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ALETHE,

EVÊQUE DE CAHORS.

V SIECLE.

LETHE étoit de ces hommes célébres au commen- Paul. ep. 33. n.1. ce siecle, qui avoient d'étroites liaisons

A cement de

2.

188.

avec S. Paulin de Nole. Il faut que son mérite et son sçavoir fussent bien éclatants, 'puisque la réputation s'en étoit Hier.ep.ad. Alg. p. répandue jusques en Palestine. On trouve cependant peu de choses pour son histoire. Le premier monument qui en fasse mention,' est une lettre que S. Paulin lui écrivit l'an 403, en Paul. ibid. réponse à une de siennes. Dans plusieurs manuscrits le titre diss. 3. n. 2. de cette letre, qui est la 33, donne à Alethe la qualité de frere de Florent Evêque de Cahors, à qui S. Paulín adresse ep. 42. la 42o.' Florent y est loüé comme un excellent Evêque qui p. 3. s'acquittoit dignement de son ministere. 'Il avoit écrit le pre- n. 2. mier à S. Paulin, qui en faisant l'éloge de sa letre, dit que le sel Apostolique dont elle étoit assaisonnée, faisoit voir la force et la vigueur de la grace que Dieu avoit répanduë dans l'ame de son Auteur, comme la douceur de ses paroles montroit combien le Seigneur étoit doux en la personne de Flo

que

rent. Cette réponse de S. Paulin est de l'an 405; et Florent p. 255. | not. 184. étoit dès lors Evêque de Cahors, comme il paroît par le titre p. 78.

dans tous les manuscrits.

Pour Alethe son frere, il n'étoit encore que simple Prê

tre.' S. Jérôme parlant de lui en 407, ne lui donne point de Hier. ibid. qualification plus relevée. Mais il étoit revêtu de cette digni

n. 2.

té au moins dès l'an 403. C'est ce que fait juger la qualité Paul. ep. 33. n. 1. de son saint et vénérable frere que lui donne S. Paulin, en répondant à la letre' qu'Alethe lui avoit écrite pour le porter à entreprendre quelque ouvrage sur l'Incarnation. Dans n. 1. 2. cette réponse, que nous n'avons pas entiere, S. Paulin releve avec son éloquence ordinaire la foi d'Alethe, sa piété, sa charité, la pureté de son style, la douceur de ses discours qui découvroient le prix du thrésor de son cœur ; enfin son zéle et son ardeur pour se nourrir des connoissances lumineuses de l'Evangile. En parlant de sa personne il nous le dépeint comme un digne Ministre du Seigneur, qui annonçoit la pa

n. 2.

V SIECLE.

n. 1.

P. 188.

role de Dieu avec une bouche sainte, et dont les prieres étoient aussi capables de guérir la secheresse des cœurs, que ses letres d'en adoucir l'amertume; tant sa foi étoit vive, et ses discours pleins de suavité. 'S. Paulin et Alethe s'écrivoient au moins tous les ans, se faisant tenir leurs letres par Victor, qui étoit aussi l'un des messagers, dont se servoit souvent S. Sevére Sulpice.

S. Jérôme, quoique très-éloigné d'Alethe, ne faisoit pas moins d'estime de son mérite et de son sçavoir, qu'en faisoit Hier. ep. ad. Alg. S. Paulin.' Algasie, Dame Gauloise, lui aïant envoïé en Palestine quelques questions sur l'Ecriture, pour le prier de les lui éclaicir, le S. Docteur la renvoïe au S. Prêtre Alethe, comme à un homme qui avoit autant de capacité que de sagesse, pour résoudre de vive voix toutes les difficultés qu'elle lui proposoit. Il lui témoigne même sa surprise, de ce que laissant cette source très-pure qu'elle avoit dans son voisinage, elle alloit chercher si loin le courant d'un petit ruisseau : c'est pourquoi S. Jérôme lui conseille d'adoucir l'amertume qu'elle pourroit trouver dans ses écrits, par le miel et le nectar qui couloient de la bouche d'Alethe, et de tempérer la pituite de sa vieillesse, par l'âge florissant de ce saint homme.

Ibid.

