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V SIECLE.

Gr. T. gl. Conf. c. 45.

S. Amand lui céda son Siége Episcopal, qu'il reprit ensuite après avoir enseveli ce saint Prélat. Il est bien vrai que saint Grégoire de Tours nous apprend sur le simple récit des Ecclésiastiques de Bourdeaux, qui le lui racontoient au moins 150 ans après, que S. Amand avoit cédé son Siége à un nomTill. ibid. p. 556. mé Severin, qui étoit venu d'Orient à Bourdeaux.' Dans la suite on a cru que ce Severin étoit l'Evêque de même nom, qui gouvernoit l'Eglise de Cologne du temps de S. Martin. Il auroit pû se faire que comme Cologne étoit la ville de toutes les Gaules, la plus exposée aux Barbares de la Germanie, S. Severin auroit été obligé de l'abandonner, et de se retirer en Aquitaine, 'dont on assûre qu'il étoit. a Car les Vandales commencerent du côté de la Germanie à ravager les Gaules en 407. 'De sorte que S. Severin Evêque d'une Métropole considérable se trouvant refugié à Bourdeaux, saint Amand, ou par honneur ou autrement, lui aura donné quelque part considérable dans la conduite de son peuple. C'est apparemment tout ce qui se sera passé à cet égard'; et cette circonstance aura fait croire que S. Amand lui auroit cédé son Siége: ce qui assûrément seroit un exemple bien extraordinaire.

Boll. ibid. a Till. ibid.

p. 557.

p. 813.

p. 557.

Gall. Chr. ibid.

n. 2.

Ce tempérament ne laisse pas même de souffrir bien des difficultés. 'Car S. Grégoire connoissoit S. Severin de Cologne, et il ne dit point que ce soit lui qui se retira à Bourdeaux. Au contraire en disant qu'il y alla d'Orient, il semble l'en distinguer. D'ailleurs la moins mauvaise vie de S. Severin de Cologne, ne parle point non plus de cette transmigration à Bourdeaux, et dit même que le Saint mourut avant les ravages des Gaules, et par conséquent avant l'an 407.

'Le Martyrologe Romain marque la fête de S. Amand au 18 jour de Juin. 'On ignore l'année de sa mort, aussibien que le nom de son successeur immédiat. Comme nôtre Saint paroît avoir été à peu près de même âge que S. Paulin de Nole, on peut aussi placer sa mort à peu près vers le même temps que celle de S. Paulin.

II ne paroît nulle part aujourd'hui aucun des écrits de saint Amand, sinon le précis d'une de ses letres que S. Jérôme nous Bo!!, ibll. p. 587. a conservé, comme nous avons dit. 'Il seroit cependant fort à souhaiter, remarquent les continuateurs de Bollandus, que si ses autres letres se trouvoient cachées quelque part, l'on en enrichît le public. On juge par l'éloge qu'en fait S. Pau

lin dans les siennes, qu'elles seroient tout-à-fait propres à éclairer les ames qui font profession de la pieté Chrétienne.

V SIECLE.

'S. Paulin les regardoit comme telles, lorsqu'il dit qu'elles Paul. ep. 2. n. 1. faisoient la joïe de son cœur; qu'elles lui étoient plus douces p. 12. n. 11 ep. que le miel; qu'elles faisoient la consolation et la nourriture

la plus délicieuse de son ame.

15. n. 1.

2. p. 788.

Quelques Auteurs modernes ont avancé, que S. Amand Gall. Chr. rov. t. nous a conservé les ouvrages de S. Paulin. Mais on ne voit rien qui puisse servir de fondement à cette opinion, que ce qu'on lit à la tête d'une des letres de S. Paulin, qui répon- Paul. ep. 41. n. 1. dant à Sancte et à Amand, dit qu'au dos de leur letre il se trouvoit une liste de ses épitres. Cela suppose à la vérité que Sancte et Amand en avoient fait un recueil. Mais assûrément cet Amand est différent de l'Evêque de Bourdeaux. Celui-ci étoit Prêtre dès le temps du baptême de S. Paulin, comme nous avons vu. Il étoit aussi son ami particulier; et ils s'écrivoient très-souvent. Au contraire 'il paroît qu'Amand com- ep. 40. n. 3. pagnon de Sancte, n'étoit pas connu de S. Paulin, qui le nomme un enfant de bénédiction, Benedictum Domini puerum, s'il faut s'en tenir aux termes. Auroit-il ainsi qualifié celui qui l'avoit instruit, et contribué à sa conversion?

S. PAULIN,

EVÈQUE DE NOLE.

S. I.

HISTOIRE DE SA VIE.

TNE naissance illustre, des richesses immenses, un gé- Idat. chr. p. 299. U nie heureux, un

nie heureux, un esprit aisé, agréable, pénétrant,

élevé, un sçavoir au-dessus du commun, l'élévation aux premieres dignités de l'Empire, enfin une pieté encore plus grande que tous ces avantages temporels, ont fait le caractere de

a

a

3.

