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divifée en deux parties, le gibier & les Chaffeurs (1).

Tandis que la rufe faifoit figner à la folie tant de teftamens injuftes & extravagans, on en voyoit cependant un petit nombre dicté par une estime raifonnée & par une vertueufe reconnoiffance. Cicéron, dont l'éloquence avoit fi fouvent défendu la vie & la fortune de fes Concitoyens, recueillit pour près quatre millions de legs (2). Il paroît que les amis de Pline-le-jeune n'ont pas été moins généreux envers cet illustre Orateur (3). Quels que fuffent les motifs du Teftateur, le fifc réclamoit fans distinction la vingtième partie des biens

de

(1) Horace, l. Ir, Sat. v; Pétrone, c. 116, &c. Pline, 1. 11, let 20.

(2) Cicéron, Philip. 11, c. 16.

(3) Voyez fes Lettres. Tous ces teftamens lui donnoient occafion de développer fon refpect pour les morts & fa juftice pour les vivans. On peut voir la manière dont il fe conduifit envers un fils qui avoit été déshérité par fa mère (V, 1).

légués; & dans le cours de deux ou de trois générations, toutes les propriétés des Sujets devoient paffer insensiblement dans les coffres du Prince. Règlemens Néron, dans les premières années de des Empereurs fon règne, porté par le defir de fe rendre populaire, ou peut-être entraîné par un mouvement aveugle de bienfaisance, voulut abolir les douanes & l'impôt fur les confommations. Les plus fages Sénateurs applaudirent à sa générofité; mais ils le détournèrent de l'exécution d'un projet qui auroit détruit la force & les reffources de la République (1). S'il eût été poffible de réaliser cette chimère, des Princes tels que Trajan & les Antonins, auroient fûrement embraffé avec la plus vive ardeur l'occafion glorieufe de rendre un service fi important au genre humain. Ils fe contentèrent d'alléger le fardeau

(1) Tacite, Annal. xui, so; Efprit des Loix, Į. XII

c. 19.

public, fans entreprendre de l'ôter tout-
à-fait. La douceur & la précifion de
leurs loix déterminèrent la règle & la
mesure de l'impôt, & mirent tous les
Citoyens à l'abri des interprétations ar-
bitraires, des réclamations injustes, &
des vexations infolentes des Fermiers
Publics (1). Les tributs proprement dits
n'étoient point affermés (2); & il est
fingulier que
dans tous les fiècles, les
plus fages & les meilleurs Princes ayent
toujours conservé la méthode dange-
reuse de percevoir les douanes & les
principaux impôts.

racalla.

Les fentimens de Caracalla n'étoient Edit de Ca pas les mêmes que ceux des Antonins; & ce Prince fe trouvoit réellement dans une position très-différente. Nullement occupé, ou plutôt ennemi du bien

(1) Voyez le Panégyrique de Pline, l'Hiftoire Augufte & Burman, de Vectigal. paffim.

(2) Puifque les bons Princes remirent fouvent plu Leurs millions d'arrérages.

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Le titre de Citoyen don

tans des Pro

de nouveaux impôts.

public, il ne pouvoit se dispenser d'affouvir l'avidité infatiable qu'il avoit lui-même allumée dans le cœur des Soldats. De tous les impôts établis par Augufte, il n'en exiftoir pas de plus étendu & dont le produit fût plus confidérable, que le vingtième fur les legs & fur les héritages. Comme cette taxe n'étoit pas particulière aux Habitans de Rome, ni à ceux de l'Italie, elle augmenta continuellement avec l'extenfion graduelle du droit de Bourgeoifie.

Les nouveaux Citoyens, quoique né aux habi- foumis également (1) aux nouveaux vinces pour les impôts, dont ils avoient été exempts comme fujets, fe croyoient amplement dédommagés par le rang & par les priviléges qu'ils obtenoient, & par une perspective brillante d'honneurs & de fortune, qui fe présentoit tout-à-coup à leur ambition. Mais toute diftinction

(1) La condition des nouveaux citoyens eft trèsexactement décrite par Pline (Panégyr. c. 37, 38, 39), Trajan publia une loi très favorable pour eux.

fut détruite par l'Édit du fils de Sévère, Loin d'être une faveur, le vain titre de Citoyen devint une charge réelle impofée aux Habitans des Provinces. L'avide Caracalla ne fe contenta pas des taxes qui avoient paru fuffifantes à fes prédéceffeurs. Il ajouta un vingtième à celui qu'on levoit déjà sur les legs & fur les héritages. Après fa mort on rétablit l'ancienne proportion; mais pendant fon règne, toutes les parties de l'Administration gémirent fous le poids de fa cruelle ryrannie (1).

paffagère du

Lorfque tous les Habitans des Pro- Réduction vinces furent foumis aux impofitions tribui particulières des Citoyens Romains, ils fembloient devoir légitimement être exempts des tributs qu'ils avoient d'abord payés en qualité de fujets. Caracalla & fon prétendu fils n'adoptèrent pas de pareilles maximes; ils ordonnèrent que les taxes, tant anciennes

que

(1) Dion, I. LXXVII, p. 1295.

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