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V SIECLE.

Port de Pise, qui en est proche, formé par les seuls roseaux qui arrêtoient l'effort des vagues. Il y vit Protade, l'un de nos sçavants Gaulois, dont nous parlerons dans la suite, qui s'y trouvoit apparemment pour affaire; car il cultivoit alors une petite terre qu'il avoit dans l'Ombrie. Rutilius alla par terre jusqu'à Pise; le Tribun qui étoit de ses anciens amis, lui aïant fourni des chevaux et même un chariot pour faire ce chemin.' Il y fut reçu avec toutes sortes d'honneurs. Ce v. 575.596. fut-là qu'on lui montra les monuments publics que les Toscans avoient érigés à la mémoire de Lachanius son pere, qui avoit été autrefois Gouverneur de la Province.

Rutilius se remit ensuite en mer, et poussa jusqu'à Gé- 1. 2. v. 63.68. nes, qu'il paroît désigner par une terre féconde en beaux marbres. C'est-là que finit son itineraire qui est imparfait et peu exactement travaillé, l'Auteur n'aïant pas eu apparemment le temps de le finir et de le retoucher. Tout cela pourroit faire croire que Rutilius seroit péri sur mer ou mort dans

son voïage, avant que d'arriver dans les Gaules. Quelques Till. ibid. p. 638. Sçavants veulent qu'il ait été Consul subrogé; mais on ne p. 825. 1. 2. trouve aucun solide fondement pour appuïer cette opinion,

comme le montre fort bien M. de Tillemont. Vossius croit Voss. Poe. lat. p. que c'est à Rutilius dont nous parlons, que le Poëte Flavius 249.

adressa sa Comédie intitulée Le Plaintif de Plaute, ou l'Au

lulaire.

S. II.

SES ECRITS.

UTILIUS nous a laissé un Poëme en vers élégiaques, Rut. it, p. 1, 20.

R qui contient, non l'histoire de son voiage des Gaules

à Rome, comme Onuphre l'a avancé, sans peut-être l'avoir lû, mais celle de son retour de Rome dans les Gaules, comme en conviendront tous ceux qui voudront le lire. C'est pourquoi l'on donne à ce Poëme le titre d'Itineraire, sous lequel il est le plus connu. Il est divisé en deux livres; mais il manque quelques vers au commencement du premier, et de tout le second livre nous n'avons que les 68 premiers vers. Le premier livre nous conduit de Rome jusqu'à Pise, comme nous l'avons rapporté en abregé dans la vie de l'Auteur ; et le peu qui reste du second ne va que jusqu'à Génes.

II y a toute apparence que l'Auteur le fit durant son voïage même, l'an 1169 de la fondation de Rome: ce 1. 1. v. 135. 136.

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V SIECLE.

820. 1. 2. 821. 1.

Rut. it. 1.2.v. 40.

'61.

qui reviendroit, comme nous avons remarqué plus haut, à Till. Emp. t. 5. p. l'année 416 de nôtre Ere vulgaire. Mais un très-habile homme croit devoir le mettre en 417, et souhaiteroit même le reculer jusqu'en 420, afin de concilier certaines difficultés de Chronologie qui se rencontrent à ce sujet. 'Il est au moins certain qu'il a été composé après la mort de Stilicon en 408, et même après la prise de Rome par les Gots en 410. 'On prétend que Rutilius l'adressa à Rufus Venerius Volusianus; et on l'a ainsi mis à la tête du Poëme dans presque toutes les Rut. it. 1.1. v. éditions. Mais quoiqu'il y parle de cet ami, et qu'il lui adresse la parole en un endroit, il ne paroît nulle part qu'il lui dédie autrement son Poëme.

Voss. hist. lat. 1.2.

c. 15.

168. 421. 422.

Till. ibid. p. 661.

432.

Rut.It.1.2.

v. 40. 61.

'Cette piece nous apprend beaucoup de choses considérables pour l'histoire de ce temps-là, et peut mériter à Rutilius le titre d'Historien, comme celui de Poëte. Outre les traits historiques que nous avons déja rapportés d'entre ceux qu'elGyr. poe.dial.8.p. le contient, il s'y en trouve plusieurs autres que l'on chercheroit inutilement ailleurs. Telle est, par exemple, l'avanture des vers des Sybilles que Stilicon fit brûler à Rome, lorsqu'il remuoit contre l'Empereur Honorius son beau-pere. Telle est encore la connoissance que ce Poëme nous donne de plusieurs grands hommes du commencement de ce siecle, que nous ne connoissons point d'ailleurs, ou que nous ne connoîtrions qu'imparfaitement. Mais il n'est pas jusqu'aux hérétiques qui n'y blâment la malice de l'Auteur contre les Juifs, les Chrétiens et surtout contre les Moines. ' Pierre Pithou, au rapport de Vossius, a cru y voir quelque confusion et diverses transpositions par rapport à l'ordre de la route que suivit Rutilius: 'ce que d'autres Sçavants assurent n'avoir point remarqué, quoique l'édition dont ils se sont servis, soit peu

Voss. hist. lat.1.3. c.2.-Cave, p.301. Voss. poe. lat. p.

