Imágenes de páginas
PDF
EPUB

organisation que les rayons de la lumière, reçus par l'ouverture de la prunelle, vont faire, par les réfractions qu'ils éprouvent dans l'oeil, une peinture exacte des objets extérieurs fur la rétine, qui tapiffe le fond de cet organe. Telle eft en général la conformation de l'œil dans tous les animaux; mais cette structure varie dans chaque genre des poiffons en particulier, & même dans les différentes espèces. Il fuffit d'indiquer ici, en peu de mots, les différences principales.

Le nerf optique eft d'abord plus confidérable dans les poiffons que dans les autres animaux.

Les diverses membranes du globe de l'œil font formées par l'expanfion de celles qui enveloppent le nerf optique, & par le prolongement de fa partie médullaire; mais cette production des membranes ne fe fait pas de la même manière dans tous les individus : les uns, comme la Carpe, la Lote, la Jesse, & la Tanche, confervent en cette partie la même ftructure que les quadrupedes; fur quelques autres espèces, telles que la Truite, le Saumon, l'Umble-chevalier, on trouve une conformation femblable à celle des oifeaux.

La choroide eft encore bien différente de celle des Quadrupedes; elle eft composée de deux membranes, dont l'une eft argentée, & commence à l'endroit même où le nerf optique entre dans l'œil: c'eft cette membrane qui forme l'iris.

Le corps vitré eft extrêmement petit & trèsplat dans les poiffons; le criftallin au contraire, eft arrondi, & beaucoup plus grand que dans les autres animaux.

Outre ces différences partielles, on a encore remarqué que les poiffons avoient les yeux plus fermes & plus compactes que les animaux terreftres; c'eft fans doute pour prévenir les effets corrofifs que la faumure exerce continuellement fur ces organes. PAUPIÈRES. La nature, qui ne fait rien en vain, n'a point donné des paupières aux poiffons: en effet elles leur feroient inutiles. Dans les animaux terreftres, l'ufage des paupières confifte à déterger & à humecter les yeux, à empêcher que les corps étrangers n'y pénètrent, & à tempérer l'éclat éblouiffant de la lumière. Or les propriétés de l'élément qu'habitent les poiffons, fuppléent en entier à tous ces avantages. L'eau fert à nettoyer & à humeder les yeux : la réfistance continuelle de ce fluide arrête le mouvement des corps

étrangers, & empêche qu'ils ne frappent avec trop de violence la fclérotique: les rayons du foleil, paffant obliquement d'un milieu rare dans un milieu plus denfe, font réfringés fuivant les lois de l'optique, & tombent fur l'oeil du poiffon avec moins de force que fur celui des animaux: ainfi il paroît, fous tous les rapports, que l'ufage des paupières feroit abfolument inutile. Elles font cependant remplacées, dans quelques espèces, par une membrane qui n'eft autre chofe qu'une extenfion de la peau commune de la tête, & qu'on appelle membrane clignotante: cette membrane eft tantôt entière, comme dans les Pleuronectes, les Gades, les Blennes; tantôt demi-circulaire, comme dans les Coffres, les Scombres, & les Chiens de mer.

Vers la partie poftérieure de la tête, on trouve les organes qui tiennent lieu de poumons, en procurant aux poiffons les avantages de la respiration. Ces parties font ordinairement au nombre de quatre; les opercules des ouïes, la membrane branchioftège, l'ouverture des ouïes, & les branchies. OPERCULES DES OUÏES. Les opercules des ouïes font des corps écailleux ou offeux, couverts d'une peau ou d'une fubftance charnue, tantôt liffe, tantôt raboteufe: ils font ordinairement placés de chaque côté de la tête, derrière les yeux. Le contour des opercules forme fouvent une courbe affez régulière ; quelquefois il eft découpé comme les dents d'une fcie, ou garni d'angles faillans & pointus : les lames poltérieures peuvent fe dilater dans prefque toutes les espèces ; & ces mouvemens alternatifs font produits par des muscles; les uns, deftinés à les écarter du corps ; les autres, à les en approcher. MEMBRANE BRANCHIOSTEGE. Sous les opercules, on voit la membrane branchiof tège. Selon Artedi & Linné, c'est une vraie nageoire compofée de rayons courbes, inégaux, & joints ensemble par une membrane pliffée, repliffée, & fufceptible d'extenfion ou de contraction, comme les autres nageoires du corps.

