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les confulter, parce qu'ils font écrits en langue étrangère; les autres ne peuvent point les acquérir, parce qu'ils font confignés dans des Livres trop chers. I étoit donc effentiel pour les progrès de la fcience, & pour l'utilité de ceux qui fe livrent à l'étude de l'Hiftoire Naturelle, de réunir en un corps d'ouvrage ces: connoiffances difperfées dans une infinité de Livres ; & de difposer, suivant la diftribution d'une méthode fimple & facile, les espèces déjà connues, afin de parvenir à reconnoître plus sûrement celles qu'on ignore. Ces deux moyens, fi propres à faciliter l'étude de l'Ichthyologie, fembloient en exiger un troisième qui n'eft pas moins efficace, celui de joindre des gravures aux descriptions. Notre esprit. eft trop borné pour faifir tout à la fois l'ensemble des caractères, & fe former une idée jufte & précife de l'objet qui eft décrit: Segniùs irritant animos demiffa per aurem, quam quæ funt oculis fubjecta fidelibus. En conféquence, il étoit encore très-important de donner, à la fuite des defcriptions, de bonnes gravures, principaux caractères de l'animal fuffent exprimés avec vérité & précision.

gravures, où les

Ce font là les avantages que nous avons tâché de réunir dans l'Ouvrage dont il eft ici question. Nous avons d'abord expofé, dans une Introduction préliminaire, le tableau de l'organisation extérieure du poiffon, fa génération, fon accroiffement,. & quelques particularités qui concernent fes mœurs & fon induftrie..

Pour la diftribution des genres & des efpèces, nous avons adopté la méthode de Linné, en mettant néanmoins, d'après M. Daubenton, dans la première classe de ce fyftême, les poiffons que le Naturalifte fuédois a rangés fous le nom d'amphibies nageurs (amphibia nantes).

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Comme chaque fcience a une langue qui lui eft propre, nous avons développé, dans l'expofition anatomique du poiffon, le fens & la fignification des termes qu'on emploie ordinairement dans les defcriptions d'Ichthyologie de plus, l'Hiftoire Naturelle n'étant pas bornée feulement aux connoiffances de l'extérieur, mais au contraire, fon objet principal étant de se porter fur l'intérieur, afin de reconnoître, par l'inspection du dedans, le mécanifme des mouvemens qui paroiffent au dehors, & les caufes des appétits & des inclinations qui font propres à chaque efpèce d'animaux, nous avons cru qu'il étoit néceffaire, pour compléter nos defcriptions, de donner un précis des parties intérieures du poiffon..

En traçant le caractère des genres, Linné n'a point fuivi de plan uniforme; il s'eft borné à donner un caractère, pris tantôt de la conformation du corps & de la tantôt de la difpofition des nageoires ou du nombre des rayons de la membrane

tête,

branchioftège. En décrivant les espèces, il s'eft attaché uniquement à donner la feule différence spécifique, fans défigner ni la couleur, ni là longueur, ni les autres caractères qui, en abrégeant les recherches, conduifent sûrement à la connoiffance du poiffon. En profitant des obfervations & des découvertes de ce grand Homme, nous avons fuppléé, autant qu'il nous a été poffible, à toutes les omissions qui ont échappé à ses recherches.

Il fuffit de favoir que les defcriptions doivent être comparées, pour être convaincu qu'il eft absolument néceffaire de les faire toutes fur le même plan. Si on ne décrivoit qu'une ou plufieurs parties de chaque animal, fans comprendre la totalité du sujet, le tableau feroit incomplet, défectueux, & ne pourroit donner une idée juste de la chofe repréfentée. D'après ce principe, nous avons fuivi la plus exacte uniformité dans l'exécution de cet Ouvrage. En décrivant les genres, nous avons expofé fuccinctement, en latin & en françois, la forme du corps & de la tête, la longueur refpective des mâchoires, la difpofition des dents, la structure des opercules, les rayons de la membrane branchioftège, la configuration de l'ouverture des ouïes, le nombre & la pofition des nageoires. Dans la defcription des espèces, après avoir donné en latin la phrase spécifique & la traduction françoise, nous avons fait connoître, en peu de mots, la structure du corps & de la tête, le nombre, la fituation, & la figure des dents, la position relative des nageoires, leurs dimensions & le nombre de leurs rayons, la couleur, la longueur du poiffon, & le lieu qu'il habite. Tous ces caractères, qui, pris féparément, font fort équivoques & peuvent conduire à des erreurs, donnent prefque toujours une connoiffance fixe & certaine, lorfqu'ils fe trouvent raffemblés dans le même fujet : mais ils font bien difficiles à réunir; & chacun a de plus des difficultés que nous n'avons que trop senties, par le désir que nous avions de les furmonter. L'une des principales eft de donner, par le difcours, une idée des couleurs; car malheureusement les différences les plus apparentes entre les poiffons portent fur les couleurs encore plus que fur les formes. Dans les quadrupèdes, dans les oifeaux qui vivent en liberté, elles font à la vérité très-variées & difficiles à exprimer; néanmoins elles font conftantes, & se confervent après la mort de l'animal: au lieu que dans les poiffons, non feulement leur couleur change & s'altère fuivant l'âge, la faifon, & le climat; mais encore elle s'efface entièrement après que le poiffon eft retiré de l'eau. Comment donc faire pour déterminer avec exactitude, dans cette claffe d'animaux, tes couleurs qui conviennent à chaque espèce, & les dégradations qu'elles fubiffent par divers accidens? Ce détail exigeroit une multitude d'observations qu'on n'a point encore faites, & une immenfité de paroles, &- de paroles très-ennuyeufes pour la description de chaque individu; il n'y a pas même de termes en aucune

