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un frere beaucoup plus jeune que lui, nommé Apollinaire. S. Sidoine leur parent, et de même âge que le plus jeune des deux freres, aimoit celui-ci comme son frere propre, et honoroit l'autre, comme s'il eût été son oncle. Lorsqu'il eut recueilli ses poësies en un corps d'ouvrage, il voulut que les deux freres fussent des premiers qui en eussent communication. Il semble qu'ils fissent alors leur demeure à Tricastin, aujourd'hui S. Paul trois Châteaux: au moins nous ne connoissons point de lieu qui approche le plus 'de l'expression de S. Sidoine, Exin tende gradum, tribusque Villis Thaumastum expete. Il y a plusieurs letres du même Auteur adressées à Thaumaste et à Apollinaire.

V SIECLE.

car 24. v. 84.

Cel-1. 5. ep. 7.

le qui s'adresse à Thaumaste, est sur-tout remarquable pour le portrait qu'elle contient des Bourguignons, qui dominoient dans Lyon.

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p. 845.

a

Après le milieu de ce siecle, il y avoit dans la même ep.17.p.990. | not. Ville un Avocat nommé Philémace, a qui passoit pour une p. 991.992. source inépuisable d'éloquence. Il avoit autant de politesse que de feu et de vivacité; mais il étoit encore plus p. 990. recommandable pour la probité dont il faisoit profession.

Après qu'il eut été Assesseur d'un Vicaire, on lui offrit 1. 1. ep. 3. p.845. la charge d'Assesseur d'un Préfet, apparemment des Gau

les. Ce fut pour l'exhorter à accepter cette Charge, que

S. Sidoine lui écrivit la 3e letre de son premier livre. Phi- 1.5. ep.17. p.990.
lémace avoit un gendre homme de letres et de mérite, qui
étoit aussi de Lyon et ami de Sidoine comme son beau-pe-
re. Ce gendre se nommoit Eriphe, et demeuroit tantôt
à la Ville tantôt à la campagne, où il prenoit quelque-
fois le divertissement de la chasse. Mais cette occupation
ne l'empêchoit pas de donner du temps à l'étude qui fai-
soit ses délices. Il aimoit particulierement les écrits de S.
Sidoine, qui dans une assez longue letre lui adresse un p. 991. 992.
quatrain qu'il avoit fait en faveur de Philémace, à qui il
donne le titre d'Illustre. Le même S. Sidoine composa une 1. 2. ep. 8. p.890.
Epitaphe que nous avons encore, pour orner le tombeau
d'une nommée Philématie, ou Filimatie, qui étoit une
Dame illustre par toutes sortes de belles qualités. Mais il
ne paroît pas autrement qu'elle fût de la famille de Phi-
lémace dont nous parlons.

Cette Epitaphe nous fait connoître un autre homme
de letres, à qui elle est adressée. C'est Desiré, qui paroît

891.

V SIECLE.

s'être mêlé lui-même de faire aussi des vers. S. Sidoine en la lui adressant, lui dit que si elle peut avoir son approbation, un Libraire en sçaura faire usage pour la joindre à Sav.in. Sid. p. 133. ses autres poësies. Savaron prétend que Desiré étoit un Senateur de Clermont en Auvergne, et qu'il est un des ancêtres du S. Evêque de même nom, qui gouverna cette Eglise après S. Avite. Il y a bien de l'apparence qu'il est Sir.in. Sid.p.1111. aussi le même, à qui Sévérien adressa vers le même temps un traité de rhétorique.

Sid. S.1.1.ep.11. p. 867.

.7.ep.14.p.1042.

Sir. not. p. 914.

Sid. ibid. P. 1044.

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Nous sommes redevables à S. Sidoine, de la connoissance que nous avons de ces hommes de letres. C'est encore lui qui nous aprend ce que nous allons rapporter de quelques autres, qui étoient ses contemporains. Il parle d'un Montius comme d'un homme des plus éloquents de son siecle. Ce Montius étoit de la province des Séquanois; et c'est à lui que S. Sidoine adresse l'histoire de la prétenduë satyre contre Peone, qui fit tant de bruit en son temps. Philagre, ami particulier du même S. Sidoine, qui lui écrit la 14 letre de son 7 livre, pouvoit descendre du Patrice Philagre, dont l'Empereur Avite et le Consul Magnus étoient issus.' S. Sidoine nous représente son ami, comme un homme versé dans toute sorte d'érudition,' et qui avoit beaucoup de belles qualités qui le rendoient aimable. Mais S. Sidoine l'aimoit sur-tout pour la régularité de ses mœurs, qui étoient assez semblables aux siennes. 'Philagre avoit une bonne Bibliotheque, et faisoit ses plus *1.7.ep.14.p.1044. cheres délices de l'étude, et de la compagnie des gents de letres. S. Sidoine adresse encore une de ses letres à un Fortunal, homme de sçavoir, pour louer son éloquence, et faire passer son nom à la postérité. Il le qualifie un illustre ornement de l'Espagne, d'où il semble qu'il étoit sorti pour se retirer dans les Gaules. Entre les louanges que lui donne S. Sidoine, qui avoit lié amitié avec lui, il dit qu'il avoit soûtenu de grandes afflictions avec beaucoup de constance.