OUVERTURE DES OUÏES ET BRANCHIES. Quand on lève les opercules & qu'on tient en com preffion la membrane branchioflège aperçoit une ouverture qui communique dans la bouche, Cette cavité eft remplie par les ouïes ou les branchies, qui font au nombre de quatre. Chaque branchie eft compofée d'un ou de deux feuillets offeux, un peu arqués

fur leur plan, parallèles, inégaux, & garnis en dehors, fur la partie convexe, de petits appendices flexibles, difpofés, d'un côté feulement, comme les barbes d'une plume, & prefque toujours de couleur rouge dans un animal bien fain. Ces feuillets fe meuvent fur leurs deux extrémités, qui font articulées, du côté de la gueule, avec plufieurs petits os; & par l'autre extrémité, avec des offelets qui s'articulent eux-inêmes avec la base du crâne, & forment en cet endroit une espèce de charnière. Un grand nombre de muscles fert à mettre en jeu chaque branchie; les uns, pour la relever ou pour l'abaiffer; les autres, pour augmenter où diminuer fa courbure: enfin tous ces arcs offeux ont un mouvement de contraction ou de dilatation, proportionnellement plus confidérable que celui des côtes des animaux terreftres. Chacune des parties qui conftituent les branchies a donc une fonction qui lui eft propre ; & toutes ensemble concourent à exécuter le mécanisme de la respiration.

RESPIRATION. On a une idée de la manière

dont fe fait cette admirable opération, fi l'on compare la respiration des quadrupèdes avec celle des poiffons. Dans tous les animaux qui ont des poumons, on fait qu'il existe une véritable circulation, c'est-à-dire, que le fang eft porté du cœur dans toutes les parties du corps, par les artères ; & que des extrémités du corps, il eft rapporté au cœur par les veines. Mais on a remarqué que le fang que les artères diftribuent, eft fluide, brillant, & écumeux; au lieu que celui que les veines rapportent eft plus épais, & d'une couleur plus foncée d'où il fuit que le fang qui a parcouru toute l'habitude du corps de l'animal, a fubi une altération, & a befoin par conféquent d'être réparé. A l'égard des animaux qui refpirent l'air, le fang reçoit cette réparation par le moyen de l'air qui paffe dans les poumons; & dans ceux qui refpirent l'eau, le fang eft reftauré par le moyen du fluide qui paffe dans les ouïes. Tel est l'effet commun que produit la refpiration fur les animaux terreftres & fur les poiffons; la manière dont elle s'exécute préfente quelques différences.

Dans l'homme, les quadrupèdes, les oifeaux, les amphibies, & les ferpens, le fang eft porté dans le poumon par l'artère pulmonaire, qui fe divife en une multitude innombrable de ramifications d'une fineffe extrême,

