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Besançon. Ce S. Prélat par un zéle pour la discipline Ecclésiastique, avoit de coûtume de faire souvent des visites pastorales avec S. Germain d'Auxerre, et d'observer la conduite des autres Evêques et de leurs Ministres. Il est difficile dit l'Auteur de sa vie, d'expliquer tous les avantages qu'il a procurés par-là aux Eglises des Gaules.

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V SIECLE.

Dans un voïage qu'il entreprit selon sa coûtume, pour al- Ibid. ler voir S. Germain, la noblesse et le peuple de Besançon en étant avertis, allerent aussi-tôt avec empressement trouver les deux Prélats, accusant Quelidoine d'avoir épousé autrefois une veuve, et de ce qu'aïant eu quelque charge de Judicature, il avoit condamné des personnes à mort. Ör il étoit contre l'usage de l'Eglise de faire Evêques des personnes tombées dans ces irrégularités. Les Papes avoient insisté souvent sur le premier point, et nous avons vû que le Concile de Valence en 374, et celui d'Arles en 443 avoient prescrit la même chose. Quelidoine s'en trouvant accusé, S. Hilaire et S. Germain ordonnerent que l'on préparât les témoins.

Il est clair suivant le texte de la vie de S. Hilaire, que cela se passa à Auxerre, et qu'ainsi S. Germain, qui en étoit alors Evêque, eut part à cette grande affaire. Cependant un Au- Fleu. H. E. 1. 27. teur célebre suppose que ces commencements même se fi- n. 4. p. 167. rent dans la ville, dont Quelidoine étoit Evêque. Cela seroit bien plus naturel; mais dans ce cas il faudroit supposer que S. Germain aïant appris le voïage de S. Hilaire, seroit allé au-devant de lui, et qu'ils se seroient rencontrés, soit sur leur route, sit en faisant leurs visites pastorales comme nous avons dit, sur le diocèse de Besançon, ou dans la ville même. 'Outre S. Hilaire et S. Germain, plusieurs autres Evê- Leo, ibid. ques d'un grand mérite s'assemblerent pour juger l'affaire sur les lieux. On l'examina avec tout le soin et toute la maturité p. 744. possible; on entendit les témoins, et l'on jugea que Quelidoine devoit lui-même renoncer à l'Episcopat, puisque les canons l'en excluoient.

Mais bien loin de s'en tenir à ce jugement,' il eut recours Ibid. à Rome, où il se plaignit qu'on l'avoit condamné injustement. Il sçut même si bien faire auprès de S. Léon, qu'il le prévint fortement contre S. Hilaire d'Arles, et commit parlà d'une maniere fâcheuse ces deux grands hommes. S. Hilaire en aïant eu avis, passa les Alpes, nonobstant la rigueur

V SIECLE.

430.

de l'hiver, et se rendit à Rome à pied. Malgré sa présence ep. 10. c. 3. p. et ses raisons, 'S. Léon cassa le jugement rendu contre Quelidoine, le déclara absous de ce qu'on l'avoit accusé d'avoir épousé une veuve, et le rétablit dans l'épiscopat. Les raisons qu'en donne ce Pontife sont qu'après avoir éntendu à Rome des témoins sur cette affaire, ils avoient déchargé Quelidoine, assûrant qu'il avoit été injustement déposé, et qu'ainsi il étoit juste de le rétablir dans sa Dignité. Néanmoins la vie de S. Hilaire, comme nous l'avons remarqué plus haut, porte que les témoins qu'on avoit entendus sur les lieux, avoient rendu un témoignage tout contraire.:

742.

Leo, diss. 5. 441-443 | Till.

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Les anciens monuments ne nous fournissent rien sur ce fameux Concile de Besançon, sinon la 10 letre de S. Léon aux Evêques de la Province de Vienne contre S. Hilaire, et Boll. 28. Feb. p la vie de ce Saint par S. Honorat Evêque de Marseille. Celle de S. Romain, Abbé du Monastere de Condat en parle aussi ; mais les Sçavants conviennent que cet endroit y est hors E. t. 16. p. 744. 1 d'œuvre et doit passer pour y avoir été ajoûté par quelque copiste zélé pour la mémoire de Quelidoine. Au reste on s'accorde à mettre ce Concile en l'année 444. C'est l'époque que veulent qu'on lui assigne le voïage que S. Hilaire fit en hiver à Rome pour cette affaire, et la letre de S. Léon écrite à ce sujet en 445 après ce voïage.

Genn. vir. i, e. 60. p. 28.

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Laun. de. 5. Vict. p. 59.

