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Cass. Inc. l. 1., c. 2. 15. c. 1, p. 952.

10. 7.

Ibid. 1. v. c. 3. | 6. c. 14, p. 966. 1054.

a

autre principe. Il étoit distingué par l'innocence de sa vie et la pureté de ses mœurs. Mais suivant la doctrine de Pélage, il attribuoit sa vertu à son libre arbitre et à ses propres forces. Il poussa plus loin ce mauvais principe, 'et joignan à l'hérésie de Pélage l'ancienne impiété des Ebionites, il soutint que J. C. n'étoit qu'un pur homme; mais qu'il avoit fait un si bon usage de son libre arbitre, 'qu'il avoit vêcu sans péché, et mérité par ses bonnes œuvres d'être Fils de Dieu. Plusieurs scavans hommes des Gaules l'exhorterent à se Inc. l. 1.c.4, p. 969. rétracter. Ce fut inutilement, et il persista encore dans son erreur; ce qui obligea Procule de Marseille, et Cylinne autre Evêque Gaulois, de condamner sa doctrine, et de le faire chasser des Gaules. Il eut cependant dans la suite le bonheur de reconnoître la vérité, et de l'embrasser, comme nous dirons plus amplement ailleurs, où nous ferons voir que cela se passa avant l'an 419, quoique d'autres le mettent plus tard.

Genn. ibid. | Cass.

| Lep.,p.347| Fac. 1. 1. c. 4, p. 32.

14.

XIII. A ce zéle de nos Evêques contre le Pélagianisme, Concil. G., t. 1, p. se joignit celui des Empereurs. Le 9 de Juillet 425, Théodose le jeune et Valentinien III adresserent à ce sujet un rescrit à Armace, ou Amace, Préfet des Gaules. Entr'autres reglemens ils veulent que Patrocle alors Evêque d'Arles assemble un Concile contre les Evêques qui pourroient être tombés dans l'hérésie de Pélage et de Célestius. Le rescrit porte que l'on donneroit vingt jours pour se rendre au Concile, et que si les Evêques qui se trouveroient infectés de l'héresie, n'y renonçoient avant ce terme, ils se roient chassés des Gaules et d'autres mis à leur place. Il ne paroît nulle part que l'on ait assemblé ce Concile. Aussi selon toute apparence ne fut-il pas nécessaire, puisque l'on ne trouve point qu'aucun Prélat Gaulois eût donné dans le pur Pélagianisme.

p. 743.

XIV. Au contraire les Evêques des Gaules étoient en une si grande réputation d'érudition et de saine doctrine, Sur. 31.Jul., p. 416, que vers l'an 428'les Fidéles de la Grande Bretagne vinrent implorer leur secours contre les ravages que causoit cette même hérésie dans leur païs. Ce point d'Histoire est important pour la gloire de nôtre nation, et nous en donnerons ailleurs le détail. En attendant il suffit de remarquer ici, 'qu'à l'arrivée des députés Bretons dans les Gaules, on assembla un nombreux Concile. De l'avis de tous les Evêques qui

Sur. ibid.

le

le composoient, on pria S. Germain d'Auxerre et S. Loup
de Troïes de se charger de cette entreprise, qui réussit
à la gloire de la Religion et à l'honneur de l'Eglise Gallica-
ne. Les Hérétiques furent ou convertis ou confondus; mais p. 417. 418.
l'hérésie ne fut pas entierement exterminée. 'Elle prit de p. 421. 422.
nouvelles forces, et fit de nouveaux progrès. On appella une
seconde fois S. Germain au secours de l'Eglise. Ce Prélat
plein de zéle pour les intérêts de la Religion, reprit le che-
min de la Grande-Bretagne en 446, accompagné de S.
Sévére Evêque de Treves; et il en bannit entierement l'hé-
résie.

le

XV. Le Pélagianisme ainsi exterminé de tous ces endroits, n'osa plus se montrer dans les Gaules, tant à cause de la guerre que lui avoient déclarée nos Evêques, que parce qu'il portoit son impieté et sa condamnation sur le front. Mais il ne fut pas long-temps sans trouver le secret de s'y reproduire, en prenant une forme moins hideuse que la premiere. L'hérésie sous ce masque emprunté trouva moins d'opposition, et fit plus de progrès, parce qu'elle sembloit respecter la Grace, quoiqu'au fond elle ne cherchât qu'à la détruire, et que poison qu'elle offroit, fût d'autant plus dangereux qu'il paroissoit et plus adouci, et mieux préparé. L'on convint dans la suite avec beaucoup de fondement de lui donner le nom de Sémipélagianisme. Comme cette hérésie prit naissance dans le sein même des Gaules, qui lui servirent de théâtre, après lui avoir servi de berceau, et qu'elle devint hérésie chérie de la plupart de nos Gaulois, son histoire demande un détail particulier. Nous pouvons dire par avance que si elle eut de puissans défenseurs, elle y trouva encore de plus puissans adversaires; et que si elle y causa des maux très-funestes dans leurs commencemens et dans leurs suites, elle y produisit aussi tous les avantages que produisent ordinairement les hérésies; c'est-à-dire qu'elle servit à y soutenir les letres, en exerçant les esprits et les plumes, et à éclaircir la vérité, en donnant occasion à une infinité d'Ouvrages lumineux qui dissiperent enfin les ténébres de l'erreur.

