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V SIECLE.

Sur. 39.jul.p.392.

8.

Si S, Loup fut célebre par son mérite personnel, il ne le fut pas moins par la vertu de ceux qu'il forma dans la pieté. I cut en effet beaucoup de disciples d'une vertu éminente, et qui éclaterent même par la gloire des miracles. On met de ce nombre S. Sévere Evêque de Tréves Apôtre de la premiere Germanic, et qui accompagna S. Germain d'Auxerre, lorsqu'il alla pour la seconde fois dans la Grande-Bretagne combattre l'hérésie Pélagienne. On compte encore parmi les principaux disciples de nôtre Saint Evêque, S. Polychrone Evêque de Verdun; S. Gr. T. gl. Conf. c. Albin de Châlons sur Marne; S. Aventin, qui aïant été domestique de S. Loup devint célebre par sa pieté; 'S. Camelien son successeur et l'imilateur de sa vertu, digne de remplir la place qu'il avoit si long-temps occupée; le Prélat Himere, qui par la ressemblance de ses mœurs représentoit comme au naturel la personne de S. Loup, ce premier Evêque des Gaules par son mérite.

68.

Sur. ibid.

Sid. 1. 7. ep. 13.p.

460.

Conc. t. 4. p. 1048. 1049 G. t. 1. p. 122.

Cone.t.4.p.1020.

S II.

SES OUVRAGES.

N Evêque aussi instruit et aussi studieux que l'étoit S. Loup, pouvoit sans doute nous laisser plusieurs monuments de son sçavoir et de sa doctrine. Cependant soit qu'il ait voulu imiter la plupart des Evêques et des autres Saints de l'Eglise primitive, qui aimoient mieux s'appliquer à pratiquer les verités saintes de nôtre religion, qu'à écrire ce qu'ils en sçavoient; soit que le malheur des temps nous ait privé des écrits qu'il a pu laisser, il n'en est venu jusqu'à nous que deux forts courts, mais très-précieux.

1o. Nous avons de lui une letre, qui lui est commune avec S. Euphrone Evêque d'Autun, touchant les veilles de Pâque, de Noel et de l'Epiphanic, au sujet des Cleres bigames, et de ceux qui entroient dans le ministere sacré étant déja mariés. C'est une réponse au mémoire que leur avoit envoïé sur ces mêmes matieres Talase Evêque d'Angers, apparemment peu après son ordination, qui se fit vers le 4 jour d'Octobre 453. Il ne paroît pas si ce fut aux deux Évêques ou seulement à l'un d'eux, ce qui est

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plus naturel, que ce mémoire fut adressé. Quoiqu'il en soit, S. Loup et S. Euphrone se trouvant ensemble, plu- p. 1048. tôt à Autun, ce semble, où S. Loup put aller dans un Sur, ibid. 2. 4. voïage qu'il fit en Bourgogne, qu'à Troïes ou ailleurs,

Arconce Soûdiacre de l'Eglise d'Angers leur remit le mé- Conc.ibid.p.1048. moire de Talase dont il étoit chargé. Talase y deman-. doit en substance, quelle difference il falloit faire entre la veille de Pâque et celle de Noel et de l'Epiphanie, et ce que l'on devoit observer pour le mariage des Clercs inférieurs.

Nos deux Evêques lui répondent, qu'outre que cha- Ibid. cune des trois veilles qu'il marquoit, avoit ses leçons particulieres de l'Ecriture, et conformes au mystere que l'on y honore, celle de Pâque commençoit le soir, et alloit rarement jusqu'au matin: au lieu que l'on emploïoit aux deux autres la nuit entiere, ou au moins la derniere partie de la nuit. Ils marquent que les leçons de la veille de Pâque étoient reglées, et devoient toutes être de la passion au lieu que celles de Noel n'étoient point reglées, ct étoient entremêlées du chant des pseaumes.

Au sujet du mariage des Clercs, ils proposent la prati- p. 1049. que de leurs Eglises, où non seulement l'on déposoit, mais l'on privoit même de la communion les Exorcistes et les Soûdiacres, s'ils venoient à se remarier. Que s'ils n'étoient point mariés, lorsqu'on les ordonnoit, on les empêchoit de le faire dans la suite. Telle étoit la pratique commune aux deux Eglises de Troïes et d'Autun. Mais celleci rencherissoit sur l'autre, en ce qu'elle déposoit même et privoit de la communion les Portiers, qui s'engageoient en de secondes nôces. Au reste S. Loup et S. Euphrone p. 1048. 1049. protestent unanimement, que si un autre Evêque peut faire observer dans son Eglise une discipline encore plus exacte, ils l'approuveront volontiers, parce que Dieu en sera honoré, quoiqu'ils ne pussent pas la mettre en pratique.

