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De ing, v. 1.3.

voit S. Prosper de remedier aux maux de l'Eglise des Gaules, que de réfuter ainsi ceux qui les causoient, et de démasquer leur conduite artificieuse. Il jugea encore nécessaire' de travailler à préserver de la séduction les Fidéles ses freres, et à leur inspirer l'amour de la vérité. C'est ce qu'il entreprit, et qu'il exécuta très-heureusement par son Poëme admirable contre les ingrats, c'est-à-dire, contre ceux qui refusoient de reconnoître que nos mérites sont l'effet, et non la cause de la grace. Tout cela fut encore insuffisant pour retenir les Maug., t. 2, p. 475. langues médisantes, et empêcher la division. Cependant les Evêques, qui d'abord avoient eu quelque peine sur la doctrine de S. Augustin, comme S. Hilaire d'Arles, ou avoient reconnu la vérité, ou attendoient dans un humble silence que Col. ad. Gal., n. Dieu la leur fit connoître. Mais certains Prêtres continuoient toujours à troubler l'Eglise, et à exercer la patience et la plume de S. Prosper.

1.

p. 203. 204.

227. 228.

XXXI. S. Augustin étoit peut-être encore au monde, Pros ad Gall. pr. lorsque quelques-uns d'entr'eux jetterent dans le public plusieurs fausses propositions, comprises en 15 articles, qu'ils disoient avoir tirées des Livres de ce S. Docteur. Leur dessein en cela étoit de décrier et de diffamer sa mémoire, en décriant, comme ils faisoient, la doctrine de la prédestination gratuite qu'il avoit enseignée. S. Prosper attentif à tout ce qui se passoit dans cette cause, y répondit aussi-tôt article par article, de maniere à confondre l'imposture, et à fermer la bouche à la calomnie. Cela n'empêcha pas néanmoins qu'un bj. Vinc. pr., p. autre Prêtre nommé Vincent, ne publiât encore vers le même temps seize propositions remplies d'erreurs, qu'il attribuoit à S. Prosper, afin de noircir par cette liste diabolique la réputation du maître, en ternissant celle du disciple. Quoique ce ne fût qu'une répétition masquée des articles des Gaulois, et qu'ainsi elle fût déja réfutée par avance, S. Prosper voulut bien cependant y opposer un nouvel écrit, et y joignit une profession de la foi qu'il défendoit contre les PéPros., p. 239. 240. lagiens sur l'autorité du S. Siége. Peu de temps après, ceux de Gennes, qui agissoient, comme il paroît, de meilleure foi que les Gaulois, proposerent neuf extraits contenant les difficultés qu'il avoient particulierement sur les Livres de la Prédestination des Saints et du Don de la perseverance.

p. 703. 706.

p. 241. 242.

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S. Prosper les satisfit, en leur expliquant chaque article, tant par l'autorité de l'Ecriture, que par d'autres endroits des Ouvrages de S. Augustin.

4.

2.4.

XXXII. Les Semipélagiens ne se rendirent point encore à tant d'écrits lumineux. Après la mort de S. Augustin ils continuerent, comme auparavant, d'attaquer et sa mémoire et sa doctrine. Quoique les Papes prédecesseurs Col. ad. Gall., n. de S. Celestin, l'eussent regardé comme l'un des plus excellens Maîtres, et que tout le monde eût pour lui de l'amour et du respect, les ennemis de la grace ne faisant nul cas de son autorité, déclarerent qu'ils ne vouloient suivre sur ces ma- Prcs. p 271. tieres contestées que ce que le S. Siége auroit décidé. Ce nouveau subterfuge obligea 'S. Prosper et Hilaire à faire le Cool. ad Gall. n voïage de Rome pour exposer au Pape S. Célestin l'état des choses dans les Gaules. Ce Pontife leur fit tout l'accueil que méritoient ces défenseurs intrépides de la grace de J. C. et de la réputation du grand S. Augustin. Touché de leurs rai- n. 1. sons, il écrivit une letre célebre à tous les Evêques des Gaules, 'par laquelle il se plaint amérement de leur indifference n. 2. et de ce qu'ils souffroient que l'on troublât ainsi l'Eglise. Il n. 3. les conjure donc d'y apporter du remede; de reprendre les auteurs de la division; de ne les pas laisser davantage semer des discours injurieux et à la mémoire des Evêques déja morts, et à la réputation de ceux qui en prenoient la défense.' Il finit n. 4. par un grand éloge de S. Augustin, qui, dit-il, n'a jamais été soupçonné de la moindre erreur.

