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des objections que faisoient les Païens contre la Religion Chrétienne, et qui ne consistoient qu'en une grande abondance de paroles, comme parle le même S. Docteur.

V SIECLE.

Paul. vit. c. 28.
n. 2 Till. ibid.
: 73
p. 73 Am. crit.
. 1. p. 219.

Quelques Ecrivains ne sont pas éloignés de croire, que cet ouvrage de S. Paulin n'est autre que le Panégyrique de Théodose, dont nous venons de parler. S. Paulin pouvoit à la vérité y dire quelque chose contre les Païens, à l'occasion des Loix que Théodose avoit publiées contre eux. Mais il faut avouer aussi que ce Panégyrique, dès qu'il sortit même des mains de son Auteur, étoit trop connu sous le titre qu'on nous en a conservé, pour qu'on l'eût annoncé sous un autre à S. Augustin. En un mot, 'ce Pere disant absolument en Aug. ibid. 395, ou 396, lorsque le Panégyrique de Théodose avoit déja pénétré dans les Gaules et dans la Palestine, qu'il a appris que S. Paulin écrivoit contre les Païens, il nous donne assurément l'idée d'un ouvrage différent de ce Panégyrique, qui étoit déjà entre les mains de beaucoup de monde.

Au reste, en distinguant, comme nous faisons, du Panégyrique de Théodose l'ouvrage contre les Païens, nous som

mes bien éloignés de l'opinion de ceux qui croient que c'est Till. ibid.

un Poëme, que M. Muratori nous a donné sous le nom de Mur. anec. t. 1. p.

S. Paulin avec trois autres Poëmes sur S. Felix. On peut assûrer que ce Poëme ne fut jamais de S. Paulin; et il n'en faut pas davantage pour détruire l'opinion que nous venons de marquer. Le véritable Auteur de cette piece est un nom

115.-139.

mé Antoine, 'comme il paroît par le premier vers: Percurri, p. 115. fateor, sectas Antonius omnes.' Et cet Antoine avoit été Païen; p. 134. 135. ce qui ne convient pas à S. Paulin de Nole. Ce pourroit bien être cet Antoine ami de S. Jérôme, et fi célebre dans ses letres. Gennade ne fait point mention de l'ouvrage de S. Paulin contre les Païens; mais comme,' selon M. de Tille- Till. ibid. mont, ce n'est point une preuve pour dire que ce soit le Panégyrique de Théodose, ce n'en est point non plus une pour croire que c'est le Poëme dont nous venons de parler. Outre que Gennade n'est pas si exact qu'il n'omette aucun des écrits des Auteurs, dont il nous donne le catalogue, qni nous assûrera qu'il n'ait pas compris l'ouvrage dont il s'agit, dans le Genn. ibid. nombre de ceux de nôtre Saint qu'il ne fait que marquer en général, Edidit et ex diversis causis diversa disputatione tractatus? Peut-être aussi sera-t'il arrivé, que S. Paulin n'aura pas mis la derniere main à cet ouvrage contre les Paiens, Tome 11. Bb

'V SIECLE.

Paul. diss. 6. n. 1.

Genn. ibid.

Paul. diss. 6. n. 1
Till. ibid. P.

144.

Genn. ibid.

qui sera demeuré imparfait, et sans voir le jour.

5o. 'Nous sommes encore privés d'un grand nombre de Sermons que S. Paulin avoit faits, au moins depuis son Episcopat, et qui assurément étoient dignes de passer à la postérité. L'on en peut aisément juger par l'idée que les Sçavants nous donnent du Sermon intitulé, Du tronc, qui est le seul qui nous reste de tous ceux que nôtre Saint avoit ou composés, ou prononcés, et qui passe, comme nous avons dit, pour une des plus belles pieces de l'antiquité sur l'aumône.

6. 'Gennade attribuë à S. Paulin un livre d'Hymnes que nous ne connoissons point d'ailleurs sous ce titre. Mais on croit que ce n'est que le recueil des Poëmes qu'il faisoit tous les ans sur S. Félix.

7°. Le même Gennade continuant le catalogue de S. Paulin, dit encore qu'il avoit composé un Sacramentaire. La Paul. ibid Till. perte en est assurément considérable. Ce seroit sans doute un ouvrage très-important pour nous apprendre les anciennes pratiques de l'Eglise dans l'administration des Sacrements, et dans ses cérémonies extérieures.

ibid.

Ibid.

a Genn. ibid.

a

8°. 'Mais nous devons regreter particulierement son livre sur la Pénitence, et sur la louange des Martyrs en général ; puisque Gennade nous assûre que c'étoit les plus consiGenn. bib. uni. t. dérables de ses écrits. Raphaël de Volterre cité par Gesner parle de ce dernier ouvrage, comme s'il eût subsisté de son temps.

1. p. 536. 1.

Gen. ibid.