Paul. ep. 48. |

'C'étoit en 407 que S. Jérôme parloit ainsi d'Alethe, qui n'étoit pas encore Evêque. Mais en 409 au plus tard' il avoit Vit. c. 49. n. 3. succede à son frere dans le Siege épiscopal de Cahors. ' Car il n'y a presque aucun lieu de douter qu'Alethe Evêque de cette Eglise, que S. Paulin louë entre plusieurs autres illustres Prélats des Gaules, dans le fragment d'une de ses letres que S. Grégoire de Tours nous a conservé, ne soit le même que celui qui fait le sujet de cet article. ' Il est loué dans ce fragment comme un digne Pontife du Seigneur, et un très-fidéle dépositaire de la Foi et de la Religion.

ep. 48.

1. p. 119. not.

C'est-là tout ce que les anciens monuments nous apprennent de l'histoire de ce grand Evêque, sans nous rien dire ni Gall. chr. nov. t. de la durée de son Episcopat, ni du temps de sa mort. ' Quelques modernes ont avancé sans fondement, qu'Alethe avoit épousé Rufine, fille de sainte Paule: mais S. Jérôme disant que Rufine mourut fort jeune, sans faire aucune mention de son mariage prétendu, suffit pour détruire cette nouvelle opinion. Au reste les siecles postérieurs à ce sçavant Prélat ne nous ont rien conservé de ses écrits, dont S. Paulin relève si fort le mérite.

V SIECLE.

RIPAIRE,

PRÊTRE D'AQUITAINE.

ous sommes encore redevables à S. Jérôme de la

N connoissance que nous avons de ce saint et sçavant

804.

Prêtre de nos Gaules.' Il nous le représente comme un zélé Hier. ep. 102. p. défenseur de la saine Doctrine, qui combattoit sans relâche les ennemis de la Foi orthodoxe, et qui par son courage s'élevoit au-dessus de toutes les contrarietés qu'il y avoit à souffrir. Ripaire gouvernoit une Paroice dans le voisinage in Vig. p. 281. de Vigilance, dont nous avons parlé, c'est-à-dire au Diocè

se de Cominges dans la Province Tarraconoise, et la troi- ep. 37. p. 278. siéme Aquitaine. Vigilance aïant répandu quelques écrits p. 279. où il enseignoit ses erreurs; et son Evêque bien loin de les réprimer, paroissant y acquiescer, Ripaire fut le premier p. 278. qui en écrivit à S. Jérôme, qui dès 396 avoit fait sentir à ep. 36. p. 275. Vigilance la force des traits de sa plume. Il lui fit un détail ep. 37. p. 278. des blasphêmes que cet hérétique publioit contre les reliques des saints Martyrs, et des accusations atroces dont il chargeoit ceux qui les honorent. Sur le récit de Ripaire S. Jérôme commença à réfuter ses blasphêmes dans une letre qu'il lui adressa en 404. Mais afin de le faire avec plus d'étenduë et de solidité,' il prie Ripaire de lui envoïer le livre de p. 280. Vigilance.

Le mal allant toûjours croissant, Ripaire engagea Didier in Vig. p. 281.282. autre Prêtre de son voisinage, dans la cause qu'il défendoit. Ces deux Prêtres unis de la sorte, voïant que l'hérésie gagnoit leurs Paroices, écrivirent ensemble à S. Jérôme pour le presser de réfuter le livre de Vigilance, qu'ils lui envoïoient par Sisinne, qui alloit en Palestine et en Egypte. Ce fut à leurs instances que S. Jérôme reprenant la plume, compo- a p. 282. sa son Traité contre Vigilance, que nous avons encore,

a

p. 288.

et que nous devons regarder avec S. Jérôme même, com- p. 281. 282. me un fruit de la sollicitude de ces deux saints Prêtres. Il pa- p. 281. 285. 286. roit par quelques endroits de cet écrit, que Ripaire et Didier avoient dénoncé au S. Docteur quelques autres erreurs

de Vigilance, que celles qui se trouvoient dans son livre.

V SIECLE.

ep. 102. p. 804. 1.

p. 338. 339.

Nous avons encore une autre letre que S. Jérôme écriTill. H. E. t. 12. vit à Ripaire par le Diacre Alence en 417, à l'occasion des violences que le Saint avoit souffertes de la part des Pélagiens. Il dit à Ripaire qu'il aura sans doute appris par la renommée combien il a eu à souffrir. Ensuite il lui fait quelque détail de ses souffrances, et ajoûte, que J. C. avoit étendu son bras en sa faveur pour chasser Catilina, non-seulement de la ville, mais aussi des confins de la Palestine: que néanmoins il étoit fâcheux que beaucoup des associés de sa conjuration fussent demeurés à Joppé avec Lentulus. Il seroit difficile de dire ce que S. Jérôme entend par cette expression figurée, seulement on croit que c'est Pélage qu'il désigne sous le nom de Catilina: ce qui est plus vraisemblable que de l'entendre de Rufin, comme le veulent quelques autres qui ne considerent pas que S. Jérôme et Rufin s'étoient réconciliés long-temps avant la datte de cette letre.