2.

249.

Till. ibid. not.

15. Bail.jug.poe.

p. 301. 2.

exacte.

Gyr. ibid. | Voss. Au reste l'on convient que ce Poëme a toute l'élegance hist. lat. 1. 2. c. et la beauté dont son siecle étoit capable, et qu'il s'éleve mêlat. p. 496. Cave, me au dessus de son siecle. On y voit que le feu qui animoit les Poëtes du bon siecle, n'étoit pas encore entierement éteint, ou qu'au moins il restoit encore quelque chaleur sous les cendres, selon l'aveu de plusieurs Critiques de réputation. Bail. ibid. p. 497. L'on prétend néanmoins qu'il n'a pas été travaillé avec toute l'exactitude possible: ce que l'on croit devoir autant attribuer aux défauts des Critiques et des Copistes qu'à l'Auteur même, qui probablement n'aura pas eu le temps de le retoucher.

V SIECLE.

Il y a eu assez grand nombre d'éditions de ce Poëme. La Rut. not. p. 23. | premiere édition en parut à Naples l'an 1520 par les soins Cave, p. 302. 1. de Pierre Summuntius. La même année Jean Baptiste Pius

en publia un autre une peu plus correcte que la précédente,

a

a

à Bologne, chez Jerôme de Benedictis. Trois ans après en Bib. Vallicel. 1523, ce Poëme fut encore imprimé à Rome en un volume Bib. Vatic. in-4°. avec les traités de divers Auteurs intitulés Rome anciene et moderne. 'François de Piémont l'inséra ensuite dans Bib. Ottob. sa Dissertation sur la Poëtique d'Horace, imprimée à Venise chez Alde l'an 1546 en un volume in-4°. De même Onu- Rut. not. ibid. | phre le mit dans ses Commentaires sur la République Ro- Cave. ibid. maine qui furent imprimés à Venise l'an 1558 en un volume in-8°. et depuis réïmprimés à Francfort les années 1575

328. 2.

Bat. 197. 1. |

p.

Bih. lat.

1597, et à Paris, 1588 in-8°. avec ce même Poëme. Il pa- Bib. Barb. t. 2. p. rut à Paris séparément selon la Bibliothèque de Mr. le Cardinal Barberin, en un volume in-8°, l'an 1546, ' et à Basle en Ibid. | Bib. Lugd. 1575, avec l'Itineraire d'Antonin et d'autres traités, par les Bib. Imp. 7. 435. soins de Josias Simler en un volume in-12. A Rome Joseph 1. Castalion le donna au public avec des notes de sa façon en un volume in-8°. l'an 1582, chez Vincent Accolti. En 1590 Fab. Mr. Pithou l'inséra dans son Recueil des Anciens Poëtes. 204. Epi. et Poe. a En 1611 ce Poëme fut encore publié entre les fragments imprimés dans le corps des Anciens Poëtes Latins à Geneve en deux volumes in-4°. A la fin de l'an 1616 Juste Zinzer- Rut. not. p. 95.96. ling en publia une édition à Lyon avec les notes de Théo- P. 105-333. dore Sitzmanne son ami. Gaspard Barthius revit le Poëme Bib. Barb. t. 2. p.

et y fit de très-amples observations qui furent imprimées

vet. p. 340.362.

a

P.

Fab. app. p. 27.

avec le texte à Francfort l'an 1623 en un volume in-8°. Bib. Angel.

Cette édition de Barthius parut de nouveau au même en

droit l'an 1628 mais la plus correcte, et la plus parfaite

'est celle d'Amsterdam chez Jean Wolters de l'an 1687 Bib. S. Vin. Cen. en un volume in-16, avec les notes choisies de divers Au

teurs. A la tête de cette édition Rutilius est qualifié Tribun et Préfet du Prétoire : ce qui n'a aucun solide fondement. (II.)

76

V SIECLE.

ANONYME,

POETE CHRÉTIEN.

16. 17. 27.

a v. 30.

