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IV SIECLE.

Outre les écrits qu'il publia pour établir ses erreurs, et les autres qu'il fit contre S. Jérôme, 'Gennade nous apprend Ibid. qu'entreprenant au-dessus de ses forces, et sans s'être appliqué à l'étude des saintes Ecritures, il fit une exposition maligne de la seconde vision de Daniel. Gennade ajoûte que cet écrit de Vigilance avec les autres inepties qu'il avoit publiées, ne méritoient point de tenir d'autre rang que parmi les ouvrages des hérétiques. Cette exposition de Daniel, ou 'du songe de Nabuchodonosor touchant la Statuë, est appa- Hier. ep. 36. p. remment un des premiers écrits de Vigilance: elle avoit paru avant que S. Jérôme lui adressât sa letre 36, dans laquelle il lui reproche d'avoir expliqué ce songe d'une maniere qui tient du blasphême, en prétendant que la montagne n'est autre chose que le Démon et que la pierre qui s'en étoit détachée sans le secours d'aucun homme, est J. C.

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VINCENT,

PRÉFET DES GAULES.

278.

Magistrat mérite à plus d'un titre, de trouver place parmi les hommes de letres qu'ont produit nos Gaules. Les dignités qu'il remplit, remplit, et les grandes liaisons qu'il y Sym. 1. 9. ep. 23. avoit entre lui et Symmaque l'Orateur, comme le supposent les letres qu'ils s'écrivoient souvent l'un à l'autre, font voir Vincent étoit un homme d'érudition et de literature et qu'il avoit une connoissance particuliere des loix. Il ne faut

que

525.

pas le confondre' avec un autre Vincent son contemporain, Of- Till. Emp. t. 5. p. ficier d'armée qui fut tué en 408, comme partisan du fameux Stilicon.

Celui dont nous entreprenons de parler, 'étoit né dans les sul. dial. 1.n. 17. Gaules, comme il paroît par S. Sévere Sulpice, qui parle de P. 525.

lui avec éloge. 'Vincent exerça plusieurs années dans sa pro- Till. ibid. pre patrie la Judicature et les Finances en qualité de Pré

fet du Prétoire des Gaules. On croit qu'il succéda à Théodore dans cette charge l'an 396; et il l'exerça au moins du

rant l'espace de cinq ans. Nous avons diverses Loix de l'Em- Cod. Théod. pros. pereur Honorius quí lui sont adressées en 397, 398, 399 et p.391.1.

400. 'L'année suivante Vincent fut élevé au Consulat, qui Buch. p. 52. | Till.

ibid.

V SIECLE.

Onu. p. 303.
Buch. ibid.

Til. ibid. not.

Sul. ibid.

ep. 9.

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étoit alors le comble de l'honneur pour un particulier. 'Il est nommé dans les Fastes Ragonius Vincentius Celsus ; et Onuphre croit que c'est le même à qui l'on dressa à Rome une Statuë dès l'année 389. D'autres néanmoins estiment que s'il avoit eu ces trois noms, il auroit été marqué par celui de Celse dans le Code et les autres monuments publics.

Mais ce qui est incomparablement plus glorieux pour la mémoire de Vincent, c'est que selon le témoignage de S. Sévere Sulpice il avoit la réputation du plus excellent Magistrat en toutes sortes de vertus, qui fût alors dans les Gaules. Le même auteur remarque néanmoins que Vincent qui passoit souvent à Tours, ne put jamais obtenir que S. Martin lui donnât à manger dans son Monastère de Marmoutier. La seule vertu qui étoit le principe de cette pieuse ambition fut aussi le principe du refus de S. Martin. Vincent ne souhaitoit cet avantage, que par le respect que sa pieté lui avoit inspiré pour ce grand Saint; et celui-ci ne persista à le lui refuser, que pour retrancher toute occasion de vaine gloire, quoiqu'il eût devant les yeux l'exemple de S. Ambroise, qui en usoit au

trement.

Il ne nous reste plus que trois letres du commerce qui étoit entre Vincent et Symmaque, et toutes les trois sont de Sym. 1. 7. ep. 7. ce dernier. 'L'une est pour porter Vincent à donner sa fille en mariage à Auxence ami de Symmaque, qui veut bien répondre de lui comme d'un homme qui possédoit tous les dons de la nature, et tous les avantages de la fortune. 'Par une autre de ces trois letres Symmaque prie Vincent de recevoir près de sa personne Zénodore son ami, qui désiroit d'entrer à son service, apparemment en qualité de quelqu'un des Officiers de sa maison. Enfin la troisiéme letre de Symmaque est pour prier Vincent d'écrire en faveur des gens que Symmaque avoit envoïés en Espagne acheter des chevaux, et pour les faire accompagner même par un Appariteur ce qui fait voir que Vincent étoit alors en exercice de la Préfecture.

ep. 23.