Il est donc diftribué dans toutes les parties. du poumon; & étant contenu dans une infinité de petits vaiffeaux, il préfente beaucoup de fuperficie. D'un autre côté, l'air qui eit afpiré paffe par la trachée-artère, entre dans la fubftance du poumon, qui eft compofé d'une infinité de véficules qui fe rempliffent également de cet air infpiré, & fe gonflent. Il est par conféquent démontré par le fait & l'expérience, que le fang qui eft contenu dans les artérioles, ainfi que l'air qui eft dans les véficules, font extrêmement divifés dans la capacité du poumon; & que le fang qui en fort eft vermeil, très-fluide, & bien différent de ce qu'il étoit auparavant. Mais comment s'opère ce changement? Il y a deux opinions à ce fujet parmi les Anatomistes: les uns croyent qu'il s'introduit de l'air dans le fang; & ils prétendent que dans l'air groffier que nous refpirons, il y en a d'affez fubtil pour pénétrer à travers les tuniques des vaifleaux, & le tiffu des membranes qui forment les véhicules du poumon : les autres prétendent que l'air qui entre frais dans la substance cellulaire du poumon, fe raréfie par la chaleur de ce vifcère ; & qu'en fe dilatant, il preffe les artérioles, comprime le fang qui y eft contenu, l'agite, mêle enfemble les différens principes qui le compofent, & lui rend fa fluidité. Quoi qu'il en foit de ces deux fentimens, il eft certain que le fang doit être atténué & divifé en une infinité de petits rameaux, avant d'acquérir ce degré de fluidité, & cette reftauration, fans laquelle le jeu de la circulation feroit bientôt interrompu. Cela pofé, il est sûr que cette préparation effentielle a lieu dans les poiffons comme dans les quadrupèdes. Leurs ouïes font formées de lames, de filets, de franges, & d'une quantité immense d'artérioles, qui font des ramifications de l'artère qui vient du coeur; ainfi le fang fe trouve prodigieufement divifé dans les ouies des poiffons, comme il l'eft dans les poumons des animaux qui refpirent. L'eau, qui tient ici la place de l'air, s'introduit dans les ouïes; elle y eft extrêmement divifée, en parcourant toutes les circonvolutions que forme l'appareil dont les branchies font compofées; bientôt après l'opercule s'élève, la membrane branchioflège fe dilate, & cette eau, qui avoit été afpirée de la même manière que l'air, fort des poumons, par le moyen de l'expiration. L'expérience démontre que le fang a acquis alors la même fluidité,

1

la même préparation que celui des animaux terreftres, en paffant dans les poumons; & qu'il peut circuler avec facilité dans toutes les parties du corps de l'animal. C'est donc avec raison qu'on regarde les ouïes des poisfons comme des efpèces de poumons : leur effet est le même; toute la différence qui s'y trouve confifte dans la conformation de ces organes & la nature du fluide afpiré. TRONC ET ÉCAILLES. Le tronc du poiffon eft cette partie du corps qui commence vers les ouïes & fe termine au bout de la queue; il comprend le dos, les côtés, la poitrine, le ventre, l'anus, la queue, & la ligne latérale. Cette partie eft revêtue, tantôt d'une enveloppe rude & chagrinée, comme dans les Raies & les Chiens de mer; tantôt, d'une peau douce & unie, comme dans les Lamproies & les Murènes ; tantôt enfin elle eft couverte d'écailles plus ou moins grandes, plus ou moins épaiffes; tandis que quelques individus en ont de fi petites, qu'il faut y regarder avec attention pour s'affurer de leur existence. Elles ne font ni de la même forme, ni de la même grandeur: les plus grandes fe trouvent fur le dos, où ordinairement elles fe recouvrent les unes les autres, comme les ardoises fur un toit; de manière que la partie recouverte par celle de deffus, eft prefque double de celle qui est à découvert. Quand on examine avec un microscope cette partie supérieure de l'écaille, on voit qu'elle eft enveloppée de membranes collées à l'un & à l'autre parois; mais fi foiblement, qu'elle n'y paroît point adhérente. Le point où l'attache eft la plus forte, c'est l'endroit où les trois écailles inférieures fe joignent à celle d'en haut: cette adhésion n'empêche pas cependant qu'il n'y ait un peu de jeu entre elles; autrement le poiffon ne pourroit pas s'incliner vers les côtés, ni faire les autres inflexions qui lui font néceffaires pour exécuter ses mouve

