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Quand la vieille, sans nulle honte, M'eut achevé son petit conte, Un commissaire illec passa; Un sergent la porte poussa; Sans attendre la chambrière, Je sortis par l'huis de derrière, Et m'en allay chez le voisin, Moitié figue moitié raisin, N'ayant ny tristesse ny joye De n'avoir point trouvé la proye.

ABRÉGÉ DE CONFESSION

PUISQUE sept pechez de nos yeux

Ferment la barrière des Cieux,
Reverend Père, je vous jure
De les abhorer en tout poinct,
Pourveu que je ne trouve point
L'impatience et la luxure.

Ces deux sont naturels en moy:
Il n'y a ny rigueur ny loy
Ny beau discours qui m'en retire;
Et quand un simple repentir
M'en voudroit enfin divertir,
Mon humeur les feroit desdire.

J'ay taché de les éviter

Tous deux en disant mon Pater
REGNIER.

15

Et lisant la Sainte Escriture;
Mais au milieu de mes combas
Des flatteurs me disent tout bas
Qu'ils sont enfans de la nature.

Ce n'est point Dieu qui les a mis
Au nombre de nos ennemis;
C'est quelque Pandore seconde,
Qui, pour affiger les humains,
A semé de ses propres mains
Ceste mensonge par le monde.

Car je ne sçay point d'Augustin,
De Carme ny de Celestin,
Tant soit-il ferme et plein de zèle,
Si remply de devotion,

Qui puisse, entrant en action,
Tenir une loy si cruelle.

Faictes donc, ainsi que j'ay dict, Que je puisse avoir ce credit, Pour estre net de conscience, Comme les vieux Saincts l'ont esté, D'oster de ce nombre arresté La luxure et l'impatience.

MA

A

STANCES

Ma foy, je fus bien de la feste
Quand je fis chez vous ce repas;
Je trouvay la poudre à la teste,
Mais le poivre estoit vers le bas.

Vous me montrez un Dieu propice, Portant avecq' l'arc un brandon: Appelez-vous la chaudepisse

Une flesche de Cupidon ?

Mon cas, qui se leve et se hausse,
Bave d'une estrange façon ;
Belle, vous fournistes la sausse
Lors que je fournis le poisson.

Las! si ce membre eut l'arrogance
De fouiller trop les lieux sacrez,
Qu'on luy pardonne son offense,
Car il pleure assez ses péchez.

ÉPIGRAMMES

I

L'AMOUR est une affection

Qui par les yeux dans le cœur entre,

Et

par forme de fluxion

S'escoule par le bas du ventre.

II

HIER
IER la langue me fourcha,
Devisant avecq' Antoinette;
Je dis f...., et ceste finette
Me fit la mine et se fascha.
Je deschus de tout mon credit,
Et vis, à sa couleur vermeille,
Qu'elle aymoit ce que j'avois dit,
Mais en autre part qu'en l'oreille.

III

MAGDELON n'est point difficile
Comme un tas de mignardes sont:
Bourgeois et gens sans domicile
Sans beaucoup marchander luy font;
Un chacun qui veut la recoustre.
Pour raison elle dit un point :
Qu'il faut estre putain tout outre,
Ou bien du tout ne l'estre point.

IV

DANS un chemin un pays traversant

Perrot tenoit sa Jeannette accollée :
Sur ce de loing advisant un passant,
Il fut d'avis de quitter la meslée.
<< Pourquoy fais-tu, dict la garce affollée,
Trefve du cul? - Ha! dit-il, laisse-moy :
Je vois quelqu'un ; c'est le chemin du Roy.

Ma foy, Perrot, peu de cas te desbauche; Il n'est pas fait plustost, comme je croy, Pour un pieton que pour un qui chevauche. »

V

LIZETTE, à qui l'on faisait tort,
Vint à Robin tout esplorée,
Et luy dit: « Donne-moy la mort,
Que j'ay tant de fois desirée. »
Luy, qui ne la refuse en rien,
Tire son... vous m'entendez bien
Puis dedans le ventre la frappe.
Elle, qui veut finir ses jours,

Luy dit : « Mon cœur, pousse toujours,
De crainte que je n'en reschappe. »
Robin, las de la secourir,
Craignant une nouvelle plainte,
Luy dit : « Haste-toy de mourir,
Car mon poignard n'a plus de pointe.»

VI

LORS que j'estois comme inutile

Au plus doux passe-temps d'amour,
J'avois un mary si habile

Qu'il me caressoit nuict et jour.

Ores celuy qui me commande Comme un tronc gist dedans le lict, Et maintenant que je suis grande, Il se repose jour et nuict.

L'un fut trop vaillant en courage, Et l'autre est trop alangoury. Amour, rens-moy mon premier âge, Ou me rens mon premier mary!

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