Ainsi dit Amiante, alors que de sa voix Il entama les cœurs des rochers et des bois, Pleurant et soupirant la perte d'Yacée, L'object de sa pensée. Afin de la trouver il s'encourt au trépas, Et, comme sa vigueur peu à peu diminue, Son ombre pleure. et crie en descendant là-bas : « Esprits, hé! dites-moy, qu'est-elle devenue? » STANCES QUAND UAND sur moy je jette les yeux, Du berceau courant au cercueil, Le jour se dérobe à mon œil, Leur age à l'instant écoulé, Ne laisse après soy nulle marque; Si-tost qu'ils sont morts meurt aussi, N'agueres, verd, sain et puissant, Mais, las! mon sort est bien tourné; Mon age en un rien s'est borné, Foible languit mon esperance : En une nuit, à mon malheur, De la joye et de la douleur J'ay bien appris la difference! La douleur aux traits veneneux, Comme d'un habit épineux Me ceint d'une horrible torture. Mes beaux jours sont changés en nuits; Et mon cœur tout flestri d'ennuis N'attend plus que la sepulture. Enyvré de cent maux divers, La memoire du temps passé, Espand du fiel en mes ulcères : Ha! pitoyable souvenir ! Enfin, que dois-je devenir? Où se reduira ma constance? Estant ja défailly de cœur, Qui me donra de la vigueur, Pour durer en la penitence? Qu'est-ce de moy! foible est ma main, Mon courage, hélas ! est humain, Je ne suis de fer ny de pierre. En mes maux montre-toy plus doux; Je ne suis à tes yeux sinon Où toy, tu peux faire trembler Le soleil fléchit devant toy, De toy les astres prennent loy, Tout fait joug dessous ta parole, Mais quoy! si je suis imparfait, J'ai l'œil scellé d'un sceau de fer; Semblent s'entr'ouvrir pour me prendre : Si tu m'as osté la santé, O seigneur! tu me la peux rendre. Le tronc de branches devestu, Se rendant fertile en sa perte, Où l'homme, en la fosse couché, Le cœur est mort comme l'escorce; Mais, l'homme estant mort une fois, ODE JAMAIS ne pourray-je bannir Tyran implacable des cœurs, De quels maux m'as-tu tourmenté, Mes yeux, aux pleurs accoutumez, Du sommeil n'estoient plus fermez; Mon cœur frémissoit sous la peine; A veu' d'œil mon teint jaunissoit, Et ma bouche, qui gémissoit, De souspirs estoit toujours pleine. Aux caprices abandonné, Comme un vaisseau parmy l'orage. Blasphémant la terre et les cieux, Mesmes je m'estois odieux, |