On observe à l'égard de cette réponse que les deux Till. H. E. t. 16. Evêques en parlant des veilles de Pâque, de Noel, de P. 133. l'Epiphanie, ne disent rien du baptême ce qui pourroit faire juger qu'il étoit commun à ces trois veilles. On remarque aussi qu'ils n'y font nulle mention des Acolythes, non plus que des Lecteurs, si célebres dans l'Eglise, et si

Qq q ij

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p. 134.

310.

nécessaires pour la célébration de l'Office. On demande à ce sujet, si c'étoit dans les Gaules la fonction de quelqu'un des autres ordres ou inferieurs ou superieurs, comme on la fait exercer aujourd'hui par des laïcs ou Sid. 1. 4. ep. 23.p. par des Prêtres. Cependant on trouve des Lecteurs en ce temps-ci même dans la province de Lyon, dont étoit S. Euphrone, comme il paroît par les letres de S. Sidoine. Ce sont-là des difficultés qui ne regardent pas nôtre sujet, mais qui valent bien la peine d'être éclaircies par ceux, qui entreprennent d'écrire sur cette sorte de matieres.

Spic. t. 5. p. 579.

2o. Nous avons une autre letre de S. Loup, laquelle 580 | Till.ib.p.136. nous doit être d'autant plus chere, que c'est proprement l'unique monument qui nous reste de ce grand Evêque; la letre à Talase lui étant commune avec Saint Euphrone. Celle dont nous parlons à présent, est non-seulement fort belle pour les choses qu'elle contient, mais elle est même bien écrite. Elle est adressée à S. Sidoine qui fut fait Evêque de Clermont sur la fin de l'an 471. S. Loup, qui avoit alors achevé la 45° année de son Episcopat, et qui depuis long-temps étoit son ami, lui écrivit cette excellente letre, toute pleine de charité et d'onction. Il commence par lui témoigner sa joïe de ce qu'étant, comme il le croïoit, près de mourir, il revivoit en quelque sorte en sa personne, et laissoit après lui à l'Eglise un prélat capable d'en étre la consolation et le soûtien, au milieu des tempêtes et des maux qui l'accabloient de toutes parts.

Sid. 1. 6. ep. 1.p. 3Spic.ibid. p. 579.

Till. ibid.

p. 580. Till. ibid.

a

'On y voit la disposition du cœur de S. Loup dans le Spic. ibid. p. 579. conseil si sage et si important qu'il donne à S. Sidoine, 'de regarder l'Episcopat comme un ministere d'humilité, qui l'abaissoit autant au-dessous de tous ceux qui lui étoient soumis, que les dignités du siecle élevent au-dessus des autres ceux qui les possedent. En regardant, ainsi qu'il fait, S. Sidoine comme son pere pour le mérite,' il montre combien il étoit établi lui-même dans une profonde humilité, qui éclate encore dans les dernieres paroles de cette leSpic. ibid, p. 580. tre. «< Priez pour moi, dit-il à S. Sidoine, afin qu'en << terminant ma vie entre les bras du Seigneur, j'acheve « l'œuvre qu'il m'a imposée, et que j'emploie au moins pour « lui le temps qui me reste, après avoir été assez malheureux

V SIECLE.

« pour emploïer tant d'années, et les meilleures de ma vie, « en des choses qui ne le méritoient pas. Mais j'ai con« fiance au Seigneur, qui est plein de misericorde. »'Dom p. 579. 580. | Luc d'Acheri est le premier qui a tiré ce monument de la poussiere; et après lui M. de Lalande l'a inséré dans son supplément des Conciles.

Cette letre fit une impression merveilleuse sur S. Sidoine,

conc.

supp. p.

qui la reçut comme un honneur qu'il regardoit infini- Sid. 1. 6. ep. 1.p. ment au-dessus de lui, et qui y répondit aussi avec une hu- 377. 378.