9o. Enfin Gennade témoigne, mais seulement en général, que S. Paulin, outre les ouvrages qu'il a marqués en particulier, en avoit encore composé d'autres sur divers sujets. Il y peut comprendre son écrit contre les Païens, qu'il ne nomme pas, parce que peut être il ne l'avoit pas encore lû. Aus. ep. 21. p. On ne sçait quel est l'opuscule qu'il avoit adressé à Ausone,

663.

Till. H. E. t. 13. p. 833.

1. 1. n. 1.

afin de le retoucher.

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Nous ne devons pas omettre de marquer ici, que ce fut S. Paulin qui fournit à S. Augustin la matiere du livre intiAug. de cur. mort. tulé: Du soin que l'on devoit avoir des morts.' Ecrivant à ce S. Docteur, il le pria de lui mander s'il croïoit qu'il servît de quelque chose d'être enterré dans l'Eglise d'un Saint? Que pour lui, il ne le croïoit pas inutile, vû que sur-tout les prieres que l'on avoit accoutumé d'offrir pour les morts, ne pouvoient pas être sans fruit, étant une pratique générale dans toute l'Eglise. Que néanmoins il ne voïoit pas comment ac

8. 2.

V SIECLE.

corder cela avec l'endroit où S. Paul nous assure, que chacun recevra la récompense de ce qu'il aura fait par son corps. 'Ce doute si modeste d'un Evêque si illustre et si sçavant, est Till. ibid. p. 834. bien différent de la témérité de ceux, qui sur la même difficulté ont condamné les prieres pour les morts. S. Paulin a vû comme eux la difficulté d'accorder ces prieres avec quelques endroits de l'Eoriture; mais il a été et plus sage et plus modéré qu'eux. N'osant condamner ni S. Paul ni l'Eglise, il a attendu en paix que Dieu l'éclairât sur cela, ou par luimême, ou par quelqu'un de ses serviteurs. Et Dieu le fit en effet par S. Augustin, qui lui leva ses difficultés dans le livre dont il est ici question.

S. IV.

SES OUVRAGES DOUTEUX ET SUPPOSÉS.

L nous reste à dire quelque chose des autres écrits attriIbués à S. Paulin. Il y en a de deux sortes; les uns sont

fort douteux, et les autres absolument supposés. On peut mettre dans la premiere classe trois différentes lettres dont

183.

' l'une se trouve sous ce titre, in Evagrium objurgatio, quod Hier. t. 5. p. 182. Levitam lapsum non consolatus sit parmi les opuscules supposés que l'on a renvoïés dans le cinquiéme tome des œuvres de S. Jérôme. Dom Martianay qui y découvre de l'érudition et de l'éloquence, y croit aussi découvrir le style de S. Paulin. 'Les Paul. app. p. 1-26. deux autres letres sont adressées, l'une à Sainte Marcelle, et

l'autre à Celancie.' La letre à Sainte Marcelle, selon Erasme diss. 6. n. 2. et quelques autres, a beaucoup d'air du style de S. Paulin; mais il est difficile d'accorder son Histoire avec les faits contenus dans cette letre. Celle qui s'adresse à Celancie, est assurément un des plus beaux monuments de l'antiquité pour le style, et sur-tout pour la matiere. Car elle contient d'excellentes instructions pour une mere de famille. Elle est véritablement digne de S. Paulin, et le temps n'y répugne pas. Le style même a du rapport à celui de nôtre Saint; mais on y remarque une gravité qui paroît différente de la gravité et de la liberté ordinaire, qui se font sentir dans les autres écrits. Ainsi l'on croît qu'elle n'est point de S. Paulin.

Entre les ouvrages de la seconde classe, c'est-à-dire, qui sont faussement attribués à S. Paulin, il y a deux poëmes, dont app. p. 21.

V SIECLE.

diss. 6. n. 2.

app. p. 24.

Till. ibid. p. 145.
Paul. app. p. 24.

Till. ibid.

Paul. diss. 6. n. 3.

81. 82.

Paul. ibid.

Gr. T. gl. con. c. 110. p. 989.

l'un est une exhortation de l'Auteur à sa femme, pour la porter à se consacrer entierement à Dieu. 'Il a, remarquent les Sçavants, assez l'air des Poësies de nôtre Saint; mais comme il ne peut s'ajuster avec son Histoire, et que dans quatre divers manuscrits il se trouve attribué à Prosper, et dans aucun à S. Paulin, on ne peut dire qu'il soit de lui. Nous en parlerons plus amplement dans la suite sous un autre titre. Il faut porter le même jugement' du second Poëme qui est sur le nom de JESUS. En effet Saint Paulin ou aucun autre de son temps auroit-il cru, qu'il lui fût permis de nommer J. C. le véritable Apollon et le Péan de l'antiquité? Si ce Poëme est fait pour la fête du nom de JESUS, comme il semble que cela est assez clair dans le commencement, on ne croit pas que cette fête soit si ancienne. Aussi M. Du Pin soûtient que c'est la paraphrase d'un Sermon de S. Bernard sur les Cantiques : ce qui suffit pour montrer que l'Auteur de ce Poëme est bien éloigné des temps de S. Paulin.