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No a été longtemps sans connoître cet Auteur que sous OND un nom étranger. Les imprimés de Gennade le nonment Victorinus ce qui a été suivi jusqu'à M. de Launoy au moins. De même, a l'ancien manuscrit de Corbie, qui conGenn. ibid not, tient le catalogue des écrivains de Gennade, lui donne le nom de Victorius. Mais l'on convient aujourd'hui que son 418. 1| Chor. Poe. Véritable nom est Claudius Marius Victor. C'est ainsi qu'il est nommé à la, tête des différentes éditions de ses poësies;

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Bib. PP. t. 8. p.

€ 9. p. 50.

V SIECLE.

sans doute conformément au manuscrit; et c'est pour ne l'avoir pas connu sous ce nom,' qu'Aubert le Mire a avancé Genn. not. ibid. qu'il n'avoit rien vû de ses ouvrages.

Victor étoit de Provence, ou de Marseille même, com- Bib. PP. ibid. | me il paroit par ses habitudes. Il enseignoit la Rhétorique Genn. c. 60. dans cette ville, entre le commencement et le milieu de ce

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c 7.2 9. p. 304.

Il y Bib. PP. ib. p. 28.

1.

V siecle. Il faut que l'école de Marseille fût encore alors fort considérable. Car on prétend que Corvinus célebre Orateur Egas. Bul. t. 1. p. de l'Empire, qui étoit de Provence, y enseignoit aussi la 21 Bail. jug, prej. Rhétorique, en même temps que Victor, sous l'Empire de Théodose le jeune et de Valentinien III, et non pas Valerien, comme on lit dans le texte de M. du Boulay. avoit une étroite union entre Victor et l'Abbé Salomon, qui pouvoit avoir succédé à Cassien dans le Monastere de Marseille, ou qui s'y étoit peut-être retiré de quelque autre endroit. Victor n'étoit qu'un simple laïc, mais un laïc d'une pieté tendre et solide. Il avoit été marié, et avoit au moins Genn. ibid un fils nommé Ethere. Vivant dans un siecle de corrup- Bib. PP. ib." tion, il gémissoit amerement sur les désordres dont il étoit témoin, sans y prendre d'autre part, et avoit sans cesse l'éternité dans le cœur. Mais bien loin que la régularité de sa vie lui inspirât ou de la présomtion ou de l'orgueil, il reconnoît avec humilité, qu'il n'étoit pas de ce petit nombre de fideles adorateurs en esprit et en vérité, que Dieu se conservoit encore parmi les laïcs, comme parmi les Ecclésiastiques et les Moines. On remarque qu'il n'étoit point versé dans la Genn. ibid. science Ecclésiastique; son occupation à étudier les letres humaines ne lui aïant pas permis de s'en faire instruire. On voit cependant par ses poësies qu'il fit une étude particuliere de l'Ecriture Sainte. Ce fut peut-être pour s'y appliquer avec moins de distraction, 'qu'il se retira à la campagne où il Bib. PP. ibid. paroît avoir vêcu sur la fin de sa vie. Il mourut selon Gen- Genn. ibid. nade, sous les Empereurs Théodose le jeune et Valentinien II: ce qui nous conduit depuis l'an 425, auquel ce dernier commença à regner, jusqu'en l'année 450, que mourut Théodosé! Ainsi nous pouvons fixer la mort de Victor à l'an 445 ou environa a dom

'On l'a souvent confondu avec le fameux Victorin d'Afrique ; quoiqu'il y ait presque un siecle de différence entre l'un et l'autre. Ce qui induisoit dans cette erreur étoit la ressemblance qui se trouve entre leurs noms, leur profession,

Gir.

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.1 Poë. hist. dial. 5. p. 285.

Quint. decl. pr. Þ

V SIECLE.

p. 222.

et quelques autres traits qui sont les mêmes dans l'histoire de Hier. in Gal. pr. ces deux Rhéteurs. Car S. Jerôme nous apprend que celui d'Afrique se nommoit Gaïus Marius Victorinus; qu'il enseignoit la Rhétorique à Rome, et que ses fonctions de Rhéteur ne lui avoient pas permis de prendre une connoissance suffisante des Saintes Ecritures: ce qui convient comme l'on a vû à Claudius Marius Victor. Cave le confond aussi avec le Poëte Victorius, dont parle S. Sidoine; mais on verra par l'histoire de ce Victorius, qu'il n'y a nul fondement pour appuïer cette conjecture.

Cave, p. 273. 2.

Genn. vir. ill. c. 60. p. 28.

418. 1 .427.2.

p. 417. 2.

ib.

Bib. PP. ibid. p.

S. II.

SES ÉCRITS.