car.24.v 93.94.

1.8. ep.5.p.1057.

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Nammace, ou Namace, autre ami de S. Sidoine, à qui il écrivoit quelquefois, étoit un Seigneur de Saintonge, qui avoit une terre dans l'Isle d'Oleron. Son occupation la plus ordinaire étoit la chasse, et quelquefois l'agriculture. C'est pourquoi S. Sidoine lui conseille la lecture de Vitruve et de Columelle. Mais il ne laissoit pas

de

V SIECLE.

de donner quelque temps à l'étude des sciences, et d'amasser de bons livres. S. Sidoine lui envoïa en une occasion Varron et la chronique d'Eusebe, que Nammace lui avoit demandé.' On trouve vers la fin de ce siecle un Na- Rur. 1. 2. ep. 4. mace, dont la fille épousa le fils de S. Rurice Evêque de Limoges; et nous ne voïons rien qui empêche que ce ne

soit le même dont nous parlons. Mégethe Evêque dans les Sid. S.1.7.ep.3.p. Gaules avoit aussi d'étroites liaisons avec S. Sidoine. C'étoit 1019. un Prélat éloquent, vénérable pour sa vertu, et d'un examen d'autant plus sévere, qu'il avoit plus de lumiere et de sçavoir. Il y a un Evêque de ce nom parmi ceux qui Conc.t.4. assisterent au Concile d'Arles vers 475; mais on ne sçauroit assurer que c'est le même. On n'a point non plus de bonnes preuves pour le faire Evêque de Bellai, comme quelques-uns voudroient. Quoi qu'il en soit, Mégethe Sid. ibid. aïant demandé à S. Sidoine ce que celui-ci nomme ses Contestatiunculas, et que nous croïons être des Préfaces pour differentes Messes, suivant l'usage de ce temps-là, S. Sidoine les lui envoïa, en faisant beaucoup valoir son obéissance en cette occasion. Car il lui témoigne dans la letre qu'il y joignit, que c'étoit jetter de l'eau dans la mer, et porter du bois dans les forêts, que d'envoïer ainsi des écrits à une personne qui étoit encore plus capable d'en faire que lui-même.

Voici deux célebres Avocats encore fort connus de S. Sidoine, quoiqu'il ne nous ait laissé que peu de traits de leur mérite. Ils soûtenoient l'un et l'autre une grande érudition par un plus grand amour pour la justice. L'un se 1.2.ep.13.p.903. nommoit Marcellin, et étoit l'une de ces personnes illus- car.23. v.464-474. tres que Sidoine se faisoit honneur de visiter à Narbone, durant le séjour qu'il y fit avant son Episcopat. Marcellin possedoit à fond la science des Loix, et avoit un si parfait attachement pour la vérité, que rien au monde n'étoit capable de la lui faire, non pas violer, mais même légerement blesser. C'est ce qui le faisoit passer pour un homme extrêmement sévere aux yeux de ceux qui ne le connoissoient pas. Mais ceux qui l'avoient pratiqué, sçavoient lui rendre la justice qu'il méritoit. L'autre Avo- 1.3.0p.10.p.919. cat se nommoit Tetrade, et paroît avoir été de la Ville d'Arles. C'étoit un homme d'un excellent conseil; et l'on

trouvoit en lui une source très-pure d'érudition. La pure- car. 94. v. 80-83.

Tome II.

Dddd

V SIECLE.

912.

1. 5. ep.19.p.988.

198.

911.

té de ses mœurs et son équité le mettoient au rang de ceux qui faisoient l'ornement des gents de bien de son siecle.

ECDICE,

COMTE, GENERAL D'ARMÉE ET PATRICE.