S. Paulin. 'Il nâquit à Bourdeaux vers l'an 353, ou 354, Till. H. E. t. 14. d'une famille de Sénateurs Romains, tant du côté de son Pp.1. pere, que du côté de sa mere. 'Quelques anciens l'ont nom- Aus. ep. mé Ponce; et il prend quelquefois lui-même le nom de Mé- 659 ep. 24. p. rope. Mais nous ne le connoissons aujourd'hui que sous celui Paul. ep. 40. n.1.

b

687.

19. p.

V SIECLE.

ep. 29. n. 5.

car. 32. v. 622.

Aus. ep. 24. 688.

p.

Aus. ep. 21. 23. p. 667. 678.

93-96.

de Paulin, et il est sans contradiction le plus illustre de tous ceux qui ont porté le même nom.

'Il se trouvoit parent de la célebre Sainte Melanie l'ancienne, 'et de Celse fils de Pneumace, l'un et l'autre des premieres noblesses de Rome. Tout ce que l'on sçait de certain touchant son pere, 'c'est qu'il se nommoit Paulin, et qu'il possédoit de si grands biens, qu'Ausone n'a point de termes plus propres pour les exprimer, qu'en les appelant des Roïaumes. Il n'est guères moins assûré qu'il étoit Chrétien; puisque la famille des Paulins, comme celle des Basses, fut une des premieres familles Patriciennes, qui embrasserent la Foi de Jésus-Chrît.

'Le jeune Paulin eut pour maître dans les belles Letres, Ausone son ami et son voisin, qui conserva toujours pour lui une affection de pere, et qui outre le soin qu'il prit de lui forPaul. car. 10. v. mer l'esprit, le poussa encore aux premiers honneurs. 'C'est ce que S. Paulin reconnoît lui-même, qualifiant Ausone, son pere, son maître, son patron, à qui il étoit redevable de sa bonne éducation, de la connoissance qu'il avoit des letres, de son élevation aux charges et aux dignités, et même, ce qui est encore plus estimable, des premiers principes de la Religion Chrétienne.

V. 142-146.

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Mens nova me fateor cepit, mens non mea quondam,

Sed mea nunc autore Deo, qui si quid in actu,

Ingeniove meo sua dignum ad munia vidit,

Gratia prima tibi, tibi gloria debita cedet,

Cujus præceptis partum est quod Christus amaret.

On voit par les ouvrages qui nous restent de S. Paulin et la grandeur de son génie, et le progrès qu'il fit dans les Letres. 'Il se rendit si habile sur-tout dans la poësie, qu'Ausone avoüe que son disciple emporta la palme sur lui, 'et qu'aucun des Romains ne lui étoit comparable pour les vers. 'Il acquit aussi une grande éloquence, au sentiment de S. Jérôme et de l'Evêque Idace. Il parloit purement, et avoit beaucoup de facilité à s'énoncer. 'Il prit quelque connoissance de la Langue Gréque; mais il ne l'étudia pas à fond. ' Pour l'Histoire, I négligea de s'y appliquer, 'et encore plus à la Géographie. 'Paulin étant en âge de se marier, épousa Thérasie, ou Theraise qui lui apporta diverses terres, mais qui est deve

nue encore plus illustre par sa pieté, qu'elle ne le pouvoit

V SIECLE.

être par les avantages de la fortune et de la naissance. Ils Paul. car. 32. v. vêcurent assez long-temps ensemble sans avoir d'enfants. 601.

'Enfin ils en eurent un qui mourut aussi-tôt, et qui fut enterré v. 599. 600. 605. à Complute. Il paroît par-là qu'ils étoient dès lors en Espagne,

où l'un ou l'autre pouvoit avoir des terres. Ils ne tarderent

a

a

pas à vivre dans une parfaite continence, que S. Augustin Aug. ep. 27. n. 2. loüe en eux vers l'an 395, comme un exemple aussi instructif qu'éclatant.' Thérasie devenue par-là la sœur de Paulin, le Idat. ibid. Saint ne rougissoit point de la joindre avec lui à la tête de Paul. ep.3 | ep.4. ses letres, même en écrivant à des Evêques, ni'les Evêques Aug. ep. 27. | ep. de leur répondre de la même maniere, et de saluer Thérasie 31. avec son mari. L'on trouve des vestiges de cette pratique jusqu'en 408 ou 409; et il semble que Thérasie ne vêcut pas au de-là de ce terme. Il paroît au moins comme certain qu'elle

n'étoit plus au monde en 413, lorsque' S. Paulin écrivit à Paul. ep. 51. n. 1. S. Eucher et à Galla sa femme, qui l'avoit suivi dans sa retraite 2. de Lero. Car il ne la nomme point dans le titre de sa letre ; et l'on ne doit pas douter que si elle eût encore vêcu, il ne l'y auroit pas oubliée, et qu'il en auroit usé, comme il faisoit en d'autres occasions qui ne l'y invitoient pas comme celle-ci.