Bar. an. 400. n. 18.

'Quelques Auteurs fort célébres ont cru que ce Vincent est le même qui se rendit ensuite Moine à Lerins, et qui est si connu pour son Mémoire contre les hérésies: mais il n'y a presque aucune apparence à ce sentiment, que la conformité des noms, comme nous dirons plus amplement ailleurs.

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65

V SIECLE.

JOVE,

HOMME DE LETRES.

U commencement de ce siecle il y avoit dans les Gau

A les et les pays voisins plusieurs personnes illustres, qui

portoient le nom de Jove. L'un qui se trouve quelquefois vil. Emp. t. 1. p. nommé Jovinien, avoit le titre de comte en 399, sous l'Em- 514.

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a

с

a

C

582.

p. 816. .573.578.579. p. 579. 602. ↑ Zos. 1. 6. p. 824.

pereur Honorius, un autre fut Préfet de l'Illyrie en 408, p. 558. et de l'Italie en 409, puis Patrice et le plus puissant Seigneur de la Cour. Il se rendit encore très-fameux au milieu des troubles du commencement de ce siecle. Un troisiéme illustre par son érudition, et distingué par plusieurs autres excellentes qualités, fut envoïé l'an 489 en Ambassade par Constantin qui régnoit dans les Gaules, vers l'Empereur Honorius. Enfin un quatrième, s'il n'est pas le même que le précédent, comme il y a toute apparence qu'il l'est, mais Till. H. E. t. 14. qu'il faut distinguer de Jovin, qui prit la Pourpre en 411, p, 84. pour mourir aussi - tôt avec le titre d'Empereur, étoit Paul. car 19. v. parent de S. Paulin Evêque de Nole, et l'un des plus grands 163. hommes de son siecle pour les letres.

a

Car. 19. v. 79.

ep. 16. n. 6.

C'est de ce dernier que nous entreprenons ici l'éloge. Il étoit ep. 16. n. 1. du même païs que S. Paulin, et avoit son patrimoine sur une côte maritime des Gaules, près d'une ville où ils avoient demeuré, ou même pris naissance l'un et l'autre, in quo familiare nobis oppidum. C'est apparemment ou Bourdeaux ou Ebromage. Jove avoit reçû de la nature un esprit sublime, a et une grande inclination pour les sciences. Il apprit parfaitement la langue grecque et la latine; et avec ces secours il lut tous les Poëtes, les Orateurs, les Philosophes, et se fit un fonds merveilleux d'érudition de ce qu'ils contiennent de plus beau. Rempli de la science de tous ces Auteurs, il travailla à devenir Auteur lui-même. Il s'appliqua sur-tout à la Poësie Car. 19. v. 10. avec tant de succès, qu'il y acquit une réputation éclatante. A toutes ces grandes qualités il joignoit beaucoup de beaucoup de ep. 16. n. 6. prudence et naturelle et acquise: mais ce n'étoit qu'une prudence de la chair, qui ne sçut pas lui faire éviter la Secte n. 11. des Philosophes Académiciens, qu'il suivit avec trop de passion et qui forma comme des nuages qui l'empêchoient de n. 6.

Tome II.

I

1.2.

V SIECLE.

n. 11.

n. 6.

n. 1.

n. 6.

porter plus haut sa vûe, et d'envisager les choses célestes. Car ces Philosophes faisant naître sans cesse des disputes sur la divinité, la cherchoient toûjours, et ne la trouvoient ja mais; parce qu'ils n'étoient ni assez purs, ni assez intelligents pour voir Dieu, et qu'ils manquoient d'humilité pour le croire sans le voir.

