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Pertinax

Empereur.

Les mesures des confpirateurs furent

choisi pour conduites avec le fang-froid & la célérité que demandoit la grandeur de l'entreprise. Réfolus de placer fur le Trône un Empereur dont la conduite les juftifiât & leur permît de jouir du fruit de leur crime, ils firent choix de Pertinax, Sénateur confulaire, dont le mérite éclatant avoit fait oublier l'obfcurité de sa naissance, & l'avoit porté aux premières dignités de l'État. Il avoit commandé fucceffivement la plupart des provinces de l'Empire ; & par fon intégrité, par fa prudence & par une pauvreté honorable, il avoit obtenu dans tous fes emplois, civils & militaires, l'eftime de fes concitoyens (1). Il étoit

(1) Pertinax étoit fils d'un Charpentier : il naquit à Alba-Pompeia dans le Piémont. L'ordre de fes emplois, que Capitolin nous a confervé, mérite bien d'être rapporté ; il nous donnera une idée des mœurs & de la forme du Gouvernement dans ce fiècle. I. Pertinax fut Centurion. II. Préfet d'une cohorte en Syrie & en Bretagne. III. Il obtint un efcadron de cavalerie dans la Moefie. IV. Il fut Commiffaire pour les provifions

alors refté feul des amis & des Miniftres de Marc-Aurèle ; & lorfqu'on vint l'éveiller au milieu de la nuit, pour lui apprendre que le Chambellan & le Préfet du Prétoire l'attendoient à fa porte, il les reçut avec une ferme résignation, & les pria d'exécuter les ordres de leur Maître. Quelle fut sa surprise, lorsqu'aulieu de la mort, ils lui offrirent la première couronne du monde ! Pertinax

fur la voie Emillienne. V. Il commanda la flotte du Rhin. VI. Il fut Intendant de la Dacie, avec des appointemens d'environ trente fix mille livres par an. VII. Il commanda les Vétérans d'une légion. VIII. II obtint le rang de Sénateur. IX. De Préteur. X. Il y joignit le commandement de la première légion dans la Rhétie & le Norique. XI. Il fut Conful vers l'année 175. XII. Il accompagna Marc-Aurèle en Orient. XIII. Il commanda une armée fur le Danube. XIV. II fut Légat confulaire de Moefie. XV. De la Dacie. XVI. De Syrie. XVII. De Bretagne. XVIII. Il fut chargé des provifions publiques à Rome. XIX. Il fut Proconful d'Afrique. XX. Préfet de la Cité. Hérodien (1.1, p. 48) rend juftice à fon défintéreffement; mais Capitolin, qui rassembloit tous les bruits populaires, l'accufe d'avoir amaflé une grande fortune en fe laiffant corrompre.

Il en reconnu par les Gardes.. Prétoriennes.

refufa d'abord d'ajouter foi à leurs paroles: enfin, convaincu que le tyran n'exiftoit plus, il accepta l'Empire avec la fincère répugnance d'un homme digne de régner (1).

Les momens étoient précieux. Létus conduifit fon nouvel Empereur au camp des Prétoriens. Il répandit en mêmetemps dans la ville le bruit qu'une apoplexie avoit enlevé fubitement Commode, & que déjà le vertueux Pertinax étoit monté fur le Trône. Les Gardes apprirent avec plus d'étonnement que de joie, la mort fufpecte d'un Prince dont ils avoient feuls éprouvé l'indulgence & les libéralités : mais les circonftances préfentes, l'autorité du Préfet & les clameurs du peuple les déterminèrent à diffimuler leur mécontentement. Ils acceptèrent les largeffes promises par le nouvel Empereur, confentirent à lui

(1) Selon Julien (dans les Céfars), il fut complice de la mort de Commode.

jurer fidélité; &, tenant à leurs mains des branches de laurier, ils le conduifirent avec acclamation dans l'affemblée du Sénat, afin que l'autorité civile ratifiât le confentement des troupes.

nat, an. 193 »

vier.

La nuit étoit déjà fort avancée: le Et par le Sé lendemain, qui se trouvoit le premier premier Janjour de l'année, le Sénat devoit être convoqué de grand matin, pour affifter à une cérémonie ignomineufe. En dépit de toutes les remontrances

en dépit même des prières de quelques courtisans qui confervoient encore de la prudence & de l'honneur, Commode avoit résolu de paffer la nuit dans une école de Gladiateurs, & de venir enfuite à la tête de cette vile troupe, revêtu des mêmes habits, prendre poffeffion du Confulat. Tout-à-coup, avant la pointe du jour, les Sénateurs reçoivent ordre de s'affembler dans le temple de la Concorde, où ils doivent trouver les Gardes, & ratifier l'élection du nouvel Empereur. Ils reítèrent affis pendant quelque temps

La mémoire de Commode

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en filence, ne pouvant croire un événement qu'ils auroient à peine ofé efpérer, & redoutant les artifices cruels de Commode: mais lorfqu'ils furent affurés de la mort du tyran, ils fe livrèrent aux tranfports de la joie la plus vive, & laifsèrent en même-temps éclater toute leur indignation. Pertinax repréfenta modeftement la médiocrité de fa naissance, & défigna plufieurs nobles Sénateurs plus dignes de monter fur le Trône; mais, obligé de céder aux vœux de l'Affemblée & aux protestations les plus fincères d'une fidélité inviolable, ils reçut tous les titres attachés à la Puiffance Impériale.

La mémoire de Commode fut dédéclarée infâ- vouée à un opprobre éternel: les voûtes du temple retentiffoient des noms de tyran, de Gladiateur, d'ennemi public. On ordonna tumultuairement que les dignités du dernier Empereur fuffent annullées, fes titres effacés des monumens publics, fes ftatues renverfées, &

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