langue pour en exprimer les nuances, les teintes, les reflets, & les mélanges cependant les couleurs font ici des caractères essentiels, & fouvent les feuls par lefquels on puiffe reconnoître un poisson, & le diftinguer de tous les autres. Pour mettre dans un article auffi important toute la précision qu'il exige, nous avons examiné avec attention, foit au cabinet du Roi, foit dans les cabinets des Naturaliftes, un très-grand nombre de poiffons qu'on a bien voulu nous communiquer. A l'égard des espèces exotiques qu'il n'est pas possible de fe procurer, nous avons confulté ce que différens Auteurs ont écrit fur le même sujet; nous avons comparé leurs détails, nous les avons combinés pour former un corps entier de ces parties ainsi séparées.

Sur le petit nombre de Naturalistes qui fe font occupés de l'Ichthyologie, il en eft quelques-uns qui, en décrivant des efpèces nouvelles, des individus rares qui habitent des climats éloignés, n'ont donné simplement que le caractère principal, & ont négligé les acceffoires: alors, ne pouvant nous procurer d'autres renseignemens que ceux qui font contenus dans ces Ouvrages, nous n'avons pu fuppléer à ce qui manque dans ces defcriptions trop concifes. Si l'on continue d'étudier & de cultiver l'Ichthyologie, les obfervations fe multiplieront; on augmentera, on rectifiera la somme actuelle de nos connoissances; & cette belle partie de la Zoologie, la plus incomplète jufqu'ici & la moins connue, s'élevera infensiblement au niveau de celles qui font les plus avancées.

Quelques Auteurs, en voyant la différence qui fe trouve dans le nombre des rayons dont les nageoires font garnies, ont cru qu'il étoit abfolument inutile d'employer un caractère aussi équivoque ; mais cette différence n'existe souvent qu'en apparence. Quelquefois le premier rayon eft fi court, qu'il fe cache foùs la peau, fur-tout lorfque le poiffon eft bien gras : il arrive encore que la plupart des Auteurs qui ont décrit ces poissons, n'ont point fait entrer dans leur calcul les petits rayons qui accompagnent ou qui précèdent ordinairement les nageoires. Dans ce cas l'erreur ne doit être imputée qu'au Naturalifte qui a décrit, ou à celui qui observe. Il faut cependant avouer qu'il y a quelquefois une différence réelle dans la fomme de ces rayons, & qu'il eft rare d'en trouver exactement le même nombre fur toutes les nageoires; mais cette variation ne s'étend jamais au deffus ni au deffous de trois ou quatre, fur les nageoires mêmes où ces différences font les plus fréquentes. On peut donc fe fervir efficacement de ce moyen pour reconnoître les espèces; & lorfqu'il s'agira de caractériser un poisson fur le nombre de fes rayons, c'est sur-tout à ceux des nageoires du ventre & de la membrane branchioftège qu'il faut avoir recours : leur nombre eft prefque toujours invariable. Nous n'avons eu garde de

négliger un caractère auffi effentiel dans le cours de notre Ouvrage. En corrigeant les fauffes indications de Linné à cet égard; en fuppléant, foit par notre propre obfervation, foit par celle des autres Ichthyologiftes, à celles qu'il avoit omises, nous avons affigné le nombre des rayons qu'on trouve à chaque nageoire; & pour éviter des répétitions, qui, à la fin, feroient devenues faftidieuses, nous avons employé des abréviations, dont il eft néceffaire de donner ici l'explication. Dans cette indication prise au hasard,