1

'Jove convenoit cependant que les Letres Saintes méritoient d'être préférées aux sciences humaines; et néanmoins il étoit plus attaché à celles-ci qu'aux autres. Il reconnoissoit aussi J. C. pour la source de la lumiere, et témoignoit par l'amour qu'il avoit pour S. Paulin, qu'il n'avoit point d'éloignement pour les Chrétiens, ni même pour la profession des Moines, que S. Paulin avoit embrassée : mais il différoit de suivre la lumiere qu'il voïoit, sous prétexte qu'il étoit trop foible, et par conséquent incapable de contempler Dieu, et que d'ailleurs il étoit embarassé à païer des tributs, dont les plus grands Seigneurs n'étoient point exemts. Il ne touchoit pas la véritable cause de son délai, qui ne venoit que de son orgueil, de sa foiblesse, de son attache aux créatures. Il pousPaul. ep. 16, n. soit encore son égarement' jusqu'à ne point reconnoître de Providence, et à attribuer tous les évenements au destin et à la fortune, c'est-à-dire selon lui, à certaines puissances sécretes opposées à Dieu. Comme S. Paulin étoit parent de Jove, et qu'il souhaitoit ardemment de le tirer de l'erreur, pour lui faire embrasser la foi et la pieté Chrétienne, il entretenoit avec lui un commerce d'amitié, et lui écrivoit aussi souvent qu'il en trouvoit l'occasion. Il ne nous reste néanmoins de ce commerce de charité, qu'une seule letre avec un poëme, l'un et l'autre de S. Paulin. La letre est la seizième parPaul. Vit. c. 34. mi celles du Saint; et l'on remarque que sa science et la beauté de son esprit y brillent plus que dans les autres. S'agissant de convaincre un homme éloquent qui recherchoit l'éloquence, S. Paulin crut sans doute devoir faire usage de sa science afin de mieux réussir à gagner un Sçavant qu'il vouloit faire sortir de l'erreur, et ramener à la vérité.

n. 3.

n. 1.

ep. 16, n. 2-5.

n. 9. 10.

'Dans la premiere partie de cette letre, S. Paulin tâche de donner à Jove une connoissance de Dieu, comme Créateur et maître absolu tant des hommes que des autres créatures, qu'il gouverne avec une souveraine sagesse. Il emploïe la seconde partie à lui faire connoître ce qu'est l'homme par lui-même, et ce qu'il devient en s'attachant à Dieu. Le su

V SIECLE.

car. 19. v. 4-13.

jet du poëme est à peu près le même. Dans l'un et dans l'au-ep. 15. 6.9.11. tre il presse vivement Jove de donner toute son application aux choses de Dieu; de retirer toutes ses pensées de la terre pour les élever au Ciel; de rectifier sa Philosophie par les lumieres de la foi et par les sentiments de la Religion; de devenir sage, non en cherchant Dieu comme les Academiciens, mais en l'imitant comme les Philosophes du Christianisme. Il l'exhorte à emploïer ses grands talents à des choses solides, comme à faire paroître la beauté réelle de la vérité; à en faire usage en travaillant sur des sujets utiles aux hommes, au lieu d'en abuser pour leur imposer, et les entretenir dans la vanité, en n'écrivant que pour flater leurs oreilles; à devenir un Philosophe et un Orateur tout occupé de Dieu; à emploïer son éloquence et sa plume à publier ses grandeurs et ses merveilles, comme l'occupation la plus loüable, et la plus propre soit à bien regler sa conduite, soit même à lui acquérir de la gloire. Il ajoûte que ces divins objets fourniroient à son éloquence une ample matiere à s'exercer, et à lui-même de quoi lui remplir l'esprit de saintes pensées,

On ne sçait point quelle impression firent ces exhortations sur l'esprit de Jove, ni ce qu'il devint dans la suite. Il y a tout lieu de croire que c'est le même à qui Symmaque l'Orateur adresse plusieurs de ses letres. Dans l'une il congratule Sym. 1. 5. et 30. Jove d'avoir été élevé à une charge considérable, s'assurant que cette nouvelle élévation lui seroit un motif pour cultiver les beaux arts avec un nouveau succès. Dans une autre Sym- ep. 49. maque se plaint du silence de Jove, et lui marque le desir qu'il a de recevoir souvent de ses letres. Il lui en adresse une 1.9. ep. 5. troisiéme, qui ne contient rien de bien remarquable. C'est pour lui recommander un Eusebe ancien Officier d'armée.

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LACHANIUS,

GOUVERNEUR DE TOSCANE,

QUESTEUR ET PRÉFET DU PRÉTOIRE.

Tous n'avons point d'autres titres qui nous autorisent à mettre ce Magistrat au nombre de nos Sçavants Gaulois, que les dignités qu'il a remplies: mais la Questure

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