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V SIECLE.

liant la mort d'Hespere avec l'entrée des Barbares dans les Gaules, où ils se jetterent, comme nous avons vû, dès le Aus., ep. 1, p. 91. dernier jour de 406. Ausone, comme nous l'avons marqué

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ailleurs, avoit composé des Fastes, ou plûtôt un corps entier d'Histoire Romaine pour l'usage particulier d'Hespere. Il la commençoit aux premiers Rois de Rome, et l'avoit conduite jusqu'à son consulat, c'est-à-dire, jusqu'à l'an 379. Cette Histoire ne nous a pas été conservée; mais nous avons une Epigramme de l'Auteur, dans laquelle il nous a laissé une idée de son dessein. Cette Epigramme est surtout pour exhorter Hespere à continuer l'ouvrage, et à faire en sorte que son nom s'y trouvât joint à celui d'Ausone au rang des Consuls.

'Tu quoque venturos per longum consere Janos,
Ut mea congessit pagina præteritos.

Exemplum jam patris habes: ut protinus et te
Aggeret Ausoniis Purpura Consulibus.

Hespere cependant ne fut point Consul comme Ausone le souhaitoit. Au moins son nom ne paroît pas dans les Fastes des Consuls ordinaires. Mais cela n'empêche point qu'il n'ait pù continuer l'Histoire que son pere avoit poussée si loin; quoique nous n'aïons aucune connoissance qu'il l'ait fait véritablement, à cause de la perte de cet ouvrage.

S

MARCEL,

MEDECIN, SURNOMMÉ L'EMPIRIQUE. (1)

S. I.

HISTOIRE DE SA VIE.

I Marcel dont nous entreprenons l'éloge, porte le titre de Médecin, il paroît que c'est moins pour avoir professé la Médecine que pour avoir écrit sur certains remedes qu'elle emploïe dans ses cures. 'Il étoit non-seulement Chrétien; mais il faut encore' que sa vertu et sa probité fussent

1 C'est-à-dire selon la force du mot Grec, un homme qui ne se fonde que sur l'expérience dans les remedes qu'il prescrit pour la guérison des maladies.

bien éclatantes, puisque Suidas le qualifie un monde, ou un amas de toutes sortes de vertus, ou plutôt la vertu vivante

V SIECLE.

même dans un corps mortel. La maniere toute chrétienne Mar. de med. pr. dont il parle lui-même à ses enfants, confirme parfaitement P. 242. cette idée. En les exhortant à communiquer libéralement à tout le monde le recueil des remedes qu'il leur adresse, il veut qu'ils le fassent sur tout envers les pauvres et les étrangers. La raison qu'il en donne, c'est, dit-il, que le soin qu'on prend de ces sortes de personnes est plus agréable aux yeux de Dieu, et plus honorable devant les hommes.

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'Marcel étoit Gaulois, et de la ville même de Bourdeaux, selon plusieurs auteurs. Nous avons vû en effet sur le siecle précédent, qu'il y avoit à Bourdeaux une famille de ce nom : mais si nôtre Médecin étoit de cette famille, on peut assûrer que ce n'a pas été, comme ces mêmes auteurs le prétendent, en qualité de pere de Marcel le Grammairien, qui paroît avoir été plus ancien que lui. Il suffit de se souvenir que nous avons montré qu'il étoit mort après avoir enseigné assez longtemps à Narbone, lorsqu'Ausone faisoit son éloge, et avant que Marcel se fût rendu si célébre.

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Celui-ci passa de Bourdeaux à la Cour de l'Empereur; et Cod. Th. ibid. sous Théodose le Grand il fut Maître des Offices.' Il conti- Ibid. | Suid. ibid nua d'exercer la même charge sous l'Empereur Arcade son

fils: mais Eutrope ce fameux Eunuque, qui dominoit alors Til. Emp. t. 5 à la Cour, en déposseda Marcel, pour la faire passer à Osius P. 430. son confident, et son principal ministre, quoique ce ne fût qu'un simple valet Espagnol. On a vû que Jule Ausone compatriote de Marcel, avoit été premier Médecin de l'Empereur Valentinien I. On peut croire que ce fut lui, ou le Poëte Ausone son fils, qui introduisit Marcel à la Cour Imperiale, et qui contribua à l'avancer dans les charges. Au reste, supposé que Marcel ait réellement professé la médecine, il ne doit point paroître étrange, après ce que nous avons dit sur Jule Ausone, de voir que les Médecins des Princes fussent alors élevés aux premiers honneurs.