XVI. 'On ne doute point, dit le Cardinal Noris, que Nor. H. Pel., 1. 2, le Sémipélagianisme n'ait tiré son origine des écrits de Cassien c.1, p. 158. appuïés par son autorité. Cet Abbé célebre par son sçavoir et

par la sainteté de sa vie, après s'être nourri dans la doctri

ne des Grecs, 'vint s'établir à Marseille peu après l'an 404. Genn. vir. ill. c. 61.

Tome II.

B

Pros. in Coll. 2. c. n. 2.

183.

Cass., coll. 13.

Il passoit sans contradiction pour le plus habile des serviteurs de Dieu, et il paroît qu'il fut le seul qui osa mettre ses sentiments par écrit. Il le fit dans des circonstances fâcheuses, et Till. II. E., t. 14, p. où les disputes sur la Grace étoient encore fort animées. 'Car les Pélagiens venoient d'être condamnés en Afrique, à Rome et en Orient, lorsque vers l'an 426 tout au plus tard, Cassien publia sa treiziéme conférence. C'est là que son erreur sur la Grace, qu'il avoit déja touchée dans ses Institutions, est particulierement renfermée. 'Il y enseigne nettement entre c. 12, p. 608. 609. plusieurs autres points erronés de doctrine: Que l'homme peut de soi-même avoir le désir de se convertir. 'Que le bien que nous faisons ne dépend pas moins de nôtre libre arbitre que de la Grace de J. C. Que cette Grace est gratuite, 'que Dieu cependant la donne, non selon sa puissance souveraine, mais selon la mesure de la foi qu'il trouve dans chacun, ou qu'il y a mise lui-même. ' Qu'il y a réellement dans l'homme une foi que Dieu n'y a pas mise, comme il paroît, dit-il, par celle que J. C. loue dans le Centenier de l'Evangile.

c. 18, p. 623.

c. 13, p. 613. c. 15, p. 615.

c. 14, p. 615.

Pros. in Coll., c.

XVII. Cette Doctrine aïant paru dans le public, trouva d'autant plus de sectateurs, qu'elle est plus conforme aux sentimens orgueilleux du cœur de l'homme. Car, il faut l'avoüer, nous naissons tous naturellement portés à l'orgueil et à l'indépendance. Ce qui servit encore beaucoup à l'accrediter, fut d'une part qu'étant ainsi mitigée elle paroissoit n'être pas la même que celle que l'Eglise venoit de condamner, et que de l'autre elle n'étoit propre qu'à flatter l'homme, au lieu que celle de S. Augustin que l'Eglise opposoit aux erreurs condamnées des Pélagiens, ne tendoit qu'à l'humilier. De Marseille où elle avoit pris naissance, elle se répandit bientôt à Arles, à Lerins, et sans doute par tout où pénétra la treiziéme conférence. A Lerins elle put se fortifier plus qu'ailleurs, par le moïen de Fauste, qui s'y étoit retiré depuis peu de la Grande Bretagne sa patrie, d'où il avoit pû apporter quelque germe de Pélagianisme, qui ravageoit 1, cette Isle, comme nous l'avons marqué. Ceux qui embrasserent des premiers ces nouvelles erreurs, étoient des personnes illustres qui brilloient par leur science et par leur vertu, et à qui le rang qu'ils tenoient dans l'Eglise, et la pieté dont ils faisoient profession, avoient acquis un grand respect parmi le peuple ce qui contribua autant que tout le reste

n. 1 | Aug. ep. 225,

n. 3. ep. 226, n.9,

Pros. p. 941.

à grossir la nouvelle secte. Mais, comme le remarque un Pros. n. 941. ancien Auteur, qui a passé long-temps pour être ou S. Ambroise, ou S. Prosper, il n'y en a point qui soient plus susceptibles des erreurs Pélagiennes, que ces sortes de personnes; ceux qui ont reçû beaucoup de dons de Dieu, étant les plus capables d'en abuser, en s'en élevant et se les attribuant à eux-mêmes.

