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au Pape, qui la reçut avec de grandes marques d'estime et de joie. Dans la réponse qu'il fit à nos Evêques, il donne à leur foi et à la pureté de leur doctrine des éloges que nous ne pouvons mieux exprimer que par ses propres termes. Eas epistolas, dit-il, cum gaudio recensentes probavimus, sicut confidebamus eruditione Spiritus Sancti cœlestem in vobis vigere doctrinam.

LXIX. Il n'y a presque pas lieu de douter que cette grande affaire ne produisit bien d'autres écrits, tant de la part des Evêques que d'autres personnes de nos Gaules. Mais il ne nous en est rien resté que la letre des 44 Evêques, dont nous venons de parler. De même la dispute célébre que l'on vit s'élever en ce siecle sous les Pontificats de S. Zosime et de S. Léon, et qui dura encore sous celui de S. Hilaire, entre les Eglises d'Arles et de Vienne au sujet de la primatie, donna aussi naissance sans difficulté à grand nombre d'autres écrits. Car elle fut soutenue avec chaleur et exerça à differentes reprises durant plusieurs années la plume des Evêques des deux Provinces, pour soutenir leurs droits auprès du S. Siége. Néanmoins de toutes les letres, mémoires, instructions et autres écrits que ce fameux differend a pû produire, rien ne nous a été conservé, ' sinon le peu de vestiges Leo, ep. 50, p. que nous en trouvons dans les letres de ces Papes. Il ne nous t. 4. p. 1043, 1047 reste rien non plus sur la grande affaire d'Acace de Constantinople, dont la déposition causa tant de troubles dans l'E

538. 541. Cone.

1

glise sur la fin de ce siecle. Cette affaire cependant fut agi- Conc., t. 4, p. 1260. tée dans nos Gaules, et nos Evêques pressés de prendre la plume à ce sujet; le Pape S. Gelase aïant prié S. Rustice de Lyon de lui en dire son avis, et d'avoir ceux des autres Evêques des Gaules sur la même affaire. Mais de combien d'autres monumens, que ce siecle seul avoit vû naître dans nos Gaules, l'Eglise et la République des letres sont-elles privées! Combien d'Actes de Conciles, combien de Vies des Saints, combien d'autres écrits en tout genre d'érudition sacrée et profane, nous ont été enlevés, soit par le malheur des temps, soit par la mauvaise volonté, ou la négligence des hommes On verra par la suite que sans parler de ceux dont nous n'avons nulle connoissance, on feroit un grand nombre de gros volumes de ceux que nous avons perdus, et dont il nous reste seulement ou les titres, ou quelques indices qu'ils ont existé.

V SIECLE.

p. 521.

a Conc., t. 2, p. 1009.

63, p. 422-423.

n. 64, d. 426.

LXX. Ce sont là les traits de literature que nous avons cru devoir recueillir et lier ensemble, afin de faire voir comme d'un coup d'œil, l'état des letres dans les Gaules en ce siecle. On va le voir plus en détail dans les éloges historiques que nous allons donner de nos sçavans Gaulois qui ont travaillé à les faire fleurir durant ce temps-là.

SAINT DELPHIN,

EVEQUE DE BOURDEAUX.

UOIQUE S. Delphin soit peu connu pour son sça

Qvoir, il a eu néanmoins trop de liaison avec les plus

a

grands hommes de letres de son temps; et ceux-ci ont fait trop d'estime de sa doctrine pour pouvoir légitimement Till. H. E., t. 10, nous dispenser de parler de lui dans cet ouvrage de litérature. Il fut fait Evêque de Bourdeaux, au plus tard en l'année 380. Le quatrième jour d'Octobre de la même année il se Sul. hist., 1. 2, n. trouva au Concile de Saragoce, où les Priscillianistes furent condamnés. Quelque temps après, lorsque ces hérétiques passoient par l'Aquitaine pour aller à Rome, S. Delphin leur fit refuser l'entrée de Bourdeaux. Mais il ne put empêcher qu'ils ne fissent de grands désordres dans son Diocèse. Nous en avons touché quelques-uns ailleurs, à l'occasion d'Eucrocie veuve du célébre poëte Delphide. En 384 ' on tint à Bourdeaux même contre ces hérétiques un ConSpic., t.5,pr.p.11. cile, dont nous avons parlé sur le siecle précédent, et auquel S. Delphin assista. ' Il y présida même, suivant l'opinion d'un moderne, qui paroît l'avoir scû de la personne qui avoit entre ses mains les actes de ce Concile. La verité y fut reconnuë; mais les Evêques eurent assez de foiblesse pour souffrir que Priscillien refusât de répondre devant eux, et qu'il Paul., ep. 3, n. 4. appellât à Maxime, qui étoit alors le maître des Gaules. En 390 au plus tard S. Delphin baptisa le grand S. Paulin, depuis Evêque de Nole, et son frere dont on ignore Paul., ep. 19, n. 1. le nom. Il paroît qu'il avoit beaucoup contribué à la conversion du premier,' qui depuis eut toujours un très-grand respect pour lui, et qui le regarda comme son pere. Lorsque S. Paulin eut quitté Bourdeaux, S. Delphin entretint avec

