ODE A REGNIER SUR SES SATYRES QUI I de nous se pourroit vanter Estre esclave de la fortune? L'un aux plus grands se rend suject, Les grands le sont à la contrainte, L'autre aux douleurs, l'autre à la crainte, Et l'autre à l'amoureux object. Le monde est en captivité; Nous sommes tous serfs de nature, Ou, vifs, de notre volupté, Ou, morts, de notre sepulture. Mais en ce temps de fiction, Ta libre et veritable voix Monstre si bien l'erreur des hommes, Le vice du temps où nous sommes Et le mespris qu'on fait des loix, Que ceux qu'il te plaist de toucher Des poignans traicts de ta satyre, S'ils n'avoient honte de pecher, En auroient de te l'ouyr dire. Pleust à Dieu que tes vers si doux, Contraires à ceux de Tyrtée, Fleschissent l'audace indomptée Qui met nos guerriers en courroux, Alors que la jeune chaleur Ardents au duel les fait estre, Exposant leur forte valeur Dont ils devroient servir leur maistre! Flatte leurs cœurs trop valeureux, Si l'un d'eux te vouloit blasmer, Romprois-tu pour eux l'union Sont tousjours les plus miserables. N'escry point pour un foible honneur; Tasche seulement de te plaire. On est moins prisé du vulgaire Par merite que par bon-heur. Mais garde que le jugement D'un insolent te face blesme, Ou tu deviendras, autrement, Le propre tyran de toy-mesme. REGNIER, la louange n'est rien : MOTIN. Difficile est Satyram non scrib. e. DISCOURS AU ROY SATYRE I PUISSANT Or, après tant d'exploits finis heureusement, Laissant aux cœurs des tiens, comme un vif monuAvecque ta valeur ta clemence vivante [ment, Dedans l'eternité de la race suivante, Puisse-tu, comme Auguste, admirable en tes faits, Rouller tes jours heureux en une heureuse paix; Ores que la justice icy bas descendue, [rendue; Aux petits comme aux grands par tes mains est Que sans peur du larron trafique le marchand; Que l'innocent ne tombe aux aguets du meschant, |