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neur d'être admis au rang de citoyens, s'en retournerent fans avoir pu obtenir. cette distinction (1).

La terreur des armes Romaines ajo

toit de la dignité à la modération des Souverains, & la rendoit plus refpectable. Ils confervoient la paix, en fe tenant perpétuellement préparés à la guerre ; & tant que l'équité dirigea leur conduite, les nations voisines s'apperçurent bien qu'ils étoient auffi peu disposés à les attaquer qu'à faire de nouvelles conquêtes. Marc-Aurele employa contre les Germains & les Parthes ces forces redoutables qu'Adrien & fon fucceffeur s'étoient contentés de déployer autour de leurs frontières. Les attaques des Barbares émurent le reffentiment de ce prince philofophe : forcé de prendre les armes pour se défendre, Marc Aurele remporta, avec ses Généraux, plufieurs

(1) Appien d'Alexandrie, dans la préface de fon hiftoire des guerres romaines.

Guerres déMarc Aurele

fenfives de

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militaire des

victoires fignalées fur l'Euphrate & fur le Danube (1). Examinons maintenant les établissemens militaires de l'empire Romain. Il eft important d'observer comment ils en ont affuré pendant fi longtemps la tranquillité & les fuccès.

Etabliffement Dans les beaux âges de la république, Empereurs l'ufage des armes étoit réfervé à cette

Romains

claffe de citoyens qui aimoient leur patrie, qui avoient un patrimoine à défendre, & qui, participant à l'établissement des loix, étoient intéreffés à les faire refpecter. Mais à mefure que l'étendue des conquêtes affoiblit la liberté publique, ceux qui fe deftinoient à la profeffion des armes, infenfiblement > l'étudièrent comme une fcience, & l'exercèrent comme un métier (2). On

(1) Dion, I. LXXI, hiftoire Augufte in Marco. Les victoires remportées fur les Parthes ont fait naître une foule de relations dont les auteurs méprifables ont été fauvés de l'oubli, & tournés en ridicnle dans une fatyre très-ingénieufe de Lucien."

(2) Le plus pauvre foldat poffédoit plus de neuf vi a

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fuppofoit toujours que les légions, quoique fouvent levées dans les provinces, les plus éloignées, n'étoient formées cependant que de citoyens Romains. Suivant la rigueur des loix, on y admettoit feulement ceux qui jouiffoient déjà du droit de bourgeoifie; & fi quelque

fois on enrôloit des étrangers, ce privilége leur étoit accordé comme la diftinction de leur état, ou comme la récompenfe de leurs fervices; mais par la fuite on s'attacha plus particulièrement au mérite effentiel de l'âge, de la force & de la taille militaire (1). Dans

cens livres (Denis d'Halicaruaffe, IV, 17), fomme confidérable dans un temps où l'efpece étoit fi rare, qu'une once d'argent valoit 70 livres pefant d'airain. La populace, qui avoit été exclue du fervice militaire · par l'ancienne conftitution, fut indifféremment admife par Marius. Voyez Sallufte, guerre de Jugurtha, c. 91.

(1) Céfar compofa une de fes légions (nommée alauda, en françois l'alouette) de Gaulois & d'étrangers, mais ce fut pendant la licence des guerres civiles; &, après fes victoires, il leur donna pour récompenfe le droit de Citayen Romain.

Difcipline.

toutes les levées de troupes, on accordoit avec raifon la préférence aux climats du nord fur ceux du midi : on cherchoit, dans les campagnes plutôt que dans les villes, des hommes nés pour les armes il étoit à préfumer que les travaux pénibles des charpentiers, des forgerons & des chaffeurs, donneroient plus de vigueur & de force que les occupations fédentaires qui contribuent au luxe (1), Lorsque le droit de propriété ne fut plus un titre pour être employé dans les armées, les troupes des empereurs romains furent commandées par des officiers de naiffance, élevés à la cour; mais les foldats, femblables aux troupes mercenaires de l'Europe moderne, étoient tirés de la classe la plus vile & fouvent la plus corrompue.

L'ancienne vertu du patriotifme prend La fource dans la ferme conviction que notre intérêt eft intimement lié à la con

(1) Voyez Vegcce, de re militari, l. 1, c. 1-7. vi

fervation & à la profpérité de l'état dont nous fommes membres. Une telle persuasion avoit rendu les légions de la république romaine presqu'invincibles; mais elle ne pouvoit faire qu'une bien foible impreffion fur les esclaves mercenaires d'un prince defpotique. Ce principe une fois détruit, on y fuppléa par d'autres motifs d'une nature bien différente, mais dont la force étoit prodigieufe: la religion & l'honneur. Le payfan ou le citadin s'imaginoit qu'en prenant les armes, il exerçoit une profeffion noble dans laquelle fon avancement & fa réputation dépendoient de fon courage; &, quoique les exploits d'un fimple foldat échappent souvent à la renommée, il n'ignoroit pas qu'il étoit en fon pouvoir de couvrir de gloire ou de honte la compagnie, la légion, l'armée même dont il partageoit les triomphes. A peine étoit-il entré au service, qu'on exigeoit de lui, avec la plus grande pompe, un ferment folemnel. Il juroit de ne jamais

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