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Le camp d'une légion romaine reffem. Campamente bloit à une ville fortifiée (1). Auffi-tôt que l'efpace étoit tracé, les pionniers avoient foin d'applanir le terrein & d'écarter tous les obstacles qui auroient pu nuire à la régularité parfaite du camp. La forme en étoit quadrangulaire. Il est aifé d'imaginer qu'un quarré dont chaque face étoit d'environ deux mille pieds, fuffifoit pour contenir vingt mille hommes, quoique maintenant un pareil nombre de troupes préfente à l'ennemi un front trois fois plus étendu. Au milieu du camp, on diftinguoit, par-deffus les autres tentes, le prétoire ou le quartier du général. La cavalerie, l'infanterie & les auxiliaires occupoient leurs poftes refpectifs. Les rues étoient larges & fort droites; & l'on ménageoit de tous côtés

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(1) Univerfa que in quoque belli genere neceffaria effe creduntur, fecum legio debet ubique portare, ut in quovis loco fixerit caftra, armatam faciat civita» tem». C'est par ces mots emphatiques que Végèce termine fon fecond livre & la defcription de la légion.

Marches.

un efpace libre de deux cents pieds entre le rempart & les tentes. Le rempart étoit ordinairement de douze pieds de haut, défendu par de fortes paliffades, & entouré d'un foffé dont la largeur & la profondeur étoient de douze pieds. Les légionnaires eux-mêmes étoient feuls chargés de cet ouvrage important : la bêche & la pioche ne leur étoient pas moins familières que l'épée & le javelot. Rien ne fert peut-être mieux à prouver l'excellence de la difcipline romaine. Le courage intrépide eft fouvent un préfent de la nature; mais une activité foutenue dans l'exécution des travaux, ne peut jamais être que le fruit de l'habitude & de la pratique (1).

étoit

A peine la trompette avoit-elle donné le fignal du départ, que le le camp levé; & les troupes fe plaçoient à leurs

(1) Pour la caftramétation des Romains, voyez Polybe, I. VI, avec Juste Lipfe, de militiâ romanâ¿ Jofeph, de bel. Judaic. l. 111, c. 5 ; Végèce, 1, 2125, III, 9; & mémoires de Guichard, tom. I, C. La

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rangs,

fans retard & fans confufion. Les légionnaires, outre leurs armes dont ils fentoient à peine le poids, étoient encore chargés de leurs inftrumens de cuifine, des outils néceffaires pour les fortifications, & de provifions pour plufieurs jours (1). Malgré un fardeau fi confidérable, qui accableroit la délicateffe d'un foldat moderne, les Romains étoient accoutumés à marcher d'un pas régulier, & à faire près de fept lieues en fix heures (2). A l'approche de l'ennemi, ils fe débarraffoient de leur bagage, &, par des évolutions aisées & rapides, l'armée, qui marchoit fur une ou fur plufieurs colonnes, fe formoit en ordre de bataille (3). Les frondeurs & les archers efcarmouchoient à la tête; les auxiliaires

(1) Cicéron, tufcul. 11, 37; Joseph, de bel. Judaic. 1. III, 5; Frontin, IV I.

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(2) Végèce, 1, 9. Voyez mémoires de l'académie des infcriptions, tome xxv, p. 187.

(3) Ces évolutions font admirablement expliquées par M. Guichard, nouveaux mémoires, tome 1, p. 141234.

Nombre & difpofition des légions

formoient la premiere ligne, & ils étoient foutenus par les légions: la cavalerie couvroit les flancs; enfin on plaçoiť. derriere le corps d'armée les machines de guerre.

pour

Tels furent les moyens dont les Empereurs fe fervirent défendre leurs vastes domaines, & pour conferver l'efprit militaire, dans un temps où les progrès du defpotisme avoient étouffé toute autre vertu. Si nous confidérons maintenant le nombre des troupes romaines, nous verrons combien il eft difficile de l'apprécier avec une certaine exactitude. Il paroît cependant que la légion étoit un corps de douze mille cinq cents hommes, parmi lefquels on comptoit fix mille huit cent trente-un Romains: le refte comprenoit les auxiliaires. Adrien & fes fucceffeurs, qui n'avoient d'autre vue que de faire fleurir la paix dans leurs états, entretinrent trente de ces brigades redoutables.Ainsi, felon toute apparence, leurs forces fe

montoient à trois cent foixante-quinze mille hommes. Loin de fe renfermer dans des villes fortifiées, qui n'étoient, aux yeux des Romains, que le refuge de la foibleffe & de la lâcheté, les légions restoient toujours campées fur les bords des grands fleuves ou le long des frontières des Barbares. Comme elles chan

gèrent rarement de place, nous pouvons nous former une idée de la diftribution des troupes dans tout l'Empire. Trois légions fuffifoient pour la Bretagne. Les principales forces étoient employées fur le Rhin & fur le Danube, & confistoient en seize légions, distribuées de la maniere fuivante : deux dans la baffe-Germanie & trois dans la haute, une dans la Rhétie, une dans le Norique, quatre dans la Pannonie, trois dans la Mafie, & deux dans la Dacie. L'Euphrate avoit pour fa défense huit légions, dont fix étoient placées en Syrie, & les deux autres dans la Cappadoce. Comme le fiége de la

guerre

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