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convient celles qui ne fe trouvent point dans le Syftema Naturæ, font indiquées par un astérisque (*). Lorsque les descriptions des Auteurs nous ont paru remplir notre but, nous les avons adoptées dans leur entier ; & alors, nous avons mis immédiatement après la phrase latine, la citation de l'auteur & de l'ouvrage d'où nous l'avons tirée. Lorfqu'au contraire, nous avons jugé à propos de faire quelque inversion ou quelque correction dans la phrase descriptive; ou lorsque nous avons été obligés de réduire des détails trop étendus, nous avons cité, à la fin de l'article feulement, le nom de l'auteur qui nous a fourni la defcription.

On peut voir par tout ce que nous venons de dire, que ce Traité d'Ichthyologie a été composé fur le plan du Systême de la Nature de Linné. En mettant dans la première claffe les cartilagineux, c'est-à-dire, les animaux que Linné avoit décrits sous le nom d'amphibies nageurs, la diftribution méthodique, quant au fond, eft exactement conforme à celle de cet excellent ouvrage, dont il y a eu treize éditions depuis 1735: l'exécution offre feulement quelques différences qui sont à notre avantage. 1°. Nous avons réuni & placé dans l'ordre méthodique les genres nouveaux, & toutes les espèces découvertes par les Naturaliftes modernes, dont le nombre eft prefque double de celles qui font décrites dans le Syftema Natura; 2°. la description de chaque individu eft plus détaillée, plus complète, & mife à la portée de tout le monde, étant compofée en langue nationale; 3o. nous avons ajouté, à la suite de nos descriptions, des gravures exactes, qui, en offrant avec fidélité & précision les caractères de l'objet représenté laissent dans l'esprit une idée des autres cfpèces dont nous ne donnons point de deffins, mais qui appartiennent au même genre,

Les recherches qu'il falloit faire pour la rédaction de ce Traité, la quantité immenfe de livres qu'il falloit confulter, & la rareté des objets qu'il écoit nécessaire de voir & d'examiner, nous eût totalement découragés, si nous n'avions trouvé des fecours puiffans, & les feuls capables de nous procurer quelques fuccès. M. le Noir, Conseiller d'Etat & Bibliothécaire du Roi, a bien voulu concourir à la perfection de notre Ouvrage; il nous a ouvert les tréfors qui lui font confiés. M. Daubenton & M. le Comte de la Cepède, auffi profonds en Hiftoire Naturelle que zélés pour en étendre les progrès, nous ont permis d'examiner & d'étudier, au cabinet du Roi, la plupart des objets que nous avions à décrire; ils nous ont même prêté quelques individus pour les faire deffiner & graver d'après nature. M. de Juffieu, de l'Académie des Sciences, M. Petit, Médecin de Monfeigneur

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le Duc d'Orléans, &c., ont eu la complaifance de nous communiquer des livres rares qu'on ne trouve que difficilement, & qu'il étoit effentiel de confulter. Malgré ces encouragemens & ces fecours ainfi multipliés, on trouvera encore beaucoup d'imperfections, peut-être même des erreurs dans notre travail; mais fi nos Lecteurs confidèrent l'immenfité de l'ouvrage que nous avons entrepris, & la confufion qui règne dans la partie que nous venons de traiter nous ofons cfpérer d'avoir quelque part à leur indulgence,

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INTRODUCTION.

IL n'est perfonne qui ne soit saisi d'étonnement

& d'admiration, en voyant la multitude prefque innombrable des animaux qui couvrent la furface du globe: la diverfité de leur forme & de leur grandeur, la richeffe & l'éclat de leur parure, leurs moeurs, leurs ressources, leur induftrie, tout annonce qu'ils font, après l'homme, l'ouvrage le plus parfait du Créateur, & le plus bel ornement de la nature; mais toutes ces beautés gagnent encore à être examinées dans le détail. L'ame affectée déjà du plaifir & de la fenfation que fait à l'œil ce fpectacle raviffant, eft bien plus émue lorsqu'elle approfondit la fin & les moyens de cette ftructure admirable qu'elle examine l'organisation de chaque animal en particulier, & fes divers rapports avec l'élément qu'il doit habiter. Les quadrupedes, deftinés à vivre fur la fuperficie de la terre, & à chercher leur fubfiftance au milieu d'une foule d'ennemis toujours prêts à les attaquer, font pourvus de jambes pour se transporter d'un lieu dans un autre ; & ils les remuent avec d'autant plus d'agilité, qu'ils ont plus d'ennemis à craindre & à éviter : leur tête eft portée fur un cou qui est toujours en proportion avec la hauteur des jambes, afin qu'ils puiffent commodément prendre leur nourriture & leur boiffon. Expofés fans ceffe aux diverfes influences de l'air, des faifons, & des climats, leur corps eft couvert d'une peau plus ou moins fourrée, qui les met à couvert de l'intempérie de l'air & de la rigueur des frimas. Dans tous les cas, la conftitution des quadrupèdes est analogue au pays qu'ils doivent habiter. Le Chameau qui vit dans les déferts brûlans de l'Arabie, & le Renne qui habite au milieu des neiges du Groenland, préfentent l'un & l'autre une analogie exclufive à leur climat.