[blocks in formation]

leurs agréables, & quelquefois fi brillantes, qu'au fortir de l'eau, elles le difputent à l'éclat de l'or, de l'argent, & des pierrres précieuses. L'Inde nourrit plufieurs poiffons, dont les riches nuances l'emportent fur celles des oifeaux. Le Paon, la Canude, l'Aoilé, le Perroquet, la Clavière enchantent nos regards par la diverfité & l'affortiment de leurs couleurs. Tout le monde connoît ces petits poiffons dorés que les Chinois nourriffent par curiofité dans leurs maisons, & que nous avons comme naturalifés parmi nous; leur parure, où éclatent principalement le rouge de la pourpre, le jaune de l'or, avec des teintes d'un blanc argentin, eft également admirable par la vi vacité de ses couleurs, & par la manière dont elles font nuancées & fondues entre elles. La Ceinture d'argent, le Joël, le Gal préfentent des reflets auffi brillans que ceux de l'argent le plus poli. L'éclat de ces belles couleurs eft cependant auffi paffager que celui des fleurs qui embeliffent nos partères. Si le poiffon eft malade, s'il meurt, le brillant de ces magnifiques écailles s'altère ou s'efface entièrement en paffant par des nuances fucceffives. Les Romains, auffi avides de fpectacles, que peu déli cats fur les moyens de s'en procurer, ont connu autrefois l'effet de ces dégradations diverfifiées, & l'ont fait fervir à un raffinement de plaifir d'un genre fingulier; ils avoient remarqué que le Rouget, qui eft de couleur très-vive lorfqu'on lui a ôté fes écailles, changeoit continuellement de couleur, à mesure qu'il approchoit de la mort. On fervoit donc, dans les feltins, ce poiffon encore vivant, enfermé dans un vafe de verre ; & les convives attentifs ; jouiffoient du fpectacle que leur offroit cette dégradation des couleurs, qui s'éteignoient infenfiblement, tandis que l'animal expiroit; & dont l'effet, adouci par l'interpofition du verre, avoit quelque chofe de plus flatteur encore pour la vue.

Les couleurs font encore fujettes à varier, fuivant la nature & la qualité de l'eau que le poiffon habite. On connoît des étangs où les carpes font brunes, tandis que dans d'autres elles font dorées. J'ai trouvé, fur les montagnes du Rouergue, dans des ruiffeaux fitués fous le même climat, & qui coulent à trèspeu de distance l'un de l'autre, des Salvelines conftamment plus ou moins brunes, parce que leurs eaux font plus ou moins vives. Le froid ou la chaleur peuvent également influer fur la couleur des poiffons; & il paroît en

effet que dans les pays chauds ils ont des couleurs plus vives & plus éclatantes: des Voyageurs affurent que dans le Nord ils font d'une autre couleur l'hiver que l'été ; de plus, les poiffons à écailles font fujets à une mue, comme les oifeaux: il doit par conféquent en réfulter un changement de couleur.

HUMEUR VISQUEUSE. Outre les écailles qui fervent de défense & de tégument à la plupart des poiffons, ils font encore enduits extérieurement, comme les reptiles, d'une espèce de mucofité qui fert à plufieurs ufages; elle les rend plus propres à divifer la tenacité du fluide; elle leur donne plus de facilité pour paffer dans les endroits où leurs corps font gênés, ou pour s'échapper d'entre les mains de ceux qui veulent les prendre. Mais leur effet principal paroît confifler en ce que cette liqueur muqueufe empêche que l'eau ne pénètre fous la peau, & n'y engendre la corruption; peut-être même, en bouchant les pores, contribue-t-elle à conferver la chaleur vitale, & à éloigner les funeftes effets que le grand froid pourroit caufer. On a remarqué en général que les poiffons nus font plus fournis de cette mucofité que les poiffons à écailles.

Dos. Le dos eft cette partie fupérieure du corps qui eft tournée vers la furface de l'eau, quand le poiffon eft dans fa fituation ordinaire; l'intensité de fa couleur est toujours plus foncée: c'eft fans doute parce qu'elle est fans ceffe expofée à l'impreffion de l'air & aux rayons du foleil.

Côrés. On défigne fous le nom de Côtés,

l'efpace compris entre le ventre & le dos, & dont la longueur s'étend depuis les ouïes jusqu'à l'anus. La chair des côtés eft foutenue par des arêtes courbes, qu'on peut comparer aux côtes des quadrupedes.

