3 tant d'art: cependant il ne fut connu tère de paix & de modération que le (1) Dion, 1. LIII, p. 710, avec les notes curieufes de Reymar. Ainfi le nom d'Augufte étoit une distinction personnelle; celui de Céfar indiquoit la famille illuftre qui s'étoit frayé un chemin au trône. Il fembloit que le premier dût expirer avec le Prince qui l'avoit reçu l'autre pouvoit fe tranfmettre par adoption, & paffer avec les femmes dans une nouvelle branche. Néron auroit donc été le der nier Prince qui eût eu le droit de ré clamer une fi noble extraction: cependant à fa mort, ces titres fe trouvoient déjà liés, par une pratique conftante, avec la dignité impériale; & depuis la chûte de la République jufqu'à nos jours, ils ont été confervés par une longue fuite d'Empereurs Romains, Grecs, Francs & Allemands. Le Monarque fe réservoit le nom facré d'Augufte, tandis que fes parens étoient plus communément appellés Céfars. Tel fut, au moins depuis le règne d'Adrien, le titre que l'on donna à l'héritier préfomptif de la couronne. Caractère & politique d'Augufte. Les égards refpectueux d'Auguste pour une conftitution libre qu'il avoit lui-même renversée, ne peuvent être expliqués que par une connoiffance approfondie du caractère de ce tyran fubtil. Une tête froide, un cœur infenfible, une ame timide, lui firent pren dre, à l'âge de dix-neuf ans, le masque de l'hypocrifie, que jamais il ne quitta. Il figna de la même main, & probablement dans le même efprit, la mort de Cicéron & le pardon de Cinna. Ses vertus, fes vices même, étoient artificiels ; fon intérêt feul le rendit d'abord l'ennemi de la République Romaine; il le porta dans la fuite à en être le père (1). (1)« Enfuite Octave fe préfenta. A voir les couleurs fe fuccéder fur fon vifage, vous l'euffiez pris pour un vrai caméléon. Pâle d'abord, enfuite rouge, puis noir, brun, fombre, il prenoit un air ferein & gracieux. Céfars de Julien, trad. de l'Abbé de la Bléterie). Cette image, que Julien emploie dans fon ingénieuse fiction, est juste & agréable. Mais lorsqu'il confidère ce changement de caractère comme réel, & Lorfque ce Prince éleva le fyftême ingénieux de l'adminiftration impériale, fes alarmes lui dictèrent la modération qu'il affectoit; il cherchoit à en imposer au Peuple, en lui préfentant une ombre de liberté, & à tromper les armées par une image du gouvernement civil. berté pour le La mort de Céfar fe préfentoit fans Image de li ceffe à fes yeux. Augufte avoit comblé peuple. fes partifans de biens & d'honneurs ; mais il fe rappeloit en frémiffant, que les plus intimes amis de fon oncle avoient été au nombre des confpirateurs. Si la fidélité des légions le raffuroit contre les efforts impuiffans d'une rebellion ouverte, la vigilance des troupes pouvoit-elle mettre fa perfonne à l'abri du poignard d'un Républicain déterminé? Les Romains qui révéroient qu'il l'attribue au pouvoir de la Philofophie, il fait trop d'honneur à la Philofophie & à Octave. : la mémoire de Brutus (1), auroient applaudi à l'imitation de sa vertu. César avoit provoqué fon deftin, autant par l'oftentation de fa puiffance, que par fa puiffance elle-même. Le Conful, ou le Tribun pouvoit règner en sûreté : le titre feul de Roi fit voler les citoyens aux armes Augufte favoit que le genre humain fe laiffe gouverner par des noms. Il ne fut pas trompé dans fon attente, lorfqu'il s'imagina que le Sénat & le Peuple fe foumettroient à l'esclavage, s'ils pouvoient être perfuadés qu'ils jouiffoient toujours de leur ancienne liberté. Un Sénat foible & un Peuple énervé chérirent cette illufion agréable, tant qu'elle fut foutenue par la vertu ou par la prudence des fucceffeurs d'Auguste. Ce fut un motif de défenfe perfonnelle, & non un principe de liberté, qui ani (1) Deux cens ans après l'établissement de la Monarchie, l'Empereur Marc-Aurèle vante le caractère de Brutus comme un modèle paafait de la vertu Ra |