P. 10, V., A., Q.. Vert. 30, cot. 16,

B. 4, D. 12,
D. 12, P. 10,

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on doit diftinguer autant de descriptions particulières qu'il y a de lettres majufcules. La membrane branchioftège est défignée par la lettre initiale B; la nageoire du dos par le D; celles de la poitrine par le P; celles du ventre par le V; la nageoire de l'anus par A; & celle de la queue par Q. Le chiffre qui accompagne ces lettres, défigne le nombre de leurs rayons. Il faut donc conclure, dans l'exemple cité, qu'il y a quatre rayons à la membrane branchioftège; douze à la nageoire du dos; & dix à celles de la poitrine. Il arrive fouvent que les nageoires font garnies de rayons flexibles & de rayons épineux. Dans ce cas, nous employons un nombre fractionnaire; le chiffre inférieur annonce la fomme totale des rayons ; & le terme supérieur défigne feulement le nombre des rayons épineux : ainfi, V. exprime qu'il y a fix rayons aux nageoires du ventre, dont trois épineux. Lorfque la fomme des rayons eft fujette à varier, alors on joint par un trait les chiffres qui font les limites de cette variation. A., dans l'exemple ci-dessus, fignifie qu'il y a neuf ou dix rayons à la nageoire de l'anus, dont trois ou quatre épineux. Si deux chiffres égaux font féparés par un trait, comme dans cette abréviation Q. #, il faut conclure qu'il y a quatre rayons épineux de chaque côté de la nageoire de la queue.

4-4

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Le nombre des vertèbres & des côtes étant des caractères conftans, & d'une très-grande utilité pour reconnoître les espèces, nous avons mis à la fuite de l'indication des rayons, celle de ces parties, après que leur exactitude a été bien conftatée par notre observation ou par celle des Naturaliftes. On trouvera ces os défignés par les trois lettres initiales de leur nom; les chiffres fuivans en déterminent le nombre.

La nomenclature a été de tout temps un des obftacles les plus funeftes aux progrès de l'Hiftoire Naturelle. En accumulant fans néceffité des dénominations noelles, on augmente les difficultés, & bientôt la fcience fe trouve enveloppée d'un déluge de mots qu'il eft impoffible de débrouiller. Pour éviter cet inconvénient,

nous avons fuivi la nomenclature latine de Linné & les noms françois que M. Daubenton a adoptés dans fon Hiftoire des Poiffons. Pour les espèces qui ne se trouvent pas dans le Systême de la Nature, & que nous avons tirées de différens Ouvrages, nous avons confervé les noms que les Auteurs, qui les ont publiées, leur ont donnés ; ou bien nous leur avons donné la dénomination qu'elles portent dans leur pays natal.

A l'égard des planches, nous n'avons rien négligé pour que chaque portrait donnât l'idée nette & diftincte de fon original. Nous avons fait graver quelques individus d'après nature, nous avons employé quelques deffins qu'on nous a communiqués, & nous avons choisi les autres dans les meilleurs Ouvrages d'Ichthyologie qui ont paru jufqu'ici. Pour donner fur chaque genre contenu dans le Syftême de la Nature de Linné, au moins une figure, nous avons été obligés de recourir à celles de Brown, de Sloane, & de Catesby, parmi lesquelles il s'en trouve quelques-unes d'imparfaites ou de défectueuses: mais nous avons mieux aimé laisser subsister ces défauts dans les copies que nous avons tirées de ces Auteurs, plutôt que d'y faire des corrections hafardées. Dans ce cas, on trouvera dans le texte des remarques fur les imperfections que nous avons trouvées dans ces gravures,

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Le but de notre Ouvrage étant uniquement de traiter la defcription des animaux, qui eft la partie fondamentale de l'Hiftoire Naturelle, puisque les autres en dépendent pour la certitude & l'intelligence des faits; & nous bornang à faire connoître les différences qui caractérisent chaque individu, & la place qu'il doit occuper dans le fyftême des êtres créés, nous n'avons pas cru à propos d'entrer dans les détails qui concernent les mœurs de chaque poiffon, & l'avantage qu'on peut en retirer dans le commerce ou pour les arts. Le Didionnaire méthodique & encyclopédique des Poiffons, publié par M. Daubenton, dont ce traité fera le complément, fournira des notions curieufes & intéreffantes fur cette partie; on y trouvera auffi une fynonymie complète fur chaque espèce : une table de nomenclature eût rendu notre Ouvrage trop volumineux. Lorfque nous avons décrit les poissons dont il a été fait mention par Linné, nous avons eu foin de citer la page qu'ils occupent dans la douzième édition du Systême de la Nature: on y verra fous chaque description une fynonymie affez étendue,

Toutes les espèces nouvelles, éparfes dans les Ouvrages des Savans, dans la Relation des Voyageurs, & dans les Mémoires des Académies, ont été décrites fuivant le plan de celles qui étoient déjà connues 2 & placées dans l'ordre qui leur

convient

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