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J'ai arrêté une Bande d'ActeursForains, qui paffoit par ce Village avec une chartée de Décorations & de Filles. Je les ai fait mettre dans une Grange, où ils font à boire, & à répéter la Piéce qu'ils doivent jouer tantôt.

OLIVETTE.

Mais qu'appellez-vous un Opéra-Comique? Je ne connois point cela.

LE MARQUIS.

C'eft la plus drôle de chofe du monde. Ma Comteffe en fera cl armée.

AIR (De Paris jusqu'au Mississipi.)

Ce Spectacle la divertira:

A force de rire elle pleurera..

Ce croustilleux genre d'Opéra,

Eft un Pot-pourri, qui toujours plaira,

C'eft du Lyrique,

C'eft du Comique,

C'eft du Tragique:

Les Spectacles font tous dans celui-là

OLIVETTE.

Je fuis curieuse de le voir.

LE MARQUIS.

Tu n'as pas encore parlé de ma paffion,

n'eft-ce pas ?

OLIVTT E.

J'en ai touché un petit mot en paffant, LE MARQUIS.

Hé bien, qu'a-t-elle dit?

OLIVETTE.

AIR 19. (Laiffez faire au tems.
Qu'elle croit ne pouvoir, fans crime,

Choifir un de fes Soupirans.

Mais elle a pour vous de l'eftime.
Que vos feux foient persévérans;

Laiffez faire,

Laire lanlaire,'

Laiffez faire au tems.

LE MARQUIS.

Oh, parbleu! je ne fuis point affez patient pour attendre des Siècles. Jaime à brufquer les avantures.

AIR 30(Zifte, Zefte, malepefte.)

Il faut me voir près d'une Iris.

Zifte, zefte,

Bien épris,

De mes feux demander le prix :

Zifte, zefte,

Malepefte!

Qu'il eft prefte,

Le Marquis!

OLIVETTE,

Vous êtes bien redoutable!.. Mais ma

Maitreffe paroft.

LE MARQUIS.

Ha-ha! Dorante eft avec elle.Ce Vi vant-là feroit-il auffi mon Rival?

OLIVETTE.

Non, non. Soyez tranquille de ce côté là. Il a d'autre vûës.

LE MARQUIS.

Je fuis d'avis de parler moi-même à la Dame. Je veux forcer la résistance julques dans fes rétranchemens.

OLIVETTE

Je vous le confeille. Ne lui faites point de derniers quartier.

[Elle s'en va. 1

SCENE IV.

LE MARQUIS, LA COMTESSE, DORANTE, tous deux dans le lointain.

LA COMTESSE, à Dorante.
AIR, (Mariez; mariez, mariez-moi,

J

E fens du foulagement;

Votre vifite obligeante,

Rend, dans cet heureux moment,
Ma douleur moins violente.
Confolez; confolez, confolez-moi;
J'en ai grand befoin, Dorante.
Confolez, confolez, confolez-moi.

DOR ANTE.

J'accepte ce doux emploi.

LA COMTESSE, bas à Dorante.

Ah! voici le Marquis de la Poulardiére! Nous nous ferions bien passez de La présence importune..

LE MARQUIS, abordant la Comteffe.
AIR, ( Ma belle diguedon)

A vos pieds l'amour m'amene
Belle diguedi, diguedon, dondaine.

Permettez que je vous fafle don,
Ma belle diguedi, ma belle diguedon,
De mon cœur & de tout fon Domaine
Belle diguedi, diguedon, dondaine,

Belle diguedi, diguedon, dondon.
LA COMTESSE

AIR, Joconde]

Votre recherche, beau Marquis,
Infiniment m'honore.

Le Comte eft loin de ce Païs ;
Mais il peut vivre encore.
LE MARQUIS.

Quoi qu'il en foit, c'eft follement
Que votre cœur balance:
Un homme eft mort civilement,

Après dix ans d'absence.

LA COMTESSE.

Mon Mari ne mourra jamais dans ma mémoire, & je l'attendrai toute ma vie. DORANT E

"

Vous ferez bien Madame.

LE MARQUIS, à la Comteffe. Vous ferez fort mal; car vous l'atten drez inutilement, C'est un homme rafflé.

DORANTE

AIR, [Des fraizes.]

Mais je ne fçai pas pourquoi,

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