Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Provinces.

de Rome; & Cicéron, qui, arrachant fa patrie aux fureurs de Catilina, la mit en état de difputer à la Grèce la palme de l'éloquence (1).

Les Provinces de l'Empire, dont nous avons déjà donné la description, étoient déchues de leurs forces, & privées de toute liberté. Dans la Grèce (2), en Etru→ ́rie & dans la Gaule (3), le premier foin du Sénat fut de détruire des affociations qui pouvoient éclairer des fujets conquis. Il étoit dangereux de faire connoître à l'univers, que les Romains avoient fu profiter de la divifion dẹ leurs ennemis, & qu'ainfi l'union pou

(1) La première partie de la Verona illuftrata du marquis de Maffei, donne la description la plus claire & la plus étendue de l'état de l'Italie fous les Céfars.

(2) Voyez Paufanias, 1. VII. Lorsque ces affemblées ne furent plus dangereufes, les Romains confentirent à en rétablir les noms.

(3) Céfar en fait fouvent mention. L'Abbé Dubos n'a pu réuffir à prouver que les Gaulois ayent continué, fous les Empereurs, à tenir des affemblées, Hist. de T'Érab. de la Mon. Franç. 1. 1. c. 4.

voit arrêter le progrès de leurs armes. Souvent leur ambition prenoit le mafque de la générosité ou de la reconnoiffance. Des Souverains devoient pendant quelque temps leur fceptre à ces fauffes vertus; mais auffi-tôt qu'ils avoient rempli la tâche qui leur avoit été imposée, de façonner au joug les Nations vainçues, ils étoient précipités du trône. Les Etats libres qui avoient embraffé la cause de Rome, admis d'abord au rang d'Alliés furent enfuite réduits en fervitude. Des Miniftres nommés par le Sénat & les Empereurs, exerçoient une autorité abfolue & fans bornes. Mais les maximes falutaires du Gouvernement, qui avoient affuré la paix & la foumiffion de l'Italie, pénétrèrent dans les contrées les plus éloignées. L'établissement des colonies & le titre de Citoyen accordé aux fujets diftingués par leur mérite & leur fidélité, multiplièrent la Nation; bientôt on vit des Romains dans tout l'Empire.

.

«Le Romain s'établit par-tout ou Colonics &

[ocr errors]

pales.

villes munici- il porte les armes», dit très-bien Sénèque(1); & les faits auffi- bien que l'expérience ont confirmé cette obfervation. Les habitans de l'Italie, attirés par l'attrait du plaifir & de l'intérêt, se hâtoient de jouir des fruits de la victoire. Quarante ans après la réduction de l'Afie, quatrevingt mille Romains furent massacrés en un feul jour, par les ordres du cruel Mithridate (2). Ces exilés volontaires confentoient à vivre loin de leur patrie pour fe livrer au commerce, à l'agriculture, & à la perception des revenus publics. Dans la fuite, lorfque fous les Empereurs les légions eurent été rendues permanentes, toutes les provinces futent remplies de foldats; les vétérans, après avoir reçu la récompenfe de leurs fervices, en argent ou en terre, avoient

(1) Sénèque, in confol. ad Helviam, c. 6.

[ocr errors]

(2) Memnon, apud Photium c. 33. Valère-Maxime, 1x, 2. Plutarque & Dion Caffius font monter le maffacre à cent cinquante mille citoyens; mais je pense qu'un moindre nombre eft plus que fuffifant.

coutume de s'établir avec leurs familles dans le pays qui avoit été le théâtre de leurs exploits. Dans tout l'Empire, mais principalement dans la partie, occidentale, on réservoit les terreins les plus fertiles & les pofitions les plus avantageufes pour les colonies, dont les unes étoient d'inftitution civile, & les autres tenoient au gouvernement militaire. Dans leurs mœurs & dans l'administration intérieure, elles préfentoient une image parfaite de la métropole. Elles contribuoient à faire refpecter le nom Romain; les habitans du pays où elles étoient fituées, unis bientôt avec elles par des alliances & par les nœuds de l'amitié, ne manquoient pas d'afpirer aux mêmes honneurs & aux mêmes avantages, & ne négligeoient rien pour les obtenir (1). Les villes municipales

(1) Vingt-cinq colonies furent établies en Espagne (Voyez Pline, Hift. nat. 111, 3, 4; IV, 35) & neuf en Bretagne, parmi lefquelles Londres, Colchester, Lincoln, Chefter, Gloucefter & Bath font encore

parvinrent infenfiblement au rang & a la fplendeur des colonies; fous Adrien l'on ne favoit quelles étoient celles dont le fort devoit être préféré (1). Le droit de Latium étoit d'une espèce particulière : dans les villes qui jouiffoient de cette faveur, les Magistrats feulement prenoient, à l'expiration de leurs offices, la qualité de citoyen Romain; mais comme ils étoient annuels, les principales familles fe trouvoient bientôt revêtues de cette dignité(2). Il fuffifoit de porter les armes dans les légions (3), d'exercer quel

des villes confidérables. Voyez Richard de Cirecenfter, p. 36; & l'histoire de Manchester par Whitaker, 1.1, c. 3.

(1) Aulu-Gelle, Notes attica, XVI, 13. L'Empereur Adrien étoit étonné que les villes d'Utique, de Cadix & d'Italica, qui jouiffoient déjà des priviléges attachés aux villes municipales, follicitaffent le titre de colonies: leur exemple fut cependant bientôt suivi; & l'Empire fe trouva rempli de colonies honoraires. Voyez Spanheim, de usu numismat, differt. XIII.

(2) Spanheim, orb. rom. c. 8, p. 62,

(3) Ariftide, in Roma Encomio, tom. 1, p. 218, édit. Jebb.

« AnteriorContinuar »