'Paulin dès son jeune âge se trouva engagé dans le tumulte ep.5. n. 4. du Barreau, et se vit élevé à diverses charges considérables.

658 ep. 21. p.

'Il fut même Consul avant Ausone son maître qui lui procura Aus. ep. 20. p. cette dignité, la plus grande qui fût alors dans l'Empire pour 66. un particulier. Mais comme son nom n'est point marqué Till. ibid. p. 8. dans les Fastes, il faut qu'il ait été subrogé, soit à Valens mort en 378, soit à quelque autre Consul ordinaire. On le regarde comme l'unique Consul Romain, que Dieu ait rendu vénérable à son Eglise par une sainteté certaine et évidente. Paulin exerça aussi, comme l'on croit, la charge de Consulaire de la Campanie, et fit alors sa résidence à Nole, où il conçut cet attachement religieux, qu'il fit depuis éclater pour le tombeau de S. Felix.

p. 9.

Outre Ausone qui étoit alors en grand crédit à la Cour, 'il avoit beaucoup d'autres amis dans le monde, entre lesquels Paul. ep. 11. n. 5. le plus intime comme le plus illustre fut S. Sévere Sulpice.' Il Till. ibid. ne faut pas s'étonner que Paulin eût un Paulin eût un si grand nombre d'amis; puisqu'à l'esprit, à la science, aux richesses, aux dignités, et aux autres avantages extérieurs qu'il possédoit, il joignoit beaucoup d'autres qualités qui le rendoient considérable et

V SIECLE.

digne d'être aimé des gents d'honneur. Car cette prudence, celte politesse, cette fidélité, que les plus grands hommes de son siecle ont loüées en lui aussitôt après sa conversion, y Aus. ep. 21. r.568. paroissoient sans doute dès auparavant. Ausone releve en effet la noblesse de son cœur, qui préféroit la satisfaction de ses amis à la sienne propre; et l'Auteur de sa vie remarque qu'il fut toûjours doux et bien faisant, durant le temps même qu'il étoit dans la vanité du siecle.

Uran. n. 9.

Paul. ep. 5. n. 4.

Till. ibid. p. 13.

'Paulin touché de Dieu, pensa sérieusement à se dégager du tumulte du Barreau et de l'embaras des affaires publiques; en un mot à se détacher entierement du monde, et se consacrer sans réserve au service de J. C. Afin d'avoir plus de facilité d'exécuter une si sainte et si généreuse entreprise, il se retira en Espagne vers 389 ou 390, et y passa au moins quatre ans, jusques vers le printemps de l'an 394. On ne sçait pas bien le temps précis de son baptême; quoiqu'il y ait beaucoup d'apparence qu'il le reçut avant sa retraite en Paul. ep. 3. n. 4 Espagne. Il est au moins certain qu'il fut baptisé à Bourdeaux, par le ministere de S. Delphin Evêque de cette Ville.

p. 721.722.

ep. 20. n. 6.

ep. 22. n. 3.

25. p. 675-698.

'En renonçant au monde il renonça pareillement à toute étude profane, et ne fit plus usage de sa plume, que pour traiter des matieres de pieté, ou entretenir l'union toute Chrétienne qu'il avoit avec les plus saints personnages de son Aus. ep. 23. 24. temps. En vain Ausone dans plusieurs letres qu'il écrivit à nôtre Saint durant sa retraite, emploïa et tous les traits de l'amitié, et tous les reproches d'un ami et d'un maître qui se croïoit offensé, pour détourner S. Paulin de son pieux dessein, et le rappeler, ou dans son païs, ou du moins à l'amour Paul. car. 10. v. de la Poësie. Le Saint ne lui répondit que pour lui faire comprendre qu'un cœur, comme le sien, consacré à J. C. ne devoit plus être ouvert aux inspirations d'Apollon et des Muses; et que Dieu nous défend de perdre à de vains amusements un temps, que nous ne devons emploïer qu'à accomplir ses préceptes, et à nous rendre dignes de participer à sa gloire.

21. 22.

v. 33-36.

Paul. ep. 1. n. 10.

Cette vie admirable que menoit S. Paulin, porta le peuple de Barcelone à le demander pour Prêtre; et quelque répugnance qu'il eût pour cette dignité, il fut obligé de céder à la violence du peuple. Il fut donc ordonné comme malgré lui par Lampius à la fin de l'an 393, comme l'on croit. Til. H. E. t. 4. p. L'année suivante il se retira à Nole' pour tout le reste de ses

ep. 3. n. 4.

Paul. ill. p. 38.

235. 236.

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