XXXIII. A cette letre de S. Célestin on joint ordinai- Pros. p. 271.278. rement un recueil de divers passages des Papes et des Conciles d'Afrique approuvés par les Papes. Ce recueil est fait pour répondre au Sémipélagiens, qui ne vouloient s'arrêter qu'à ce qui avoit été décidé par le S. Siége. On ne peut guéres douter qu'il ne fût dressé à Rome à l'occasion du voïage qu'y fit S. Prosper avec Hilaire, et que ce ne fût lui-même qui y mit la main par ordre du Pape S. Célestin. Des autorités si considérables apportées de Rome dans les Gaules, devoient assurément y appaiser tous les troubles. Mais elles n'eurent point cette vertu. Comme S. Célestin Pros. in Coll. c. avoit autorisé seulement en général la doctrine de S. Augustin, on prétendit que n'aïant point parlé en particulier de ses derniers Ouvrages, il falloit qu'il ne les approuvât pas. Outre que cette chicane étoit sans fondement, les défenseurs de la grace se fussent aisément contentés que les Sémipélagiens eussent approuvé les premiers Ouvrages de ce Pere contre Pélage car on y eût trouvé de reste la condam

21. n. 3 vit. 28.

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ibid.

nation de leur erreur. Mais ils n'avoient garde de le faire. Vit. ibid. | Till. De sorte qu'après la mort de S. Célestin, qui arriva en 432, on continua toujours à calomnier S. Augustin. On s'efforça de dire, comme auparavant, qu'il n'avoit pas bien défendu la grace. On troubla tout de nouveau la paix et la victoire de l'Eglise, en reprenant les armes de ses ennemis, et en y emploïant les plaintes des condamnés et les injures insolentes de Julien.

Pros. in Coll., c. 1,

n. 1.

n. 2.

c. 2, n. 1.

XXXIV. Ces nouveaux efforts des calomniateurs obligerent S. Prosper de reprendre la plume, pour soutenir l'honneur de S. Augustin, et en même tems de tous les Evêques, particulierement de ceux de Rome, qui avoient approuvé ses sentimens, comme nous l'avons vû. Dans ce dessein il examina les nouvelles lumieres et la doctrine la plus exacte de ces nouveaux Docteurs, qui s'érigeoient en censeurs d'un Saint, sous la conduite duquel l'Eglise triomphoit depuis plus de vingt ans de l'hérésie Pelagienne. Il choisit le plus habile et le plus célebre d'entr'eux qui avoit déclaré ses sentiments par des écrits publics, et que l'on ne pouvoit desavouer. Il ne le nomme point; mais on voit clairement qu'il désigne l'Abbé Cassien, en nommant son Ouvrage, c'est-à-dire sa treiziéme conférence sur la protection de Dieu, dans laquelle il fait parler l'Abbé Chéremon sur la grace de Dieu et le libre arbitre de l'homme, de la maniere que tout le monde sçait. On étoit alors sous le Pontificat de S. Sixte, qui avoit Nor. h. Pel., 1. 2, succedé à S. Célestin dès le mois d'Avril 432. S. Prosper dans cet ouvrage rapporte les propres termes de la conférence, en réfute toutes les erreurs, et fait voir combien cette piece s'accorde peu avec elle-même et avec les principes de l'Eglise.

c. 21, n. 4.

c. 10, p. 239.

XXXV. S. Prosper fit encore dans la suite divers autres Ouvrages, soit pour expliquer, soit pour défendre les vérités de la grace du Sauveur. On peut dire que ce fut à quoi contribuerent considérablement son commentaire sur les Pseaumes, et particulierement le Recueil des Sentences tirées des Till. H. E., t. 16, écrits de S. Augustin. ' Ce dernier Ouvrage est comme un corps abregé de Theologie qu'il s'étoit faite pour se rendre plus familiers les principes de ce grand Docteur, et qu'il Pros., p. 611. 612. publia pour les faire connoître et aimer des autres. 'Mais afin de les mieux imprimer dans la mémoire de ses lecteurs, il prit le soin, au milieu de tant de travaux importans pour l'Eglise, de tourner ces sentences en vers, et d'en compo

p. 24, Dupin, bib.,
t. 4, p. 448.

p. 615. 680.

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ser plus de cent épigrammes. ' Il n'exprime dans ces vers que p. 615. 616. ce que la pieté nous a enseigné, et nous invite à aimer. Il Aug., t. 10, app., paroît que ces sentences servirent beaucoup aux Peres P. 254. du II Concile d'Orange, pour éclaircir les grandes vérités de la grace, que ce Concile mit à couvert de toute insulte.