Les oifeaux, créés pour vivre dans un élément fpécifiquement plus léger que leur corps, font chargés d'un plumage épais qu'ils contractent ou dilatent avec une précifion merveilleufe, felon qu'ils veulent prendre leur effor, defcendre fur la terre, ou refter comme fufpendus en équilibre dans le vague des airs. Après ces confidérations géné

rales, fi on examine en particulier toutes les familles qui compofent cette claffe nonbreuse, on y découvre une riche harmonie, & une infinité de rapports admirables, qui, en affortiffant ainfi différens oifeaux aux divers climats, répandent par-tout le charme, l'agré ment, & la vie. Chacun a reçu une organifation appropriée à fa manière de vivre. Les oifeaux carnaffiers font pourvus d'un bec épais & crochu, de pates armées de ferres, & d'aîles garnies de plumes plus fortes que celles des autres oifeaux, afin qu'ils puiffent fondre fur leur proie avec plus de rapidité : les oifeaux de rivière ont le corps & les membres parfaitement conformés pour le foutenir fur l'eau ; & la tête terminée par un bec large & arrondi, pour qu'ils puiffent démêler dans le limon, les alimens qui font le plus convenables à leur conftitution: quelques autres oiseaux qui habitent les marais, ont le bec alongé, pour chercher dans les terres molles les vers & les infectes: ceux-ci l'ont moins long & plus pointu, pour piquer les fruits & en extraire un fuc nourricíer: ceux-là l'ont plus gros & plus fort, pour caffer l'enveloppe offeufe qui environne une pulpe fucculente : chaque efpèce enfin a reçu de la nature tout ce qui pouvoit la favorifer dans la recherche des chofes néceffaires à fon entretien & à fa nourriture. Les animaux qui vivent fur la terre & dans l'air, font donc organisés pour l'élément qu'ils habitent.

Les poiffons offrent fous ce rapport des fingularités auffi frappantes: la conformation de leurs organes, leur génération, leurs

mours, & leurs caractères méritent une attention particulière. Deftinés à vivre dans un milieu plus denfe que l'air, & difficile à divifer, leur tronc eft ordinairement elliptique & comprimé par les côtés; leur tête, qui forme la partie antérieure du corps, eft amincie à fon extrémité; & groffiffant enfuite dans une proportion uniforme, elle préfente une furface conique & propre à divifer la tenacité du fluide. Des véhicules aériennes, fufceptibles de compreffion & de dilatation, augmentent ou diminuent la capacité de leur corps, & leur donnent la

