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CHAPITRE IV.

Dieu gouverne et voit toutes choses.

I. Le monde est gouverné par la providence des Dieux ;,et ce sont eux qui conduisent les événemens humains, non-seulement en général, mais encore en particulier.

que

Tous les hommes doivent être convaincus les Dieux sont les maîtres et les arbitres de toutes choses, et que tout ce qui se passe ici-bas ne se fait que par leur ordre et leur décision; qu'ils pénètrent dans l'ame de chacun d'eux, et qu'ils font distinction des bons d'avec les méchans. Si nos esprits étoient parfaitement imbus de ces sentimens, la crainte de la vengeance divine en détourneroit beaucoup du crime.

II. Qu'un homme ne s'imagine pas gagner quelque chose, s'il n'a aucun témoin de son crime: car celui en présence de qui nous vivons, sait tout. Rien n'échappe à Dieu; nous lui som mes totalement découverts: c'est à lui à qui il faudra nous justifier.

Il faut nous comporter, comme si nous vivions sous les yeux de tout le monde. Il faut penser comme si quelqu'un pouvoit approfondir l'intérieur de notre ame: et en effet quelqu'un le peut; car que nous sert-il de tenir quelque chose caché aux hommes ? Rien n'est caché à Dieu: il est présent à nos esprits, et il assiste au milieu de nos pensées, ou, pour mieux dire, il ne s'en écarte jamais.

Celui qui sera persuadé que Dieu voit tout, ne péchera ni secrètement, ni à découvert.

III. Comme l'on demandoit à Thalès si les actions des hommes pouvoient rester inconnues aux Dieux: Leurs pensées mêmes, répondit-il, ne peuvent pas être. Ce Sage nous a avertis cette réponse, de conserver non-seulement nos par mains, mais aussi nos ames pures, puisqu'il nous

Sexti Sen- dixit simili sententiâ: Agens injustè nequaquàm latebis Deum, et ne cogitans quidem.

sent.

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Cicero 2,
n.

CAPUT V.

Deus colitur et placatur pietate.

1. Prima officia debentur Diis immortalibus, Offic. a. ult. secunda patriæ, tertia parentibus, deinceps gradatim reliquis.

Stobaus. Tria sunt colenda maximè juvenibus, Dii, parentes, leges.

Serm. I.

76.

Senec. Ep.

Cicero I,
Nat. B. 4.

Vir bonus est summæ pietatis erga Deos: itaque sustinet animo æquo quidquid acciderit ei. Scit enim id accidisse lege divinâ, quâ universa reguntur,

Pietate adversùs Deos sublatâ, fides etiam, 2. de leg. et societas humani generis, et excellentissima virtus, justitia tollitur.

n. 71.

Hierocl. in

Debemus colere Deos. Cultus autem Deorum Pyth. carm. ptimus est, ut veneremur semper eos mente Sen. apud Lact. 1. purâ, integrâ, incorrupta. Deus habet locum nullum in terrâ gratiorem animâ purâ. Non tem, pla sunt struenda illi è saxis congestis in altitudinem: est consecrandus cuique in suo pectore.

Cicero 2
Ofic. n. 11.

Plin. in ponegyr.

Pietas et sanctitas efficiet Deos placatos.

2. Animadverto Deos non tàm lætari precibus adorantium concinnatis arte et curâ, quàm illorum inocentiâ et sanctitate ; et eum eşse gra

apprend que la Divinité est présente à nos pensées les plus secrètes. Sextus, Pythagoricien, a dit par une même sentence: Ne comptez pas tromper Dieu par vos actions injustes, encore moins par vos pensées.

CHAPITRE V.

On adore et on appaise Dieu par un esprit de piété.

I. Les premiers devoirs de la vie sont dus aux Dieux inimortels, les seconds à la patrie, les troisièmes aux parens, et ensuite au prochain par degrés.

Les jeunes gens sur-tout doivent observer trois chefs, les Dieux, les parens, et les lois.

Un homme de bien a un respect souverain pour les Dieux; c'est pourquoi il supporte d'une ame égale tous les accidens qui peuvent lui survenir, parce qu'il sait que cela n'arrive que par la loi divine, qui dispose tous les événemens de l'univers.