XXXVI. Telle fut l'origine, tels furent les premiers progrès du Sémipélagianisme dans nos Gaules. Pendant que S. Prosper et Hilaire vécurent, il.eut en eux de puissans adversaires. Mais il ne paroît pas qu'après leur mort personne prît si-tôt ouvertement la défense de la vérité. L'erreur dans la suite, à la faveur et sous les auspices de Fauste Abbé de Lerins, puis Evêque de Riès, qui s'en déclara zélé partisan, fit des progrès énormes. Ce Prélat imbu de cette doctrine, dont il avoit peut-être apporté les premieres semences_de la Grande Bretagne sa patrie, dans le Monastere de Lerins, ou qu'il avoit apprise de Julien le Pélagien, qui se retira quelque tems dans cet Abbaïe, comme l'on croit, n'oublia rien et pour la soutenir, et pour la répandre. Si l'on pouvoit s'en rapporter au sentiment de quelques Auteurs, qui l'avancent sans preuves, on croiroit même que Vincent, Moine à Lerins sous Fauste, n'auroit écrit son célébre Mẻmoire, que par ordre de son Abbé et dans le dessein de faire triompher le Sémipélagianisme de la doctrine de S. Augustin. Mais il est certain d'ailleurs que Fauste mit tout en œuvre pour élever ses opinions favorites sur les ruines des verités de la grace et de la prédestination. Il ne lui manquoit plus pour mettre le comble à ses efforts, que d'emploïer sa plume pour les transmettre à la postérité. Et c'est ce qu'il fit avant que de mourir, par son fameux Ouvrage sur la et le libre arbitre, qui attira plusieurs réponses de la part des plus sçavans hommes de ce siècle et du suivant, tant dans nos Gaules qu'ailleurs.

tion

grace

XXXVII. La hardiesse avec laquelle Fauste agit en faveur de ses préjugés, se trouvant soutenue par la réputaque l'austerité de sa vie et un long épiscopat lui avoient acquise contribua le plus à donner du crédit à ses sentimens. D'ailleurs il y avoit alors plusieurs Evêques dans les Gau- Till.,ibid., p. 778.1. les, qui bien qu'ils ne tombassent pas dans toutes les erreurs de Fauste, avoient néanmoins de la peine à suivre la verité de la doctrine de S. Augustin dans toute sa pureté. Ainsi ils

Conc., t. 4, p. 1042.

étoient assez disposés à être surpris par les artifices de Fauste, et à ne pas appercevoir ses faux principes. Tout cela conspira à fortifier, et même à accroître le Sémipélagianisme dans les Gaules, où il causa durant plus de cent ans des troubles et des divisions fàcheuses, en commettant les uns avec les autres les plus saints et les plus sçavans personnages de ce V siécle. Enfin ce long différent, dit le P. Sirmond, fut terminé en 529, dans le II Concile d'Orange, qui décida par les sentimens de S. Augustin toutes les disputes sur la grace et le libre arbitre. Il est remarquable que comme c'étoit un Evêque des Gaules qui avoit le plus contribué à appuïer et répandre l'erreur, Dieu voulut se servir d'un autre Evêque Gaulois pour la détruire. S. Cesaire d'Arles fut Genn., vit. ill., c. choisi pour cette glorieuse exécution. D'abord il écrivit contre Fauste un Traité de la grace et du libre arbitre, que nous n'avons plus malheureusement, et dans lequel il prouvoit par l'Ecriture et les Peres, que l'homme ne peut de lui-même faire aucun bien, s'il n'est prévenu de la grace de Dieu. Conc., t., p. Ensuite il présida au II Concile d'Orange; et par les soins qu'il se donna de le faire approuver par le S. Siége, et de l'appuier par la prédication de sa doctrine, il vint à bout, quoiqu'avec peine, d'étouffer le reste du Pélagianisme dans les Gaules.

86.

1672. 1687. 1688.

a p. 1678. 1679.

b Till. ibid. 2.

7.

b

a

XXXVIII. Au reste quelque répandu qu'y fût le Sémipélagianisme en ce siècle, il ne faut pas s'imaginer qu'il eût entierement gagné tout le monde. La vérité se réserve toujours des adorateurs. Outre les grands hommes qui le Aug. ep. 225. n. 7. combattirent de front, comme S. Prosper, Hilaire, et quelques autres généreux amateurs de la vraie grace, il paroît par ce qui nous reste des Ecrits de plusieurs autres, qu'ils n'étoient point souillés de cette tache. On doit mettre de ce nombre S. Hilaire d'Arles, comme nous le montrerons dans la suite, quoique d'abord prévenu contre la doctrine de S. Augustin; S. Eucher Evêque de Lyon, Mamert Claudien Prêtre de l'Eglise de Vienne; S. Loup Evêque de Troies; Salvien, quoique Prêtre de Marseille même qui fut le premier berceau de cette héresie; l'Auteur des premiers actes de S. Victor Martyr de la même Ville; l'Auteur du poëme d'un mari à sa femme, que nous nommons Prosper Tiro après le vénérable Bede; Constance Prêtre de l'Église de Lyon; S. Honorat Evêque de Marseille; S. Apollinaire Si

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