On a encore faussement donné à ce Saint deux letres qui sont de S. Augustin, la 126 et la 243, est un fragment qui se Cod. reg. app. p. trouve dans le recueil des Regles fait par S. Benoît d'Aniane au IX siecle, et qui est une réponse à cette question, Comment les Moines doivent faire pénitence?' il se trouve aussi des Ecrivains qui ont attribué à S. Paulin de Nole, la Vie de S. Ambroise, le Poëme en six livres sur la Vie de Saint Martin, et un autre Poëme intitulé Eucharisticon, ou Action de graces. Mais on ne lui a donné ces trois ouvrages, que par une erreur qui l'a fait confondre avec trois autres Paulins, l'un Diacre de l'Eglise de Milan, et disciple de saint Ambroise: l'autre surnommé de Périgueux, qui ne fleurissoit qu'après le milieu de ce siecle; et le troisiéme qui étoit le fils du Comte Hespere, et petit-fils d'Ausone.

Trith. c. 117.

'Enfin Trithéme, qui est un Ecrivain trop nouveau pour mériter quelque créance en cela, attribuë à S. Paulin un livre Paul. ep. 43. n. 3. Sur les bénédictions des douze Patriarches. 'Il est vrai, comme nous l'avons déjà dit, que le Prêtre Didier, ami de saint Paulin, lui avoit déja demandé cet ouvrage; mais S. Paulin s'en excusa,' et s'adressa à Rufin pour le porter à y travailler, ce qu'il fit au moins en partie.

ep. 47. n. 2.

Après avoir parlé de tous les ouvrages de S. Paulin, tant faux que véritables, il manqueroit quelque chose à son éloDu Pin, bib. t. 3. ge, si nous ne disions rien de sa maniere d'écrire.' On remar

p. 479.

a

V SIECLE.

1-3.
a Euch. ad Val. p.

Paul. vit. c. 2. n.

Hier. ep. 49. p. 557.

498.

que qu'aïant étudié avec application dans ses premieres années les Auteurs de la belle latinité, il s'étoit fait un style approchant du leur, et qu'il excelle dans les descriptions p. 499. et dans les portraits. S. Ambroise loüe sa grande éloquence, Amb. ep. 58. n. aussi-bien que sa noblesse, et l'élévation de son esprit. S. Eu- 13 cher le nomme une source d'éloquence;' et Erasme ne fait 20. pas difficulté de le qualifier le Ciceron Chrétien. S. Jérôme 3. assûre qu'à un grand génie il joignoit une fécondité inépuisable, et une extrême facilité pour parler, et à un jugement solide la pureté du discours. Les écrits de S. Paulin, dit Du Pin, ibid. p. M. Du Pin en leur appliquant ce que S. Jérôme ne dit que du premier panegyrique de Théodose qui est perdu, sont composés avec beaucoup d'art et d'élégance. Sa diction est serrée et nette; ses termes purs et choisis; son discours sentencieux. Il excite l'attention de ceux qui le lisent; il les reveille, et n'a rien de languissant. Il passe d'une chose à une autre sans qu'on s'en apperçoive. Tout se suit et dépend l'un de l'autre ; la fin d'une pensée est le commencement de la suivante. Il tourne les choses agréablement et finement. Il y a beaucoup d'enjoüement et d'agrément dans ses letres. Cependant un très-habile homme n'ose dire, que tous les écrits Till. ibid. p. 144. de S. Paulin soient faits avec soin, et composés avec art. Ils lui semblent plutôt, et avec juste raison, sortir de l'abondance de son cœur; il pense que son plus grand art étoit le feu de la charité. Nous ne nous étendrons pas davantage sur les éloges, qui sont dûs aux ouvrages de S. Paulin. Ce que nous avons dit de l'estime qu'on a faite de quelques-uns, suffit pour faire juger du mérite de tous les autres.

S V.

EDITIONS DE TOUS SES OUVRAGES.

La paru en divers temps plusieurs éditions de toutes les Iœuvres de S. Paulin, recueillies en un même volume. La Paul. pr. p. 11 premiere est celle qui fut faite in-8° à Paris, en 1516, au mois Bib. Cas. Ben. de Mars avant Pâque par Josse Bade; mais elle est troncquée

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en quelques endroits, et peu correcte. La seconde parut Paul. ibid | Bib. en même volume à Cologne chez Materne Cholin, en 1560, Maj. mon.

par les soins de frere Jean Antonien Dominicain, après avoir été dressée par Henri Gravius du même ordre, qui

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