Si vous enlevez le respect et la piété envers les Dieux, vous enleverez la fidélité et la société entre les hommes, et vous supprimerez la justice, qui est la plus excellente de toutes les vertus.

Nous devons tous rendre hommage aux Dieux; mais le meilleur culte que nous puissions leur rendre, est de les honorer avec un cœur pur, intègre et sans tache. Dieu n'a point sur la terre de demeure plus gracieuse qu'une ame chaste. II n'est pas nécessaire de lui dresser des autels de pierres entassées les unes sur les autres en hauteur il suffit de lui en consacrer un dans notre

cœur.

La piété et la sainteté nous rendra les Dieux propices.

II. Je remarque que les Dieux sont plus sensibles à l'innocence et à la sainteté de leurs adorateurs, qu'à des prières composées avec art et avec

Senec. Ep. 116. 1.benef. 6.

tiorem Diis, qui intulerit delubris eorum mentem puram et castam, quàm illum, qui cum carmine ineditato accesserit.

Deus colitur non corporibus opimis taurorum contrucidatis, non auro, non argento, non stipe infusâ in thesauros; sed voluntate piå et recta. Itaque boni sunt religiosi etiam oblato farre ac farinâ; mali contrà non effugiunt impietatem quamvis cruentaverint aras multo sanguine.

Hesiod. Op. v. 536.

25.

Cicero 2,

Facito sacra Diis casté et puré pro facultate; atque placa eos et quandò ieris cubitum et quandò tempus matutinum venerit, ut sint animo benevolo in te.

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Deus est colendus magis piè, quàm magnificè.

1. Homines adeant castè ad Deos, adhibeant de leg. n. 19, pietatem, amoveant opes. Significat hæc lex probitatem esse gratam Diis, et sumptum esse removendum ab eorum cultu. Cùm enim paupertas debeat esse probro nemini inter homines, non est arcenda ab aditu Deorum. Præsertim cùm nihil sit futurum minùs gratum ipsi Deo, quàm viam ad colendum se et placandum non patere omnibus.

3, memor.

Xenophon Cum Socrates faceret sacra tenuia de facultatibus exiguis, putabat se non præstare minùs, quàm eos qui de magnis opibus cæderent hos tias multas. Etenim aiebat non decere Deos, ut gauderent potiùs sacrificiis magnis, quàm exi

soin ; et que celui qui apporte à leurs autels une ame pure et chaste, est plus agréable à leurs yeux, que celui qui s'en approche avec des chants médités et étudiés.

Le culte des Dieux ne consite pas à leur immoler des corps gras de taureaux; il ne consiste pas dans l'or, ni dans l'argent, ni dans les aumônes dont on remplit leurs trésors, mais dans une intention droite et religieuse. C'est pourquoi les bons sont respectueux envers les Dieux, en ne leur offrant même que du gâteau et de la farine; les méchans au contraire n'en sont pas moins impies, quoiqu'ils ensanglantent les autels du sang de victimes innombrables.

Faites des sacrifices purs et chastes aux Dieux, suivant vos facultés; appaisez-les, et rendez-les favorables quand vous irez vous coucher, et quand le temps de vous lever sera venu.

CHAPITRE V I.

Le culte de Dieu exige plus de piété que de magnificence.

1. Que les hommes emploient l'innocence et la piété pour approcher des Dieux, et qu'ils en éloignent les richesses. Cette loi que Cicéron impose, apprend que la probité est agréable aux Dieux, et qu'il faut écarter la dépense du culte qu'on leur rend. En effet, puisque la pauvreté ne doit pas être parmi les hommes un sujet de honte, il ne faut pas non plus la bannir de l'approche des Dieux: sur-tout rien ne devant moins plaire à Dieu, que de choisir, pour l'appaiser et l'honorer, une voie qui ne seroit pas ouverte à tous les hommes.

Socrate en offrant de modiques sacrifices proportionnés à la modicité de ses pouvoirs, comptoit faire autant que ceux qui, abondans en richesses, immoloient une grande quantité de victimes. Car, disoit-il, il ne conviendroit pas aux

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