Sul., ibid.

ep. 19, n. 2. | Till., ibid.

ep. 9, n. 1.

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lui

par letres un commerce réglé et non interrompu. Il nous reste encore aujourd'hui plusieurs de celles que S. Paulin lui adressa; mais aucune de celles de nôtre S. Evêque n'est venuë jusqu'à nous.

V SIECLE.

Outre S. Paulin de Nole, S. Delphin étoit encore ex- Amb., ep. 87, n. 2. trêmement uni avec S. Phébade d'Agen; et l'un et l'autre l'étoient aussi beaucoup avec S. Ambroise de Milan. Ils avoient tous deux un commerce ordinaire de letres avec ce saint Docteur; mais on ne nous a conservé qu'une seule adressée à tous deux. On y voit que leur union étoit si étroite, qu'ils aimoient mieux qu'on leur écrivit par une letre commune, qu'à chacun en particulier; leur affection mutuelle ne pouvant souffrir que l'on séparât même leurs noms. Aussi est-ce de la sorte qu'en usoit S. Ambroise, lorsqu'il leur écrivoit. Une fois cependant à la sollicitation du n. 1. 3. Proconsul Polybe, S. Ambroise leur écrivit à chacun d'eux en particulier; mais en marquant qu'il se contentoit qu'ils lui fissent une réponse en commun, comme ils avoient de

coutume.

'Dans cette letre S. Phébade, qui est mal nommé Séba- n. 1. de, tient le premier rang. C'est sans doute à cause de son an- Till., ibid., p. 522. cienneté et de son mérite personnel; car il n'y a pas lieu

de douter que S. Delphin fût son Métropolitain. C'est aussi pour les mêmes raisons qu'il est nommé le premier dans le Concile de Saragoce, auquel S. Delphin étoit présent. Saint Amand dont nous parlerons dans la suite, étoit alors auprès de S. Delphin. Il pouvoit être son Prêtre; et il fut ensuite son successeur immédiat dans le même Siége.' Il est certain qu'il Paul., ep. 9, n. 1 avoit été instruit, et peut-être élevé par le saint Evêque comme l'avoit été S. Paulin qui le qualifie leur pere commun.

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On tire Paul. car. 27.

On croit que S. Delphin mourut au plus tard l'an 403, Till., ibid., p. 523 ou même dès l'année 402, s'il est mort le 24 de Décembre auquel le Martyrologe Romain marque sa Fête. cette époque d'un Poëme que S. Paulin fit en 404, et où marquant les Saints les plus illustres de chaque pays, qui honoroient et sanctifioient leurs Provinces par leurs tombeaux et leurs cendres, 'il dit que c'est en cette maniere v. 79. que l'Aquitaine s'attribuë S. Delphin.

Aujourd'hui l'on ne trouve nulle part aucune des letres de S. Delphin; quoiqu'il soit constant, et par celles de S. Ambroise, et par celles de S. Paulin que nous venons de citer,

V SIECLE.

ep. 9, n. 1.

ep. 19, n. 2.

qu'il en a écrit un assez grand nombre. La perte en est d'autant plus grande, que ceux qui en avoient eu connoissance en font plus d'estime. S. Paulin qui est de ceux-là, n'en parle qu'avec éloge, les loüant comme pleines du sel de la sagesse divine, et les instructions qu'elles contenoient, comme un pain très-délicieux, et propre à satisfaire la faim de

son âme.

Sym., 1. 1, ep. 73.

82.

Aus. Prof.,c.11. P.
Par., c. 8. c. 9,

171 prot., p.308.
p. 122-124.

H

HESPERE,

PROCONSUL D'AFRIQUE ET PRÉFET DES GAULES.