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p. 378.

milité, que l'on peut dire être la plus grande preuve Till. ibid. p. 137. que nous aïons de sa sainteté. « S'il est permis à des Sid. ibid. « criminels, dit-il à S. Loup, de vous rendre justice, à « vous qui êtes le modele et la regle des mœurs, la co«<lomne des vertus, un esprit rempli de douceur, mais d'une « douceur véritable, parce qu'elle est sainte, que ne vous « dois-je pas pour avoir bien voulu pancer par vos exhor«tations, les plaïes d'un vermisseau très-méprisable? Vous « n'avez rien épargné pour nourrir de vos saints conseils, « une ame épuisée et accablée de foiblesses. Vous m'avez « fourni du thrésor de vôtre grande charité, la mesure de «<l'humilité qui m'est nécessaire pour ma guérison. »

3o. S. Loup avoit écrit encore plusieurs autres letres au 1.6.ep. 4.9.1. 9. même S. Sidoine, comme il paroit par celles que celui- p. 11.

ci lui adresse. L'éloge qu'il fait de l'unique qui nous reste,

et qu'on vient de rapporter en partie, doit nous faire ex

396.

tremement regretter la perte des autres. Celle qu'il lui 1. 6. ep. 9. p. 395. avoit écrite au sujet d'un de ses diocésains nommé Gallus, et dont S. Sidoine nous a conservé une notion, éloit surtout fort considérable. Cet homme aïant quitté sa femme, se retira en Auvergne ; ce que S. Loup n'eut pas plûtôt apris, qu'il en écrivit à S. Sidoine, qui étoit déja Evêque de Clermont ainsi c'étoit après l'an 471. Cette letre étoit écrite avec une force tellement mêlée de douceur et de de charité, qu'elle effraïa ce pécheur, et le gna en même temps. Car S. Sidoine la lui aïant montrée, il en fut à l'heure même vivement touché, et ne la regarda point comme une letre écrite à un autre, mais comme une sentence prononcée contre lui-même. Après cette sommation il ne prit aucun délai pour aller trouver sa femme. Il le promit, s'y disposa, et se mit aussi-tôt en chemin. Qu'y a t-il, dit S. Sidoine, de plus estimable qu'une telle

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V SIECLE.

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reprimande, qui oblige le pecheur à chercher dans sa pénitence un puissant remede contre son mal, ne trou«vant rien à dire contre celui qui le lui fait reconnoître ? » 4°. Il n'y a pas de doute que S. Loup durant le cours d'un Episcopat aussi long que fut le sien, n'eût presque Kur. 1. 1. ep. 10. une infinité d'autres occasions d'écrire ou des letres, 'comme il paroit par celles de S. Rurice, ou des ouvrages entiers; quoiqu'il ne nous en reste point les mêmes preuves. Sid. 1. 4. ep. 47.p. Néanmoins si le Comte Arbogaste suivit le conseil que lui donna S. Sidoine, il y a lieu de croire que S. Loup ne refusa pas en cette occasion, de faire usage de sa plume. Car ce Seigneur s'étant adressé à S. Sidoine, pour avoir quelques éclaircissements sur diverses difficultés de l'Ecriture, celui-ci le renvoïa aux illustres Peres des Gaules et nommément à S. Loup; l'assurant que quelques questions qu'il pût lui proposer, il n'épuiseroit jamais une source de doctrine aussi féconde que la sienne.

279.

Sid.S.1.9. ep.13.

p. 1110.

Nous avons remarqué ailleurs qu'il se trouve en quelques manuscrits un sermon sous le nom de S. Ambroise, mais qui est constamment d'un Evêque Gaulois, qui avoit passé quelques années dans la Grande-Bretagne pour y établir la paix, que l'hérésie Pélagienne y troubloit. Comme S. Loup accompagna S. Germain d'Auxerre dans le voïage qu'il fit en ce païs-là pour éteindre cette hérésie, on pourroit lui attribuer ce sermon; quoiqu'il nous paroisse plus vraisemblable de le donner à S. Germain, pour les raisons que nous avons marquées.

LAM PRIDE,

POETE ET ORATEUR.

Onaissance de Lampride. On peut néanmoins présumer

sçait pas précisément quel a été le lieu de la

que ce fut la Ville même de Bourdeaux, où il enseigna assez long-temps la poëtique et la rhétorique après 1.8.ep. 11.p.1073. le milieu de ce siecle. Il paroit avoir tenu dans cette Ville un rang considérable, par le choix que S. Sidoine avant son Episcopat, fit de sa maison préférablement à celles

1073.

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