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tánt que l'Empire conferva quelque vigueur, leurs inftitutions militaires furent refpectées comme le modèle lé plus parfait de la difcipline romaine.

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Neuf fiècles de guerre avoient infen- Légions ros fiblement introduit plufieurs changemens dans le fervice, & l'avoient perfectionné. Les légions décrites par Polybe (1), & commandées par les Scipions, différoient effentiellement de celles qui contribuèrent aux victoires de Céfar, & qui firent refpecter le nom d'Adrien & des Antonins. Nous rapporterons en peu de mots ce qui conftituoit la légion romaine (2). L'infanterie qui faifoit la principale force (3), étoit divi

(1) Voyez, dans le vie livre de fon hiftoire, ung digreffion admirable fur la difcipline des Romains.

(2) Végècê, de re militari, 1. fr, c. 4, &c. Une partie confidérable de fon abrégé eft prife des règlemens de Trajan. La légion, telle qu'il la décrit, ne peut convenir à aucun autre fiècle de l'Empire Romain.

(3) Végèce, de re militari, 1. 11, c. I. Du temps de Cicéron & de Céfar, le mot miles se bornoit presque Tome I.

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fée en dix cohortes & en cinquante-cinq compagnies, fous le commandement d'un pareil nombre de tribuns & de centurions. Le pofte d'honneur & la garde de l'aigle appartenoient à la premiere cohorte, compofée de mille centcinq foldats, l'élite de l'armée pour la valeur & pour la fidélité. Les neuf autres cohortes en avoient chacune cinq cent cinquante-cinq; & tout le corps de l'infanterie légionnaire montoit à fix mille cent hommes. Leurs armes étoient uniformes & admirablement adaptées à la nature de leur fervice: ils portoient un cafque ouvert, furmonté d'une aigrette fort élevée, une cuiraffe ou une cotte de mailles & des bottines, & ils tenoient à leur bras gauche un large bouclier d'une forme ovale & concave, long de quatre pieds, large de deux & demi, fait d'un bois léger, couvert d'une peau

à l'infanterie. Dans le Bas-Empire, & dans les fiècles de chevalerie, il défigna particulièrement les gensd'armes qui combattoient à cheval.

de bœuf, & revêtu de fortes plaques de bronze. Outre un dard léger, le foldat légionnaire balançoit dans fa main droite ce javelot formidable, appellé en latin pilum, dont la longueur étoit de fix pieds, & qui fe terminoit en une pointe d'acier de dix-huit pouces, taillée en triangle (1). Cette arme étoit bien inférieure à nos armes modernes, puifqu'elle ne pouvoit fervir qu'une feule fois, & a la diftance feulement de dix ou douze pas. Cependant, lorfqu'elle étoit lancée par une main ferme & adroite, il n'y avoit point de bouclier en état de réfifter à fa force; & aucune cavalerie n'ofoit se tenir à sa portée. A peine le Romain avoit-il jeté fon javelot, qu'il s'élançoir avec impétuofité sur l'ennemi, l'épée à la main. Cette épée étoit une lame d'Es

(1) Du temps de Polybe & de Denis d'Halicarnaffe (1. v, c. 43 ), la pointe d'acier du pilum semble avoir été beaucoup plus longue. Dans le fiècle où Végèce écrivoit, elle fut réduite à un pied, ou même à neuf pouces. J'ai pris un milieu.

pagne, courte, d'une trempe excellente, à double tranchant, & également propre à frapper & à percer: mais le foldat préféroit cette dernière façon de s'en fervir, perfuadé qu'il étoit moins expofé tandis qu'il faifoit à son adversaire une bleffure plus dangereufe (1). La légion étoit ordinairement rangée fur huit lignes, & les files, auffi-bien que les rangs, étoient toujours à la distance de trois pieds (2). Un corps de troupes accoutumées à conferver un pareil ordre, difpofées fur un large front, & prêtes à courir avec rapidité à la charge, pouvoit exécuter tout ce qu'exigeoient les événemens de la guerre & l'habileté du général. Le foldat avoit un espace libre pour les armes & pour fes divers mouvemens; & les intervalles étoient ménagés avec tant d'art, que les fecours

(1) Pour les armes des légionnaires, voyez Jufte Lipfe, de militiâ romanâ, l. 111, C. 2-7.

(2) Voyez la belle comparaison de Virgile, géorg II. V. 279.

arrivoient toujours affez tôt pour foutenir les combattans épuifés (1). La tactique des Grecs & des Macédoniens avoit pour base des principes bien différens : la force de la phalange confiftoit en feize rangées de longues piques étroitement unies entr'elles(2). Mais la réflexion & l'expérience prouverent que cette masse immobile étoit incapable de réfifter à l'activité de la légion (3).

La cavalerie, fans laquelle la force Cavaleried de la légion feroit restée imparfaite, étoit divifée en dix efcadrons : le premier, comme compagnon de la premiere cohorte, confiftoit en cent trente-deux hommes, & les neuf autres chacun en

(1) M. Guichard, mémoires militaires, t. I, C. 4, & nouveaux mémoires, t. I, p. 293-311 ว traité ce fujet en homme inftruit & en officier.

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(2) Voyez la tactique d'Arrien, Cet Auteur Grec, paffionné pour les inftitutions de fa patrie, a mieux aimé décrire la phalange, qu'il connoiffoit feulement par les écrits des anciens, que les légions qu'il avoit commandées.

(3) Polyb. I. XVII.

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