ENNADE nous apprend que Victor avoit composé un

G Commentaire sur la Genése depuis le commencement

a

Bib. PP. t. 8. p. jusqu'à la mort d'Abraham, divisé en trois livres. Nous avons encore cet ouvrage, qui est un Poëme en vers héxametres, divisé en trois livres, comme Gennade le marque. Victor y explique l'histoire de la Genése jusqu'à l'embrasement des Villes de Sodome et de Gomorrhe inclusivement. 'Il l'entreprit pour l'instruction de son fils, à qui il l'adresse. p. 418. 1. Genn. b Il y mit une préface en vers hexametres, dans laquelle il donne de Dieu une idée aussi magnifique que l'homme est capable de le faire. Il y dit que c'est un crime que de ne pas connoître cet Etre Souverain de toutes choses; mais que l'esprit de l'homme est trop foible et trop borné pour le comprendre. Il y établit fort bien le péché originel, et en marque dignement le remede, en disant que c'est quelque chose de plus grand d'avoir trouvé le secret de vaincre la mort, que de l'avoir ignorée.

417. 1. 2.

ள்

2.

Genn. ibid.

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Gennade a observé que ce Poëme est écrit d'une maniere fort Chrétienne, et avec beaucoup de pieté ; mais que l'ouvrage est foible en lui-même, et les pensées de peu de poids, parceque la litérature profane aïant fait toute l'occupation de l'Auteur, il n'avoit point été instruit dans l'intelligence des Saintes Ecritures. Il y auroit peut-être peu d'habiles gents qui aïant bien lû le Poëme, voudroient souscrire à ce jugement pour ce qui regarde la foiblesse prétenduë qu'y a trouvée Du Pin, bib. t. 4. cet écrivain. Car selon la remarque des critiques moder

P. 176.

nes, quoique cet ouvrage soit rude, et que les vers en soient durs, le sens néanmoins en est noble, et l'histoire y est fort bien expliquée. Il y a lieu de juger que l'ouvrage de Victor étoit devenu fort rare vers la fin de ce V siecle; puisque S. Avite Evêque de Vienne entreprit alors de traiter le même sujet en cinq livres de Poësies que nous avons encore.

V SIECLE.

A la fin de ce Poëme de Victor se trouve une letre du mê- Bib. PP. ibid. p. me Auteur encore en vers hexametres, adressée à l'Abbé Sa- 427. 2. 428. 1. lomon. Elle fut écrite de la campagne et envoïée dans la p. 428. 1. ville de Marseille. C'est un gémissement, ou une censure des mœurs de ce V siecle. Comme Salvien a écrit sur le même

427. 2.

sujet, c'est sans doute pour cette raison, ' que quelques Sca- Syll. Poë. chr. vants lui ont voulu donner ces Poësies de Victor. Nôtre Bib. PP. ibid. p. Poëte dans cette letre se plaint amérement de ce que ni les ravages des Alains, des Vandales, des Sarmates, et des autres barbares, ni la famine, ni les autres calamités publiques n'avoient servi de rien pour rendre meilleurs les gents de son siecle, étant toûjours les mêmes qu'ils étoient auparavant. Il p. 428. 1. y déclame en particulier avec beaucoup de force, contre les vices du beau sexe, contre son luxe, son affectation à se parer richement, contre le fard, le vermillon, et les autres diverses couleurs, qu'emploïoient les femmes pour se deshonorer, en croïant se rendre plus agréables. Mais Victor fait observer que si les femmes sont coupables en cela, les hommes ne le sont pas moins de le souffrir, au lieu de l'empêcher, comme ils y seroient obligés. Il finit par un motif de consolation à sa juste douleur. C'est que malgré la corruption presque générale de son siecle, on voïoit encore dans le Clergé et dans l'Ordre Monastique des personnes de vertu et d'une pieté exemplaire, et qu'il s'en trouvoit même parmi les laïcs.

'Les Poësies de Claudius Marius Victor ont paru pour la syll. Poë. chr. premiere fois par les soins de Jean de Gaigny, qui les publia

a

p. 1.

avec celles de S. Avite de Vienne, mais en y faisant divers changements. Cette édition fut faite à Lyon chez Vincent Ibid. | Bib. Tell. Portonaire l'an 1536 en un volume in-8°. a Elles furent réim- P: 35: 1: primées en 1545 à Paris chez Pierre Drouart, qui y laissa bien des fautes. Guillaume Morel donna une nouvelle édition Ibid. | Bid. Baluz. de l'ouvrage de Victor, qui fut imprimée l'an 1560 en un volume in-8° avec le Poëme sur la Genése, attribué à S. Hilaire de Poitiers, et diverses autres Poësies Chrétiennes. Morel Syll. ibid. | Fab. tâcha de corriger les changements qu'y avoit faits Jean de 35-36.

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t. 2. p. 621.

bib. lat. app. p.

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