'Il y a deux loix de l'Empereur Arcade adressées à Marcel en qualité de Maître des offices. Elles sont dattées l'une et l'autre de Constantinople l'an 395. Par la premiere, qui est du premier jour de Juin, l'Empereur enjoint à Marcel d'envoïer en chaque Province des Agens ou Inspecteurs publics, et lui prescrit de quelle maniere ils doivent se conduire dans Tome II. G

Cod. Th. t. 2. p.

202 t. 6. p. 148.

. 2. p. 202.

V SIECLE.

t. 6. p. 148.

p. 149 1.

Mar. de med. pr. p. 242.

leur charge. Dans l'autre loi, qui est du 24° jour de Novembre, Arcade lui ordonne de chercher s'il ne trouveroit point quelques hérétiques parmi les moindres Officiers de son Palais; et non-seulement de les casser, mais aussi de les bannir de la ville, et même d'en bannir ceux par la faute desquels ils étoient entrés dans ces charges. Cette loi est un illustre monument en faveur de la pureté de la foi de Marcel ; et l'une et l'autre marquent la confiance que l'Empereur avoit en son zéle et sa solicitude.

Marcel vêcut jusques sous l'Empire de Théodose le jeune, comme il paroît par le titre de l'ouvrage qu'il nous a laissé, dans lequel il prend la qualité d'Officier de Théodose l'ancien, avec celle d'Illustre. 'Il fut marié, et eut des enCod. Theod. t. 2. fants de son mariage, desquels Libanius fait mention dans sa lettre 353 à Anatole. C'est tout ce que nous avons pû recueillir de remarquable sur la personne de Marcel.

p. 202. 1.

Med. ar. prin. t. 2. par. 3. p. 242.

S. II.

SES ECRITS.

'OUVRAGE de Marcel dans l'édition qu'Henri Estienne nous en a donnée, et de laquelle nous nous sommes servis, n'a point d'autre titre que celui-ci de Médicamentis, des Remedes. Mais l'Auteur dans sa préface le nomme un Recueil De empiricis remediorum physicorum, sive rationabilium confectionibus et annotationibus fartum unde collectis. Voss. nat. art. 1.5. Vossius abrégeant ce long titre, le réduit à celui-ci : Des remedes empiriques, physiques et fondés sur le raisonnement.

c. 12. 8 34.

Mar. de med. pr. p. 242.

Marcel témoigne avoir apporté tout le soin et toute l'exactitude possible à faire ce recueil. Il dit avoir imité en cela l'exemple de plusieurs personnes studieuses, qui bien qu'elles ne fissent pas une profession expresse de Médecine, n'avoient pas laissé de s'occuper à en traiter. Non-seulement il profita de ses lectures, en recueillant soigneusement ce qui s'y présentoit de convenable à son dessein; mais il inséra encore dans son recueil ce qu'il apprenoit des autres, et ce qu'il avoit éprouvé lui-même être utile à la santé. Il y joignit aussi les remedes les plus simples, que les gens de la campagne et le petit peuple avoient trouvé par hazard. Il ne se servit que des Médecins qui avoient écrit en latin. Entre les anciens il nomme les deux Plines, Apulée, Celse Apollinaire et De

signatien. Entre ceux qui vivoient peu de temps avant lui, et qu'il qualifie ses concitoïens, il nomme Sibure, Eutrope et Ausone.

V SIECLE.

Le motif qui le porta à entreprendre ce travail, fut de Ibid. fournir par là à ses enfants un moïen présent pour remédier à leurs maladies, sans être obligé de recourir aux Médecins. Si néanmoins il s'agissoit de remedes composés, il les exhorte à n'en point user d'eux-mêmes, sans y appeller les Médecins les plus habiles. C'est de quoi il donne plusieurs raisons p. 242. 243. fort sensées.

'Il eut soin de mettre à la tête de son recueil les différents Ibid. poids et mesures, avec les caracteres qui servent à les exprimer selon l'usage de la Grece, et les anciens Médecins. On P. 243. 245. les y retrouve encore en latin, comme il témoigne les y avoir mis; et l'éditeur y a ajoûté en grec ceux dont se servent les Grecs aussi dans la Médecine.

La préface de Marcel et sa liste des poids et des mesures, p. 244. 250. est suivie de plusieurs letres de divers Médecins, dont il s'étoit proposé de suivre l'exemple. On y en voit deux d'Hippocrate, une de Largius Designatianus, une autre de Pline, deux de Cornelius Celsius, et une de Vindicien.

