nouvelles, feroient levées à la fois dans tous leurs Domaines. Il étoit réservé au vertueux Alexandre de délivrer les Provinces de cette oppreffion criante. Ce Prince réduifit les tributs à la trentième partie de la fomme qu'ils produifoient à fon avénement (1). Nous ignorons par quels motifs il laiffa fubfifter de fi foibles reftes du mal public. Ces rameaux nuifibles, qui n'avoient point été tout à fait arrachés, jetèrent de nouvelles racines, s'élevèrent à une hauteur prodigieufe, & dans le siècle fuivant répandirent une ombre mortelle fur l'Univers Romain. Il fera souvent question dans le cours de cette Hiftoire, de la taille, de la capitation & des contributions onéreufes de bled, de vin, d'huile & d'animaux, que l'on exigeoit (1) Celui qui étoit taxé à dix aurei, le tribut ordinaire, me paya plus que le tiers d'un aureus, & Alexandre fit en conféquence frapper de nouvelles pièces d'or. Hift. Aug. p. 127, avec les Commentaires de Saumaife. des Provinces pour l'usage de la Cour, de l'Armée & de la Capitale. du droit de Tant que Rome & l'Italie furent Conféquences qui résultent regardées comme le centre du Gouver- de l'extenfion ment, les anciens Citoyens confervèrent bourgeoisie. un efprit national, que les nouveaux adoptèrent infenfiblement. Les principaux commandemens de l'armée étoient donnés à des hommes qui avoient reçu de l'éducation, qui connoiffoient les avantages des loix & des lettres, & qui avoient marché à pas égaux dans la carrière des honneurs, en paffant par tous les grades civils & militaires (1). C'eft principalement à leur influence & à leur exemple, que nous devons attribuer l'obéiffance & la modeftie des légions durant les deux premiers fiècles de l'Empire. Mais lorsque Caracalla eut forcé le dernier rempart de la conftitution Ro (1) Voyez l'Hiftoire d'Agricola, de Vefpafien, de Trajan, de Sévère, de fes trois compétiteurs, & généralement de tous les hommes illuftres de l'Empire. maine, à la diftinction des rangs fuc cèda par degrés la féparation des états. Les Habitans des Provinces intérieures, où l'éducation étoit plus cultivée, furent les feuls propres à être employés comme Jurifconfultes, & à remplir les fonctions de la Magiftrature. La profeffion plusdure des armes devint le partage des payfans & des Barbares nés fur les frontières, & qui, ne connoiffant d'autre patrie que leur camp, ni d'autre fcience que celle de la guerre, méprifoient ouvertement les loix civiles, & fe foumettoient à peine à la difcipline militaire. Avec des mains, enfanglantées, des mœurs fauvages & des difpofitions féroces, ils défendirent quelquefois le trône des Empereurs, & plus fouvent encore ils le renverfèrent. CHAPITRE VII. Elévation & tyrannie de Maximin. Rebellion en Afrique & en Italie, fous l'autorité du Sénat Guerres civiles & feditions. Morts violentes de Maximin & de fon fils, de Maxime & de Balbin, & des trois Gordiens. Ufurpation & Jeux Séculaires de Philippe. par- Apparenco ridicule. De Et avantages folides d'une connu au genre humain & à lui-même ! Peut-on le contempler férieusement? Peut-on n'être pas étonné que les guer riers les plus braves, que les citoyens les plus habiles, renonçant à leur droit naturel, s'approchent du berceau royal les genoux ployés, & faffent à cet enfant des proteftations d'une fidélité inviolable? Telles font les couleurs fous lefquelles la fatyre & la déclamation peignent ce tableau: mais elles ont beau le charger; en y réfléchiffant mûrement, on fent combien eft refpectable & utile un préjugé qui règle la fucceffion, & qui la rend indépen dante des paffions humaines. On applaudit de bonne foi à tout ce qui concourt à enlever à la multitude le pou voir dangereux & réellement idéal de fe donner un chef. Dans le filence de la retraite on peut fucceffion hé- tracer des formes de Gouvernement, où réditaire. le fceptre foit remis conftamment entre |