XVIII. D'abord ceux qui avoient embrassé ces nouvelles erreurs, que S. Prosper qualifie les restes de l'héré- Aug., ep. 223, n. 7. sie de Pélage, n'aïant point de principes assurés,' disoient n. 4. tantôt une chose, tantôt une autre. Il y en avoit même qui suivant la doctrine la plus pernicieuse des Pélagiens, ne reconnoissoient point d'autre Grace que la raison et le libre arbitre que Dieu a donné à tous les hommes dans leur création.' D'autres arrêtés par les écrits de S. Augustin contre n. 2. ces Hérétiques, aimerent mieux, durant quelque temps, accuser leur peu d'intelligence, que d'oser condamner ce qu'ils n'entendoient pas. Quelques-uns même d'entr'eux vouloient consulter S. Augustin, et lui demander une explication plus claire et plus nette. De ce nombre étoit S. Hilaire Evêque d'Arles, qui bien qu'en tout le reste il suivît la doctrine de S. Augustin, et qu'il fût un de ses admirateurs, avoit néanmoins de la peine sur le point de la prédestination. Cet embarras pouvoit encore être augmenté par le changement de doctrine, dans lequel ce nouvel engagement les avoit jettés: car ils étoient reconnus pour avoir eu auparavant des n. 6. sentimens plus conformes à la vérité.

n. 9.

XIX. Dans cette perplexité où ils étoient au sujet de la n. 2. doctrine, la divine Providence par un ordre inesperé, fit passer à Marseille le Livre de la Correction et de la Grace, que S. Augustin avoit fait pour répondre aux Moines d'Adrumet, sur les mêmes difficultés que souffroient ceux de Marseille, et les autres qui pensoient comme eux. De sorte qu'il arriva que ce S. Docteur répondoit aussi précisément à toutes les objections, sur lesquelles ceux-ci vouloient le consulter, que s'il eût eu en vue d'appaiser le trouble de l'Eglise des Gaules. Son Livre néanmoins n'y eut pas cet effet. Il fut une odeur de vie pour les uns, et une odeur de mort pour les autres. Ceux qui auparavant s'étoient déclarés pour la vérité, y trouverent de nouvelles lumieres, et de nouvelles armes pour la défendre. Mais ceux à qui leurs préjugés avoient

n. 7.

n. 2.

n. 7.

bouché les yeux, tomberent dans des ténebres encore plus épaisses, et s'éloignerent encore davantage de la vérité. L'on s'obstina ainsi à défendre des erreurs, qui gagnoient tous les jours. Car le respect que l'on portoit à ceux qui les avoient embrassées, comme étant des personnes considérables dans l'Eglise, parmi lesquelles on voïoit même des Evêques, engageoit à les suivre ceux qui n'étoient pas instruits, et retenoit dans un silence inutile ceux qui avoient plus de lumieres. C'étoit une chose bien déplorable, dit S. Prosper, de voir d'une part, que l'esprit de l'impieté Pélagienne eût fait illusion à des personnes si illustres par toutes sortes de vertus, et de l'autre, que les plus simples entraînés par leur autorité à les suivre sans examen, crussent être dans la bonne voïe, à cause de la grande vénération qu'ils leur portoient. Mais il n'étoit pas moins triste de voir que, dans cette extrémité, personne ne résistât à l'erreur, hors un très-petit nombre d'amateurs intrépides de la vraïe grace.

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XX. A mesure que se grossit le parti de l'erreur, il se forma comme insensiblement un systême suivi de doctrine. On en peut voir toute l'économie dans les letres de S. Prosper et d'Hilaire à S. Augustin, où ils ont réussi à la développer, et à en marquer les chefs principaux. Mais afin d'en avoir une plus grande connoissance, et de reprendre les choses dès la source, il faut joindre à la lecture de ces deux Ecrits celle de la treiziéme conférence de Cassien. On y verra que tous les points de ce nouveau systême ne tendent à rien moins, qu'à détruire presque entierement la nécessité de la grace, et à mettre l'homme au-dessus de Dieu. Qu'on juge des ep. 223, n. 6. | ep. autres par celui qui établit que la grace ne se soumet point la volonté de l'homme; mais que c'est la volonté de l'homme qui s'attire le secours de la grace, et qui la précéde: de sorte que le commencement du salut, suivant ce systême, venoit, non de celui qui sauve, mais de celui qui est sauvé. C'est pour cela qu'ils craignoient d'attribuer à Dieu les mérites des Saints, comme n'étant que des dons de sa pure miséricorde.

226., n. 2.

XXI. Dans la suite ces nouveaux Docteurs furent obligés de se relâcher un peu sur ce dangereux principe, ou pour mieux dire, de le colorer, parce qu'il étoit trop odieux. Nor. H. Pel., I. 2, Comme les défenseurs de la vraïe grace de J. C., en suivant les traces de S. Augustin, les pressoient vigoureusement sur

c. 15, p. 284.

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