des poftes régulières, établies dans Poftesi les provinces, inftruifoient en peu de

temps
le Souverain de ce qui fe paffoit
dans fes vaftes domaines, & portoient
de tous côtés fes ordres avec prompti-
tude (1). L'on avoit distribué, à la distance
fculement de deux lieues, des relais, où

(1) Procope, in Hift. Arcanâ, c. 30. Bergier, Hist. des grands chemins, 1. 1v. Code Théodofien, I. VIII, tit. v, vol. 11, p. 506-563, avec le savant commen-, taire de Godefroi.

l'on avoit foin d'entretenir quarante chevaux; & l'on pouvoit faire environ trente lieues par jour fur toutes les routes (1). Pour voyager ainfi, il falloit être autorisé par l'Empereur; mais quoique ces poftes n'euffent été inftituées que pour le fervice public on permettoit quelquefois aux citoyens d'en faire ufage pour leurs affaires particulières (2).

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Navigation. La communication n'étoit pas moins

par mer;

libre
la Méditerranée se trou-
voit renfermée dans les provinces de

(1) Du tems de Théodofe, Cefarius, Magiftrat d'un rang élevé, se rendit en pofte d'Antioche à Conftantinople: il fe mit en route pendant la nuit, paffa le lendemain au foir en Cappadoce, à cinquante-cinq lieues d'Antioche, & arriva le fixième jour à Conftantinople, vers le millieu de la journée. Le chemin étoit de 725 milles romains, environ deux cens vingt lieues. Voyez Libanius, orat. XXI; & les itinéraires, P. 572-581.

(2) Pline, quoique Miniftre & favori de l'Empereur, fut obligé de fe juftifier de ce qu'il avoit fait donner des chevaux de poste à sa femme pour une affaire trèspreffée, 1. x, let. 121, 122.

l'Empire;

l'Empire; & l'Italie s'avançoit en forme de promontoire au milieu de ce grand lac. En général les côtes d'Italie ne présentent aux väiffeaux aucun abri afsuré; mais l'industrie humaine avoit réparé ce défaut de la nature. Le port artificiel d'Oftie, creufé par les ordres de l'Empereur Claude à l'embouchure du Tibre, étoit un des monumens les plus utiles de la grandeur Romaine (1). Il n'étoit éloigné que de cinq lieues de la Capitale; & avec un vent favorable, on pouvoit parvenir en fept jours aux colonnes d'Hercule, & aborder en neuf où dix dans la ville d'Alexandrie en Egypte (2).

Perfection de

trées occiden

La politique prefcrit des bornes aux Empires; elle envisage leur trop grande dans les con étendue comme une fource de maux. tales de l'Em Malgré toutes ces déclamations, l'on ne peut difconvenir que la puiffance de

(1) Bergier, Hist. des grands chemins, l. iv, c. 49.
(2) Pline, Hift. nat. XIX, I.

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pire.

Rome n'ait été fort utile au genre htt main. La même liberté de commerce répandoit avec une égale profufion les vices & les avantages de la vie sociale. Dans l'antiquité la plus reculée, le globe présentoit sur sa surface des parties bien différentes. L'Orient, depuis un temps immémorial, étoit en poffeffion du luxe & des arts, tandis que l'Occident étoit habité par des Barbares groffiers & belliqueux, qui, ou dédaignoient l'Agriculture, ou n'en avoient pas même la moindre idée. A l'abri d'un gouvernement fixe & affuré, le commerce introduifit infenfiblement en Europe les productions dont la Nature avoit enrichi des climats plus fortunés; elles y furent cultivées avec fuccès ; & des peuples fauvages, inftruits par l'exemple des nations civilifées, profitèrent de leur induftrie, & la portèrent même à une plus grande perfection. Il feroit prefqu'impoffible de faire l'énumération de toutes les plantes & de tous les animaux

des fruits, &

qui furent transportés en Europe de l'Afie & de l'Egypte (1). Nous ne parle rons que des principaux, perfuadés que ce fujet peut être utile, & qu'il n'eft pas indigne de la majefté de l'Hiftoire. I. Les fleurs, les herbes & les fruits, Introduction qui croiffent aujourd'hui dans nos jardins, font pour la plupart d'extraction étrangère, comme il paroît fouvent par le nom qui leur a été confervé. La pomme étoit une production naturelle d'Italie; mais lorsque les Romains eurent connu le goût délicat de la pêche, de l'abricot, de la grenade, du citron & de l'orange, ils donnèrent le nom de pomme à tous ces nouveaux fruits, & ne les diftinguèrent que par le nom du pays d'où ils avoient été transplantés.

II. Du temps d'Homère, la vigne croiffoit fans culture en Sicile, & vrai

(1) Selon toutes les apparences, les Grecs & les Phéniciens portèrent de nouveaux arts & des productions nouvelles dans le voisinage de Cadix & de Marseille.

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