33. p. 396.

Tout l'ouvrage de Marcel est divisé en 36 chapitres, dans chacun desquels il assigne divers remedes propres à guérir, comme il prétend, les différentes maladies du corps humain. On c. 26. p. 358. | c. trouve en plusieurs endroits de ce recueil, des preuves qui confirment que l'Auteur étoit Gaulois, et qu'il écrivoit pour des Gaulois. En effet, lorsqu'il nomme certaines plantes, il donne souvent les noms qu'elles portoient dans les Gaules. De mê- c. 1 p. 253. me en parlant de l'hierabotane, ou peristereon, il dit ces paroles remarquables, quam nos Verbenam dicimus. Or il est con

stant que les Gaulois nommoient ainsi cette plante.

Au Chapitre 23 Marcel avance comme une chose dont Mar. ibid. c. 23. il ne doutoit pas que la Couronne de Notre-Seigneur fut P. 347. faite d'épine blanche.

'Il mit à la fin de son ouvrage, un petit Poëme en vers he- p. 412. 414. xametres, sur les différentes especes de drogues dont il parle dans tout son recueil. Ce Poëme contient 78 vers; et l'Au

teur souhaite à ses lecteurs qu'ils puissent vivre autant d'années.. 'Pierre Pithou nous a donné ce Poëme entre les autres pe- Epi. et Poë. vet. 1. tites piéces de Poësie des Anciens, imprimé en 1590.

2. p. 241-243.

Marcel dédia son recueil de remedes à ses propres en- Mar. de med. pr.

p. 242.

V SIECLE.

ep. ded. p. 240.

26. p. 358.

c. 8. p. 279.

fants, et ne le publia que sous l'Empire de Théodose le jeune, vers les premieres années de ce siecle.

'On remarque avec beaucoup dn fondement que la plûpart des remedes recueillis par cet auteur, sont autant de suc. 2. p. 255. c. perstitions. Telles sont en particulier ces observations qu'il attache très-souvent à ses secrets: qu'il faut, par exemple, cueillir de la main gauche les simples qu'il prescrit. Rien n'est encore plus superstitieux que ce qu'il assigne contre les petites pailles qui entrent dans les yeux; il veut qu'ouvrant l'œil avec trois doigts de la main gauche sans anneau, l'on craep. ded. p. 240. che trois fois, en disant autant de fois rica, rica, soro.' Il est surprenant de ce que Marcel étant Chrétien, comme nous l'avons montré, et qu'il paroît par quelques endroits de son ouvrage, il se soit amusé à nous débiter des choses aussi vaines et ridicules, dont les Païens même se riroient. On croit y voir plusieurs de ces prestiges et réveries dont Xenocrate Aphrodisien, et un certain Pamphile avoient chargé leurs écrits, au rapport de Galien. Il semble aussi que Marcel y a inséré d'autres choses obscures, à dessein d'y faire attacher quelque vertu secrete et cachée. Que l'on se souvienne de ce que nous avons dit de l'espece de médecine en usage chez nos anciens Druides; et en lisant les secrets de Marcel, on conviendra que la plupart n'ont point d'autre origine.

Au reste, quelque peu estimable que soit l'ouvrage de Marcel, il n'a pas laissé d'être cité par ceux qui ont écrit Eg. 1. 4. c. 11. p. après lui. ' Paulus Ægineta en particulier le cite touchant les remedes qu'il assigne pour les brûlures.

507.

Mar. de med. ep. ded. p 240.

p. 241.

Jerôme Froben Imprimeur à Basle, paroît être le premier qui a mis au jour le recueil de Marcel. Il en avoit déja publié une édition dont on ne marque pas l'année, lorsqu'en 1535 Jean Cornaro à sa priere revit le texte de l'Auteur. Il se trouva fort défiguré; et ce ne fut qu'avec bien du travail que cet éditeur parvint à le purger de ses fautes. Cornaro observe que Marcel dans son recueil a inséré l'ouvrage entier de Scribonius Largus, qui s'y trouve répandu en divers endroits. Ce Scribonius vivoit sous Tibere et Claude, Marcel néanmoins ne nomme point cet Auteur entre ceux dont il s'est servi. C'est ce qui fait croire à Cornaro que c'est l'écrit de Scribonius que Sibure aïant traduit de grec en latin, Marcel attribue au même Sibure, qui pouvoit avoir mis son nom à la traduction qu'il en avoit faite mais nous avons

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