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II

Lest peu de personnes qui aïent plus contribué au progrès des letres dans leur païs, que le fit Ecdice, dont Sid.S.1.3. ep.3.p. nous entreprenons l'éloge. Il nâquit en Auvergne, et peutêtre à Clermont même, d'une famille très-distinguée. eut pour sœur Papianille, qui épousa saint Sidoine deTill. H. E.t.16.p.. puis Evêque de Clermont. Mais on croit qu'il n'en étoit frere que du côté de leur mere, qui auroit eu Papianille de ses secondes nôces avec Avite, qui fut Empereur dans Sir. in Sid..p.875. la suite. Le P. Sirmond prétend néanmoins qu'Ecdice et Agricole son frere, étoient réellement fils d'Avite. Quoiqu'il en soit,' Ecdice fut presque le seul de son siecle, dont la naissance eût été desirée de sa Patrie, avant qu'il vint au monde, et qui lui eût donné de la joïe, après que sa mere l'eut enfanté. Si-tôt qu'il fut en âge, on vit en quelque sorte se réunir de toutes parts à Clermont tous les genres de sciences, pour concourir à son instruction. Ce fut sur-tout par ce moïen, et par les soins qu'il y appor ta lui-même dans la suite, que la noblesse du païs quittant le jargon de la langue Celtique, s'habitua à parler le langage des Orateurs et celui des Muses.

Sid. 1. 3. ep.3.p.

912.

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'Ecdice fut d'abord Comte et Colonel, ou Général des Armées Romaines dans les Gaules. En cette qualité 'il défendit avec beaucoup de courage la Ville de Clermont contre les attaques des Visigots, qu'il chassa de l'Auvergne, avec d'autant plus de valeur qu'il étoit accompagné de moins de troupes. Ce fut sans doute en cette occasion que tout le monde témoigna lui avoir l'obligation de ce qu'il avoit empêché que ceux qu'il souhaitoit ardemment d'entendre parler le pur latin, ne devinssent barbares, en éloignant d'eux la domination des étrangers.

Cette action jointe aux autres

services qu'Ecdice avoit

rendus aux Romains, lui mérita la dignité de Patrice, la plus honorable pour un particulier après le Consulat.

II

V SIECLE.

y fut élevé en 474, lors qu'il étoit encore en un âge p. 988. peu avancé. Antheme lui avoit promis cette dignité, p. 989. mais la mort de cet Empereur aïant prévenu l'exécution de son dessein, Jule Nepos son successeur acquitta sa promesse.

Vers ce même temps Ecdice fit un voïage à la Cour des Rois de Bourgogne, dont il paroît qu'il étoit fort aimé. S. Sidoine alors Evêque de Clermont, qui scavoit 1.3.ep.3.p.914. combien sa présence étoit nécessaire dans l'Auvergne, toûjours menacée des ravages des Visigots, lui écrivit pour l'exhorter à n'être pas long-temps à cette Cour, parce qu'il n'est jamais bon de se familiariser avec les Princes. Peut-être les Auvergnats attendoient-ils encore

alors, comme en une autre occasion sous Antheme, la 1.2.ep.1.p.878.
présence d'Ecdice, ou pour se défendre des Visigots, ou

pour se rendre à eux. Mais cela n'empêcha pas qu'Eu- Jorn. rer. Got. c.
ric Roi de cette nation, ne se rendit maître de Clermont 41. p. 679.
avant la fin du regne de Nepos, c'est-à-dire avant le 28
d'Août 475. Ecdice voïant ce malheur, aima mieux s'en
aller en Italie, où Nepos l'appelloit, que de voir plus
long-temps son païs sous cette nouvelle domination. L'on
ne sçait point ce qu'il devint dans la suite.

ep.3.p.877.912.

Nous avons deux letres que S. Sidoine lui adresse; la Sid.1.2.ep.111.3. premiere du second livre, dans laquelle il lui trace une description des ravages des Visigots; et la 3e du 3o livre, dans laquelle il nous a laissé un éloge pompeux de la per

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sonne et du mérite d'Ecdice. Le même S. Sidoine en 1.1. ep.21 1 2. ep. adresse deux autres à Agricole frere d'Ecdice: la premiere, 901.903.

12. p. 840- 845.

où il lui fait un portrait fort détaillé et fort agréable de
Théodoric le jeune, roi des Visigots; et l'autre, pour s'ex-
cuser d'aller en un endroit où Agricole l'invitoit. S. Gr. T. his.1.2. n.
Grégoire de Tours parle d'Ecdice et releve beaucoup les
libéralités qu'il fit aux pauvres durant une grande famine.

24.

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