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ESPERE, Homme d'esprit et d'érudition, nâquit, pour ainsi dire, dans le sein des Muses. Il vint au monde à Bourdeaux avant le milieu du IV siecle, comme il paroît, lorsque le Poëte Ausone son pere y enseignoit publiquement les letres humaines. Il eut pour mere Attusia Lucana Sabina, sortie d'une ancienne famille des Sénateurs de la même Ville, mais qu'il perdit dès son enfance. 'Son Prot., p. 305-338. pere prit un soin particulier de son éducation,' et lui fit faire de grands progrès dans les belles letres; puisqu'il soumettoit quelquefois à son jugement les pièces qu'il composoit. Hespére cependant acquit moins de réputation dans les sciences que dans les charges qu'il exerça.

ep. 2, p. 91.

Till. Ep., t. 5, p. p. 188.

26.

Aus. par., c. 22 30. p. 135 142.

Paul. Euch., v. 1. 24.

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'Le crédit que son pere avoit à la Cour, en qualité de Précepteur d'un César, procura à Hespere et à toute la famille Paul. Euch., v. 21. des avancemens considérables. D'abord il fut Vicaire des Préfets en Macédoine. Ce fut-là, ce semble,' qu'il épousa la fille de Severus Censor Julianus et de Pomponia Urbica, louée pour sa Noblesse, et l'un et l'autre pour leurs mœurs. Avant que de quitter la Macédoine, sa femme lui donna un fils nommé Paulin, qui fut célébre au commencement de ce Aus. par., c. 11. p. siecle et par sa disgrace et par sa pénitence. 'Il eut de ce mariage encore deux autres enfans au moins, l'un desquels nommé Pastor, mourut dès ses plus tendres années. De Macédoine Hespere fut appellé en Afrique, pour gouverner cette province en qualité de Proconsul. Il entra dans cette nouvelle charge le dixième jour du mois de Mars de l'an 376,

125.

Till., ibid., p. 711. 2. Paul. Euch.,

v. 31-3. Till., ibid.

a

V SIECLE.

et l'exerça environ dix-huit mois. Il fut ensuite Préfet du Prétoire en 378, 379, 380, et peut-être encore au-de là.

a p. 188.

Il y a quelque difficulté à dire précisément quelle fut la Préfecture qu'il exerça. Les uns veulent que ce soit celle p. 712. 731. de l'Italie, et par conséquent aussi de l'Afrique qui en dépendoit. D'autres soutiennent que c'étoit celle des Gaules, qu'il exerçoit conjointement avec Ausone son pere; soit qu'ils partageassent ensemble l'exercice de cette Charge, soit qu'on eût divisé en leur faveur les Provinces de la même Préfecture. On peut assûrer que ce dernier sentiment, qui est celui de M. Valois, est le mieux fondé, et le texte1 d'Ausone paroît n'y laisser aucun doute, après avoir prouvé, comme nous avons fait, que c'étoit la Préfecture des Gaules qu'Ausone exerçoit, lorsqu'il en parloit comme la partageant avec son fils.

Ces grandes Charges procurerent à Hespere des amis de la premiere distinction. Le plus connu fut Symmaque l'Orateur, l'un des plus zélés Païens de ce temps-là. Mais cela n'empêcha pas qu'il ne liât avec Hespere qui étoit Chrétien, Sym., 1. 1, ep. 18. une amitié si étroite, qu'il le regardoit comme un autre luimême, et qu'il vouloit n'en être point regardé autrement.

Ils s'écrivoient souvent l'un à l'autre, et nous avons encore ep. 69. 82. 14 letres de celles que Symmaque adressa à cet ami. 'En lui ep. 73. recommandant dans une de ses lettres le soin de faire païer la pension que le Senat avoit accordée au Philosophe Priscien, il dit à Hespere que son érudition et la gloire qu'il avoit acquise, étoient interessées en cette affaire. Qu'il sçavoit bien que les beaux Arts ne se soûtiennent que par l'honneur qu'en retirent ceux qui travaillent à les faire fleurir. Symmaque ep. 72. faisoit beaucoup de cas de son estime; et l'approbation qu'Hespere avoit donnée à quelqu'un de ses discours, flatoit agréablement l'amour propre de cet Orateur.

'On ne doute point qu'Hespere dont nous parlons ici, ne Till., ibid., p. 188. soit ce Comte de même nom, que l'Empereur Valentinien II emploïoit dans les affaires les plus importantes. On ne doit pas douter non plus qu'il n'ait survêcu Ausone son pere: mais il faut qu'il soit mort dans les premieres années de ce siecle. 'C'est ce que dit assez clairement Paulin son fils, en Paul. Euch., v.

1. Ad præfecturæ collegium filius cum patre conjunctus...et tui tantum præfectura beneficii, quæ et ipsa non vult vice simplici gratulari, liberalius divisa quam juncta: quum teneamus duo integrum, neuter desiderat separatum.

232-238.

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