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foixante-fix: ce qui faifoit en tout, pour nous fervir des expreffions modernes, fept cent vingt-fix chevaux. Quoique naturellement attaché à fa légion respective, chaque régiment de cavalerie en étoit séparé, fuivant les occafions, pour être rangé en ligne, & faire partię des ailes de l'armée (1). Sous les Empereurs, la cavalerie étoit bien différente de ce qu'elle avoit été dans fon origine. Du temps de la république, elle étoit compofée des jeunes gens les plus diftingués de Rome & de l'Italie, qui, en rempliffant ce service militaire, se préparoient à acquérir les dignités de féna, teurs & de confuls, & s'efforçoient, par leurs exploits, de gagner les fuffrages de leurs concitoyens (2), Mais, après la

(1) Végèce, de re militari, 1. II, c. 6. Son témoignage pofitif, qui pourroit être appuyé par des circonftances évidentes, devroit bien impofer filence à ces critiques qui refusent à la légion impériale fon corps de cavalerie.

(2) Voyez Tite-Live prefque par-tout; & spécialement XLII, 6r.

révolution arrivée dans les mœurs & dans le gouvernement, les plus puiffans de l'ordre équeftre fe confacrerent à l'administration de la juftice & à la perception des revenus publics (1). Ceux qui embraffoient la profeffion des armes étoient auffi-tôt revêtus du commandement d'une cohorte ou d'un efcadron (2). Trajan & Adrien tirèrent leur cavalerie des mêmes provinces & de la même classe de leurs fujets, qui fournissoient des hommes aux légions: on faifoit venir des chevaux d'Efpagne & de la Cappadoce. Au-lieu de cette armure complette, dans laquelle la cavalerie des Orientaux étoit comme emprifonnée, les Romains portoient un cafque, un bouclier ovale, de petites bottes & une

(1) Pline, hift. nat. XXXIII, 2. Le véritable fens de ce paffage très-curieux a été découvert & éclairci par M. de Beaufort, Rép. Romaine, l. 11, c. 2.

(2) Horace & Agricola nous en donnent un exemple. Il paroît que cette coutume étoit un vice dans la difcipline romaine. Adrien effaya d'y remédier en fixant l'âge qu'il falloit avoir pour être tribun.

Auxiliaires.

cotte de maille; une javeline & une large épée étoient leurs principales armes offenfives. Il paroît qu'ils avoient emprunté des Barbares l'ufage des lances & des maffues de fer (1).

La fûreté & l'honneur de l'Empire étoient confiés principalement aux légions; mais Rome, par politique confentit à adopter tout ce qui pouvoit lui être utile à la guerre. On faifoit régulièrement des levées confidérables dans les provinces dont les habitans n'avoient point encore mérité la diftinction honorable de citoyen. Les princes & les états voifins étoient tenus au fervice militaire; ils ne confervoient leur liberté qu'à cette condition (2). Il arrivoit même fouvent que les plus braves d'entre les Barbares, tranfplantés toutà-coup, par force ou par perfuafion, dans des climats éloignés, faifoient

(1) Voyez la Tactique d'Arrien.

(2) Tel étoit en particulier l'état des Bataves. Taz eite, mœurs des Germains, c. 29.

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fervir au bien de l'Empire, une valeur qui auroit pu lui être funefte (1). Tous ces différens corps étoient connus généralement fous le nom d'auxiliaires. Quoique leur nombre variât felon les temps & les circonstances, il étoit rarement inférieur à celui des légions (2). Les plus courageux & les plus fidèles de ces auxiliaires étoient placés fous le commandement des préfets & des centurions, & élevés dans la difcipline des Romains; mais ils retenoient, pour la plupart, les armes qu'ils avoient appris à manier dans leur patrie, dès leur plus tendre jeuneffe ; & comme les auxiliaires étaient diftribués fous chaque légion, les armées romaines

(1) Marc-Aurèle, après avoir vaincu les Quades &

les Marcomans, les obligea de lui fournir un corps de troupes confidérable, qu'il envoya auffi-tôt en Bretagne. Dion, l. LXXI.

(2) Tacite, annal. IV, 5. Ceux qui parlent d'un certain nombre de fantaffins & de deux fois autant de chevaux, confondent les auxiliaires des Empereurs avec les Italiens alliés de la république.

renfermoient toutes les diverfes espèces de troupes, & elles avoient l'avantage d'opposer à chaque nation la même difcipline & les mêmes armes qui la rendoient formidable (1). La légion n'étoit pas dépourvue de ce que l'on pourroit Artillerie. appeller, dans nos langues modernes, un

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train d'artillerie; elle avoit toujours à fa fuite dix machines de guerre de la premiere grandeur, & cinquante-cinq plus petites, qui toutes lançoient, felon diverfes directions, des pierres & des dards avec une violence irréfistible (2)•

(1) Végèce, 11, 2; Arrien, dans fa defcription de la marche & de la bataille contre les Alains.'

(2) Le Chevalier Folard (dans fon Commentaire fur Polybe, tom. 1, p. 233-290), a traité des anciennes machines avec beaucoup d'érudition & de fagacité : il les préfère même, à beaucoup d'égards, aux canons & aux mortiers que nous employons. Il faut obferver que, chez les Romains, l'ufage des machines devint plus commun, à mesure que la valeur perfonnelle & les talens militaires difparurent dans l'Empire. Lorsqu'il ne fut plus poffible de trouver des hommes, il fallut bien y fuppléer par des inftrumens de différente espèce. V. Végèce, 11, 25, & Arrien.

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