POITRINE. La poitrine commence à l'extrémité de la gueule, & finit à la naiffance des nageoires pectorales; elle eft féparée du ventre par une membrane blanche, qu'on appelle diaphragme. Dans les poiffons, la poitrine eft courte, parce qu'elle ne renferme point de poumons,

VENTRE. «Le ventre des poiffons, dit M. d'Aubenton, eft la partie la plus étendue de leur corps; il осспре à peu près tout l'efpace qui fe trouve depuis les nageoires pectorales jufqu'à l'anus. A l'extérieur, on ne voit point l'endroit où la poitrine se joint

au ventre; c'eft pourquoi, continue ce même Naturaliste, Artedi n'a pas confidéré ces deux parties féparément l'une de l'autre, lorsqu'il a traité de leurs différentes figures dans les diverfes espèces de poiffons ». Le ventre eft ordinairement en carène ou anguleux; it n'eft aplati ou renflé que dans quelques espèces.

ANUS. Dans les oiseaux & les infectes, l'anus eft toujours à l'extrémité du corps; tandis que dans les poiffons, on le trouve fur toute la longueur de la furface inférieure, tantôt fur une partie, tantôt fur l'autre. Les Gymnotes l'ont près de la gueule ; les Pleuronedes & les Trachines au deffous des ouïes; les Donzelles très-près de la tête. Dans la plupart des poiffons, il eft fitué au milieu du corps; dans les Cyprins & les Spares, il avoifinė la queue. En examinant l'intérieur de l'anus, on trouve qu'il y aboutit trois tuyaux; savoir, l'extrémité du redum, par où fortent les excrémens; l'urètre, qui va aboutir à la veffie urinaire; & dans les femelles, le canal par où fortent les œufs. Dans les mâles, ce troi fième tuyau eft formé par l'extrémité des membranes qui, enveloppant les lobes de la laite, fe réuniffent en un feul canal, par où ils jettent la femence qui doit féconder les ocufs, QUEUE, La queue du poiffon eft une partie folide, formée par les vertèbres des lombes & garnie de mufcles. Artedi & Linné ont défigné par ce mot, non feulement la queue proprement dite, mais encore la nageoire de ce nom. Il eft effentiel de prévenir qu'il y a une différence très-grande entre ces deux parties, & qu'on doit fe garder de les confondre, La queue commence à l'anus & termine le tronc; la nageoire de la queue, au contraire, prend fon origine à l'extrémité du tronc, & termine le corps. Prefque tous les poiffons ont une queue qui finit par une nageoire: il faut cependant excepter quelques efpèces, comme le Serpent, le Sexangulaire, la Ceinture d'argent, qui ont une queue fans nageoire. La Lune eft le feul poiffon connu qui ait une nageoire fans queue.

LIGNE LATÉRALE. La plupart des poiffons à écailles ont fur les côtés une ligne, tantôt blanche, tantôt brune, plus ou moins large, & plus ou moins apparente, qui s'étend depuis le derrière des ouïes jufqu'à la nageoire de la queue, en fuivant une direction qui s'écarte plus ou moins de la ligne droite: quelquefois cette ligne change de couleur

C

& même difparoît peu de temps après que le poiffon eft retiré de l'eau. On a cru pendant long-temps que la ligne latérale extérieure étoit toujours parallèle à celle que forment les interftices des mufcles: c'eft une erreur qu'il feroit aifé de réfuter, puifqu'on obferve le contraire dans la Perche, le Maquereau, l'Appât de vafe, & dans plufieurs autres espèces. NAGEOIRES. Les membres des poiffons font les nageoires, c'est-à-dire, ces parties faillantes fituées fur différentes parties du corps, & dont le poiffon fe fert pour exécuter divers mouvemens dans l'élément qu'il habite. L'ufage que les poiffons font de leurs nageoires a des rapports très-fenfibles avec la manière dont les oifeaux fe fervent de leurs ailes pour fe foutenir dans l'air; ce font, de part & d'autre, des rames qui frappent un Auide dont la réfiftance leur offre un point d'appui, & qui contribuent, par leur jeu, à mettre en mouvement le corps de l'animal.

