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V SIECLE.

de Décembre, comme on l'apprend de son Epitaphe qu’Ughellus rapporte en ces termes,

DEP. VRANI PRESB. XI. KAL.

IANUARIAS.

Urane étoit revêtu de la dignité de Prêtre, que lui donne Uran. pr. | n. 4. cette épitaphe, dès le temps qu'il écrivit sa relation. Il porte effectivement ce titre à la tête de l'écrit ; et lui-même qualifie son très-cher fils, Pacatus à qui il l'adresse

L'ouvrage d'Urane, quoique fort court, a été célebre dans l'antiquité. S. Isidore de Seville le marque dans son catalogue des Ecrivains Ecclésiastiques. S. Grégoire Pape en cite un endroit dans ses Dialogues; et S. Grégoire de Tours, sans en nommer l'Auteur, dit qu'il avoit une grande relation sur la mort de S. Paulin. L'apparition de S. Janvier et de S. Martin dont il parle, et qui est rapportée dans Urane, fait voir que c'est le même ouvrage qu'il désigne.

Paul. Vit. ibid.

Isid. Scrip. Eccl.

c. 4.

Greg. dial. 3. c. 1.

Greg. T. gl. con. 100. p. 990.

c.

Uran. n. 2.

195. n. 7.

Surius paroît être le premier qui a publié cette relation. Sur. 22. Jun. p. Mais il s'y est glissé une faute grossiere dans le nom de Pa- 733-736. catus à qui elle est adressée, et qui y est nommé Paratus. Le Boll. 22. Jun. p. P. Chifflet l'aïant revûë sur un manuscrit de Troïes, plus correct que l'imprimé de Surius, la donna de nouveau dans son recueil intitulé Paulinus illustratus. ' C'est de là que les continuateurs de Bollandus l'ont fait passer dans leur grand ouvrage,' et 'et que le dernier éditeur de S. Paulin l'a prise Paul. t. 2. p. 14pour la placer à la tête de la vie qu'il a composée de ce Saint.

p. 198-200.1.

148.

P. 77.

Urane ne regarde son écrit que comme des mémoires, Uran. pr. | n. 12. pour servir à l'Histoire entiere de la vie de S. Paulin, que Pacatus avoit entrepris d'écrire. Le style en est simple, clair Du Pin, bib. t. 4. et net, dit M. Du Pin, qui ajoûte que c'est tout ce qu'il a de bon. Et que faut-il autre chose dans une relation où l'Auteur s'est borné à rapporter les circonstances de la mort du Saint dont il a voulu parler? L'écrit est même d'autant plus estimable, qu'il est l'unique histoire originale que nous aïons sur S. Paulin.

V SIECLE.

PACATUS,

POETE CHRÉTIEN.

Uran. pr. n. 12. Particle précédent, étoit un jeune homme de grande

ACATUS, dont nous avons déja dit quelque chose dans

Paul. Vit. c. 34. n. 2 Till. H. E. Aus. sap. p. 264.

t. 14. p. 142.

Uran. n. 42.

pr. n. 12.

n. 4 pr.

Ibid.

n. 12.

qualité, et célebre pour les belles letres, et surtout pour la Poësie. Il faisoit sa demeure au-delà de la mer, par rapport à la Ville de Nole, c'est-à-dire dans les Gaules, et très-probablement du côté de Bourdeaux, comme la suite en fera convenir. 'Il étoit peut-être descendu, ou même le propre fils de Latinus Pacatus Drepranius, dont nous avons parlé sur le IV siecle, et qu'Ausonne son ami qualifie Proconsul, en lui adressant un de ses ouvrages.' Il paroît que Pacatus n'étoit qu'un simple Laïc, puisque le Prêtre Urane le nomme son très-cher fils.

On ne sçait point s'il ne fut pas élevé à quelque charge, comme son pere, ou son aïeul, qui étoit Païen. Mais il eut au-dessus de lui l'avantage d'être Chrétien, qui est incomparablement plus estimable que toutes les hautes fortunes, et tous les honneurs temporels. C'est ce qu'il est aisé de juger 'par le dessein qu'il avoit formé d'écrire en vers la Vie de S. Paulin Evêque de Nole. Pour exécuter son entreprise avec plus de succès, il pressa par deux différentes letres Urane, qui avoit assisté à la mort du S. Evêque, de lui en envoïer la

relation.