C

S. I.

HISTOIRE DE SA VIE.

a

E que nous allons dire de ce Poëte, est fondé sur son propre ouvrage, et sur un autre que nous croïons devoir lui donner, pour les raisons que l'on verra dans la suite. Pros. de Prov. v. Il étoit Gaulois de nation, et ce semble né, ou au moins habitué en Provence. C'est ce que porte à croire la destruction des oliviers de son païs dont il fait mention. Il vivoit à la fin du IV siecle, et au commencement du suivant;' puisqu'il fut témoin oculaire des ravages que les Gots ou les Getes, comme il les nomme, firent dans les Gaules, où ils entrerent le dernier jour de l'an 406; et que dès lors il paroît se distinguer des enfants, et se mettre au nombre des hommes faits.

v. 15. 60.

v. 41. 43.

Conf. p. 769.

p. 770.

De Prov. v. 901. 905.

v. 17.60.

Conf. p. 770.

Il étoit sorti de parents Chrétiens, et avoit été baptisé dès l'enfance, et délivré par J. C. du péché originel, et de la servitude du démon, lorsqu'il n'avoit encore aucune connoissance de cet état si funeste. Mais il n'eut pas soin, comme il s'en plaint lui-même, de conserver cette grace. Il s'assujettit à tous les vices, qui lui firent abandonner la maison de son Pere Céleste, pour le faire passer sous le dur esclavage des Egyptiens, puis des Babyloniens, sans avoir reçu d'autre récompense pour se perdre, qu'une volupté mortelle.

Comme Dieu se sert des maux de ce monde et pour punir les méchants, et pour purifier les bons de leurs péchés, il s'en sert aussi pour faire revenir à lui ceux qui s'en sont éloignés. C'est ce qui arriva à nôtre Poëte. Les Barbares aïant ravagé son païs et brûlé la Ville où il faisoit sa demeure, se saisirent de lui, de son Evêque qui étoit un saint Vieillard, et de tout le peuple, et les contraignirent de marcher à pied au milieu de leurs chariots et de leurs armes.' Etant ainsi au milieu d'une nation étrangere et barba

V SIECLE.

re, qui avoit des gardes sur ses frontieres, de peur que ses
Captifs ne lui échapassent, il se sentit touché de Dieu. Il
commença à rentrer dans le secret de son cœur, autant que
l'esclavage plus spirituel que corporel où il étoit, le pouvoit
permettre. Il s'apperçut qu'il s'engageoit de plus en plus sous
la domination du péché, et il en fut saintement troublé. Il p. 769.
rougit du service qu'il rendoit à un maître si infâme et si cruel.
'Il ouvrit l'Ecriture pour voir s'il lui restoit encore quelque p. 770.
esperance de se sauver. Y aïant trouvé sans doute des assû-
rances de la misericorde de Dieu envers les véritables péni-
tents, il versa des ruisseaux de larmes dans la confusion d'a-
voir vendu au péché ce que Dieu avoit acheté de son sang,
et dans le regret de se voir esclave de ses plus grands enne-
mis.

Loin de se laisser aller au découragement, il s'anima à rompre promptement tous ses liens, et à retourner sans délai à celui qui l'avoit acheté pour lui donner la vie. Il s'excita à demander, à chercher et à frapper à la porte de sa misericorde, dans l'espérance qu'elle lui ouvriroit son sein. Lorsqu'il songeoit à s'aller présenter devant son pere, et sa nombreuse famille; la nudité honteuse où il voïoit son ame, le couvroit de confusion. Quelque grande que soit celle qui accompagne les humiliations les plus dures et les plus pénibles de la pénitence, il l'embrassa néanmoins, parce qu'elle n'a rien de comparable à la violence du feu d'enfer, et que la punition doit être plus rigoureuse pour ceux qui se laissent accuser au jugement de Dieu, que pour ceux qui d'eux-mêmes lui confessent leurs péchés; pour des pécheurs opiniâtres, que pour ceux qui implorent la divine misericorde; pour des criminels que l'on traîne au tribunal de la justice divine, que pour ceux qui reviennent à Dieu par un retour sincere. Il semble par-là que nôtre Auteur se soûmit, ou s'étoit résolu de se soumettre à la pénitence publique.

Telle fut sa conversion, comme lui-même la rapporte dans un écrit, que nous allons prouver être son ouvrage; quoiqu'il ait longtemps porté le nom de Prosper d'Aquitaine sous le titre de Confession. Il fut attentif, non-seulement à conserver les sentiments de pieté que Dieu lui avoit inspirés dans sa conversion, mais aussi à tâcher de les inspirer aux autres. C'est ce qui paroît par le Poëme qu'il composa sur la Providence. Les mêmes maux qui l'avoient fait retourner à

P. 770.

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