facilité de defcendre au fond de l'eau ou de s'élever à fa furface: des nageoires, dont le nombre, la force, & l'étendue font proportionnés à la groffeur du poiffon, l'entretiennent dans un jufte équilibre ; & fa queue, de même que le gouvernail d'un vaiffeau, lui fert à diriger fa marche. La confidération de ces divers organes, fi propre à fatisfaire cette noble curiofité, & à procurer cette douce jouiffance qu'infpire la contemplation de la nature, peut être encore d'un grand fecours pour faciliter l'étude de l'Ichthyologie. DEFINITION DU POISSON. On a pris autrefois ia dénomination de poiffon dans presque autant d'acceptions différentes, qu'il y a eu d'Ichthyologiftes. Il paroît cependant qu'on peut fixer le caractère effentiel de cette claffe, en n'y admettant que les animaux qui ont le cœur compofé d'un ventricule, d'une feule oreillette, dont le fang eft rouge, & dont la respiration s'exécute au moyen des ouïes. Les Cetacès, quoiqu'ils femblent appartenir aux poiffons par leur forme extérieure & par l'élément qu'ils habitent, tiennent néanmoins aux quadrupedes par une analogie de nature bien plus étroite & plus intime; ils ont des poumons, & refpirent par un conduit qui leur ett particulier; ils engendrent leurs petits vivans, & les allaitent comme les Quadrupèdes ; ils ont enfin dans la conformation intérieure de leur corps, les organes, les vifcères, & la plus grande partie des os correfpondans à ceux des Quadrupedes, Les poiffons cartilagineux, au contraire, ceux que Linné a rangés fous le nom d'Amphibia nantes, doivent être regardés comme de véritables poiffons, puifqu'ils réuniffent tous les caractères qui font particuliers à cette claffe. C'eft fur la foi du docteur Garden, que ce célèbre naturalifle avoit cru que ces animaux avoient de véritables poumons, & qu'ils devoient par conféquent conftituer un ordre particulier. On s'eft affuré depuis, par l'inf pection anatomique, que ces vifcères, qui avoient paru propres, par leur structure, à recevoir l'air, ne font autre chofe que des finus veineux d'un volume confidérable, dont l'usage se borne à groffir ou diminuer le volume du corps. Il n'y a donc d'autre différence entre les poiffons proprement dits & les cartilagineux, que celle qui conftitue le caractère de la claffification. DIVERSITÉ DES ESPÈCES. Mais lorfqu'on compare entre eux les genres qui compofent les claffes,

& qu'on examine les divers individus qui entrent dans cette multiplicité de familles, on est étonné de la diverfité & de la difproportion qu'on y découvre. En général, il n'y a point de claffe dans le règne animal, dont les individus aient des formes plus variées que parmi les poiffons: il femble que la nature ait déployé en leur faveur toutes les reffources de fa puiffance, afin d'engager l'homme, par l'attrait de la curiofité, à une étude dont les progrès font lents & les recherches difficiles. FORME DU CORPS ET DE LA TÊTE. Les uns ont le corps rond & alongé, comme les Lamproies & les Anguilles ; les autres l'ont court & aplati, comme les Raies, les Pleuronectes; d'autres enfin ont une figure triangulaire, quadrangulaire, ou polygone, comme les Coffres, les Chevaux-marins.

La forme de la tête n'eft pas moins variée que celle du corps; tantôt, elle eft d'une groffeur démefurée, comme dans les Uranofcopes & les Baudroies; tantôt, elle est d'une forme bizarre & extraordinaire, comme dans les Pleuronédes & quelques espèces de Chien de mer; tantôt enfin, elle diminue uniformément de groffeur, & repréfente une espèce de mufeau; ou bien elle fe prolonge en forme de cône ou de lame aplatie, comme dans l'ESpadon.

BOUCHE. Dans la plupart des poiffons, l'ouverture de la bouche eft placée à l'extrémité du mufeau. Dans la famille des Chiens de mer & des Raies, elle eft en deffous; le Rafcaffe & la Vive l'ont fur le fommet de la tête. Cet organe offre encore dans les poiffons une particularité qu'on ne remarque point dans les autres claffes d'animaux certaines espèces font pourvues de lèvres qu'elles avancent ou retirent à volonté : cet avantage fupplée fans doute à la privation des mains; & l'ufage de ces lèvres rétractibles leur donne la facilité de faifir la proie qu'elles pourfuivent, ou de retenir celle qui cherche à leur échapper. C'eft auffi pour la même fin que plufieurs poiffons font armés de dents aigues & recourbées. La nature, dit Rondelet, a donné des dents aux poiffons, non point pour fe défendre contre leurs ennemis, ni pour triturer les alimens ; mais pour faifir leur proie. Cette destination paroît fi bien marquée, que, fuivant l'obfervation du même auteur, les poiffons qui vivent de l'eau pure, ceux qui habitent le fond des vafes, en font abfolument dépourvus ; ceux au contraire qui font les

plus voraces & les plus deftructeurs, comme la Truite, l'Eperlan, le Brochet, & le Requin, ont un grand nombre de dents aiguës & recourbées, fur les mâchoires, fur la langue, & le palais.