Pacatus ne demandant point d'autres mémoires à Urane, nous fait comprendre qu'il étoit suffisamment instruit du reste de l'Histoire de S. Paulin. Il pouvoit aisément la sçavoir à fond, si, comme il y a bien de l'apparence, et comme cette circonstance même le suppose, il étoit ou de Bourdeaux ou des environs. Le Saint, comme tout le monde scait, étoit fort connu dans cette Ville; puisqu'il y avoit pris naissance, qu'il y avoit été élevé, et que depuis sa retraite en Espagne, et delà en Campanie, il y avoit toûjours entretenu de continuelles habitudes.

'Urane dressa donc cette relation, et l'envoïa à Pacatus, qu'il qualifie son illustre Seigneur. 'A la fin il l'exhorte d'exé

cuter au plutôt son dessein, et de mettre promptement au jour une Histoire qui devoit acquérir beaucoup de gloire à son Auteur, et dont la postérité tireroit de grands avantages. Il lui témoigne qu'aïant à passer la mer en peu de temps pour faire apparemment un voïage en son païs, qui étoit les Gaules, comme nous avons dit à son article, il souhaite d'avoir la satisfaction de lire cet ouvrage, avant que de s'en retourner à Nole.

V SIECLE.

2 | Till. ibid.

On ignore ce que put devenir un dessein si noble, et si digne des meilleures plumes; et l'on ne sçait si Pacatus l'exécuta, Paul. Vit. c. 54. n. comme il l'avoit projetté. Car on ne trouve nulle part aucun autre vestige de cette vie; et S. Grégoire de Tours dès le siecle suivant assûre qu'il n'avoit rien lû sur la Vie de S. Paulin, hors la relation de sa mort par le Prêtre Urane.

POSTHUMIEN,

PRÊTRE DE L'ÉGLISE DE NOLE.

OSTHUMIEN, célebre dans les Dialogues de S. Sévere Sulp. Dial 1. .

PSulpice, étoit d'Aquitaine. Il paroit qu'il avoit étudie les 1.2.4 20.

belles letres en sa jeunesse; puisque dans ses narrations il cite
Saluste et divers autres anciens Auteurs. Il avoit même de la n. 3.
théologie, comme l'on en peut juger par la maniere dont il
raisonne sur les Livres d'Origene, pour la justification duquel
il témoigne beaucoup d'inclination. Le génie de Posthumien
le porta à voyager; et il le suivit assez long-temps. Il fut plu-
sieurs fois en Afrique, en Palestine et en Egypte; et comme il
ne dit point qu'il se servit d'interprête dans tous ces differents
païs, cela suppose qu'il entendoit les diverses langues qu'on y
parloit. Il voïageoit en homme sçavant et curieux,' aïant une
attention particuliere pour bien connoître les païs qu'il par-
couroit, pour s'instruire des mœurs des peuples qui les habi-
toient, et des autres choses dignes d'observation: c'est ce qui
fait le sujet du premier Dialogue de S. Sévere Sulpice, qui
n'est proprement qu'une relation abrégée des voïages de
Posthumien.

On y voit qu'il les faisoit servir à satisfaire sa pieté, soit en visitant les lieux célebres, ou par les Tombeaux, ou par le séjour

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des Saints, soit en recueillant ce qu'il en apprenoit le plus
à s'édifier ou à édifier les autres. Dans le cours de ses
propre
voïages il passa à Carthage en Afrique, pour rendre ses devoirs
au Tombeau de Saint Cyprien. ' Dès la premiere fois qu'il fut
en Palestine, il avoit eu le bien de connoître Saint Jérôme à
Bethleem; et à la seconde fois il demeura six mois entiers
auprès de lui. Il fait un éloge magnifique de ce Pere, à qui il
laissa une partie de sa famille qui l'avoit suivi malgré lui dans
son voïage. Il proteste que sans le dessein qu'il avoit formé de
visiter les déserts, il seroit demeuré lui-même le reste de ses
jours auprès de ce grand homme. A Alexandrie Posthumien
logea chez l'Evêque du lieu, qui étoit alors Théophile, et qui
lui fit un fort bon accueil. 'Il nous a conservé une réponse bien
édifiante d'un Prêtre des côtes d'Afrique, qui refusant de rece-
voir dix écus d'or que Posthumien lui présentoit, lui dit pour
raison de son refus, que l'or détruisoit plutôt l'Eglise, qu'il
ne l'édifioit.

