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qui tous continuoient à exercer quelques-unes des fonctions les moins importantes de leur chargé. Ces honneurs flattoient la vanité des Romains. Les Empereurs même, quoique revêtus pour toute leur vie du Confulat, se mettoient fouvent fur les rangs pour ob. tenir ce titre; & ils ne dédaignoient pas de le partager avec les plus illuftres d'entre leurs concitoyens (1). Sous le règne d'Auguste, l'élection des Magiftrats fut fouvent accompagnée des mêmes troubles auxquels elle avoit été expofée dans les derniers temps la République. Loin de laiffer appercevoir le moindre figne d'impatience, ce Prince diffimulé follicitoit humblement pour lui, ou pour fes amis, les fuffrages

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(1) Les tyrans eux-mêmes briguèrent le confulat. Les Princes vertueux demandèrent cette dignité avec modération, & l'exercèrent avec exactitude. Trajan renouvella l'ancien ferment, & jura devant le Tribunal du Conful qu'il obferveroit les loix (Pline, Panégyrique, c. 64 ).

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du Peuple; & il rempliffoit avec la dernière exactitude tous les devoirs d'un Candidat ordinaire (1). Mais selon toutes les apparences, fon fucceffeur n'agit que par fes confeils, lorfqu'il transféra le droit d'élection au Sénat de Rome (2). Les affemblées du Peuple furent abolies pour jamais ; & les Souverains n'eurent plus à redouter les caprices d'une multitude dangereuse, qui, fans rétablir la liberté auroit

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troubler la nouvelle administration, & peut-être y porter des atteintes mortelles.

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Marius & Cefar, en fe déclarant Le Sénat,

(1) «Quoties Magiftratuum comitiis intereffet, Tribus cum Candidatis fuis circuibat; fupplicabatque more folemni. Ferebat & ipfe fuffragium in Tribubus, ut unus è populo ». Suétone, vie d'Augufte, c. 56).

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(2) « Tum primum Comitia è campo ad Patres tranf» lata funt », Tacite, ann. 1, 15. Le mot primum femble faire allufion à quelques foibles & inutiles efforts qui furent faits pour rendre au peuple le droit d'élection.

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les protecteurs du Peuple, avoient renverfé la conftitution de leur Patrie : mais dès que le Sénat eut été humilié, & qu'il eut perdu toute fa force, cette Affemblée, compofée de cinq ou fix cens perfonnes, devint entre les mains du defpotifme un inftrument utile & flexible. Ce fut principalement fur la dignité du Sénat, qu'Augufte & fes fucceffeurs fondèrent leur nouvel empire; ils affectèrent, en toute occafion, d'adopter le langage & les principes des Patriciens. Dans l'exercice de leur puiffance, ils confultoient le fouverain Conseil de la Nation, & ils paroiffoient fe conformer à ses décisions pour les grands intérêts de la paix & de la guerre. Rome, l'Italie & les provinces intérieures étoient fous le gouvernement direct du Sénat. Ce tribunal décidoit en dernier reffort de toutes les affaires civiles: il connoiffoit des prévarications commises par des hommes en place, & des délits qui concernoient

la paix ou la majesté du Peuple Romain. Ses occupations ordinaires confistoient à rendre la justice. Les causes importantes ouvroient une carrière brillante aux grands Orateurs : c'étoit le dernier afyle où venoit se réfugier l'ancien Génie de l'éloquence. Comme Confeil de la Nation, & comme Cour de justice, le Sénat jouiffoit de prérogatives très-confidérables ; tandis qu'en fa qualité de Corps législatif, il étoit fuppofé représenter le Peuple, & paroiffoit avoir confervé les droits de la fouveraineté ; les loix recevoient leur fanction de fes décrets; toute puiffance étoit dérivée de fon autorité. Ce Corps refpectable s'affembloit régulièrement trois fois par mois, aux calendes, aux nones & aux ides. On difcutoit les affaires avec une honnête liberté ; & les Empereurs, qui fe glorifioient du titre de Sénateur prenoient féance, donnoient leur voix, & fe confondoient avec leurs égaux.,

Idée générale du fyftê

Réfumons en peu de mots le fyftême

me impérial. du Gouvernement Impérial institué par Augufte, & maintenu par les Princes qui connurent leurs véritables intérêts & ceux du Peuple. C'étoit une monarchie abfolue, revêtue de toute la forme d'une République. Les Souverains de ce vafte Etat plaçoient leur trône au milieu des nuages. Soigneux de dérober aux yeux de leurs fujets leur force irrésistible, ils faisoient profeffion d'être les Miniftres du Sénat, & obéiffoient aux décrets fuprêmes qu'ils avoient euxmêmes dictés (1).

(1) Dion (I. LIII, p. 703-714) a tracé d'une main partiale une bien foible efquiffe du Gouvernement Impérial. Pour l'éclaircir, fouvent même pour le corriger, j'ai médité Tacite, examiné Suétone & confulté parmi les modernes les auteurs fuivans : l'Abbé de la Bleterie, mém. de l'Acad. tom. XIX, XXI,` XXIV xxv, xxvii; Beaufort, rép. rom. tom. ·I, p. 255-275; deux differtations de Noodt & de Gronovius, de lege regia, imprimées à Leyden en 1731; Gravina, de Imperio Romano, p. 479-544 de fes opufcules; Maffei, Verona illuftrata, part. 1, P. 255, &c.

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