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d'Auguite.

mémorable, & qui influe encore maintenant fur toutes les nations du globe. Les principales conquêtes des Ro- Modération mains furent achevées dans le temps de la république. Les empereurs fe contentèrent, pour la plupart, de conferver ces domaines, dont l'acquifition étoit le fruit de la profonde fageffe du fénat, de l'émulation active des confuls, & de l'enthousiasme militaire du peuple. Les fept premiers fiècles n'avoient préfenté qu'une fucceffion rapide de triomphes; mais il étoit réservé à l'empereur Auguste d'abandonner le projet ambitieux de fubjuguer l'univers. Ce fut lui qui introduifit l'efprit de modération dans les confeils publics. Porté à la paix, autant par fa fituation que par fon caractère, il s'apperçut ailément que Rome, parvenue au faîte de la grandeur, avoit plus à craindre qu'à efpérer, en ambitionnant de nouvelles conquêtes. En effet, dans la pourfuite de ces guerres lointaines, l'entreprise devenoit tous

les jours plus difficile, le fuccès plus douteux, & la poffeffion moins avantageufe. L'expérience d'Augufte vint à l'appui de ces réflexions falutaires. Au lieu de s'exposer aux flèches des Parthes, il crut faire affez pour sa gloire d'obtenir la restitution des drapeaux & des prisonniers qui avoient été enlevés à l'infortuné Craffus (1).

Ses généraux, dans les premières années de fon règne, voulurent fubjaguer l'Éthiopie & l'Arabie heureuse : ils marcherent l'espace de trois cens lieues environ vers le midi du Tropique; mais la chaleur du climat arrêta bientôt les conquérans, & protégea les foibles habitans de cet régions éloignées (2). Le

(1) Dion Caffius (1. LIV, p. 736), avec les notes de Reymar, qui a raffemblé tout ce que la vanité romaine nous a laiffé à cette occafion. Le marbre d'Ancyre, fur lequel Augufte avoit fait graver fes exploits, nous apprend que cet empereur força les Parthes à reftituer les drapeaux de Craffus.

(2) Strabon (1. xv1, p. 780); Pline (hift. natur. 1. vĩ, c. 32, 35), & Dion Caffius (1. LIII, p. 723.

nord de l'Europe fembloit être à l'abri d'une invafion; des neiges & des frimats ne pouvoient dédommagér les vainqueurs de leurs dépenfes & de leurs fa→ tigues. Couverte de bois & de marais, la Germanie nourriffoit dans fon fein des barbares courageux qui méprifoient la vie, lorfqu'elle étoit féparée de la liberté. Ils parurent à la vérité fe foumettre d'abord à la puiffance formidable de Rome; mais ils fe rétablirent bientôt dans leur indépendance. Le défespoir leur donna des forces, & ils imprimerent dans l'efprit d'Augufte une idée terrible des viciffitudes de la fortune (1). A la mort

& l. LIV, p. 734), nous ont laiffé des détails trèscurieux de ces guerres. Les Romains fe rendirent maîtres de Mariaba ou Merab, ville de l'Arabie heureuse, bien connue des Orientaux (v. Abulfeda, & la géographie nubienne, p. 52 ). Ils pénétrèrent, après une marche de trois jours, jufqu'au pays qui produit les épices, principal objet de leur invasion.

(1) Par le maffacre de Varus & de fes trois légions (V. le premier livre des annales de Tacite, Suétone, vie d'Augufte, c. 23, & Velleius Paterculus, I. 11,

Imitée par fes fucceffeurs.

de ce prince, fon teftament fut lu publiquement dans le fénat : Augufte laiffoit à fes fucceffeurs, comme la portion la plus utile de fon héritage, l'avis important de refferrer l'empire dans les bornes que la nature fembloit avoir elle-même tracées à l'occident, l'Océan Atlantique; le Rhin & le Danube au nord ; l'Euphrate à l'orient; & vers le midi, les fables brûlans de l'Arabie & de l'Afrique (1).

Le genre humain étoit redevable de fon bonheur à la fageffe d'Augufte: les vices & la lâcheté de fes fucceffeurs affurerent encore la tranquillité de l'empire. Les premiers Céfars, plongés dans

c. 117, &c.) Augufte ne reçut pas la nouvelle de cette
défaite avec toute la modération ni toute la fermeté
l'on devoit naturellement attendre de fon caractere.

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que

(1) Tacite, annal. 1. 11; Dion Caffius, 1. LVI, p. 833, & le Difcours d'Augufte lui-même, dans la fatyre des Céfars. Ce dernier ouvrage eft fort éclairci par les favantes notes de fon traducteur françois, Mr Spanheim.

la molleffe, ou engagés dans l'exercice de la tyrannie, fe montroient rarement aux provinces & à la tête des armées. Jaloux de la valeur & des fuccès de leurs lieutenans, ils ne purent confentir à les voir jouir des honneurs du triomphe dont leur indolence les rendoit indignes. La réputation militaire d'un fujet devint un attentat à la dignité impériale. Les généraux fe contentoient de garder les frontières qui leur avoient été confiées : leur devoir & leur intérêt leur défendoient également d'afpirer à des conquêtes qui ne leur auroient pas été moins fatales qu'aux nations vaincues (1)

Premiere

La Bretagne fut la feule province que les Romains ajouterent à leurs domaines exception. dans le premier fiècle de notre ère. Lesla Bretagne.

(1) Germanicus, Suetonius Paulinus & Agricola furent traversés & rappelés dans le cours de leurs victoires. Corbulon fut mis à mort. Le mérite militaire, comme Tacite l'exprime admirablement, étoit réellemens imperatoria virtus.

Conquête da

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