NARINES. On trouve ordinairement au deffous des yeux deux trous ronds ou ovales; ou bien, deux apophyles courtes & fiftuleuses, placées de chaque côté. Quelques Ichthyologistes, entre autres Rondelet & Kircher, ont prétendu que c'étoient les organes de l'ouïe; mais leur opinion ne paroît point vraisemblable, puifque ces ouvertures font placées à l'endroit où l'on trouve les narines fur les autres animaux n'y ayant point en effet d'autres organes pour l'odorat, il eft probable que ceux-ci fervent à cette fin; d'ailleurs il eft clairement démontré que les poiffons cartilagineux reçoivent par ces ouvertures la fenfation de l'odorat, puifque les nerfs olfactifs viennent y aboutir, & que toutes les cavités font remplies de leurs houppes nerveuses; ne doit-on pas conclure par analogie, qu'elles ont la même destination fur tous les poiffons en général?

YEUX. Suivant les principes de l'optique, les rayons de lumière fubiffent diverfes réfractions, felon la denfité des milieux qu'ils ont à parcourir, & le degré de convexité ou de concavité des corps qu'ils pénètrent: de là il s'enfuit que l'élément qu'habitent les poiffons étant beaucoup plus denfe que l'air, les rayons de lumière qui tombent fur fa furface, doivent éprouver une forte réfraction, qui produiroit elle-même un défaut confidérable dans l'organe de la vue de ces animaux, fi cette imperfection n'étoit compensée par une conformation particulière de ces mêmes organes. L'oeil des poiffons doit donc préfenter une ftructure particulière & différente de celle des quadrupèdes. Il fuffit,

pour s'en convaincre, de comparer la structure de l'œil des animaux terreftres, avec celle des poiffons.

L'œil en général est une espèce de globe plus ou moins approchant de l'exacte fphéricité, qui eft logé dans une cavité formée par les os de la tête, & dans laquelle il peut fe mouvoir par l'action des mufcles deftinés à cet ufage. A la partie poftérieure de ce globe, eft un pédicule affez confidérable, qui, pasfant par une ouverture qu'on trouve au fond de l'orbite, va fe perdre & fe confondre dans le cerveau: ce petit pédicule eft le nerf

optique. Ce nerf eft recouvert de deux enveloppes, qui font l'une & l'autre le prolongement des membranes qui contiennent le cerveau; l'extérieure, qui tire fon origine de la dure-mère, forme, par fon expanfion, l'enveloppe extérieure de l'oeil, à laquelle, à caufe de fa dureté, on a donné le nom de fclérotique: cette membrane est opaque dans fa plus grande partie; mais dans la partie antérieure de l'orbite, elle prend une courbure un peu plus convexe, & devient auffi tranfparente que les plus belles lames de corne cette partie porte le nom de cornée transparente, pour la diftinguer du reste de la felérotique, que quelques Naturalistes ont nommée cornée opaque. Sous cette enveloppe, on en trouve une feconde qui eft une expanfion de la première, & qu'on nomme choroïde. Celle-ci s'applique exactement contre l'inté rieur de la felérotique, jufqu'à l'endroit où commence la cornée transparente; là, elle s'en fépare, & traverfe le globe de l'oeil, formant un plan qui fert de bafe à l'espèce de calotte que forme la cornée transparente : ce plan s'appelle uvée, à caufe de la couleur de fa partie interne, qui reffemble à celle d'une peau de raifin noir. Sur la partie antérieure de ce plan, eft placé ce cercle coloré qu'on nomme iris, & qui entoure l'ouverture de la prunelle. Derrière cette membrane & à très-peu de diftance, on en voit une autre qui fe détache auffi de la choroïde, & qu'on nomme couronne ciliaire; celle-ci embraffe & tient fufpendu, vis-à-vis la prunelle, un corps tranfparent, d'une forme presque lenticulaire, qu'on nomme criftallin: enfin la partie médullaire du nerf optique s'épanouit auffi, & forme une troifième membrane trèsfine & comme muqueufe, qui tapiffe, fous la choroide, tout le fond de l'oeil on l'appelle rétine. Ces différentes membranes ainfi réunies partagent le globe de l'œil en trois loges ou cavités; l'antérieure, comprise entre la cornée transparente & l'iris, communique, par l'ouverture de la prunelle, avec la feconde qui eft renfermée entre la même membrane de l'iris, la couronne ciliaire, & le criftallin: ces deux cavités font remplies d'une liqueur auffi claire & auffi fluide que l'eau ; elle eft appelée humeur aqueufe. La troifième cavité, qui n'a aucune communication avec les deux premières, eft remplie d'une espèce de gelée tranfparente, qu'on appelle humeur vitrée. C'est par le moyen de cette merveilleufe

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