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yeux les richesses & les agrémens de la plus riche architecture. Les piéces en étoient difpofées fuivant le goût & l'ufage des Princes Orien taux. Les dedans étoient revêtus des plus riches étoffes de Perfe & des Indes; le pavé couvert de velours, de brocard, & de nattes fines, auffi eftimées par la fineffe du travail que les plus riches étoffes. Au fond d'un fuperbe vestibule foutenu par des colonnes garnies de lames d'or & d'argent, s'élevoit un Trône où l'or mêlé avec les diamans & toutes fortes de pierreries éblouiffoient les yeux des Spectateurs. Les pavillons destinés aux Princes & aux Emirs, étoient d'une grandeur & d'une richeffe proportionnées au rang, & difpofés par intervalle autour du Palais Impérial, La cérémonie commença par

le

fon d'une infinité d'inftrumens. Tous
les Grands de la Cour s'étoient ren-
dus dès le lever du Soleil fous le vef-
tibule où ils attendoient en filence
& dans une posture refpectueufe la
venue de l'Empereur. Lorsqu'il fût
affis fur fon trône, chacun lui ren-
dit fes hommages en battant trois
fois la terre du front. Les Princes
fes fils commencerent; les Princef-
fes moins refferrées chez les Mo
gols que
dans les autres Etats Orien
taux, fuivirent, Chacun enfin fuivant
la coutume répandit de la poudre
d'or & de diamans fur la tête de
l'Empereur.

On vit enfuite paffer toutes les dépouilles enlevées aux ennemis pendant la derniere guerre. Outre une quantité innombrable de bef tiaux, il y avoit un grand nombre de captives Circaffiennes & Géor

giennes, qui paffent pour les plus bel lesperfonnes du monde. Suivoit une longue file de Soldats qui portoient deux à deux fur des brancarts des fommes prodigieufes d'or & d'ar gent monnoyé, & d'autres des vafes cizelés' qui avoient appartenu aux Empereurs Grecs, & qu'on avoit trouvés dans les tréfors des voleurs Zaporouski', qui les avoient enlevés dans les courfes continuelles qu'ils faifoient jufqu'à Conftantinople. On vit enfuite défiler quantité de chariots. Sur les uns étoient les plus bel lés tentes & les plus riches pavillons enlevés aux Ruffes:les autres étoient remplis de toutes fortes de fouru res, & des plus riches pelleteries qui font le plus grand objet du con merce de la Ruffie. Outre les peaux de Vachac fi eftimées, on y voyoit de ces belles hermines dont la blan

cheur éclatante & relevée par des taches plus noires que le Geay; des Martres Zibelines & des peaux de Renards noirs d'une fineffe & d'un luftre exquis.uab.

Après que les yeux fe furent longtems repus d'un spectacle si pompeux, on avertit que le feftin étoit prêt.La falle deftinée à ce repas étoit des plus vaftes & ornée de ce que l'Afie avoit de plus pompeux & de plus brillant. L'eftrade de l'Empereur placée au fond, étoit couverte de drap d'or, fur lequel il y avoit quantité de carreaux de velours: de riches fofas placés de part & d'autre, occupoient les deux longs cô❤ tés de la falle. Ils devoient fervir en même tems de table & de fiége; la coutume des Orientaux étant de manger affis fort bas & les jambes croifées. Le repas fut fervi dans des

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plats d'or & dans les plus fines celaines de la Chine. Les vins de Schiras & de Colchide, gardés dans les bouteilles de cristal à long col, furent verfés par les Esclaves Géorgiennes & Circaffiennes. Les inftrumens placés au bas de la falle, jouoient par intervalle, & accommodoient leurs airs aux difpofitions où paroiffoient les Conviés. Huit jours entiers fe pafferent ainsi dans toutes fortes de divertiffemens l'Empereur donnant à sa Cour toute forte de liberté, & ne voulant pas que qui que ce foit fût gêné ou chagriné. Il partagea à la fin toutes les dépouilles entre les Princes, les Dames & les Seigneurs de fa Cour. Tous les Officiers eurent des préfens conformes à leur rang & à leurs fervices. Ainfi se termina cette fête fuperbe. Mais elle fut fuivie d'une