Il n'y a point fur les poiffons de parties dont le nombre & la conformation foient plus variés les uns en ont fur le dos, fur la poitrine, fur le ventre, derrière l'anus, & au bout de la queue; les autres n'en ont que fur P'une ou l'autre de ces parties. Il paroît en général que leur nombre & leur difpofition varient fuivant les moeurs du poiffon & la différente rapidité des eaux qu'il habite; ceux qui vivent dans les lacs & les étangs, ou dans une eau habituellement tranquille, comme les Perfegues, les Cyprins, & les Goujons, n'ont qu'une feule nageoire fur le dos; ceux qui remontent de la mer dans les rivières, & qui ont fouvent à lutter contre la rapidité des fleuves, comme les Truites, les Saumons, en ont deux; ceux enfin qui vivent en pleine mer, qui entreprennent de longs voyages, & qui font fans cefle expofés à l'impétuofité des courans & à la violence des tempêtes, en ont deux ou plufieurs fur le dos, garnies de rayons épineux qu'ils déployent comme autant de voiles, felon que les circonftances l'exigent. Les poiffons connoiffent tellement leurs forces à cet égard, que ceux dont les nageoires font foutenues par des rayons forts & épineux, ont le courage d'entreprendre les plus longs voyages, & de s'expofer à la violence des tempêtes; ceux au contraire, qui n'ont que des rayons mous & flexibles, n'ofent affronter les mêmes dangers. On trouve des Labres, des Spares, des Sciènes au milieu des plus vastes mers; tandis que les Mugiles, les

Athérines, & les Merluches, qui connoiffent leur foibleffe, n'ofent s'éloigner des rivages.

Les nageoires prennent leur nom des parties auxquelles elles font attachées : ainfi l'on dit les nageoires dorfales, pectorales; les nageoires du ventre, de l'anus, & de la queue. Quoique ces nageoires foient deftinées à tenir le poiffon en équilibre, & à lui donner la facilité de fe retourner en différens fens, chacune, prife féparément, a une fonction qui lui eft propre.

NAGEOIRES DU DOS ET DE LA POITRINE. Le poiffon fe fert de celle du dos, qui est tantôt fimple, tantôt double, & même triple, pour fe maintenir dans la fituation verticale; il emploie celles de la poitrine, qui font toujours au nombre de deux, & dont la position eft fur les parties latérales de la poitrine, pour s'élever à la furface ou defcendre au fond de l'eau on a obfervé qu'elles font d'autant plus grandes & plus rapprochées de la tête, que cette partie eft groffe & pefante. NAGEOIRES DU VENTRE. Tous les poiffons n'ont point de nageoires ventrales, qu'on appelle encore nageoires inférieures; ceux qui en font dépourvus font nommés apodes, ou fans pieds: telle eft l'Anguille, l'Appât de vafe, P'Efpadon. Ces nageoires font toujours doubles & diftinctes dans les efpèces qui en ont, excepté dans les Cycloptères, les Centrifques, & leur pofition la plus ordinaire eft fur la région du ventre; cependant, par une deflination particulière de la nature, on les trouve tantôt fous la gueule, tantôt fur la furface inférieure de la poitrine, ou enfin fur le ventre. La différente fituation de ces nageoires a fervi de base à l'excellente méthode de Linné, que nous avons adoptée. Les poiffons qui ont les nageoires inférieures avant ou au deffous de l'ouverture des ouïes & des nageoires pectorales, comme les Trachines, les Callionimes, & les Gades, fe nomment jugulaires; ceux qui ont mêmes nageoires fituées après ou peu après cette même ouverture & les nageoires pectorales, comme les Cépoles, les Coryphènes, les Gobies, font appelés thorachiques ou pedoraux; ceux enfin dont les nageoires font fous le ventre & plus près de l'anus que des nageoires pectorales, comme les Saumons, les Silures, les Cyprins, portent le nom d'abdominaux. Quelle que foit leur fituation, les nageoires du ventre s'ouvrent horizontalement dans l'eau, & forment prefque un angle droit avec le corps: cette expansion, en préfentant

« AnteriorContinuar »