Posthumien avoit fait son premier voïage en Orient dès avant l'an 399. Il étoit inconnu à S. Paulin, lorsque Dieu le lui envoïa avec Théride son compagnon de voïage. Le Saint trouva en eux un grand fonds de vertu, et témoigna beaucoup de joïe de les posséder. Mais aïant appris d'eux-mêmes qu'il n'avoient point fait connoissance avec S. Sévere Sulpice, il en fut fâché, et les en reprit comme d'une faute, leur faisant comprendre qu'ils devoient préférer sa connoissance à toutes les affaires qu'ils pouvoient avoir en leur païs. Lorsqu 'ils s'en retournerent de Campanie dans les Gaules, il leur recommanda sur tout de l'aller trouver, pour réparer enfin le tort qu'ils s'étoient fait à eux-mêmes.

que

Nos deux voïageurs ne manquerent pas de suivre l'avis S. Paulin leur avoit donné; et ils furent ensuite très-aises de l'avoir fait. Ils trouverent en S. Sulpice tout ce qu'ils pouvoient souhaiter et d'amitié et de vertu. S. Sulpice de son côté fut très-satisfait d'eux, et les regarda depuis ce temps-là comme ses intimes amis. Il lia en particulier une étroite union avec Posthumien, comme l'on voit par ses Dialogues. Mais cette union n'empêcha pas que Posthumien ne retournât quelquefois à Nole; et S. Sulpice se plaignoit agréablement à S. Paulin de ce qu'il le lui avoit enlevé.

a

En 402 Posthumien étoit dans les Gaules, à où après avoir pris congé de S. Sulpice, il s'embarqua à Narbone pour repas

V SIECLE.

n. 16.

n. 2.

ser en Orient. Ce fut, suivant toutes les apparences, en ce voïage, 'qu'il répandit presque dans tout l'Orient et toute l'Egypte la Vie de S. Martin écrite par S. Sulpice. Il fut trois ans à faire cette course, et ne revint dans les Gaules qu'en 405. Il arriva en 30 jours d'Egypte à Marseille, et en dix autres n. 1. jours de Marseille au lieu où étoit S. Sulpice, c'est-à-dire ad Bass. p. 489. à Toulouse, ou dans le voisinage.

Ce fut en cette occasion que Posthumien raconta au Dial. 1. n. 1. Saint ce qu'il avoit vù des Solitaires d'Egypte, et qui fait le sujet du premier livre de ses Dialogues. Posthumien y pro- n. 9. teste que dans tout ce qu'il rapporte de plus extraordinaire, il ne dit rien, ou qu'il ne sçache par lui-même, ou qu'il n'ait appris de personnes dignes de foi. Après qu'il eut fini sa nar- n. 15. 16. ration, il pria S. Sulpice de la part de plusieurs Serviteurs de Dieu, de l'entretenir des choses qu'il avoit omises dans la Vie de S. Martin. Sur cela on engagea Gallus, qui avoit n. 19. 20. passé sa jeunesse auprès du S. Evêque, de rapporter lui-même ce qu'il en sçavoit. Gallus se rendit à un si juste desir; et c'est ce qui fait le sujet des deux autres livres des Dialogues de S. Sulpice de sorte que Posthumien fournit la matiere du premier, et donna occasion aux deux autres.

S. Sulpice les rédigea aussi-tôt par écrit ; et Posthumien Dial. 3. n. 1. 21. devant partir en peu de jours pour retourner encore en Orient, le Saint l'obligea de passer par la Campanie, afin de communiquer ces Dialogues à S. Paulin, voulant qu'il fût le premier qui en eût la lecture. Il chargea aussi Posthumien d'avoir soin de les publier en Afrique, en Grece, en Egypte, et dans les autres païs qu'il visiteroit dans ses courses.

On ne sçait pas bien positivement ce que devint Posthumien après ce dernier voïage dans les païs éloignés, si néanmoins ce fut le dernier qu'il y fit. Mais il n'y a presque pas lieu de douter qu'il ne soit ce Prêtre de même nom, qu'Ura- Uran. n. 2. 12. ne témoigne s'être trouvé à la mort de S. Paulin Evêque de Nole en 431. En effet tout porte à croire que Posthumien après être encore revenu d'Orient, se sera attaché à S. Paulin pour qui il avoit tant de vénération, et qu'il aura été ordonné Prêtre dans son Clergé, comme nous avons vû plus haut qu'Urane l'avoit été presque vers le même temps.

Quoique ce fût S. Sévere Sulpice, qui eût rédigé par écrit les narrations de Posthumien et de Gallus, on ne laissoit pas néanmoins au V siecle de leur faire porter le nom de ces

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