Hier. ep. 102. p. 804.

Quoiqu'il en soit, il paroît par cette même letre que Ripaire continua toûjours au moins jusqu'en 417, d'entretenir sa premiere union avec S. Jérôme; mais d'un si long commerce de letres, qui traitoient des avantages ou des malheurs de l'Eglise, il ne nous est resté que les deux de S. Jérôme que nous avons marquées. Par la derniere le S. Docteur félicite Ripaire sur les combats continuels qu'il livroit aux ennemis de la vérité, et l'exhorte à continuer un si glorieux travail, et à ne point cesser de se porter pour le défenseur de l'Eglise de Jesus-Christ.

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p.

DIDIER,

PRÊTRE D'AQUITAINE.

'HISTOIRE de Didier se trouvant liée en partie avec celle

Lde Ripaire, nous avons jugé que nous ne devions pas

p. éloigner leurs éloges l'un de l'autre.' Didier étoit un saint Prêtre qui gouvernoit une Eglise dans le voisinage de Ripaire, et la troisiéme Aquitaine, vers Cominges. Il avoit contracté des liaisons fort étroites avec S. Jérôme; et nous ne voïons rien qui empêche de croire que ce ne soit le même Didier dont ce S. Docteur parle avec éloge dans plusieurs

V SIECLE.

de ses écrits. Nous sommes fâchés de nous voir obligés de nous éloigner en cela' du sentiment d'un très-habile homme Till. H. E. t. 12. qui sur une légere preuve, a cru devoir distinguer plusieurs P. 288. 636. 637. personnes de ce nom, tous amis et en rélation avec S. Jé

rôme.

Mais il est certain que la varieté des faits et le changement de résidence, qui paroissent avoir donné lieu à cette distinction, ne sont point des fondements légitimes pour établir une diversité de personnes. S. Jérôme nous fournit luimême une preuve incontestable de cette vérité. On le voit naître en Pannonie; il va étudier à Rome, puis à Tréves; il passe ensuite en Orient; il paroît à Antioche, en Egypte, à Constantinople, dans le désert de Calcide; après quoi on le voit à Rome Secretaire du Pape S. Damase; enfin il reparoît en Palestine à la tête d'une communauté de Solitaires, sans que néanmoins personne, que l'on sçache, se soit avisé de prendre occasion de ces différents états, de distinguer plusieurs Saints de ce nom. Il faut porter le même jugement de Didier qui fait le sujet de cet Article; et l'on va voir que tout ce que S. Jérôme dit de divers amis de ce nom comme il a semblé à quelques-uns devoir les distinguer, se rapporte naturellement à la même personne.

562.

Il paroît que Didier alla passer quelques années à Rome, apparemment pour perfectionner ses études, suivant la coûtume de nos anciens Gaulois, et que ce-fut là qu'il lia amitié avec S. Jérôme, qui y étoit encore en 385. Lorsque celui- Hier. ep. 48. p. ci fut passé en Palestine, Didier lui écrivit assez long-temps après, pour lui demander les ouvrages qui sortoient tous les jours de sa plume. Il donnoit dans sa letre de grandes loüanges à l'éloquence de S. Jérôme, qui y répond par de grands traits de modestie. Celui-ci invitoit Didier et sa sœur nommée Serenille, tant en son nom que de la part de sainte Paule, de les honorer d'une visite, en prenant occasion des lieux saints pour faire ce voïage. S. Jérôme parle de Serenille comme d'une sainte Vierge, qui exprimoit par sa conduite la signification du nom qu'elle portoit. Quant à ses écrits que Didier lui demandoit, il l'avertit qu'il ne lui en envoïe aucun, de peur de lui envoïer ceux qu'il pourroit déja avoir entre les mains mais qu'il attend son arrivée en Palestine, et qu'alors il lui donnera tout ce qu'il souhaitte. Que si quelques obstacles l'empêchent de faire le voïage, il aura soin

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