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fe trouvoit bien éloigné de l'Egypte, de l'Afrique & de l'Efpagne, une feule légion maintenoit la tranquillité dans chacune de ces provinces. L'Italie même ne manquoit pas de troupes. Environ vingt mille hommes choifis connus fous le nom de cohortes de la ville & de gardes du palais, veilloient à la fûreté du Monarque & de la capitale. Ces foldats prétoriens ont joué un fi grand rôle dans les révolutions de l'Empire, qu'ils font dignes de toute notre attention : ils occuperont bientôt une place confidérable dans notre hif toire. Leurs armes & leurs institutions n'avoient rien qui les diftinguât des légions; feulement il paroît que leur discipline étoit moins rigide, & leur extérieur plus pompeux (1).

(1) Tacite ( Annal. IV, 5) nous a donné un état des légions fous Tibère, & Dion (I. LV, p. 794) fous Alexandre Sévère. J'ai tâché de prendre un jufte milieu entre ces deux périodes. Voyez auffi Jufte-Lipfe, de magnitudine romanâ, I. ï, C. 4, S.

La

La marine des Empereurs répondoit Maringá peu à la grandeur de Rome; mais elle fuffifoit pour remplir toutes les vues du gouvernement. L'ambition des Romains ne s'étendoit point au-delà du continent: ce peuple guerrier n'étoit pas animé de cet efprit entreprenant des Tyriens, des Carthaginois & des habitans de Marfeille, qui avoit porté ces hardis navigateurs à reculer les bornes du monde, & à découvrir les côtes les plus éloignées. L'Océan étoit plutôt pour les Romains un objet de terreur que de curiosité(1). Après la ruine de Carthage & la deftruction des pirates, toute l'étendue de la Méditerranée se trouva renfermée dans leur empire. La politique des Empereurs n'avoit pour but que de maintenir en paix la fouveraineté de cette mer, & de protéger le commerce de leurs fujets. Guidé par ces principes de modération,

(1) Les Romains effayèrent de cacher leur ignorance & leur terreur fous le voile d'un refpe&t religieux. Voyez Tacite, moeurs des Germains, c. 34.

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Augufte ordonna que l'on tiendroit toutjours deux flottes équipées dans les ports les plus convenables de l'Italie, l'une à Ravenne fur la mer Adriatique, l'autre à Mifène dans la baie de Naples. L'expérience fembloit enfin avoir convaincu les anciens que leurs galères étoient plus propres à une vaine pompe, qu'à fervice réel, lorfqu'elles avoient plus de deux ou trois rangs de rames : de rames: Augufte lui - même, dans la bataille d'Actium, s'étoit apperçu de la fupériorité de fes frégates légères, appellées Liburnières, fur les citadelles élevées & massives de fon rival (1). Ces Liburniènes lui fervirent à former les deux flottes de Ravenne & de Misène, destinées à commander, l'une dans la partie orientale, l'autre dans l'occident de la Méditerranée ; & il les fit monter par un corps de plufieurs

(1) Plutarque, vie de Marc-Antoine; & cependant, fi nous en croyons Orofe, ces énormes citadelles ne s'élevoient pas de plus de dix pieds au- deffus de l'eau, VI, 19.

milliers d'hommes. Outre ces deux ports, où les Romains avoient établi leur principale marine, ils entretenoient encore un grand nombre de vaisseaux à Fréjus fur les côtes de Provence. Le Pont-Euxin étoit gardé par quarante voiles & par trois mille foldats. A toutes ces forces, il faut ajouter la flotte qui affuroit la communication entre la Gaule & la Bretagne, & une infinité de bâtimens qui couvroient le Rhin & le Danube, pour harraffer les pays ennemis, & intercepter le paffage des Barbares (1). Enumération Cette defcription peut nous donner une forces de idée générale des forces de l'Empire fur mer & sur terre : cependant, fi nous voulons faire l'énumération de toutes les troupes employées dans les légions, les auxiliaires, les gardes du palais, & la marine, nous verrons que leur nombre n'excédera pas quatre cent-cinquanté

(1) Voyez Jufte Lipfe, de magnitudine romanâ, l. 1, c. 5. Les seize derniers chapitres de Végèce ont rapport à la Marine.

de toutes les

l'Empire.

Vue des pro

Vinces de l'Empire.

Efpagne.

mille hommes. Quelque formidable que paroiffe cette puiffance, le dernier fiècle a vu avec étonnement des forces femblables, entretenues par un Monarque dont les états étoient renfermés dans une feule province de l'Empire Romain (1).)

Nous avons effayé de développer les refforts du gouvernement fous les règnes d'Adrien & des Antonins; tâchons maintenant de décrire, avec clarté & précifion, ces mêmes provinces réunies autrefois fous un feul chef, & maintenant divifées en un fi grand nombre d'états indépendans & ennemis les uns des

autres.

Située à l'extrémité de l'Empire, de l'Europe & de l'ancien monde, l'Espagne a confervé d'âge en âge fes limites naturelles: les monts Pyrénées, la Méditerranée & l'Océan Atlantique. Cette grande péninfule, aujourd'hui partagée

(1) Voltaire, fiècle de Louis XIV, c. 19. Il ne faut cependant pas oublier que la France fe reffent encore de cet effort extraordinaire.

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